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Critiques de Steve Tesich (325)
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Karoo

Un pur chef-d'oeuvre. Tout est y parfait: l'histoire, les personnages, la philosophie, les émotions, les rebondissements, etc.

Ce livre se vit aussi bien qu'il se lit. C'est beau, c'est riche, c'est intelligent, c'est subtil et c'est original. Parfois drôle, souvent ironique, désespéré et touchant comme peu d'histoires en sont capables.



Le plus difficile avec cette oeuvre, c'est d'en lire une autre ensuite tellement elle vous marque en profondeur, aussi bien émotionnellement que physiquement.



Un livre que je n'oublierai jamais, et que je relierai à un moment donné.
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Karoo

Avec « Karoo », réédité dans la collection « Les grands animaux », Monsieur Toussaint Louverture nous gâte, une fois de plus. Jaquette brûlée d’aluminium, bestiole à bois de cerf, histoire à l’avenant…



Mais de qui, mais de quoi qu’on cause ?



À l’instar de Steve Tesich, auteur de ce roman, le narrateur Saul Karoo, travaille pour les studios hollywoodiens en tant que script doctor. Il vit seul à New York, est marié, séparé et père d’un fils adoptif.



Dès les premières pages, la séduction opère. Le narrateur use d’un ton corrosif pour dépeindre un microcosme huppé et superficiel. Il se décrit lui-même en ivrogne névrosé, qu’une sobriété toute neuve plonge dans une crise existentielle. Cette soudaine tolérance à l’alcool, en dépit d’une consommation vertigineuse, lui est insupportable, car elle le rend lucide. Il la surnomme sa « maladie », cependant qu’un autre mal le tourmente : une incapacité chronique à entretenir des rapports sincères avec ses proches.



Dès lors, il tente de racheter une vie de dépravations par des manœuvres exigeant bien plus de détermination qu’il n’en possède. De revirements en lâchetés, sa fuite en avant jalonne la première moitié du roman d’occasions tourné au désastre.



Quand, enfin, Saul Karoo entrevoit une chance de salut, il s’humanise et son cynisme craquelle au profit d’affleurements de tendresse. Le lecteur – quoique pressentant le pire – se prend à croire en la rédemption de ce vieux bonhomme maladroit et pathétique. Une seconde partie de roman durant laquelle Steve Tesich nous piège par quelques chapitres lumineux, où foisonnent les réflexions fulgurantes. Le bonheur le dispute à la fatalité, si bien que, d’une satire acerbe, le roman glisse vers la tragédie pure.



« Karoo » s’achève par une troisième partie d’inspiration élégiaque.



Autant dire que le scénariste a brillamment élaboré son bouquin. Il sait planter son décor, caractériser ses personnages avant de nous mener où il l’entend. Au fil de ces trois parties, l’histoire prend de l’ampleur, la vivacité de l’écriture traque l’ennui, la justesse des observations tour a tour nous réjouit et nous émeut.



Voilà donc un voyage odysséen qui mérite d’être entrepris sans attendre.



Bonne lecture à tous !
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Karoo

Un roman qui va vous faire balancer entre divers sentiments. En racontant l’histoire de Saul Karoo, Steve Tesisch signe un livre envoûtant. Entre son impossibilité physiologique ( selon lui) d’être saoul, son incapacité à se retrouver seul avec son fils qu’il dit pourtant aimer, son divorce, ses « amours », vous allez le suivre et tantôt le haïr, tantôt le plaindre, tantôt le trouver prétentieux, vulgaire, creux, vil...et tantôt vous dire que son ex-femme y va quand fort, que ce qui lui arrive est cher payé... bref c’est de là littérature au sens noble du terme. Avec une histoire, des personnages qu’on aime détester ou qu’on déteste aimer, des sentiments forts et bien décrits avec une plume vive et acerbe, de belles phrases qui pourraient être autant de sujets de dissertation. Seule la fin m’a... laissé sur ma faim ! Encore une perle de Monsieur Toussaint Louverture.
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Price (ou) Rencontre d'été

1961, ville de East Chicago, dans l'Indiana, Daniel et ses amis passent leurs examens de Terminale, afin de terminer leur cursus scolaire. Car là où la raffinerie de pétrole Oil Sunrise domine, il est difficile d'échapper à la vie ouvrière de ses parents. Le logo de l'entreprise, conceptualisé en l'honneur de la promotion de Daniel, sillonne sporadiquement le livre de Tesich, de son sourire de gnome ensoleillé, pensé pour séduire et convaincre ces jeunes de venir grossir l'équipe de leurs parents. C'est un véritable combat qui s'annonce pour chacun, dès le début de cette oeuvre.

Au cours de cet été, Daniel découvre le premier amour, et ses affres; son père tombe gravement malade, et son agonie. Comment gérer tout cela lorsque l'on a que 18 ans ? Daniel est rapidement plongé dans la vie d'adulte : la vie amoureuse de ses parents, ses trahisons... Ils découvrent ses parents, en tant qu'homme, femme, dans leurs fragilités, et leurs forces également. Sa résistance ? La place faite à l'imaginaire, pour réinventer la vie.



Tesich nous propose un premier roman, qui a nécessité 10 années de gestation. Différents styles d'écriture parsèment ce livre : poèmes, "journal intime", écriture épistolaire... C'est un bel hommage à l'adolescence. Et une très belle écriture. Une lecture que je recommande vivement !



CHALLENGE 50 Etats / 50 Lectures

CHALLENGE Pavés 2019
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Karoo

Une virulente satire du rêve américain par un auteur qui y a cru avant de déchanter. Qui est Saul Karoo ? Personne ne pourrait le dire, pas même l'intéressé, qui ne cesse de mentir à tous et à lui-même. Enfin se présente l'occasion de se rédimer, de se construire une existence, mais le naturel reviendra au galop et Karoo deviendra un personnage tragique, piégé par le Destin. Déroutant et féroce.
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Karoo

J'ai un avis mitigé quant à ce livre encensé par beaucoup de lecteurs. Un personnage qui est un peu la caricature des héros des polars américains : Menteur, coureur de jupons, en instance de divorce, alcoolique mais jamais saoul, fumeur, "trafiquant de roulures", comme le définit sa femme, un personnage qui ne communique pas avec son fils étudiant en université. Nous sommes au début des années 90, Ceaucescu vient de tomber, comme le mur de Berlin.

Mais ce livre n'est pas un polar, le personnage principal Saul Karoo, " reprend des scénarios écrits par d'autres". Il "coupe ce qui est en trop, polit ce qui reste" c'est un "écrivaillon doté d'une plume qui a fini par être considéré comme un talent". Il a pourtant envie d’écrire son propre scénario, un film mettant en scène Ulysse, navigant dans l'espace sur un bateau à voile pousse par les vents solaires. Il a de l'argent, le dépense en pourboires dans les bars..

Un producteur lui demande de réécrire un film, véritable chef d'oeuvre, réalisé par un maître du cinéma mourant. Tout bascule. Il pars à la recherche d'une actrice, qui tient un tout petit rôle dans ce chef d'œuvre : celui d'une serveuse de bar. Il a cru reconnaître son rire.....

N'en disons pas plus, ce serait dévoiler le fil conducteur de ce livre.Cette caricature de personnage de polar américain, ne m'a pas "séduit". Certaines longueurs dans ce livre m'ont un peu découragé, amis je me suis accroché. À la fin, j'ai commencé à éprouver de la sympathie pour le personnage. Les repas, au cours desquels il boit, les scènes dans les bars, et toutes les occasions où il boit sans jamais être saoul, en feignant l'ivresse, pour faire comme tout le monde, m'ont lassé ne m'ont rien apporté.Le côté un peu "mélodrame" de ce livre m'a déçu. Au vu des critiques formulées je m'attendais à autre chose


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Price (ou) Rencontre d'été

Karoo m’avait laissé un excellent souvenir de lecture. En comparaison, Price s’avère décevant. Timoré, pas vraiment drôle sans jamais être sérieux, conventionnel dans la marginalité, il n’aurait pas été étonnant de voir ce roman adapté en sitcom américaine pour teenagers.





On ne peut pas ressasser tout le temps les mêmes problématiques sur le même mode. Divertissant, ni plus ni moins.

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Karoo

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire mais cela dit j'ai été ensuite transportée dans un univers particulier que j'ai beaucoup aimé. Saul, homme seul est divorcé, qui réécrit des scénarios pour Hollywood, retrouve la mère biologique du fils qu'il a adopté.

Je ne peux pas en dire plus afin de ne pas spoiler l'histoire mais il vaut la peine d'être lu !
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Karoo

Saul Karoo est une imposture vivante:dans sa vie privée,il triche,il ment et son métier consiste à réécrire des scripts pour en faire des films "grand public" quitte à dénaturer ce qu'il sait être un chef- d'oeuvre.

Il ne sait plus vivre autrement et lorsqu'il essaie c'est une catastrophe car il entraîne les siens dans le chaos.

Une personnalité peu aimable et pourtant fascinante.
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Karoo

Je vois de belles descriptions faites par les lecteurs de Babelio sur le personnage de Saul Karoo, et je ne me sens pas en mesure d'en faire autant car je ne peux y trouver les mots appropriés définissant au mieux la psychologie de cet anti-héros.

Par contre, j'ose penser que ce génie du tarabiscotage de films n'est autre qu'un grand adolescent qui refuse de se confronter à la vie adulte, à la complexité de l'âme des hommes.

S'il est doué dans le monde cinématographique, il est, d'un autre côté, un minable, capable de lâcher ses idéaux, juste pour appâter Leïla et lui donner de la gloire, du rêve.

Saul Karoo, je me l'imagine 20 ou 30 ans plus tôt (il a la cinquantaine dans le livre) comme un type nonchalant, à la démarche lourde, noyé dans son jean, les cheveux frisotant lui tombant sur les yeux et un visage offrant une franche bonhommie. Bon...j’arrête ma description à 2 balles.

Juste pour finir, ce livre de Tesich est bien. Il est mené à l'exacte cadence du personnage qu'est Saul Karoo. On croit connaitre la suite de chaque évènement survenant à notre pitoyable personnage et Tesich nous prend à chaque fois à contrepied.

Comme l'a dit l'un des lecteurs de Babelio, il faut lire Karoo jusqu'à la dernière page. Les derniers moments sont puissants.
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Karoo

C'est vrai je suis avare en 5 étoiles mais là il faut dire que ce livre resté trop longtemps dans ma PAL les mérite amplement. C'est bien simple il regroupe tout ce que j'adore dans la littérature américaine. Un personnage misérable mais tourmenté. Un anti-héros névrosé et médiocre dont l'auteur fait de la vie une farce avant de basculer dans la tragédie. J'ai d'abord pensé à Ignatus Reilly de la conjuration des imbéciles en moins cintré néanmoins puis j'ai décelé des éléments me laissant penser au Rabbit de la tétralogie de John Updike... avant que Teisch ne s'impose! Parfois drôle ou ridicule, parfois touchant et finalement émouvant quand notre héros enfin lucide contemplera avec fatalité l'immensité de son propre vide... Un livre à lire et à relire pour mieux le mettre en perspective avec la propre vie et trajectoire de l'auteur et sa quète paternelle entre autre.
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Karoo

Coup de cœur. Coup de cœur. Coup de cœur. Ce roman m'a bouleversée en profondeur. Quand, dans certains romans, on assiste à un ou deux moments de grâce où l'auteur fait un constat subtil et lucide, on se réjouit. Dans "Karoo", les constats subtils et lucides sont partout, et si je devais décrire le livre, je dirais même que c'est une succession de constats subtils et lucides. Saul m'a touchée, avec ses multiples problématiques : peur de l'intimité, impossibilité d'être saoûl, objectivité. Il s'analyse et analyse le monde, et les gens qui l'entourent, avec une acuité sublime. J'ai lu ce roman comme un plat délicieux, lisant morceau par morceau pendant deux semaines pour faire durer le plaisir et distiller la joie de le lire chaque jour un peu. Steve Tesich est un écrivain remarquable, je suis heureuse d'avoir découvert son roman, qu'il a fini juste avant sa mort. Dans "Karoo", on est face aussi à une satire de la société américaine, fine, et à un personnage infiniment attachant, Saul. Si aujourd'hui, on me demandait "Quel personnage de fiction souhaiterais-tu rencontrer ?", ma réponse serait Saul immédiatement. Il est si humain, malgré tout ce qu'il dit. L'ensemble du roman est dans ma tête, comme un film, certains moments me causant de la tristesse ou des rires. Un chef d'œuvre que je recommande à tou.t.es.
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Karoo

Roman puissant. J'ai adoré le style, cette autodérision permanente, le recul du narrateur, ce côté détaché et en même temps conscient de ne rien contrôler. J'ai retrouvé un peu de John Fante dans l'écriture. L'histoire est tellement bien construite et la fin est grandiose. Dommage que cet auteur ne soit plus de ce monde.
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Karoo

L'essence même du livre distille un sentiment galopant d'être toujours souillé à la lecture par l'implacable merditude de l'homme. Le personnage de Saul étant déjà un bon spécimen type de celui qu'on ne voudrait pas avoir dans sa vie, sachez que ce n'est rien par rapport à l'autre personnage principal, le Big Boss, le Diable en personne : Cromwell, réunissant tout ce qui est détestable dans les hautes figures d'Hollywood. Nous avons donc là un concentré de jet set, de mondanité, de vacances au soleil, d'un problème avec la figure du père, d'un sérieux manque d'ambition et de pathétisme global, avec pour figure de proue le mensonge et la vanité.



Bref, en gros : les femmes en prennent plein la gueule, les enfants aussi, et ceux qui écrivent les films, et ceux qui voudraient écrire des films ou jouer dedans et ceux qui n'avaient rien demandé. Et en plus ça finit mal. Mais c'est quand même vraiment bien écrit, avec pile la bonne dose d'auto-dérision, de cynisme, d'humour et de critique pour donner envie de le lire jusqu'au bout. Un côté un peu Dan Fante sur les bords. Avec une version revisitée d'Ulysse qui vaut sacrément le détour.



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Karoo

Saul Karoo, principal personnage du livre et narrateur, est un "script doctor" d'une cinquantaine d'années, menteur, névrosé, alcoolique, incapable d'éprouver un sentiment. Il reécrit les scénarios d'auteurs talentueux, pour les faire entrer dans les normes hollywoodiennes sans aucun état d'âme.

Il est en instance de divorce, et fuit Billy, son fils adoptif avec qui il n'a jamais eu de véritable conversation.

Il est un peu la marionnette d'un homme très mauvais, Jay Cromwell, producteur de films, qui le fait travailler, à démolir les films des autres. Cromwell change très souvent d'assistant (des Brad) comme de compagne ou compagnon. Comparé à lui, Karoo se sent "la grande force morale de notre époque".

Karoo est un homme conscient de ses névroses : il boit énormément sans jamais être ivre, fuit toute intimité, n'exprime jamais d'émotion ou de sentiment, n'a jamais de remords, procastine sans cesse (remet toujours au lendemain une décision ou l'exécution de quelque chose). C'est le type même de l'anti-héros, un homme vide...

Et puis, en visionnant un film il découvre et reconnait une jeune actrice sans talent, Leila, et va bouleverser sa vie et ses habitudes pour lui rendre la vie plus belle. Il se remet alors à fréquenter Billy et prépare pour eux un "Happy end".

Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille...

C'est bien écrit et très prenant, avec une fin très réussie.
Lien : http://www.unebonnenouvellep..
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Price (ou) Rencontre d'été

Dix ans pour écrire ce livre et quel résultat. Tesich ne se contente pas que de décrire avec brio le parcours initiatique d’un adolescent qui deviendra homme au cours d’un été. L’auteur nous entraine dans une réflexion sur l’amour, la vie et le destin avec une rare intelligence. Price est un livre ciselé par un orfèvre. La construction en est brillante et rien n’est laissé au hasard. La tension dramatique insufflée par Tesich dans son récit de la découverte de l’amour par Price nous tient en haleine tout au long des 500 pages de ce roman. Le personnage de Rachel, jeune femme insaisissable en est la clé de voute. Price est le chef d’œuvre de l’auteur du roman culte Karoo.
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Price (ou) Rencontre d'été

"Jusqu'à quel âge on a encore toute sa vie devant soi" : Cette phrase résume bien le questionnement en filigrane de ce sublime roman.



Au cœur de ce livre, le quotidien et les dernières vacances d'été de Daniel Price, 17 ans au début des années 1960, fils unique de parents qui ne s'aiment plus, adolescent type, affublé de deux éternels copains, avec qui il écume les quartiers populaires de la banlieue industrielle d'East Chicago. Ses potes de lycée Billy Freud et Larry Misiora, dont il finira par s'éloigner, tiennent une grande place dans sa vie, tout autant qu'un premier amour qui le déconcerte autant qu'il l'obsède "Non seulement j'avais un destin, mais en plus je connaissais son nom, son adresse; il habitait Aberdeen Lane et se prénommait Rachel. Après les cours, je m'y rendais régulièrement", sans compter une famille étouffante, avec un père malade en phase terminale. L'amitié tient une grande place dans ses journées bien que comme le dit le narrateur "Et si nous nous serrions les coudes à vrai dire, c'était autant pour nous soutenir mutuellement que pour ne laisser à aucun d'entre nous une chance de prendre son envol". Car la question du démarrage dans la vie est bien aussi au centre du roman, de ce moment où il faut partir en quête d'un avenir si possible meilleur. Et laisser bien souvent derrière soi les inoubliables moments passés. Au terme de cet été que va-t-il subsister en effet de cette indéfectible amitié adolescente, de ce trio a priori inséparable, de son impossible amour pour Rachel, cette jeune fille pour le moins étrange, qui le fascine, l'obsède et lui échappe. Et des difficiles relations père-fils.



Le roman commence par un tournoi de lutte où Daniel se laisse battre. Mais l'absence de médaille veut dire aussi être privé de bourse universitaire et par là même d'études, soit une condamnation à rester dans sa petite ville natale. Et il s'achève par les journaux intimes de ses proches, cette façon géniale qu'il a d'inventer les écrits de son entourage, ceux de Rachel notamment, qu'il s'amuse à écrire, imaginant ce qu'elle pourrait dire ou penser de lui, jusqu'au journal de James Donovan, double fictif de l'apprenti écrivain qu'est en train de devenir Daniel.



C'est la sobriété et la beauté de la première de couverture qui m'ont fait m'arrêter sur ce livre, et je ne l'ai pas regretté. Ce roman magistral fut pourtant un échec à sa sortie et ne connut un succès que posthume. Difficile à comprendre pourquoi tant l'écriture est magnifique tout au long de cette œuvre fleuve et ambitieuse de presque 500 pages où il ne se passe pas grand chose si ce n'est le quotidien d'un adolescent en prise avec la maladie de son père, un amour contrarié, décrivant formidablement la "force dévastatrice d'un premier amour" comme le dit la 4ème de couverture, une vie de famille pour le moins dramatique, et un avenir qui s'annonce sombre : passer sa vie à l'usine. D'une impressionnante puissance romanesque, ce roman, construit habilement, m'a tenue en haleine et donné envie de découvrir l'autre publication de cet auteur "Karoo". De livres et de lecture, il est aussi question dans ce roman et il donne même la parole une bibliothécaire dans l'histoire, fort sympathique au demeurant!

"Cher Jimmy, Je me souviens très bien de vous. Si vous n'avez pas fini de lire les livres, je prolongerai volontiers la durée du prêt. Vous aviez l'air d'un si gentil garçon. Je vous en prie, rapportez les. Je m'inquiète à leur sujet. A bientôt. Bien à vous. Mademoiselle Day"



D'après ce que j'ai pu lire à droite et à gauche, ce jeune héros a beaucoup de l'adolescent que fut Tesich. Dommage que l'auteur n'ait pas eu la chance de connaître le succès de son vivant, mourant d'une crise cardiaque quelques jours après la fin de l'écriture de "Karoo" alors qu'il était âgé de 53 ans. Mais c'est grâce au succès de "Karoo" que "Price" eut une seconde chance, ce premier roman vient en effet enfin d'être traduit en français. Et c'est un grand grand livre!



"Aujourd'hui j'ai quitté l'endroit où j'ai grandi, convaincu que le destin n'est qu'un mirage. Pour autant que je sache, il n'y a que la vie et je me réjouis à l'idée de la vivre."



Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre ce livre et "L'attrape cœur" de Salinger, deux romans qui décrivent magnifiquement ce fragile passage de l'adolescence à l'âge adulte. Même si pour le reste ils sont très différents, mais tout aussi brillants.
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Karoo

New York. Saul Karoo est un écrivain d'un genre particulier : il réécrit des scénarii de films d'auteurs pour en faire des "navets" grand public en les faisant rentrer dans le moule des canons hollywoodiens. Ecrivain raté, incapable d'autre chose que de mutiler le travail des autres, il traîne plusieurs tares physiques et émotionnelles : grand fumeur et grand buveur (mais incapable d'éprouver de l'ivresse), menteur pathologique, instable dans ses opinions, il ne peut s'empêcher de faire du mal aux gens qui l'aiment... notamment son fils adoptif qu'il esquive à chaque fois que celui-ci tente de se rapprocher de lui.



Lorsqu'il rencontre, au détour d'un scénario, la mère biologique de son fils adoptif, Saul Karoo se met en tête de se racheter... Mais son aura destructrice ne se dissipera pas si facilement.



C'est l'histoire d'une chute, d'une désintégration. C'est caustique, très fin psychologiquement. Magistral. Un roman culte.
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Karoo

La cinquantaine, Saul Karoo est un "écrivaillon" comme il se définit lui-même, doué dans le style mais incapable d'invention. Son travail -lucratif- consiste à modifier pour l'industrie du cinéma des scenarii, et parfois de rectifier le montage de certains films afin qu'ils soient plus rentables ce qui lui vaut le surnom de "doc" (le docteur). Karoo, séparé de sa femme, incapable d'exprimer à son fils adoptif les sentiments qu'il éprouve, découvre qu'il est devenu insensible à l'alcool. Cette découverte le plonge dans un désarroi nouveau, il doit sans cesse "faire semblant" d'être ivre pour tenir son rôle, surtout devant son ennemi intime, le producteur Cromwell, qu'il rêve d'envoyer balader mais devant lequel il s'écrase finalement, acceptant même de réparer le dernier film d'un réalisateur qu'il admire plus que tout autre. La projection du film à "réparer" le plonge 20 ans dans son passé, lorsqu'il reconnaît dans un petit rôle de serveuse, le rire inégalable de la mère biologique de son fils. A cet instant, il s’octroie le rôle du démiurge qui va rectifier le destin d'une mère et d'un fils séparés par les aléas de la vie, le seul moyen qu'il entrevoit pour prouver à son fils combien il l'aime.

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J'ai emprunté ce livre à mon neveu et je dois dire que sans lui, je n'aurais pas su que ce roman existait. Je ne le regrette pas car voici un roman formidable, au sens strict du terme : terriblement bien ficelé et terriblement dramatique. Des histoires comme celle-ci il n'y a pas beaucoup d'écrivains capables d'en produire, à part peut-être Jim Harrison. Karoo comme l'indique la quatrième de couverture, raconte l'histoire d'une chute. On en dit trop et pas assez. Karoo qui rectifie les scripts va s’atteler à une tâche interdite : rectifier la vie, rien de moins. Remettre droit ce qui est parti de travers, donner de l'équilibre à une famille amputée. Et le lecteur assiste impuissant au trajet de l'aiguille, la lame, la plume, qui pique d'une couture invisible et presque cruelle, la figure d'une famille écartelée, sorte de Doppelgänger du manteau usé du défunt père de Karoo qui hante les rues de New York comme un épouvantail qui prend vie sur un paria. Très bon moment de lecture malgré les dernières pages qui m'ont parues moins convaincantes (presque bâclées) au niveau de l'inspiration (ou alors c'est moi qui n'ai pas compris ce qui est toujours possible car je manque de références mythologiques).



Un roman à découvrir dans ce très beau livre des éditions Monsieur Toussaint Louverture
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Price (ou) Rencontre d'été

Un peu plus de deux ans après la publication française de Karoo, qui avait rencontré un succès unanime, sort enfin l’autre grand roman de Steve Tesich, le très attendu Price, publié aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.



En 2012, nous avons découvert le génie littéraire du scénariste Steve Tesich (1942-1996) avec son deuxième et dernier roman, Karoo. Véritable succès, bien au-delà des espérances de son éditeur français, le roman a largement participé à la reconnaissance de cette petite maison d’édition bordelaise. Public et journalistes émerveillés par cette découverte – le roman a été publié aux États-Unis en 1998 mais jamais publié en France avant que Dominique Bordes ne le publie en 2012 – ont reçu avec joie l’annonce de la publication de l’autre roman de Steve Tesich. Depuis l’envoi des épreuves aux journalistes, et encore plus depuis la sortie de Price, c’est une véritable effervescence, les articles submergent littéralement le bureau de Monsieur Toussaint Louverture. Si le roman lui-même est encensé, c’est aussi la stratégie éditoriale de cette jeune maison qui est justement récompensée....
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