Citations de Stacey Lee (36)
(...) expliquer toute une vie de méfiance est difficile. La justice et l'équité sont pour les autres, des parapluies qui ne protègent que certaines têtes. Les Chinois, eux, essayent juste d'éviter la pluie et, en cas d'averse, ils font avec, sachant qu'un jour la pluie s'arrêtera.
La rivière coule plus vite en évitant les cailloux.
o Chère Miss Sweetie,
Ma femme me parle plus. Je sais qu'elle est pas devenue muette, vu qu'elle parle toujours aux enfants et au chien. Ce qui s'est passé, c'est qu'elle a taillé les arbres trop tôt, et maintenant ils sont tout rabougris. Je lui ai dit qu'elle aurait jamais dû s'occuper de ce qui la regardait pas, et elle m'a dit que c'était moi le rabougri. Comment faire pour qu'elle me reparle ?
--- signé : Rabougri
o Cher Rabougri,
Le mot qui va changer votre vie est 'merci'. Comme une bougie capable d'en allumer mille autres sans voir diminuer sa flamme, la gratitude est un cadeau qui peut illuminer le monde. A votre tour de le partager.
Bien à vous,
--- signé : Miss Sweetie
Peut-être que les Blancs nous considèrent un peu comme des sauterelles : quelques unes passent encore, mais un essaim entier vous retourne l'estomac.
• Chère Miss Sweetie,
Mes soeurs et moi nous interrogeons : pourquoi les femmes doivent-elles souffrir plusieurs jours chaque mois ?
Cordialement,
--- signé : Ballonnée, Bougonne et Boutonneuse
• Chères Ballonnée, Bougonne et Boutonneuse,
Parce que l'alternative est encore pire, non ? Bien qu'ils aient le droit de vote.
Cordialement,
--- signé : Miss Sweetie
- Dis-moi, Jo, qu'est-ce qui nous différencie des animaux ?
- Notre capacité à ouvrir un bocal de cornichons ?
Elle sourit.
- La RELIGION, mon enfant. L'office est toujours à neuf heures le dimanche matin. Tu es la bienvenue.
- Merci, Madame.
Les Payne possèdent leur propre chapelle privée où ils invitent tous leurs domestiques. Quand vous êtes si riche, Dieu vient à vous.
(p. 65)
C'est la plus vieille ruse qui soit : créer un besoin et vendre la solution.
Pour mon prochain article [courrier des lectrices], je parlerai peut-être de ce qu'il faut faire quand on aime l'homme d'une autre. Je l'intitulerai : 'A quoi bon acheter le cochon quand la saucisse est gratuite ?'
Je lâche un petit rire espiègle.
Une fois la confiance de quelqu'un perdue, la regagner est comme gravir une montagne de gravier.
Chère Miss Sweetie,
J'ai trois jeunes enfants dont je m'occupe du matin au soir. Mais, bien que je les aime très fort, leurs disputes constantes vont m'envoyer tout droit à l'asile. Comment faire pour qu'ils arrêtent ?
Chère Mrs Cinglée,
Employez leur énergie à l'accomplissement d'un but commun, comme l'entretien d'un jardin, qui peut porter des fruits à plus d'un titre. Des boeufs en liberté piétinent le champ, mais une fois attelés, ils peuvent le labourer.
Bien à vous,
Miss Sweetie
Comme on dit chez nous, la Chance chevauche sur le dos de l'Effort et de la Joie.
- Vous avez oublié le fromage.
- Je le mangerai plus tard. Il n'est pas pressé.
Les ennuis, c'est comme le chiendent, plus on attend, plus ils poussent.
Avant même d'atteindre le deuxième étage, j'entends les voix de Caroline et sa mère, un rythme saccadé révélateur. Les disputes semblent être une activité matinale pour ces deux-là (...).
• Chère Miss Sweetie,
Je suis une jeune femme sans dot et avec autant de poils sur la lèvre supérieure qu'un furet. Malgré tout, un certain monsieur prétend être amoureux de moi. Comme puis-je le croire ?
--- signé : Jeune fille moustachue
• Chère Moustachue,
Parfois, l'amour nous tombe dessus sans prévenir, quelle que soit la quantité de poils que l'on a sur le visage.
Cordialement,
--- signé : Miss Sweetie
Parfois, il vaut mieux ne pas se mêler des affaires des autres. La rivière coule plus vite...
- ... en évitant les cailloux, oui je sais. mais la rivière sent quand même les cailloux, quel que soit le chemin qu'elle emprunte.
Une bonne épouse chinoise est censée faire la cuisine, donner naissance à des fils et "manger l'amertume", c'est à dire endurer sans broncher toutes les épreuves que la vie lui inflige. Non merci.
- Parfois les choses doivent empirer avant de pouvoir changer.
- Mais pourquoi ?
(...)
- La douleur pousse au progrès. Quand j'étais encore jeune garçon, mon village a connu la sécheresse pendant trois ans. Tout le monde manquait de nourriture. Je me souviens d'avoir vu dans la rue un chien si affamé qu'il a mordu sa propre patte. Il n'a abandonné que lorsqu'il s'est mis à saigner. Parfois, nous sommes si aveuglés par nos propres besoins que nous nous blessons nous-mêmes. Il arrive toujours un moment où il faut lâcher prise.
Par ici, les Chinois vivent dans l'ombre, et l'ombre n'est pas facile à trouver.
Comme le disait toujours Hammer Foot, mieux vaut regarder par la fenêtre que dans la glace pour ne pas voir que son propre reflet.
(p. 75)