J'ai emprunté cette B.D par hasard, attirée par le visuel de couverture. Je n'avais pas entendu parler ni de ce titre ni de l'auteur et je crois même que je n'ai jamais lu de B.D publiées chez cet éditeur (Le tripode). L'histoire très simple a des allures de fable. L'intrigue n'a rien de novateur, et même s'il s'agit d'une B.D muette, ce qui reste assez rare, on est vraiment dans une histoire classique, qui est d'ailleurs plutôt bien racontée. Ce qui retient vraiment l'attention, c'est l'aspect visuel de la B.D. La B.D est composée uniquement d'illustrations pleine page et cette originalité s'avère nécessaire en regard du type de dessin de Stéphane Moussé. Entièrement en noir et blanc, le dessin est paradoxalement à la fois minimaliste et extrêmement foisonnant. Les cases fourmillent de détail et à chaque fois l'action n'est qu'un élément de cette case, comme si le regard de l'auteur-illustrateur embrassait toute la scène en incluant le paysage qui l'entoure. Ce parti-pris demande donc au lecteur de s'attarder sur chaque case, d'en scruter tous les recoins. L'expression « lire des images » prend vraiment ici tout son sens.
« Longue vie » de Stanislas Moussé est une B.D très intéressante, surtout visuellement. Ce n'est pas une lecture facile, elle demande patience et concentration, mais elle vaut le détour.
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Le fils d’un roi s’empare d’une épée gardée par un géant, il y parvient mais le géant se libère et déclenche dans le pays, une terrible guerre. Notre héros, blessé au combat, se réfugie chez une guérisseuse au fin fond de la forêt.
J’aime beaucoup le travail de Stanislas Moussé. Pas de parole, pas le moindre texte, les personnages n'ont qu'un seul œil, c’est un monde étrange, merveilleux et terrible. Son graphisme au trait minutieux, fouillis, dans l’esprit du Doodle Art, nous embarque dans une longue saga médiévale. Des pages avec des nuées d’oiseaux, des armées entières, des forêts interminables, des éboulis où chaque pierre est dessinée, il représente la multitude, ça grouille, c’est parfois violent mais cette violence se perd dans ces amoncellements labyrinthiques. C’est un récit de magie et de rédemption, un conte guerrier, une fable épique, mais c’est surtout un style qui transcende l’histoire, fait de milliers de coups de crayons, de petits traits qui créent tout un univers, une ambiance, qui imprègnent l’œil, qui envoûtent, on a envie de toucher, de s’y perdre et cette magie opère, merveilleuse.
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On ne peut pas tout à fait parler de bande dessinée : Les dessins occupent tous une pleine page ou une double page, ils sont entièrement réalisés en noir et blanc, au trait de rotring, fait de hachures régulières, de motifs réguliers, avec un style un peu naïf, des personnages avec un seul œil, comme du Doodles Art. Chaque page foisonne de motifs, d’éléments de décors, d’arbres, de buissons… et les personnages déambulent dans la page, toujours à la même taille et pas de perspective, parfois plusieurs scènes dans la même image, et pas la moindre parole.
Ces illustrations représentent de nombreuses scènes de batailles, de luttes de combats, telle une saga antique. Elles nous racontent la vie d’un berger devenu roi, le ton est sans émotions, tel une frise antique. J’ai pensé aussi aux Très riches heures du Duc de Berry, aux archers de Darius, ou à la Tapisserie de Bayeux.
Pas d’ironie, un second degré bien discret, cela raconte toute la vie de ce personnage, comme une saga qu’on laisse pour édifier les générations à venir, sans jugement apparent. On s’amuse à laisser errer notre regard au fil des pages, avec l’impression d’être revenu aux origines les plus lointaines de la bande dessinée, juste une suite d’images qui relate les évènements et qui, raconte une grande saga épique et fantastique. sans le moindre mot.
Le silence nous imprègne d’une intensité, on ne relève de ce récit, que la vacuité d’un règne, qui n’est finalement pas grand chose face à la force de l’imagination et la beauté des légendes.
J’aime ces histoires qui offrent au regard le droit de se perdre, de déambuler dans le sens qu’il veut, on peut l’ouvrir à n’importe quelle page, chaque image est déjà une histoire en soi, à la manière des référence que j’ai cité précédemment. J’avoue que je suis assez fan de Doodle Art, qui renoue avec le psychédélisme et le Pop Art, euphorique et joyeux dans le style et qui contraste avec la noirceur et la violence de ce monde proche de la barbarie.
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Dans ce deuxième opus, Stanislas Moussé nous confirme ses talents de conteur d’histoire et de dessinateur méticuleux.
Encore une fois, sans une seule bulle, l’auteur nous embarque dans son histoire immédiatement et nous oblige à tourner les pages pour connaître la suite.
C’est beau, c’est magique, ça fourmille de détails impressionnants.
C’est encore un sans-faute pour Stanislas Moussé. Bravo à lui. Le troisième volume m’attend gentiment et j’ai hâte de le lire également.
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Un récit muet qui nous raconte une histoire, c’est ce que MOUSSÉ Stanislas à réussi à réaliser. Une œuvre que l’on pense rapide à lire de part le fait qu’il n’y a pas de texte mais où l’on se retrouve au final à prendre beaucoup de temps à admirer chaque page où lé soucis du détail est très développé. Un style à part, le dessin des personnages est simple mais soigné et où le décors prend toute son importance.
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Il était une fois un monde pacifique, où les hommes vivaient en harmonie avec la nature et les bêtes. Un beau jour, une armada d'êtres mi-hommes mi-bêtes débarque, pillant tout sur son passage. Un berger, dont la famille a été massacrée, réclame vengeance. C'est pour lui le début d'un long périple où l'attendent des ennemis toujours plus monstrueux et des périls toujours plus effroyables...
Dans Longue vie se déploie un style foisonnant qui peut se rapprocher de celui de Sophie Guerrive ou de Christophe Hittinger. Longue vie : œuvre atypique, composée de dessins réalisés au rotring. Singulière, précise, chaotique, chaque page est une géographie où voyage le regard du lecteur.
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Un dessin par page. Un roman graphique muet. Pas une parole, pas une bulle de texte pour raconter l'histoire d'un berger qui un jour trouve son village incendié et la population assassinée. Il rassemble les restes pour en former un bucher où il mettra le feu avant de partir à la poursuite des assaillants qu'il réussit à tuer. Blessé, il est recueilli et soigné. C'est ensuite une succession de batailles et conquêtes entre villages et contrées ennemis, jusqu'à ce que notre berger monte lui-même sur le trône. La vie se poursuit, il trouve femme, ils ont un enfant qui lui-même grandit et part à la conquête du monde. Le vieux roi sentant sa fin arriver quitte son royaume et retourne dans son village. A la place du bucher a poussé un arbre magnifique au pied duquel il s'installe.
Ce récit est conté dans une suite de vignettes pleine page dont chacune avec un dessin au feutre noir fin, joue de l'agencement des lignes et des cercles pour composer des paysages et des scènes de bataille qui fourmillent de détails, et très ornementales.
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Je ne saurais pas par quoi commencer avec cet bd ovni... L'histoire en soit semble sortir d'un cauchemar mouvementé où l'on verrait surgir des personnages de contes déformés par la fièvre de la folie. Après tout, ne disait-on pas que la pleine lune rendait les gens fous?
Et bien ici, la folie règne. Sans un mot, le récit nous fait suivre le délire monochrome de Stanislas Moussé avec ses rois-ogres, ses femmes-monstres, ses héros-cyclopes. Le dessins est à la fois terrifiant pour l'œil inhabitué à un tel trait et magnifique de virtuosité.
C'est une histoire des plus bizarres où la logique est secondaire. Crue et violente, ce qui contraste avec le design pop et presque enfantin, paradoxe qui accentue l'impression terrible de lire un conte monstrueux.
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Avez-vous déjà lu (euh, non) regardé une bande-dessinée ?
En recevant Longue Vie de Stanislas Moussé pour le prix « France Culture – BD des étudiants », j’ai pensé en l’ouvrant : « ah, une BD muette… Bof...». Oui, car il n’y a que deux mots pour nous mettre dans le bain : « Longue » et « Vie ». En bref, son titre.
J'avais tort de penser si négativement, puisque ce fut une agréable surprise!
C'est à celui qui observe les dessins de se plonger dans la narration.
Comme des enfants !
Le récit raconte l’histoire d’un berger, qui va connaître toutes sortes d’aventures et de guerres avec d’autres clans : son ascension sociale progresse et nous le suivons jusqu’à la fin. L’auteur y cache (du moins c'est l'interprétation que j'en fais) une réflexion philosophique sur l'identité avec le besoin de revenir à nos racines, desquelles nous ne nous séparons jamais. Et de ne pas oublier d'où l'on vient.
Les dessins sont très précis, en noir et blanc, très denses. Il y a beaucoup de choses à se narrer sur une même page. Et l’on prend du temps à en observer chaque détail, mais aussi à différencier les personnages, à les voir guerroyer, s'aimer, vieillir... Un vrai plaisir !
À lire (euh, non). À regarder sans modération.
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