Lorsque Jim a démarré, vitres ouvertes et You’re the first de Barry White à fond, j’ai regardé, lovée dans les bras de mon prince, le cimetière qui rapetissait derrière nous, et j’ai pensé à mon ange gardien sur roues. Elle avait raison: oui, la vie était un cadeau du ciel, un merveilleux cadeau…
"C'est fou dans la vie, on s'arrange toujours pour bouger et avoir des tas de projets et pourtant, on ne cherche qu'une chose : se retrouver collés serrés avec les gens qu'on aime pour avoir bien chaud."P.96
J'ai regardé Thibault, désespérée. Et notre amour qui renaissait de ses cendres ? Et nos corps aimantés l'un vers l'autre ? Alors que je construisais mentalement une phrase sublime murmurée par une femme tandis qu'on l'arrache cruellement des bras de son amant, une phrase historique que tous les amoureux de la galaxie apprendraient par cœur, Thibault a ouvert la bouche.
Qu'allait-il me murmurer ?
"Fuis, mon amour, et ne te retourne pas. N'aie crainte, je te chercherai jour et nuit jusqu'aux confins de la terre, j'y consacrerais ma vie s'il le faut mais fuis... Nous nous retrouverons sur une île propice à notre idylle et je te coucherai dans notre lit creusé à mais nues dans le tronc d'un olivier. "
J'en avais déjà les larmes au yeux.
Mais il a dû y avoir un problème au niveau de l'écriture des dialogues parce que j'ai juste entendue :
Thibault - Dégage, dépêche-toi ! Qu'est-ce que tu fais ???»
Dans un sursaut d'estime de moi, j'ai saisi un carré en tissu qui traînait là et je l'ai noué comme j'ai pu. J'ai vite reconnu l'odeur de la serpillière mouillée
"C'est étrange la vie. Vous vous dites l'amie de quelqu'un et, en cela, vous sous-entendez que vous savez beaucoup de choses de lui. Or, la plupart du temps, vous ne connaissez que quelques facettes de cette personne [...]. Et soudain, vous réalisez que celui que vous considérez comme un frère vit des milliers d'heures sans vous dans des univers inconnus. C'est étrange et douloureux parce que même les amis les plus intimes deviennent, à ces moments-là, des presque étrangers."
Les grands font souvent ça aux enfants ; comme si nous, on voit que ce qu'ils nous donnent à voir et qu'on n'est pas sapable de faire la différence entre les choses qui fâchent et celles qui font vraiment mal. (p.19)
Je ne suis pas coincée par les livres, ils me libèrent. Ils m'ouvrent des fenêtres sur des vies qui ne sont pas la mienne et que j'ai le droit d'emprunter.