Citations de Sophie Kinsella (774)
La nuit porte conseil, dit-on. C’est vrai que je vois les choses différemment à la lumière du matin. Pas seulement en ce qui concerne Dan, notre couple, mon père. Ma vie professionnelle m’apparaît également sous un jour nouveau. Et ma personnalité.
Protéger les filles pour toujours ? Je ne peux pas et je ne dois pas. Dans leur vie, elles auront à faire face à des circonstances difficiles. Les emmerdes, ça existe. Elles devront se débrouiller avec. Comme tout le monde.
À la maison, en revanche, l’atmosphère est toxique. Qui est le plus stressé des deux, Dan ou moi ? Je me le demande. Lui est crispé en permanence, ronchon, oursouille et, pour résumer, difficile à vivre. Quand son portable sonne, il bondit si fort que je sursaute. Par deux fois, je suis rentrée du boulot pour le trouver en train d’arpenter la cuisine en grande conversation téléphonique. Inutile de dire qu’il raccroche immédiatement quand il s’aperçoit de ma présence. Et, si je demande qui c’est, il me répond « Personne ! » d’un ton sec. À croire que je viole son intimité. Ça m’énerve tellement que j’ai envie de cogner sur quelque chose.
Pourquoi la vie se montre-t-elle aussi capricieuse ? Je vous le demande. À peine commence-t-on à se relaxer et à s’amuser, à sourire et à prendre du bon temps… que surgit un renversement sournois. C’est comme si une vache de surveillante criait : « La récréation est terminée. » Et qu’on retombait dans l’ennui et la sinistrose.
D’après mon expérience, entre la surprise de tes rêves et la surprise de la réalité, il y a une sacrée différence. Pour mes vingt-huit ans, mon amoureux italien – il s’appelait Luca – m’a organisé une surprise-partie. Eh bien, la grande surprise de la soirée, c’est qu’il a filé avec ma cousine.
Je serai pleine de reconnaissance à l’égard de mon mari et j’attacherai une grande valeur à sa gentille attention. Car c’est l’intention qui compte. Peu importe le cadeau, le principal, c’est son contenu émotionnel.
Le pire, c’est le manque de sommeil. Ça m’obsède. Pour moi, il s’agit d’une forme de torture. L’idée de passer à nouveau des nuits sans dormir m’est insupportable.
De toute façon, on ne peut pas revenir en arrière. Nous en sommes là. En bonne position, je dis, déterminée à me montrer positive. Pense à tes parents. Mariés depuis trente-huit ans, et ce n’est pas fini. S’ils y parviennent, nous le pouvons aussi.
Mon mari a vraiment le sens des métaphores. D’abord il compare notre couple à un emprunt. Et maintenant notre vie commune va lui filer une attaque. Au fait, qui est le désert du Sahara dans cette histoire ? Moi ?
Je n’ai jamais été le genre de femme à demander à son mari : « À quoi tu penses ? » Je me sens à la fois minable et furieuse contre moi-même. Pourquoi Dan n’aurait-il pas le droit de réfléchir en silence pendant un moment ? Pourquoi je le titille ainsi ? Pourquoi je ne le laisse pas tranquille ?
D’accord, mais d’un autre côté, il pense à quoi, bordel ?
Il semblait soudain possible qu'il reste avec moi pour toujours. Qu'il continue à me séduire avec sa fantaisie, son originalité et son sourire contagieux. L'idée de son absence me paraissait insupportable. Le cœur a ses raisons, je suppose.
Mais il ne se retourne pas. La portière se referme, la voiture démarre. Et je reste sur le trottoir, seule.
Les jeunes d' aujourd' hui ont trois fois plus de chances de devenir centenaires que leurs grands- parents et deux fois plus que leurs parents."
Rapport de l' Institut de la statistique britannique , 2011
Petite théorie à la Sylvie en passant. Disons que la vie est une boîte de chocolats et que prendre un mari est comme choisir un chocolat. Avant de refermer le couvercle, vous vous exclamez: " Et voilà, c'est fait ! C'est celui-là que je voulais. Au praliné. Miam ! Les autres parfums ne me disent plus RIEN. Tra- la- la- la- laire ." Et vous vous régalez. Mais c'est plus fort que vous : de temps à autre, vous regardez le chocolat fourré au caramel en SALIVANT...
Le deuil, c'est long, horrible, complexe. Mais ce n'est pas une maladie, Sylvie. On ne s'en sort pas " bien" ou " mal". On s'en sort comme on peut.
" Alors, c'est quoi son putain de problème?"
Ce qui est en gros le résumé de ce que je lui ai balancé. Sauf que je marmonnais pour que les filles ne puissent pas entendre. Pas sûr qu' il ait capté toutes les nuances de mes arguments.
Qu'est ce qui se passe, Dan ? Dis-moi.
Il s'est levé et a quitté la pièce en marmonnant :
- Rien ! Absolument rien !
Combien de divorces démarrent- ils par le mot " rien" ?
Je serais curieuse de connaître les statistiques s'il en existe. Quand Dan dit " rien " , j'ai une attaque de furibardise. C'est comme si on me poignardait avec une lame émoussée. Furibardise ? Je l'ai inventé pour désigner cette colère intense que seul un mari a le pouvoir de déclencher sur sa femme.
Je suis totalement dévouée à la société. Panther et j'ai plaisir à travailler pour elle le mieux possible, à lui donner cent pour cent de mes forces, chaque jour, maintenant et à l'avenir.
J'ai failli ajouter: "Amen ! "
_ Luke, mon fils.
_ On dirait Dark Vador.
— Encore soixante-huit ans ensemble. C'est une bonne nouvelle - pas vrai? On en a de la veine!
— Absolument, articule Dan avec difficulté. Soixante-huit ans. On en a... de la veine!