Citations de Stéphanie Leclerc (41)
Il n'avait pas vraiment de méthode. Il était gentil et tout le monde le connaissait et l'aimait. Elles le suivaient sans hésiter. Il n'avait pas vraiment d'explications à fournir sur ses allées et venues, ses départs tard dans la soirée, ses retours dans la nuit, ses retards.
Nous nous sommes assis à l'abri d'un buisson à une centaine de mètres à peine de l'autoroute. Colin a allumé la cigarette et a commencé à fumer. Il m'a semblé qu'il s'en sortait mieux que la première fois, qu'il avalait vraiment et ça m'a inquiété. Ce truc devenait sérieux. Et puis j'étais un peu vexé aussi. Après tout, c'était moi l'aîné. C'était à moi de lui montrer comment se ruiner les poumons avec désinvolture. Il m'a tendu la clope.
Ils ont levé leur verre pour saluer notre départ. Avec leur bouille joviale, leur bonnet en laine et leur nez rouge, ils ressemblaient à ces lutins en plastique que l'on trouve sur les bûches de Noël.
Douleurs, joies, ennuis, jeux, chaque jour apportait son lot de vie, chaque nuit un rêve chassait l'autre. C'est ainsi que le temps empoussière les songes, qu'il les minéralise, en fait des statues qu'il recouvre d'un drap et repousse aux confins des greniers de la mémoire.
J'ai remarqué que les morts ne se contentent pas d'être enterrés et oubliés. Ils continuent d'exister. Nous vivons avec les morts autant qu'avec les vivants. Tout le monde le sait mais préfère l'ignorer. C'est pourtant une vérité assez incontestable. Allumez la radio, regardez la télévision, ouvrez un livre: les morts appartiennent à notre quotidien. Chanteurs morts, acteurs morts, écrivains et poètes morts inlassablement continuent de s'adresser à nous. Anonymes mais non moins présents sont les morts familiaux, tous ces ancêtres décédés dont nous conservons quelque part - dans le salon, au cimetière, dans notre patrimoine génétique - une trace : une photo, un objet intime, une pierre tombale marquée d'un nom, des yeux bleus, un trait de caractère...
Les morts sont là, partout, toujours. Ils nous accompagnent. Ils nous parlent. Et sans même y prêter attention, nous les entendons, nous les écoutons, nous recevons leurs messages.
Le jour suivant, il perdit une dent et trouva un billet de 5 euros sous son oreiller. Et le jourd'après encore, il se passa quelque chose. Douleurs, joies, ennuis, jeux, chaque jour apportait son lot de vie, chaque nuit un rêve chassait l'autre. C'est ainsi que le temps empoussière quil les minéralise, en fait des statues qu'il recouvre d'un drap et repousse aux confins des greniers de la mémoire. Le message du cerf finit par disparaître parmi les dizaines et les centaines d'autres messages que le petit garçon recevait continuellement de l'univers, cette multitude de bouteilles à la mer qui venaient s'échouer sur les rivages de sa conscience, et que parfois il ouvrait, parfois non. Il oublia, n'y repensa plus jamais.
Grand passage de Stéphanie Leclerc
Pépite 2022 au salon jeunesse de Montreuil
Grand passage village du centre, coincé entre les chaînes de montagnes et l'autoroute draine les usagers qui vont du Nord au sud et qui s'arrêtent parfois.
Lauris y vit avec sa mère Laure. Ils sont très proches. Il n'a pas connu son père qui était de passage. Sa mère ne lui en parle jamais. Arnaud est venu dans ce couple fusionnel et y a fait sa place.
Lauris n'est pas un garçon ordinaire. Il a la vision d'animaux morts qui viennent le hanter et depuis quelque temps celle d'un magnifique Cerf. Puis c'est son grand père qui un jour lui apparaît. Simultanément une adolescente disparaît et est assassinée. Les rêves angoissants de l'adolescent s'intensifient tandis que la population locale s'inquiète et organise des rondes citoyennes. Pourtant cette disparition ne sera pas la seule.
L'auteur nous présente un livre sombre, nous sommes en hiver dans un village où tout le monde se connaît. L'angoisse monte. Les adultes tentent de cacher les informations angoissantes à leurs enfants tout en les sur protégeant.
Lauris, lui, cherche qui pouvait être son père. Tout en découvrant ses premiers émois d'adolescent. Il y a Colin, aussi un pote d'enfance qu'il avait négligé et qui va devenir de plus en plus présent.
Les notions de passage m'ont intéressée. Ainsi Lauris habite au grand passage. Son père était de passage. Nous ne faisons que passer sur terre avant le grand passage (la mort). Le rapprochement aussi des migrations préhistoriques (p116/117) et celles des usagers (les migrants du nord au sud) de l'autoroute sur laquelle se situe l'aire où travaille Laure la mère de Lauris sont intéressantes. Enfin Lauris passe de l'enfance à l'adolescence Tout cela est assez métaphorique et bien décrit.
Ça monte crescendo. Jusqu'au final qui m'a semblé un peu vite amené et certaines questions sont restées un peu en suspend c'est dommage car j'ai aimé l'atmosphère angoissante de ce roman qui s'adresse au plus de 14 ans. Il est destiné à des ados matures voire des adultes. L'omniprésence de la mort peut impressionner.
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Les morts sont là, partout, toujours. Ils nous accompagnent. Ils nous parlent. Et sans même y prêter attention, nous les entendons, nous les écoutons, nous recevons leurs messages.
Il ne faut pas se laisser atteindre par le chaos du monde. Il existera toujours. Mais le bonheur aussi existera toujours. Il faut juste le vouloir. Et y travailler. Pour qu'il dure.
Un humain raté mon petit Colin. Un individu qui n’est pas fait pour vivre parmi les hommes. Une sorte de monstre.
je crois que j'aimerais bine avoir du chagrin tranquillement dans mon coin, sans que personne ne me dise ce que je dois ressentir.
Dans ce rêve, je disais à voix haute que j'en avais marre des rêves, mais personne ne me répondait alors je devais me résoudre à le vivre.
J’aurais bien aimé par exemple dire à ma prof de français que son chat tigré ne l’avait pas vraiment quittée et qu’il la suivait même en cours. J’aurais bien aimé dire à ma mère que Raclette, le chien des voisins, continuait de faire la sieste sous son buisson favori près de la maison. Après tout, c’était des bonnes nouvelles, non ?
Il ne faut pas se laisser atteindre par le chaos du monde. Il existera toujours.
Conduire une voiture, conduire sa vie, passer les vitesses, une étape, à un niveau supérieur, tout ça, c'est la même merde.
Personne n'arrive jamais vraiment à se parler. Les mots ne veulent pas dire la même chose selon la personne qui les utilise ou les reçoit.
Quand on est mort, on est mort. Pas de triche possible. Il faut faire avec. Avec l'absence. Avec le néant. Avec le jamais plus.
Le petit garçon était trop petit pour s’étonner de quoi que ce soit. Il acceptait la vie comme elle se présentait à lui, avec ses bizarreries et ses miracles.
-Il ne faut pas se laisser atteindre par le chaos du monde. Il existera toujours. Mais le bonheur aussi existera toujours. Il faut juste le vouloir. Et y travailler. Pour qu'il dure.
- Écoute, mec, je ne sais pas ce que tu cherches, et je ne te demande pas de me le dire. Sans doute que c'est important pour toi. Mais peut-être que tu cherches quelque chose que tu as déjà. Quelque chose qui est ici. Dans le présent, dans le futur, dans nos gestes de tous les jours, dans les gens qu'on aime bien et puis dans tout le reste.
Et peut-être que le passé mérite juste de rester dans ces cartons. Qu'est-ce que tu en penses?