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Citations de Taras Chevtchenko (31)


Quand je serai mort, mettez-moi
Dans la terre qui sert de tombe
Au milieu de la plaine immense,
Dans mon Ukraine bien-aimee,
Pour que je voie les champs sans fin,
Le Dniepr et ses rives abruptes,
Et que je l’entende mugir,
Lorsque le Dniepr emportera
Vers la mer bleue, loin de l’’Ukraine,
Le sang de l’ennemi, alors
J’abandonnerai les collines
Et j’abandonnerai les champs,
Jusqu’au ciel je m’envolerai
Pour prier Dieu, mais si longtemps
Que cela n’aura pas eu lieu
Je ne veux pas connaître Dieu.
Vous, enterrez-moi, levez-vous,
Brisez enfin, brisez vos chaînes,
La liberté, arrosez-la
Avec le sang de l’ennemi.
Plus tard dans la grande famille,
La famille libre et nouvelle,
N’oubliez pas de m’évoquer
Avec des mots doux et paisibles.
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Taras Chevtchenko
LE DESASTRE



Mon cher dieu, le désastre est de retour !
Tout était serein, tout était si calme ;
Nous avions commencé à briser
Nos chaînes d’esclaves.
Tout s’est arrêté ! .. Il a coulé
Le sang du peuple ! Les bandits couronnés
Comme des chiens se battant pour un os,
S’étripent à nouveau.
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Taras Chevtchenko
******

Taras Chevtchenko est la figure emblématique nationale ukrainienne (poète et peintre). Il décéda en 1861 et sa tombe se trouve à Kiev.

PEU M’IMPORTE !

Peu m’importe
De vivre ou non en Ukraine.
Que l’on se souvienne de moi ou que l’on m’oublie,
De moi dans ces neiges étrangères.
Cela m’importe peu.
En captivité, j’ai grandi avec des étrangers,
Sans que les miens ne me pleurent,
En captivité, en pleurant, je mourrai
Et j’emporterai tout avec toi
Ne laissant même pas une seule petite trace
Dans notre glorieuse Ukraine,
La nôtre – qui n’est plus notre propre terre.
Et le père dans ses souvenirs,
Le père ne dira pas à son fils : « Prie,
Prie, mon fils : pour l’Ukraine
Il fut torturé jadis. »
Peu m’importe, si demain,
Si ce fils priera, ou non…
Mais ce qui m’importe réellement
C’est de constater qu’un ennemi ignoble
Endort, dérobe et consume l’Ukraine
La volant et la violant …
Ô, comme cela m’importe !

***
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Testament
poèmes

Quand je serai mort, mettez-moi
Dans le tertre qui sert de tombe
Au milieu de la plaine immense,
Dans mon Ukraine bien-aimée,
Pour que je voie les champs sans fin,
Le Dniepr et ses rives abruptes,
Et que je l'entende mugir.
Lorsque le Dniepr emportera
Vers la mer bleue, loin de l'Ukraine,
Le sang de l'ennemi, alors
J'abandonnerai les collines
Et j'abandonnerai les champs,
Jusqu'au ciel je m'envolerai
Pour priez Dieu, mais si longtemps
Que cela n'aura pas eu lieu
Je ne veux pas connaître Dieu.
Vous, enterrez-moi, levez-vous,
Brisez enfin, brisez vos chaînes,
La liberté, arrosez-là
Avec le sang de l'ennemi.
Plus tard dans la grande famille,
La famille libre et nouvelle,
N'oubliez pas de m'évoquer
Avec des mots doux et paisibles.

Le 25 décembre 1845
à Pereiaslav.

Traduit par Eugène Guillevic
Tarass Chevtchenko, Paris, Seghers, (Poètes d’aujourd’hui no 110), 1964, pp. 69-70)
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Taras Chevtchenko
******

« L’histoire de ma vie est une partie de l’histoire de l’Ukraine »

Taras Chevtchenko, né à Kiev, père de la littérature nationale ukrainienne, prit la défense des peuples de l’empire russe ayant absorbé l’État cosaque, ancêtre de l’Ukraine.
Dans son poème « Le Caucase », il dresse un réquisitoire contre la Russie des tsars et ses visées impérialistes. L’extrait ci-dessous rend hommage à un ami tombé dans les rangs de l’armée russe.

LE CAUCASE

À mon ami très cher Jacob de Balmain

(…)

Pour toi donc l’exil à ton tour, mon seul ami,
Mon bon Jacob. Ce n’est certes pas pour l’Ukraine
Mais c’est pour son bourreau que tu répands ton sang.
Tu as dû boire le calice moscovite,
Le poison moscovite il t’a fallu le boire.
Mon bon ami Jacob, inoubliable ami,
Que ton âme toujours vive dans notre Ukraine :
Vole au-dessus des berges avec les Cosaques,
Cherche les tombes remuées parmi la steppe,
Verse de tristes larmes avec les Cosaques.
Attends-moi dans la steppe à mon retour d’exil.

En attendant cet heureux jour,
Mes pensées, ma peine féroce,
Je les sèmerai ; qu’elles croissent,
Qu’elles causent avec le vent.
Et le vent doux de notre Ukraine
Avec la rosée portera
Mes pensées au loin jusqu’à toi.
Ami, tu les accueilleras,
Pleurant des larmes fraternelles,
À voix basse tu les liras,
Tu te souviendras de la steppe,
Et des tombes et de la mer
Et tu te souviendras de moi.

(1845)

***
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Taras Chevtchenko
******

MES PENSÉES, MES PENSÉES … (extrait)

Mes pensées, ô mes pensées,
Mes fleurs, mes enfants !
Je vous ai élevées, je vous ai choyées,
Que faire de vous maintenant ?
Allez en Ukraine, mes enfants,
Dans notre Ukraine,
Comme les orphelins longeant des palis,
Et moi, je mourrai ici.
Là-bas vous trouverez un grand cœur
Et des mots bienveillants,
Là-bas vous trouverez la vérité,
Et peut-être même la gloire…

Accueille, ma tendre mère,
Ô mon Ukraine,
Mes enfants innocents
Comme ton propre enfant.

Saint-Pétersbourg, 1840
Traduit par Darya Clarinard

***
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Taras Chevtchenko
Ivan Pidkova



Il fut un temps, en Ukraine,
Où les canons grondaient ;
Il fut un temps où les Zaporogues
Savaient régner.
Ils régnaient et gagnaient
Leur gloire et leur liberté ;
Cela est passé, seules sont restées
Des tombes dans la plaine.
Hautes sont les tombes
Où sombrèrent dans le repos
Les corps blancs des Cosaques,
Drapés dans une toile écarlate.
Hautes sont ces tombes,
Noires, semblables aux montagnes,
Qui conversent à voix basse, dans la plaine,
De la liberté avec les vents.
Ces témoins de la gloire des ancêtres
Discutent avec le vent,
Tandis que leur descendant porte sa faux
dans la rosée,
En reprenant leur chant.
Il fut un temps, en Ukraine,
Où le malheur dansait,
Le chagrin s’enivrait à la taverne
D’hydromel par seaux entiers.
Il fut un temps où il faisait bon
En cette Ukraine…
Souvenons-nous-en ! Notre cœur, peut-être,
Connaîtra un répit.
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(...)
Et le père dans ses souvenirs,
Le père ne dira pas à son fils : « Prie,
Prie, mon fils : pour l’Ukraine
Il fut torturé jadis. »
Peu m’importe, si demain,
Si ce fils priera, ou non…
Mais ce qui m’importe réellement
C’est de constater qu’un ennemi ignoble
Endort, dérobe et consume l’Ukraine
La volant et la violant …
Ô, comme cela m’importe !
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A soixante ans de distance, en guise d'avant-propos

(..)Le public français découvre l'oeuvre de Chevtchenko et son aura singulière alors que fait rage la guerre d'agression lancée par l'armée de Poutine contre l'Ukraine.Les textes rassemblés ici sont pourtant issus du volume consacré en 1964 à Taras Chevtchenko dans la collection " Poètes d'aujourd'hui ".A l'époque, il avait été publié avec l'aide directe du Parti communiste français et celle de l'URSS.
(...)
La traduction de ce recueil avait été confiée à Guillevic, qui était alors ( et depuis 1942) membre du Parti communiste français. (.. .)
Le volume paru chez Pierre Seghers, donc, a été publié en 1964.Il y aura bientôt soixante ans (p.6)

André Markovicz
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Ô mon Ukraine, ô mon Ukraine !
Ma mère, ô ma mère!
Quand je pense à toi ô ma patrie,
Mon pauvre coeur pleure...
Qu'est-il advenu des Cosaques
Et de leurs manteaux écarlates ?
De leurs destinés, de leur libertés ?
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A soixante ans de distance en guise d'avant-propos

(...) ( Taras Chevtchenko)

Né serf en 1814( la même année que Mikaël Lermontov), racheté à son propriétaire par deux des plus grands artistes de l'époque ( le peintre Karl Brioullov et le poète Vassili Joukovski), envoyé pourrir comme soldat aux confins de l'empire pendant près de dix ans par Nicolas Ier( qui avait donné l'ordre personnel de l'empêcher de dessiner et d'écrire), mort d'épuisement en 1861 à la suite des épreuves qu'il avait endurées, il a été l'un des plus grands créateurs de langue ukrainienne, auteur d'une œuvre titanesque dans les genres les plus divers(...)
Peintre et dessinateur hors pair- (..)Cet homme au courage indomptable, à la volonté de fer,qui à passé sa vie à dénoncer la dictature qui le persécutait au jour le jour, est aujourd'hui considéré en Ukraine comme un poète et un héros national.

André Markowicz
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Pour des yeux bruns, des sourcils noirs,
Le coeur s'envolait et riait,
Le coeur s'épanchait en paroles,
S'épanchait comme il le pouvait,
Il s'épanchait pour des nuits noires,
Pour une verte cerisaie,
Des caresses de jeune fille...
Mais pour les steppes, pour les tombes
Qui couvrent la terre d'Ukraine
Le coeur ne voulait plus chanter,
En exil le coeur se serrait
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Le Forçat

Alors que je vagabondais
A l'étranger , longeant l'Ilek,**
Je rencontrai un très vieil homme.
Ce vieillard était un pays,
Un forçat et mort à demi
Sous les tortures endurées .(..)

Notre vieille maîtresse avait
Deux jeunes seigneurs de mon âge.
Elle le prend dans son château
Pour qu' ils s'amusent avec moi.
Ils grandissaient, ils grandissaient
Tous deux comme de jeunes chiens.
Ils me mordaient, ces petits, moi,
D'autres camarades aussi.
Enfin, on commence un beau jour
A leur apprendre à lire, à écrire
Et moi, pour mon plus grand malheur,
J'apprenais en même temps qu'eux.
Ces études, pour moi, ce fût
Des larmes et du sang. Pourquoi
Nous apprendre à nous l'écriture,

A nous que l'on vendait moins cher
Qu'un chien de seigneur ?
(...)
Forteresse d'Orsk, 1848
Saint- Pétersbourg , 1858

** Rivière du Kazakhstan, affluent de l' Oural
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Tel est le kobzar errant,
Vieillard étrange !
Il commence par un chant joyeux
Et finit par un chant triste.
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Le jour passe et la nuit passe. Et toi,
La tête entre les mains tu t’étonnes
Que ne vienne pas encore l’apôtre
De la vérité, de la lumière.

- À Likeria
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Les nuits d’une jeune fille

La natte épaisse est défaite,
Descend jusqu’à la ceinture,
Les seins découverts ressemblent
Aux flots de la grande mer,
Les yeux bruns brillent pareils
Aux étoiles dans la nuit.
Les bras blancs se sont tendus
Pour entourer une taille
Et les voilà qui s’enfoncent
Dans l’oreiller pâle et froid,
Restent figés, immobiles,
Et ce n’est qu’avec des pleurs
Que la fille les écarte.
« À quoi sert ma belle natte,
A quoi mes yeux de colombe,
A quoi donc ma taille souple
Si je n’ai d’ami fidèle
A qui donner mon amour,
Avec qui me partager ?
Mon cœur, mon cœur, il est dur
De battre tout seul au monde.
Avec qui vivre, avec qui
Dis-le moi, monde perfide.
Dis-moi donc aussi pourquoi
Cette gloire d’être belle ?
Je veux vivre par mon cœur
Et non par ma beauté.
Dire qu’on m’envie pourtant,
Que les gens ne savent pas
Ce que dans mon cœur je cache…
Qu’ils médisent donc de moi,
Le péché sera pour eux.
Dieu bon, ne voudrais-tu pas
Écourter tes sombres nuits ?
Elles me sont si pénibles.
Le jour, je ne suis pas seule,
Je parle aux champs et j’oublie
Mon triste sort, mais la nuit… »
Elle se tait, les pleurs coulent,
Les bras blancs se sont tendus,
S’enfoncent dans l’oreiller.
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Songe

À Marko Vovtchok***

Serve, elle coupait le blé,
Elle tombait de fatigue,
Mais ce n'est pas pour aller
Se reposer quelque part,
Passe entre les gerbes, c'est
Pour nourrir son fils Ivan.
Emmailloté,le bébé
Pleure à l'ombre d'une gerbe.
La mère le démaillote,
Le nourrit et le caresse.
Assise près de son fils,
Elle somnole, elle rêve :
Son Ivan est déjà grand,
Il est riche et beau, l'époux
D'une jeune fille libre,
Car lui-même maintenant
N'appartient plus au seigneur.
Ils sont dans leur champ joyeux,
Moissonnent leur propre blé,
Et voici que leurs enfants
Leur apportent le repas.
Et, la pauvre, elle sourit.
Soudain elle se réveille
Elle regarde autour d'elle :
Rien de tout cela n'existe.
Elle regarde l'enfant,
L'emmaillote doucement
Puis se remet au travail.
Il faut en abattre avant
L'arrivée du surveillant.

Saint- Pétersbourg
Le 13 juillet 1858

(p.49)


***pseudonyme de Maria Vilinska-Markovitch, écrivaine démocrate, vive admiratrice de Chevtchenlo.Elle a décrit la vie des paysans ukrainiens
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Il ne pouvait convoquer le conseil des Cosaques
Munis du sceptre des Boutchouks...
Que les âmes cosaques
Errent en Ukraine,
Ce pays immense
Où, d'un bout à l'autre règne la joie...
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Taras Chevtchenko
Il mugit et gémit, le large Dniepr;
Au-dessus de lui hurle un vent puissant
Qui courbe jusqu'à terre les grands saules,
Soulève les flots, on dirait des monts.
A cette heure-là, la lune encore pâle
Sortait un peu derrière un nuage
Comme une nacelle dans la mer bleue(...)

( extrait de " La Folle")
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Taras Chevtchenko
La vérité se lèvera ! La liberté renaîtra ! (...)
Mais en attendant, les fleuves coulent.
Des fleuves de sang, par delà les montagnes.
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