![]() |
Manuel d'autodéfense intellectuelle de Sophie Mazet
Le mot anglais « infotainment » décrit de manière remarquable le type d'information que l'on trouve généralement sur les grands médias, surtout à la télévision, aujourd'hui. Il mélange « information » et « entertainment », « amusement, divertissement ». Mais dans quel ordre cette contraction des deux notions se fait-elle ? S’agit-il d'abord d'informer en divertissant au passage ou bien de divertir puis d’informer, si on a le temps ? Anthony Pratkanis et Elliot Aronson, deux professeurs de psychologie américains, ont identifié les critères de la « bonne » information, à savoir celle qui nous empêchera de zapper et nous captivera. Un sujet doit de préférence : être nouveau et éventuellement de saison, impliquer un conflit ou un scandale, concerner des faits étranges et inhabituels, concerner des gens connus ou qui nous sont familiers, pouvoir être facilement dramatisé, être simple et rapide à expliquer, contenir des éléments visuels, surtout si cela peut fournir des images faciles à diffuser à l'écran, et enfin être lié à des thèmes contemporains évoqués dans l'actualité. Si on essaie d'interpréter cette liste de critères, il faut retenir que l'appel à l'émotion, la rapidité et la simplicité sont des caractéristiques qui pourront propulser une information en première position au journal télévisé. Le traitement du fait divers dans les médias est un cas intéressant. Pourquoi, quand une personne est assassinée par un déséquilibré, cette information passe-t-elle toujours devant les autres dans les journaux du soir ? Tout simplement parce qu'elle remplit un certain nombre de ces critères. + Lire la suite |