Citations de Stéphanie Leclerc (41)
-Tu écris quoi?
-Je m'amuse à réfléchir sur ma position actuelle sur l'état de mon coeur, dans cette époque de ma vie.
J'ai remarqué que les morts ne se contentent pas d'être enterrés et oubliés. Ils continuent d'exister. Nous vivons avec les morts autant qu'avec les vivants. Tout le monde le sait mais préfère l'ignorer. C'est pourtant une vérité assez incontestable. Allumez la radio, regardez la télévision, ouvrez un livre: les morts appartiennent à notre quotidien. Chanteurs morts, acteurs morts, écrivains et poètes morts inlassablement continuent de s'adresser à nous. Anonymes mais non moins présents sont les morts familiaux, tous ces ancêtres décédés dont nous conservons quelque part - dans le salon, au cimetière, dans notre patrimoine génétique - une trace : une photo, un objet intime, une pierre tombale marquée d'un nom, des yeux bleus, un trait de caractère...
Les morts sont là, partout, toujours. Ils nous accompagnent. Ils nous parlent. Et sans même y prêter attention, nous les entendons, nous les écoutons, nous recevons leurs messages.
Il ne faut pas se laisser atteindre par le chaos du monde. Il existera toujours.
Ma mère et moi avons été heureux ensemble jusqu'à ce que j'aie dix ans. Entre nous deux l'amour coulait de source. Après ça a été plus difficile, je ne sais pas pourquoi. Quand j'ai grandi, elle m'a moins aimé. Elle a dit de plus en plus souvent que je tournais mal. C'est plus facile de dire que les enfants tournent mal. D'ailleurs, c'est peut-être vrai. Quand on les aime moins, les enfants tournent mal."
Moi, je n'étais pas amoureuse d'Alexandre, alors je n'ai pas pris latin, et je n'étais pas amoureuse de Ludo, alors je n'ai pas fait de théâtre. Moi, je n'ai pris aucune option facultative, et ma seule activité extrascolaire depuis des années, c'est la natation. Et il n'y a rien à en déduire sur ma vie amoureuse : aucun beau gosse ne vient barboter avec moi dans le grand bassin.
Nous nous sommes assis à l'abri d'un buisson à une centaine de mètres à peine de l'autoroute. Colin a allumé la cigarette et a commencé à fumer. Il m'a semblé qu'il s'en sortait mieux que la première fois, qu'il avalait vraiment et ça m'a inquiété. Ce truc devenait sérieux. Et puis j'étais un peu vexé aussi. Après tout, c'était moi l'aîné. C'était à moi de lui montrer comment se ruiner les poumons avec désinvolture. Il m'a tendu la clope.
Douleurs, joies, ennuis, jeux, chaque jour apportait son lot de vie, chaque nuit un rêve chassait l'autre. C'est ainsi que le temps empoussière les songes, qu'il les minéralise, en fait des statues qu'il recouvre d'un drap et repousse aux confins des greniers de la mémoire.
Il ne faut pas se laisser atteindre par le chaos du monde. Il existera toujours. Mais le bonheur aussi existera toujours. Il faut juste le vouloir. Et y travailler. Pour qu'il dure.
- Écoute, mec, je ne sais pas ce que tu cherches, et je ne te demande pas de me le dire. Sans doute que c'est important pour toi. Mais peut-être que tu cherches quelque chose que tu as déjà. Quelque chose qui est ici. Dans le présent, dans le futur, dans nos gestes de tous les jours, dans les gens qu'on aime bien et puis dans tout le reste.
Et peut-être que le passé mérite juste de rester dans ces cartons. Qu'est-ce que tu en penses?
Personne n'arrive jamais vraiment à se parler. Les mots ne veulent pas dire la même chose selon la personne qui les utilise ou les reçoit.
-Il ne faut pas se laisser atteindre par le chaos du monde. Il existera toujours. Mais le bonheur aussi existera toujours. Il faut juste le vouloir. Et y travailler. Pour qu'il dure.
C'est curieux, mais ici personne ne me demande ce que je vais devenir, peut-être parce qu'il est évident que c'est ce que je suis en train de faire. Devenir.
- Ça dénote quand même une certaine pauvreté de pensée, ces onomatopées, ces approximations...
-Ouais...
Il se trompait. Ma pensée allait bien. Si je parlais mal, c'était parce que je parlais le langage du monde tel que je le connaissais, et si je parlais mal à lui précisément, c'était parce qu'il me parlait peu, et que je ne voyais pas pourquoi j'aurais fait des efforts pour lui faire plaisir.
Il fallait que je parte. Il n'y avait rien pour moi ici. Il n'y avait plus rien. Il n'y avait même plus la colère, l’inquiétude ni les disputes.
Je m'en souviens, j'avais sept ans hier, et demain j'en aurai cent, mais à cet instant, là, j'en ai quatorze, et c'est ce que je suis en train d'écrire, là, à cet instant. (p.8)
Pas grosse, pas mince, pas petite, pas grande, pas jolie, pas moche non plus. Pas blonde. Les yeux pas verts, pas gris, pas violets, pas noisette, pas dorés. Voici mon portrait en négatif.
Quand j'étais petite, je rêvais d'être un poisson.
Le jour suivant, il perdit une dent et trouva un billet de 5 euros sous son oreiller. Et le jourd'après encore, il se passa quelque chose. Douleurs, joies, ennuis, jeux, chaque jour apportait son lot de vie, chaque nuit un rêve chassait l'autre. C'est ainsi que le temps empoussière quil les minéralise, en fait des statues qu'il recouvre d'un drap et repousse aux confins des greniers de la mémoire. Le message du cerf finit par disparaître parmi les dizaines et les centaines d'autres messages que le petit garçon recevait continuellement de l'univers, cette multitude de bouteilles à la mer qui venaient s'échouer sur les rivages de sa conscience, et que parfois il ouvrait, parfois non. Il oublia, n'y repensa plus jamais.
Les morts sont là, partout, toujours. Ils nous accompagnent. Ils nous parlent. Et sans même y prêter attention, nous les entendons, nous les écoutons, nous recevons leurs messages.
je crois que j'aimerais bine avoir du chagrin tranquillement dans mon coin, sans que personne ne me dise ce que je dois ressentir.