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Critiques de Steve Tesich (325)
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Price (ou) Rencontre d'été

Le passage à l'âge adulte reste une épreuve et nul besoin d'en rajouter. Ici, tout se conjugue pour rendre ce moment impossible à oublier, inoubliable au sens littéral du terme. Les illusions de l'adolescence s'envolent le jour même de la remise du diplôme, censé vous ouvrir les portes de la"vraie" vie, celle où la réalité, celle des adultes, vous absorbe et vous dissous par son implacable présence. L'amour n'est pas aussi doux qu'il semblait l'être et le destin d'un travail sécurisant devient tout à coup très pesant. La simultanéité de ces évènements perturbe. La mort du père, sa longue agonie vous fait découvrir une identité que vous ignoriez: la vôtre. Je ne suis plus le fils de, je suis MOI.

Mais qui suis-je ?

Débute alors une longue quête, mais c'est une autre histoire.

Toutes ces questions sont ici très fortement soulignées et les rites de passage peuvent paraître très signifiants. Ils sont tout le mérite de ce livre.

Beaucoup d'interrogations sans réponse. Il n'y a pas de vérité, à chacun de se la forger.
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Price (ou) Rencontre d'été

Dans les années 60, Daniel Price finit le lycée. Il a perdu le championnat de lutte et ses deux meilleurs potes, Larry le teigneux et Freud l'endeuillé, sont encore plus paumés que lui. C'est à ce moment qu'il LA voit, Rachel, son premier coup de foudre, son premier flirt, son premier amour, son premier chagrin. Il fait alors tout pour que la belle l'accepte alors même qu'il fuit son père mourant du cancer dans leur foyer que sa mère, yougoslave orthodoxe, essaye de maintenir dans un ordre relatif.



Ce premier roman de Steve Tesich (mais paru en second lieu dans l'excellentissime catalogue des éditons Monsieur Toussaint Louverture) est un bijou. Ou plutôt une bougie. Un texte long mais lumineux, fort et dur mais qui s'avère malléable. Un texte qui joue sur nos sens: de chaleur il passe à brûlure, d’éclairant, il jette de nombreuses zones d'ombres

Ce roman qui retrace la fin d'une adolescence tourmentée mais aussi les espoirs déçus des parents ne peut laisser indifférent tant la solitude et la force des personnages ne peuvent que trouver écho dans nos souvenirs. Mais contrairement au cynique Karoo, la flamme qui anime Daniel n'est pas totalement destructrice et ouvre (peut-être) de nouveaux horizons. Un texte coup de poing, un texte coup de coeur, une bougie pour la mort des espoirs, une bougie pour les survivants.
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Karoo

En gros ça parle de :



Saul karoo est un "script doctor" et passe son temps a corriger des scénarios de film US pour les rendre plus bankable. Il est évidement cynique et sans scrupule par faiblesse tel le anti héro américain que tous les livres branchés décrivent depuis dix ans. Sa punition cosmique sera que suite à des événements particuliers c'est sa vie qui se verra faire l'objet d'un film. Moralité : En fait la fiction est bien plus intéressante pour le commun des mortels que la réalité, vire les gens ont besoin de la fiction pour voir la réalité. Ta dam!



Mon avis à moi que j'ai :



D'un coté le style (même traduit) est vraiment pas mal, impeccable avec quelques dérives jolies et bien senties.



D'un autre côté la structure du livre est lourde, tellement lourde! Ah on parle d'un rédacteur de scénarios et on le comprend bien, vas-y que j'annonce un fait et puis que j'attends, que je fais monter le suspens, et j'attends et je joue avec tes nerfs... BORDEL QUE C'EST CHIANT !!!! L’écriture scenario ne marche qu'au cinéma, les lecteurs ont un sens plus fin de la narration !! Quand aux réflexions sur le fossé culturel (Proust (le héros a fait un master de littérature comparée et rêve de faire un film sur Ulysse) versus le cinéma mainstream américain) elles sont tellement vues et revues que ça fait carrément pitié.



Voilà, bon ben je m’étend pas plus hein. Je crois que tout le monde a compris.
Lien : http://yannfrat.com/blog/?p=..
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Karoo

y’a des bouquins, des fois, tu sais que tu dois les lire. Tout les gens dont l’avis compte pour toi te disent que c’est génial, tu sais que tu aimes l’éditeur, tout semble parfait dans le meilleur des mondes et pourtant, ils restent sur l’étagère à côté du lit, abandonnés, parce qu’ils te font un peu peur et qu’après tout ceux qui te l’ont conseillé sont un peu des intellos et tu as une fois de plus peur de ne pas être à la hauteur. Ils attendent, ils attendent, ils attendent tellement que quand tu te lances enfin, ton entourage habitué à te voir lire des nouveautés te dit « mais il est vieux celui-là, non? ». Je ne ferai pas de ce billet un manifeste à la gloire du fonds, ce sera pour plus tard. Donc je me contenterai de dire « oui il est vieux mais c’est parce que j’avais peur ».[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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Karoo

Je l'ai terminé ce matin. Acheté sur les conseils avisés des auteurs de la dernière émission de la grande librairie, c'est un livre évènement qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire auparavant. J'ai beaucoup aimé le style, l'histoire en elle même et les références évoquées subtilement derrière Ulysse. Je ne dirais rien de plus, ayant été moi même trop informée pour préserver le plaisir de ceux qui découvriront cet auteur, simplement rajouter que l'édition est magnifique, la qualité du papier un vrai bonheur au toucher, la couverture soignée et son impression en relief, 22 € mais on sait pourquoi on paye, bravo à cet éditeur que je ne connaissais pas
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Price (ou) Rencontre d'été

Price est un roman que je voulais lire depuis longtemps et me voilà bien embêté aujourd'hui. C'est un roman qui avait tout pour me plaire, que j'avais vraiment envie d'aimer. Mais la magie n'a jamais opéré. Je dois bien reconnaître que l'auteur a du talent pour nous faire entrer dans la peau de ce jeune homme de 17 ans, Daniel Price. On peut facilement se reconnaître en lui. Mais pour le reste, tout m'a semblé plat. Les autres personnages sont peu attachants, certains sont même très agaçants.

Le texte est fait de phrases courtes, dans un style peu agréable. Mais le plus gros problème reste pour moi l'intrigue. Celle-ci tient en quelques lignes et on devine très vite les secrets de chacun. Les chapitres se suivent et se ressemblent et c'est l'ennui qui m'a finalement gagné.
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Price (ou) Rencontre d'été

Un roman d'amour comme un incendie, à la fois magnétique, solaire, hypnotique et destructeur. Un roman initiatique comme une route mal tracée faite de chaos et de grandes échappées. Il est difficile de définir ce bijou de littérature et sa galerie de personnages attachants, révoltés, tristes, curieux et effrontés, le contexte si justement saisi des années 60, le quotidien qui enferme tout en rassurant, les extravagances les plus folles et les plus sincères, les choix par raison, nécessité ou contrainte. Un beau roman qui parle autant de la rue que du foyer, comme un chant de blues enlevé.

Lisez-le et vous verrez!
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Karoo

livre atypique, que j'ai dévoré, comme le protagoniste avale ses verres d'alcool et profère des sentences cyniques et perverses à ses conquêtes ou connaissances diverses.

Le protagoniste est un scénariste qui sauve de l'oubli des scénari qui pêchent par leur pauvreté, et leur insuffle un souffle nouveau grâce ququel ils sont exploitables. Cet homme souffre de sa nullité car sur le plan personnel il rate sa vie, de mari, de père, d'amant, d'ami. Il est aussi cynique qu'alcoolique, déplaisant, arrogant et adipeux; il a beau avoir du succès en tant que rewriter, sa vie est celle d'un raté. Tout au long du roman il essaye de changer la direction de sa vie qui lui échappe, et il a beau faire, sa médiocrité et sa méchanceté s'affichent comme une carte de visite.

L'auteur le décrit sous tous les angles, séducteur raté, spécialiste de forfaitures et de duperies, il est le roi de l'esquive et du mensonge, et tout lui échappe, comme lui échappe aussi à son entourage personnel et professionnel. Dans une langue pleine de substantifs et de qualificatifs, Steve Tasich nous dresse le portrait noir d'un homme aussi abject que repoussant mais qui attire par un charisme très particulier.

Un livre très intéressant.
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Karoo

ça commence comme un Woody Allen. Un écrivain raté, Saul Karoo, qui travaille comme script doctor pour Hollywood. Il retaille et dénature des scenarii pour les faire rentrer dans le moule de l'industrie cinématographique. Alcoolique et pathétique, il a raté son mariage, son rôle de père, sa place de fils.

La description de sa vie, du milieu Hollywoodien, sa vision du monde donne lieu à de beaux moments d'humour très noir et de cynisme.

Puis vient sa rencontre avec Leila Millar, il croit tenir sa rédemption. Il est lié à elle par un secret inavouable, qu'il ne lui avoue pas d'ailleurs.

Et la comédie vire en tragédie. L'irrésistible marche du destin est toute tracée, inéluctable. Il frappe le jour prévu, fantasmé, mille fois rêvé par Saul pour son triomphe...

Ça commence comme un Woody Allen et ça finit comme chez Sophocle.

Ne reste plus qu'un épilogue comme une sinistre farce, Hollywood recyclant les malheurs d'un Saul étranger à sa propre histoire.

Un roman épais et dense mais où je ne me suis pas ennuyer, bien au contraire. Une lecture que je recommande.
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Price (ou) Rencontre d'été

Ce livre est un de ces livres "coup de poing", qui reste en tête longtemps après l'avoir refermé.

Les 500 pages se savourent et sont dévorées, plutôt rapidement pour la longueur du roman.

L'ambiance est incroyable, assez pesante tout en étant emprunte de nostalgie.

J'ai vraiment adoré Daniel auquel je me suis très rapidement identifié. C'est un jeune homme assez perdu qui a peur de l'avenir. Il est extrêmement attachant et touchant, le genre de personnage qu'on aimerait voir prendre vie et devenir notre ami.

Son histoire d'amour avec Rachel m'a passionné tout en m'attristant. L'amour qu'il voue à la jeune femme est incroyablement beau, mais les réactions de celle-ci m'ont souvent laissée perplexe. Je pense que cela vient du fait que, comme Daniel, j'ai eu beaucoup de mal à cerner Rachel (d'ailleurs, je n'ai toujours pas réussi). Je n'ai ressenti aucune empathie envers elle, aucune affection. La plupart du temps sa façon d'agir m'énervait ou me déstabilisait. J'ai eu beaucoup de peine pour Daniel qui ne recevait pas autant d'amour qu'il en donnait.

Cependant, j'ai trouvé leur histoire très intéressante et assez originale. J'ai adoré les suivre et découvrir en même temps qu'eux la progression de leur amour.

Le gros point positif de ce roman est sans conteste la magnifique plume de l'auteur. Sa manière d'écrire est unique et vraiment poétique. Il a une façon d'analyser les choses qui m'a laissée sous le charme.

La nostalgie est un aspect particulièrement bien traité. Baignant moi-même quotidiennement dans cette émotion, j'ai adoré pouvoir la ressentir chez les personnages et plus particulièrement chez Daniel. La notion de destin est également présente tout le long du roman. Encore une fois, j'ai adoré ces passages.

Je ne veux pas en dire plus sur ce livre car il est très dur d'expliquer l'effet qu'il produit sur ses lecteurs, mais je l'ai vraiment, vraiment adoré. L'univers va beaucoup me manquer ainsi que Daniel et sa vision des choses, plutôt similaire à la mienne.
Lien : http://book-trip.blogspot.fr/
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Price (ou) Rencontre d'été

Je tiens à adresser un immense merci aux Éditions Points et à Babelio pour cette opération Masse critique. Cela faisait un bon moment que Price traînait dans ma wish list sans que je ne saute le pas et l’achète enfin. Je regrette beaucoup d'avoir retardé cette lecture, car Price a désormais gagné sa place dans mes livres favoris.



Je suis très sensible à la littérature américaine et aux romans d'apprentissages, et tous les ingrédients sont réunis pour faire de Price un roman d'apprentissage. Effectivement, quoi de mieux que la fin du lycée, le premier amour et la perte d'un parent pour faire de vous un adulte ?



Nous sommes à l’été 1961, à East Chicago une petite ville industrielle des Etats-Unis, baptisée "la zone" (ça donne tout de suite le ton) qui n'offre pas de grandes perspectives d'avenir aux jeunes à part celle de travailler en usine comme leurs pères avant eux. Daniel Price, maintenant qu’il en a terminé avec le lycée ne sait pas quoi faire de sa vie. C’est sûr que pour lui (et comme la plupart des adolescents), au lycée il n’avait pas tellement à réfléchir à ce qu’il aurait à faire l’année suivante, on passe en classe supérieure et c’est tout. Mais voilà, avec son diplôme en poche Daniel se sent oppressé et surtout perdu, car si la fac ne le tente pas, la perspective de travailler à l’usine ne l’enchante guère non plus. C'est aussi durant cet été que Daniel rencontrera son premier amour, la mystérieuse Rachel. Il se jettera alors à corps perdu dans cette folle relation presque unilatérale. Il recherchera auprès d’elle de l’affection pour échapper à un quotidien morose. Pour conclure ce tableau, le père de Daniel, avec qui les rapports sont complexes, vit ses derniers instants, rongé par un cancer. Comme son fils, il est avide d’affection, ils semblent tous les deux rechercher la tendresse comme pour donner un sens à leurs vies.



Le douloureux passage de l'enfance à l'âge adulte est un thème récurrent en littérature, mais avec Price, Steve Tesich nous offre un roman d'une très grande sensibilité. Même si par moment les personnages sont parfois insupportables et que j’ai terriblement eu envie de les secouer, j’ai eu un grand plaisir dans cette lecture du début à la fin.
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Karoo

"Le film d'Arthur Houseman, c'était autre chose. C'était un chef d'oeuvre. Il faisait appel à ce qu'il y avait de meilleur en moi rien que pour que je puisse l'apprécier à sa juste valeur, et déjà là, je ne me sentais pas vraiment à la hauteur." Cette phrase est une réflexion de Saul Karoo, le narrateur du livre, au sujet du film qu'un producteur très en vue d'Hollywood vient de lui confier afin qu'il en refasse complètement le montage. Et c'est exactement ce que je ressens après avoir lu Karoo de Steve Tesich. Je suis devant ce livre rare comme on n'en rencontre qu'une poignée dans sa vie. Et quand cette vie est plus proche de son terme que de son début, comme c'est le cas pour moi, on se dit qu'il faudrait un miracle pour qu'à nouveau un livre nous procure autant d'émotions que les meilleurs romans qu'on a déjà lus. Pour moi, Karoo est un vrai choc littéraire comme on n'en a que quelques uns dans sa vie et plutôt que de rédiger une critique qui ne rende pas pleinement justice à la beauté et la finesse de ce roman, j'aimerais me contenter de dire : "lisez-le, c'est magnifique !". Je vais malgré tout tenter d'en dire un peu plus.

Ce livre associe à mes yeux, ce qui est plutôt rare, une grande maîtrise de la construction et du rythme du récit à une extrême sensibilité dans la peinture des personnages et des situations dans lesquelles l'auteur les plonge. Sur ces deux aspects, on pourrait aisément comparer Tesich à un William Styron, un John Irving ou un Stefan Zweig. Troisième dimension, ce roman possède une profondeur historique et psychologique tout-à-fait impressionnante. Sont convoquées ici les mânes d'Homère, de Sophocle ou de Shakespeare (et parfois explicitement, comme avec Ulysse, les Atrides, Le Roi Lear pour ne citer que ceux-là). C'est une dimension que j'avais déjà appréciée dans quelques romans contemporains comme par exemple Middlesex de Jeffrey Eugenides ou Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Quatrième dimension, celle de la confrontation entre mensonge et vérité, entre fiction et réalité, entre vie rêvée et absurde du quotidien. Là c'est au roman Les heures de Michael Cunningham que je pense, ou encore à la labyrinthique Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski, ainsi qu'à toute l'oeuvre de Paul Auster ou celle d'Emmanuel Carrère. Enfin, last but not least, il y a la cerise sur cette superbe pièce montée, je veux parler de son humour qui est un humour à la fois métaphysique, convoquant Eros et Thanatos, et irrésistible de drôlerie - j'ai éclaté de rire à plusieurs reprises. Cette fois c'est l'esprit facétieux du Romain Gary de Chien Blanc ou de Gros-Calin ainsi que celui plus sombre de La Promesse de l'Aube et de Pseudo qui me semblent hanter ce livre.

Peut-être trouverez-vous exagérée cette énumération de références toutes plus prestigieuses les unes que les autres : l'effet ne serait-il pas alors de disqualifier ma critique et de vous détourner de cette lecture ? Ne dit-on pas : "Quand la mariée est trop belle ..." ? Alors laissez tomber tout cela, disons que je n'ai rien dit ou seulement ceci : "Karoo est un livre magnifique, lisez-le !"
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Karoo

Décidément, un livre publié chez Monsieur Toussaint Louverture n'est absolument jamais décevant, et toujours infiniment génial. Karoo ne déroge pas à la règle, véritable bourrasque, roman qui décoiffe, trait de génie. Un homme qui se persuade d'être affligé de tant de maladies - de l'impossibilité d'être ivre malgré les litres d'alcool ingurgités à l'incapacité de partager son intimité - et qui passe son temps à s'autojustifier du mal qu'il inflige, devrait être antipathique au possible. Mais Saul Karoo est bien pire que ça. C'est un loser fini. Il est entièrement détestable. Et rien n'est plus jouissif que d'adorer détester le héros d'un livre. Mais au-delà de l'histoire relatée, Karoo est surtout un roman remarquablement bien écrit. Style incisif, construction originale aux ruptures génialement insérées, et la fin la plus improbable, la plus originale, que j'aie jamais lue. Et c'est aussi une superbe mise en abyme de l'écrivain, marionnettiste et menteur, qui réarrange la réalité à sa guise... A lire, donc, absolument.
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Karoo

Karoo est un roman noir, caustique, qui se termine en tragédie. Son personnage principal Steeve KAROO, est un anti-héros sachant se faire détester par le lecteur !

Le roman se termine en drame.

Je n'ai pas aimé ce roman, trop loin de la réalité selon moi et dont les relations interpersonnelles sont trop crues et douloureuses à mon goût. Le scénario est pesant et je n'ai pas aimé l'écriture de Steve TESICH. Si vous avez le moral bas, je ne vous conseille pas de lire ce livre...



Steeve Karoo produit des films en 'mutilant' des oeuvres cinématographiques. Il est divorcé et il a adopté un fils, Billy, devenu ado et dont il ne s'occupe pas. En visionnant un film il reconnaît dans une actrice la mère biologique de Billy. Croyant (pour une fois !) se rendre utile à son entourage, il va rechercher Leila, dans le plus grand secret.

Il tombe amoureux de Leila, et décide de la présenter à son fils...qui couche avec Leila, sa mère.
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Karoo

Je voudrais d'abord rendre hommage à mon libraire, qui ne s'appelle pas Amazon et par la même à tous les libraires. Il existe une petite librairie à Nîmes, un bijou de petite librairie à l'ancienne que tous les lecteurs Nîmois connaissent je pense. Je rentrais un jour dans cette librairie, comme tant d'autres fois et je demandais à mon libraire un livre de Gabriel Garcia Marquez que je n'avais pas lu. Hélas, il ne l'avait pas.

En manque de livre, de lecture, d'auteur, de rencontre et d'humanité, presque la larme à l'oeil, pas loin de chavirer dans le matérialisme rédempteur en allant m'acheter une connerie très vite oubliée, je lui demandais un conseil: un livre s'il vous plait ....

Et mon libraire qui connait son métier parce que c'en est un, me tendit " Karoo "

Plait il ?

Je ne voudrais pas vous dire ni quoi ni comment mais ce livre est à lire. Je ne vais pas vous le raconter, vous pouvez lire la dessus partout mais ce livre est et sera à mon avis, car il n'a pas fini de faire parler de lui, un très grand livre.

Karoo, homme cynique, odieux, vaniteux sans en avoir l'air, finira par se confronter à quelque chose d'immense qui s'appelle peut être " l'amour " oui mais l'amour absolu, celui qui désintègre l'ego pour ramener l'homme à la matrice immense qu'est l'univers. Et par la même logique, Karoo est partout, il est en nous, veillons à ne pas nous en apercevoir trop tard.
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Karoo

Un livre dérangeant, au delà du cynisme.

Un personnage antipathique , deux ingrédients de ce récit hors du commun et pourtant par moment si proche.

L'auteur écrit sur l'intimité avec une précision et une justesse troublantes;

Karoo soufre de nombreux maux parmi lesquels une incapacité à partager de l'intimité avec ses proches sans spectateurs. Il ne sait vivre une emotion sans la partager avec autrui, de preference des inconnus . On pourrait y voir un des traits de notre société ou l'intimité s'expose et se construit à travers le regard des autres , sur les réseaux sociaux , la télévision, le cinéma, mais là n'est pas l'essentiel.

L'important est dans la description des sentiments- ou mieux encore du vide-qui remplissent les moments importants de la vie de Karoo. Une bibliothéque ne suffirait pas à abriter les livres nécessaires pour décrire un jour, une nuit d'un personnage note Karoo dans une de ses réflexions. Et c'est bien la force de ce livre, décrire avec justesse une pensée , un comportement de quelques secondes en quelques pages; sans longueurs ni ennui parvenir à nous faire pénétrer les rouages de l'âme de Karoo, et s'approcher de la mécanique de nos sentiments.

Lorsque la tragédie, la vraie, la banale que nous pouvons tous connaître vient heurter la vie étrange de Karoo, il devient presque normal: ses sentiments et ses ressentis l'agressent avec une violence que nous pouvons comprendre, il devient enfin humain.

Mais rejoint vite Dieu dans sa quête du sens , un passage dont je me serai passé , le Karoo qui saigne de l'avant dernier chapitre étant plus proche de ce personnage tout en douleurs et étrangeté.

Au final un livre à lire , mais avec précaution.
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Karoo

Ce livre fait l'unanimité chez les critiques littéraires. Pour certains, c'est un chef d'œuvre, c'est drôle, cynique. Cela voudrait dire que je n'ai pas dû bien comprendre le livre.

Déjà, on nous présente Saul Karoo comme étant un personnage relativement abjecte. Certes c'est un menteur invétéré mais pour le reste, je ne le trouve pas si désagréable que cela. C'est un personnage qui est dépassé par sa propre manière d'être. Il est incapable d'y faire face. Il joue un rôle comme dans les scénarios qu'il modifie.

Je n'ai jamais réussi à m'enthousiasmer pour ce livre. J'ai trouvé les personnages, la plupart du temps, totalement futiles, superficiels. Les discussions sont creuses.

Pour moi, le seul point positif reste le ton sombre, et le côté dramatique que prend le roman quand ils sont à Pittsburgh.

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Karoo

Peut-on s'émanciper du vide ?

On a tous lu un jour le roman d'un pauvre type, antipathique et en marge de tout, qui va essayer de se relever pour devenir responsable. On finit par s'attacher au type car la moralité l'emporte sur le méprisable. On ferme le livre, on est content cinq minutes, et on passe à autre chose. Et un jour on vous met Karoo entre vos mains.

Saul Karoo est ce qu'on pourrait qualifier de "pauvre type", avec des mots plus ou moins grossiers. En instance de divorce, refusant à son fils unique le soutien paternel, alcoolique, désabusé, méprisant, fieffé menteur... Saul Karoo vit confortablement dans son grand appartement de New York. Script doctor, il transforme des scénarios de films pour les rendre rentables, conformes au consumérisme ambiant à une époque où l'argent prend le pas sur l'art. Il se place dans une telle démesure qu'il n'est même plus capable de ressentir l'ivresse quand il ingurgite verres sur verres.

Pourtant, tout au fond du trou moral qu'il a lui-même creusé, Karoo va être hameçonné par le désir d'une vie meilleure, dans laquelle il est un bon père, un amant fidèle, un fils aimant, un homme respectable.

C'est grâce à un énième scénario à modifier qu'il va se mettre en quête de l'homme qu'il aurait pu être. Courant après le passé, essayant de recoller les morceaux, il conserve néanmoins ses armes favorites principalement aiguisées par le mensonge. Saura-t-il s'émanciper d'une vie tombée dans le néant ?

Karoo, c'est le roman du vide qui fait tout pour exister. C'est une course contre la démesure, la recherche du perdu. Mais sort-on indemne de ce raid solitaire dans l'abîme ?

La réponse est au bout des 600 pages que vous ne lacherez pas.
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Karoo

Quel ennui !

Un empilement de scènes tirées en longueur et des dialogues creux. Par exemple le dialogue avec le chauffeur de taxi asthmatique ; ou alors l’amas de détails sur l’assurance santé. Ou alors la lettre du fils mal-aimé, cette lettre me semble fabriquée.





Pourtant, sur les premiers chapitres, j’ai aimé ce narrateur cynique, son humour noir et son autodérision.

Lecture abandonnée après 150 pages, sans états d’âme.





Je tiens à signaler un détail curieux. Karoo, le narrateur cynique, gagne son pain en tant que script doctor : il élague les scénarios des auteurs débutants en leur donnant du mordant, pour le grand bonheur des producteurs rapaces. Eh bien, à mes yeux, Tesich aurait dû commencer par couper dans les longueurs de son propre œuvre ! D’autant plus qu’il nous explique le mode opératoire.

Découvert en livre sonore. La qualité de l’interprétation n’est pas en cause, elle est sans reproche.

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Karoo

Qui est, en définitive, Saul Karoo ?



Est-il la représentation du dernier stade en date de l'évolution humaine ? Stade auquel l'individu, soumis aux diktats d'une société de l'image et de la réussite sociale, aurait annihilé en lui toute faiblesse sentimentale, toute propension à l'émotion ?

Est-il la victime d'un environnement que la combinaison des éléments (familiaux, sociaux, professionnels) aurait rendu émotionnellement déficient ?



La seule certitude, c'est que Karoo est malade. Malade parce qu'il a un vide en lui, qui finit par le dévorer... Le roman de Steve Tesich est en quelque sorte le récit d'un homme qui, parti en quête de ses profondeurs, en est revenu bredouille, et ne l'a pas supporté !



A première vue, tout va bien, pourtant, pour ce quadragénaire américain installé dans un somptueux appartement New-Yorkais. Cet écrivaillon sans talent a fait fortune et s'est rendu célèbre dans la réécriture de scenarii pour le cinéma. Il transforme en succès commerciaux les œuvres soumises à sa plume. Son patron lui fait totalement confiance. Il ne s'est jamais aussi bien entendu avec sa femme que depuis qu'ils se sont séparés, et qu'ils n'en finissent pas de discuter les termes de leur divorce. Son fils adoptif, Billy, jeune homme beau et intelligent, l'adore.

Certes, ses proches le considèrent comme un menteur aux vaines promesses... Il est cynique, de mauvaise foi, et c'est de surcroît un alcoolique notoire. Et puis il est affligé d'une sorte de répulsion envers l'intimité qui l'empêche d'avoir des rapports profonds et sincères avec ses proches, notamment avec son fils.

Mais Karoo semble accepter avec philosophie cette image de lui, dont il joue d'ailleurs lui-même, avec une désinvolture étudiée. C'est en effet tellement plus facile, plus confortable, de se conformer à l'image que les autres ont de vous, et que vous avez d'ailleurs contribué à construire. Cela dispense des remises en questions...



Et puis arrive un jour où l'alcool n'a plus aucun effet sur lui, quelle que soit la quantité absorbée. Mais il continue de simuler l'ébriété. Il réalise qu'il a pris du poids, que ses cheveux sont ternes et son teint terreux. Mais il fait celui qui n'en n'a cure.

Et puis arrive un jour où un problème de conscience se pose à lui, lorsqu'on lui demande de remanier le film d'un talentueux cinéaste sur le point de mourir, qui s'avère être un chef-d’œuvre. Mais sa conscience va rapidement se taire : par habitude, par confort, toujours, il choisit de faire ce que l'on attend de lui. Pourtant, c'est un élément de ce film qui va lui donner, croit-il, l'occasion de faire enfin quelque chose d'utile et d'altruiste. Mais cette occasion ne va faire qu’accélérer sa chute...



"Karoo" est une farce, mais une farce sinistre, désespérée, teintée de cet humour que l'on utilise pour sauver la face, alors qu'on sait pertinemment que tout va mal.

C'est l'épopée tragicomique d'un homme qui semble pris d'une abyssale terreur de vivre. Pas de vivre au sens commun du terme, mais au sens d'exister. Saul est incapable d'être en accord, en paix avec lui-même, car il ne sait pas qui il est. A force de jouer un personnage, il l'est devenu. Il n'est quasiment plus qu'une sorte d'enveloppe vide, qui dissimule son vague malaise intérieur derrière des masques conformes à ce que les autres voient en lui. Son incapacité à supporter l'intimité avec autrui s'étend aussi à lui-même.

Il a beau être conscient de certains de ses défauts, il met en place des barrières de mauvaise foi et de bonne conscience pour se dédouaner, évitant ainsi de devoir y remédier.



Ce mélange de lucidité et de complaisance est bien à l'image de la société dans laquelle il évolue, où l'individu ne sait plus que se donner en représentation. Il perd de vue l'essentiel (la spontanéité, la sincérité), et finit par se perdre lui-même.

C'est, bien sûr, glaçant, mais "Karoo" est aussi un roman réjouissant, grâce à l'écriture enlevée, percutante, de Steve Kesich, et à l'humour qu'il y distille, même si c'est un humour... noir !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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