Sylvie Magras

Vous saviez qu’il ne lui restait plus que peut de temps à vivre ?
Tout le monde savait. Je ne comprends pas pourquoi on laisse des gens avoir mal. C’est hypocrite de dire que de les aider un peu pour mourir normalement sans souffrir est un crime.

Vous m’avez indiqué que le médecin qui avait constaté le décès avait oublié d’aviser monsieur Martinez, et que du fait de ce manque d’information initiale, tout le rouage administratif s’était grippé. Ce sont bien vos mots, monsieur le directeur interrégional. Personne n’a prévenu qui que ce soit pensant que les autres l’avaient fait. Il y a bien eu une erreur humaine. Mais que dis-je, parler d’humanité dans un tel univers.

Rien n’est plus terrible que la mort. Lucas était jeune, et le fait de penser que celle-ci l’avait privé de tout projet, de toute expérience provoquait chez le lieutenant de la colère contre cette injustice. La mort, un mot qui terrifie, mais une réalité à laquelle il est nécessaire de faire face.

Vous n'avez pas le droit de la rendre vous même cette justice. Vous rendez vous compte que vous vous positionnez du même coté que le meurtrier de votre fille! répondit t'elle en lui lançant un regard froid. La vengeance n'amène jamais rien, sauf des ennuis

Il tourna son regard vers la fenêtre et souffla lorsqu'il découvrit une matinée de brouillard. Son week end à La Rochelle fichu. Il se trouvait coincé à Avignon ou le temps n'invitait pas à une balade dominicale. Pourtant, il aimait flâner chez les bouquinistes, fouiner les étalages lugubres dans lesquels se cachaient quelques trésors littéraires oubliés depuis longtemps.

Quelques minutes plus tard, un bruit lourd et sourd se fit entendre. Le lieutenant et le légiste se précipitèrent immédiatement, Mickael gisait par terre.
Décidément, il est très sensible votre homme, Antonio. Mais il y a quand même quelques progrès, il a … Antonio… Dites-moi, je rêve… Je ne sais pas ce dont il s’agit, mais jamais je n’ai autopsié de vivante jusqu’à présent. Antonio !
Josie Pironi, dont le rapport du médecin certifiait qu’il n’y avait plus eu d’activité cérébrale, venait de se réveiller. Cruz n’en croyait pas ses yeux ; Le sac zippé dans lequel se trouvait le corps n’arrêtait pas de bouger à la surprise générale. Josie Pironi, était bien en vie. C’était un miracle, une résurrection.
La victime était affolée et n’arrêtait pas de palper sa gorge. Joseph cholet s’approcha d’elle afin de bien vérifier qu’il n’était pas dans un mauvais rêve. Pourtant la veille, le légiste avait bien constaté la mort.

Il faut savoir que toute demande des médicaments requiert une consultation et une prescription. Mais leur administration ensuite n'est pas forcément surveillée. Il y a toujours du trafic et du détournement de produits, surtout les psychotropes. Les maux multiples s'ajoutent à cause des conditions carcérales. Qui dit ennui et angoisse dit instabilité psychologique, risques suicidaires, automutilations, violences contre les autres, tabagisme, alcool, drogues.

Alberto a toujours mené deux relations avec deux femmes différentes, mais j’ai eu la chance, si on peut dire, d’être celle qu’il a épousée. Nous avons établi une sorte de contrat, une nuit chez l’une, une nuit chez l’autre, c’est ainsi depuis plusieurs années. La seule chose qu’il nous a refusé, c’est d’avoir des enfants.

La presse locale se réjouissait du malheur des autres, trop ravie d’offrir des articles croustillants à des lecteurs friands de se genre d'événements. Des clichés représentant le corps sans vie de Marc Cornelli le firent sortir de ses gonds. Comment pouvait on a ce point être irrespectueux ? Le directeur de cette feuille de chou mériterait de présenter des excuses. Cet acte ternissait l’image de la profession ainsi que celle d’Avignon et de ses alentours.

Lorsque la mort nous ravit un être cher, les souvenirs se bousculent comme s'il était parmi nous. Ensemble, nous nous souviendrons de lui comme de l'homme qu'il était, du mari qu"il était, du collègue qu'il était et de la place qu'il occupé dans notre vie et de celle de tous ceux qui pleurent aujourd'hui, un parent, un proche, un ami.

Le dernier meurtre qui clôturait une famille du jeu de cartes, indiquait également un péché qui était la colère. Pourtant, son mode opératoire différait des autres meurtres. Il ne s’était pas acharné sur le corps comme précédemment, peut être parce qu’il lui vouait beaucoup de respect.