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Critiques de Steven Erikson (253)
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Le livre des Martyrs, tome 9 : La poussière d..

Une fois n’est pas coutume, le livre ne s’ouvre pas directement sur le prologue, mais sur un avant-propos de Steven Erikson himself. Les précédents différents volumes du cycle sont d’un seul tenant, avec une construction similaire. Ce ne sera pas le cas ici : ce tome 9 n’est pas un tome comme les autres, c’est la première partie du diptyque qu’il compose avec le tome 10. Ce qui implique aussi… un cliffhanger, ce dont on avait pas l’habitude.



Et cette particularité ce ressent dans ce volume, avec une intrigue plus diluée, moins épique peut-être que ce que l’auteur nous avait proposé jusqu’ici. C’est qu’il faut mettre en place les derniers pions avant le début de la partie finale. Et puis, cela ne gâche pas le plaisir, loin de là.



Pour commencer, les personnages. On approche de la fin, donc on a principalement des têtes connues, assez peu de nouveaux personnages importants. C’est toujours un plaisir (et une tragédie, parfois), de retrouver les Osseleurs, les Letherii, Onos, Silchas et tous les autres. Mais quand même, une nouveauté très intéressante : c’est la première fois depuis le début du cycle que nous avons l’occasion de côtoyer les K’Chain Che’Malle d’aussi près, avec une incursion dans leurs propres croyances, leur propre civilisation. C’est à la fois perturbant et fascinant, et on se prend d’une certaine compassion pour cette ancienne race sur le point de disparaître.



Et j’ai là amorcé deux des principales thématiques du tome, et même du cycle tout entier, et je pense qu’elles ne sont pas un hasard compte tenu de ses formations d’anthropologie et d’archéologie. Le cycle des Martyrs est riches de races différentes, parfois très anciennes, parfois disparues ou sur le déclin, remplacées par les suivantes, qui disparaitront probablement à leur tour. Il y a beaucoup de mélancolie et de regrets à certains moments, alors que les personnages pensent à ces rêves et ces espoirs qui sont retournés à la poussière. Des races avec des cultures, des croyances, des façons de penser qui leur sont propres, qui nous serrent à la gorge parfois, mais dont la disparition nous attriste un peu aussi, malgré ce qu’ils ont pu commettre. Car à travers leurs exactions, Erikson nous place face à notre propre humanité, pleine d’horreurs, mais aussi de beauté. Et de compassion. Et c’est le mélange qui nous rend humains et vivants. Combien de fois j’ai dû m’arrêter une seconde pour réfléchir à une phrase, voire un passage entier ?



Par contre, ce tome conserve sa dureté, avec des passages absolument horribles (un en particulier, en réalité), même si Erikson a la pudeur de ne rien nous montrer de graphique. Mais je comprends que ces passages sont nécessaires, afin de rehausser encore la compassion et l’empathie qui filtrent tout le long. Mais quand même, heureusement que Tehol ou Hellian sont là pour apporter un peu de fraîcheur et d’exubérance à cette gravité. Il y a quelques arcs qui demeurent encore obscurs, notamment celui d’Icarium, mais enfin, ce n’est pas comme si l’aventure s’arrêtait là.



Mais adeptes des batailles, rassurez-vous ! Même s’il est plus calme que d’habitude, le dernier axe est particulièrement épique, avec une fin qui ne manquera pas de vous donner envie de fondre sur le tome suivant, tel un shi’gal affamé. Entre temps, on aura droit à pas mal de scènes dans les camps militaires, avec ces soldats qui désespèrent, qui s’ennuient et s’amusent avec leurs camarades, sans avoir la moindre idée des objectifs de Tavore, de quoi rappeler un peu une certaine Compagnie. En tant que lecteurs, on commence enfin à percevoir ces fameux objectifs, pas aussi évidents qu’on n’aurait pu le croire au premier abord, surtout avec les Dieux et les Ascendants qui manipulent à tout va et essaient de tirer la corde de leur côté.



Quoi qu’il en soit, si vous vous attristez de devoir bientôt quitter cet univers, rassurez-vous… C’est loin d’être la fin, vu le nombre de cycles secondaires. En attendant, vous pouvez toujours lire La Complainte de Danseur pour patienter avant de rencontrer le Dieu Estropié.



Bilan

Après 9 tomes, que dire que je n’ai déjà dit ?



Steven Erikson nous a prévenus, ce tome est avant tout la première partie du final. Si le déroulé est tout aussi fascinant, épique et riches en émotions (T_T) que d’habitude, quoi que plus lent, on sent bien que cette aventure approche de son dénouement. Je n’ai d’ailleurs pas réussi à attendre la sortie du tome 10 aux éditions Leha, je m’y suis d’ors est déjà attaquée… en VO 😉
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Le livre des Martyrs, tome 9 : La poussière d..

Dans une guerre, tout le monde est perdant. Cette vérité brutale se lit dans les yeux de chaque soldat de chaque camp...
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Le livre des Martyrs, tome 9 : La poussière d..

Le Hibook a lu « La poussière des rêves » de Steven Erikson. La Fin approche ! Ce volume de 1080 pages , le neuvième de la gigantesque saga d’Erikson qui en comptera dix sonne comme un glas. Les arcs narratifs convergent comme se rassemblent dans les Terres Stériles les armées des différents clans humains et peuples non-humains vivants , morts-vivants , ressuscités. Peu à peu des secrets enfouis se dévoilent , des énigmes se résolvent , des finalités se révèlent. Cette œuvre continue de me fasciner par l’ampleur du cadre spatio- temporel (plusieurs continents , des milliers d’années) , la multiplicité des usages , croyances et organisations sociales décrits, la myriade de personnages individuels (dieux , proto-dieux, héros , lampistes ) , des caractères ( du tragique au grotesque ) et la variété des situations. C’est monumental et magnifique ! Et je ne peux m’empêcher de penser que ces peuples s’acheminant vers leur destruction , ces masses broyées par la guerre , ces individus martyrisés par des traditions bestiales ou des fanatismes , sont une image de notre tragique et inconsciente époque.
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Le livre des Martyrs, tome 9 : La poussière d..

Avant-dernier tome de la saga, La poussière des rêves nous invite à une longue promenade semée d'embûches sur le continent de l'empire de Lether ; sa partie orientale (et désertique) plus précisément. Ainsi, nous retrouvons les Malazéens de l'adjointe Tavore, qui vont devoir quitter la cité de Letheras et son nouveau dirigeant, Tehol Beddict, pour s'aventurer vers les Terres Stériles, à l'extrême est du continent. Qu'y a-t-il là-bas ? Rien, de l'avis de tout le monde. Et pourtant, outre Tavore et ses soldats, d'autres partis semblent converger vers cet endroit désertique et oublié.

D'importantes tribus se trouvent sur le chemin et toutes sont suspicieuses à l'égard de cette troupe traversant leur contrée. Ceci encourage les alliances, ou la défiance. Mais le plus inquiétant pour eux est surtout cette revendication de la part du peuple Barghast qui veut récupérer ses terres d'antan.

Et quelle est donc cette immense cité verticale à la forme de dragon, semblant être un vestige de la civilisation K'Chain Che'Malle, perdue au milieu de nulle part ? Quelle est cette longue procession d'enfants démunis, marchant dans la misère la plus totale et cherchant à fuir ses puissants tortionnaires ?



Comme à chaque tome, les questions sont toujours plus nombreuses, bien que celui-ci représente la première partie du dénouement... On avance donc dans la lecture en étant aussi perdus que les personnages et en tentant de faire le plus de rapprochements possibles avec le peu d'informations jetées à la volée.

Et pourtant il n'est pas difficile de se laisser captiver par les nombreux faits émaillant le récit, comme tout ce qui tourne autour de l'étrange Ampelas Enracinée, ou bien encore par l'éprouvante marche de Badalle, Cahot et Portée, ainsi que par la propre quête de Yan Tovis et de ses Trembles. Des arcs sous-représentés mais ô combien importants.

La querelle entre les Barghasts et les peuples du désert, ainsi que les dissensions entre ces derniers, représente une grande partie du récit. Mais loin d'être de simples événements isolés, leurs agissements se connectent au reste de l'intrigue d'une manière centrale, le sang et le choc des armes appelant la rencontre entre tous les participants au destin troublé que diffuse les Terres Stériles.



Les longueurs du récit ont failli m'avoir, me faire déserter, mais je me suis toujours senti impliqué, repensant à ce que j'avais lu entre chaque pause. Les personnages sont marquants malgré le manque de caractérisation de beaucoup d'entre eux. La masse d'informations est toujours ahurissante et bien trop obscure pour que le lecteur se sente guidé ; mais une certaine accroche due à un récit gorgé de mystères et de singularités est arrivée à s'emparer de mon intérêt.

C'est bien sûr le même constat depuis le début, malgré la difficulté et l'épuisement, Le livre des Martyrs reste un monument aux dimensions hors norme.



Une remarque concernant l'édition : Une nouvelle fois, beaucoup trop de fautes et de coquilles dans la dernière partie du roman. Bravo aux éditions Leha pour tout le reste, mais c'est dommage que ces dernières parties ne soient pas aussi soignées que l'ensemble de l’œuvre.
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Le livre des Martyrs, tome 9 : La poussière d..

𦥊près 1 an, me voilà de retour dans le monde du Livre des Martyrs.

Après un tome 8 magistral qui m'avait émue et tenue en haleine, j'attaque enfin la dernière ligne droite de cette série gargantuesque.



⚔Le tome 9 est la première partie du final de la saga. Ce tome et le suivant (Le Dieu Estropié) devaient constituer un seul et même tome, mais avec un tome 9 faisant déjà 1088 pages, la tâche était évidemment impossible.



⚔Je ne sais pas si cette coupure, le roman, mon humeur ou les trois à la fois qui en ont été la cause mais cette lecture a été un vrai calvaire.



⚔Le début commençait pourtant bien avec une ouverture digne de la série.



⚔On retourne en terre letherienne avec les protagonistes phares qui la peuple, dont les Osseleurs. Mais comme d'habitude, Erikson introduit de nouveaux protagonistes et donc de nouveaux arcs narratifs qui a priori n'ont aucun lien avec l'intrigue principal.



⚔Même si je suis habituée à ce procédé depuis 8 tomes, ici, j'ai saturé. Il y en avait trop qui n'étaient pas en lien direct avec ceux déjà connus.



⚔J'avais déjà eu du mal avec certains des nouveaux personnages du tome 7. Le tome 9 étant sa "presque" suite, en plus d'en retrouver certains, les nouveaux ne m'ont pas du tout intéressés et je n'ai pas réussi à m'attacher à eux. Par conséquent, j'ai trouvé le temps extrêmement long et laborieux... pour ne pas dire chiant.



⚔Je m'attendais quand même à être récompensée à la fin mais au final pas du tout.



⚔Mille pages d'errance pour arriver à une centaine d'affrontements qui n'ont même pas eu la dimension épique ou émotionnelle des tomes précédents. Ma déception a été à la hauteur de mes attentes pour cet avant dernier tome.



𦥌'est pour moi le pire de la série et j'avoue avoir très peur pour le dernier. J'espère qu'Erikson recentrerera sur ses personnages phares et ne se perdra pas sur les derniers arrivés.
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Réjouissez-vous

Pour faire rapide car, comme l'indique ma note, je n'ai pas aimé ce roman : l'histoire est sans originalité et le traitement franchement caricatural. Je ne connaissais pas cet auteur, mais j'ai cru comprendre, après avoir fait deux trois recherches, qu'il n'en était pas à son coup d'essai. Peut-être a-t-il été gêné par son sujet, ambitieux. En tout cas, je me suis pas mal ennuyé et, à chaque fois que j'espérais que l'histoire ne tourne pas dans un sens, elle y fonçait à toute vitesse. Une déception, donc.
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Réjouissez-vous

Steven Erikson est surtout connu (et encore pas assez hélas en France) pour être l'auteur du Livre des martyrs de l'Empire Mazaléen, peut-être la meilleure saga de fantasy jamais écrite (on est bien d'accord, le Seigneur de Anneaux ce n'est PAS de la Fantasy)

Avec « Réjouissez-vous » il fait une incursion sur les terres de la SF qui mérite aussi d’être lu.

En France, l'ouvrage a été accueilli fraîchement par la critique spécialisée, qui lui reproche son manque de rythme et ses nombreuses digressions.

Mais ce ne sont pas nécessairement des défauts, et peut-être même le contraire

Le « pitch » est assez classique : l'arrivée des extra-terrestres ; ceux-là sont du genre bienveillant, et apportent avec eux la solution des maux de l'humanité. Happy end.

Et nous avons aux modalités du contact, à ses conséquences, aux réactions, aux transformations de la société.

Si l'on accepte les postulats de départ, le récit est aussi réaliste et vraisemblable qu'il peut l’être dans les limites du genre.

Cependant il est sans cesse interrompu par des digressions, des réflexions sur notre société, la psychologie humaine, l'économie,les problèmes environnementaux, la nature de la conscience et du réel, la politique nord-américaine, l'existence de Dieu, que sais-je encore, au travers de conversations entre les personnages, ou de leurs réflexions personnelles, tout cela reflétant en grande partie les convictions de l'auteur. Plus qu'un roman, c'est un conte philosophique, imprégné d'une vision très humaniste, et pas si éloigné non plus, au moins pour l'importance de la réflexion dans le texte, d'un roman tel que La Montagne Magique.

Ce n'est donc pas un livre pour lecteur pressé, et certains pourront le trouver un peu long ;

Mais je ne voudrais pas donner non plus l’impression qu'il ne s'agit pas de SF. Le pitch de départ est traité, et de manière originale.Certains passages sont assez drôles, notamment ceux où intervient un président des États-Unis qui rappelle curieusement quelqu'un (ce personnage traité de manière moins manichéenne qu'il est usage de le faire- d'ailleurs il n'y a pas de vrais méchants, à une exception près, assez réjouissante – mais chut!)

C'est évidemment un ouvrage hybride, qui aura peut-être un peu de mal à trouver son public, mais c'est dommage
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Réjouissez-vous

Lecture agréable mais tout ce qu'attend le lecteur tombe dans l'épilogue... Dommage. Je viens de le finir et j'ai un goût d'inachevé.
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Réjouissez-vous

La planète se réchauffe, le niveau des océans s’élève, la biodiversité est en péril et les hommes continuent de saigner la Terre à mort. Comment cesser ce massacre ?

Et si la solution venait d’ailleurs ? Tel est le thème de Réjouissez-vous, le roman Steven Erikson.



Tout commence par l’enlèvement de Samantha, une autrice de science-fiction. Elle disparaît en plein jour, emportée par un O.V.N.I. Peu de temps après, d’étranges champs de force empêchent les humains de s’entre-tuer, de sur-exploiter les ressources naturelles, d’accéder à certains endroits de la planète.



L’homme ne peut plus être violent, pollueur, dangereux. Il est contraint soudain à la sagesse.



Tel est le thème de Réjouissez-vous, une intervention extra-terrestre qui met brutalement fin à tous les maux créés par l’homme. L’espèce humaine perd son libre arbitre.



Commencent alors, à travers le quotidien de (trop) nombreux personnages, une série de réflexions de nature religieuse, politique, économique, scientifique, philosophique au sujet de cet Intervention.



Le livre n’est pas toujours facile à lire, sans doute trop intelligent pour un roman dit de SF mais il pose des questions intéressantes sur l’humanité. Dommage que l’auteur ajoute des thèmes ridicules comme les Petits Gris ou bien la théorie du complot dans son récit, c’était inutile.



Hélas, mille fois hélas, aucun extra-terrestre ne viendra sauver la Terre de la bêtise humaine, c’est à nous de nous débrouiller tous seuls et tout de suite !
Lien : http://www.blog.neoprog.eu/i..
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Réjouissez-vous

Une auteure de science-fiction est enlevée en pleine ville par un faisceau lumineux et quelques temps plus tard, des dômes d’énergie protègent certaines zones de la planète. Et par dessus tout, les humains ne peuvent plus faire de mal à la planète et entre eux ! Tout ces événements sont dus à l’intervention d’une entité extraterrestre qui intervient lorsque une civilisation risque de s’autodétruire…

Je n’ai malheureusement pas accroché à ce roman canadien qui nous conte l’intervention d’une entité extraterrestre pour sauver la planète et l’humanité.

J’ai trouvé les dialogues entre l’auteure de science-fiction et l’IA du vaisseau extraterrestre plutôt plats et sans intérêts. La description des événements sur Terre manquent aussi d’énergie, de péripéties, d’action… bref ça manque de caractère. En fait je me suis ennuyé ferme d’une situation que j’ai trouvé assez terne et sans saveur.
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Réjouissez-vous

Je ne sais pas pour vous, mais moi, un des signes indiscutables qu'un livre a chez moi atteint son but, c'est-à-dire m'emporter avec lui, c'est lorsqu'en lisant les dernières lignes de la dernière page, mon corps est parcouru de frissons délicieux, à peu près de là jusque là, environ [voir figure 1a].

Fut-ce-t-il le cas ici ?

Et comment !

Car, voyez-vous, ce n'est rien de dire que j'ai aimé ce livre.

Pas seulement parce que le thème du premier contact avec une civilisation extraterrestre est, une fois n'est pas coutume, traité d'un point de vue plutôt original [en ce qui me concerne], mais c'est aussi parce que l'humanité s'en prend plein les dents, sans pour autant sortir un seul rayon laser.

Comment est-ce possible ?

Simplement en lui tirant le portrait. En lui mettant le nez en plein dedans. Car la voilà, l'humanité, dans toute sa bêtise, dans toute son horreur, qui se retrouve les bras ballants, confrontée à elle-même [il y a mieux pour passer une soirée agréable].

Bien sûr, nous n'apprenons rien de nouveau. Cela ressemble plus à une piqure de rappel, qui pique en profondeur et qui fait bien mal [pour qui bien sûr traîne encore une conscience...].

Ce livre, je me rends compte que je l'attendais sans même le savoir.

Grâce à ce livre, réjouis je suis.

Que ma joie demeure...
Lien : https://www.mille9cent84.com..
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Réjouissez-vous

Réouissez -vous, car les extraterrestres viennent sauver la Terre de l'humanité, et l'humanité d'elle-même. Un Premier contact qui est surtout une excuse pour que Steven Erikson laisse libre cours à sa misanthropie, par l'intermédiaire de son héroïne et de son interlocuteur IA alien.



Outre le ton condescendant, deux éléments du roman en particulier le rende très déplaisant à lire:



Le premier, la glorification ridicule des auteurs de science-fiction, élevés à un rôle quasi messianique, comme les seules personnes aptes à guider l'humanité dans ce bouleversement, loin devant les scientifiques, politiciens ou militaires complétement dépassés. Leur supériorité est rappelée sans arrêt, avec des scènes ahurissantes comme la première ministre canadienne ordonnant à ses conseillers scientifiques d'embaucher des auteurs de science fiction dans leur équipe en leur disant "vous les scientifiques n'avez aucune imagination".

La justification brandie par tout les personnages est que "leur métier est d'imaginer l'avenir". C'est comme si on demandait à des scénaristes hollywoodiens de diriger l'armée sous prétexte qu'ils ont fait des films de guerre.



Le second est le personnage de Samantha August, protagoniste principale et parfait exemple de Marie Sue, c'est-à-dire d'héroïne idéalisée auquel tout réussit. Elle est choisit comme premier contact par l'IA alien conduisant l'intervention au motif de l'engagement politique ses écrits. A la rigueur, pourquoi pas ? Sauf que le personnage est profondément antipathique. Elle est présentée comme brillante, engagée et franche. En réalité, elle est arrogante, condescendante et insultante.

Un exemple : elle croit en dieu, elle le sous-entend à plusieurs reprise et le confirme lors de son discours à l'ONU (dans un passage totalement hors-sujet d'ailleurs puisqu'il n'était pas question de métaphysique). Elle en a le droit. Sauf qu'elle passe son temps à insulter les athées. Il y a même un passage ou sont mis sur le même plan "le dogme intégriste et la reddition athéiste des rationalistes" ; au dernières nouvelles, les athées ne commettent pas d'attentats.

Dans une de ses citations en début de chapitre, Samantha August dit que puisque la perception humaine est limitée nier l'existence de dieu est "présomptueux et arrogant" et que ceux qui défendent l'idée d'un univers purement mécaniste ne savent "que dalle". Pour reprendre l'analogie de la théière de Russell, si quelqu'un prétend qu'une théière orbite entre Mars et la Terre, et précise qu'elle est trop petite pour être vue par les télescopes, alors on ne peut pas prouver qu'il a tort. Mais rejeter en bloc cette affirmation insensée, ce n'est pas être "présomptueux et arrogant".

Et le livre est remplis d'affirmation comme cela. Samantha August et son interlocuteur extraterrestre détiennent la science infuse, et quiconque n'est pas de leur avis est un imbécile dont l'opinion doit être ignorée et trainée dans la boue. Ce qui n'est pas bien dur vu que tout les opposants aux changements imposés par les extraterrestres sont des clones de Trump, des bigots exaltés, ou des requins de la finance sociopathes. Les partisans de Samantha August sont encore plus ridicule dans leur admiration exagérée (exemple: lorsqu'elle s'arrête pour allumer une cigarette avant son discours à l'ONU, l'un des téléspectateurs trouve cela "incroyablement courageux").

Quand à cette vision du futur que Samantha et l'IA ont pour l'humanité (ils ont beau avoir des débats houleux sur des détails, ils sont d'accord sur tout dans les grandes lignes), c'est tous simplement l'utopie fantasmée du forum de Davos, à base de village mondial, de "no border", de disparition des états-nation, de solution scientifique miracle à la crise écologique, de haute technologie pour tout le monde et de culpabilisation décoloniale.



En résumé, un livre faisant une critique manichéenne et simpliste du monde actuel et proposant des solutions irréalistes grâce à une technologie alien proche de la magie. A moins que vous ne soyez fan de la morale de bisounours, passez votre chemin.
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Réjouissez-vous

Une fable radicale, la parabole de l’invasion extraterrestre contemporaine comme rarement lue. Rusé, pénétrant, et insistant à raison sur le rôle de la littérature en général et de la science-fiction en particulier.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/08/26/note-de-lecture-rejouissez-vous-steven-erikson/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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