Thierry Maricourt revient sur l'atmosphère de son romant L'homme sous le réverbère
Si nous étions d’accord sur le fond, notamment les causes des problèmes qui affectaient le monde d’aujourd’hui, peut-être nous disputerions-nous sur la forme à donner à nos actions. Mais nous ne repartirions pas sans un projet bouclé, que nous nous hâterions de mettre en œuvre.

*******************EXTRAIT DE L'INTRODUCTION *******************
Avant de présenter la biographie et l'oeuvre des écrivains retenus dans cette histoire , il convient de définir ce que nous entendons par " Littérature libertaire " . En effet , les mots " Libertaire ou " Anarchie " sont souvent employés sans explications préalables , et les contresens sont fréquents . Ces mots peuvent avoir des significations totalement opposées .
Le mot " Anarchie " est tantôt appliqué à un état de désordre extrême ( au sens péjoratif ) , tantôt à un état d'harmonie , sens propre à la doctrine politique de l'anarchisme exprimée par la phrase d’Élisée Reclus " L'Anarchie c'est la plus haute expression de l'ordre " .
En fait , le mot " Anarchie " désigne un ensemble de théories politiques et philosophiques . Nous lui accorderons ici le sens que les anarchistes s'accordent à reconnaître , à savoir : réfutation de toute oppression d'un individu ou d'un groupe d'individus sur autrui ; Ce qui implique , en priorité un refus de l'état et des structures reposant sur la hiérarchie ( armée , salariat etc ... ) ; Liberté maximale pour tous , dans la limite où cette liberté n'entrave pas la liberté d'autrui ; Et enfin , conviction que l'homme n'est , fondamentalement , ni bon ni mauvais , que son bonheur est entre ces mains , et que le déterminisme est une imposture .
L'homme " Sans dieu ni maître " peut et doit être maître de son destin ........
N'est-on pas toujours le Bougnoul du voisin ? Le con de l'autre ?... L'ennemi, à un moment donné - l'ennemi, en définitive.
A partir de 1880, après l'amnistie des membres de la Commune encore en exil ou en déportation, le mouvement libertaire, jusqu'alors informel, commence à se structurer. Des théoriciens livrent au public leurs réflexions. Des revues sont publiées.
"Le mensonge est une prison. Comme les pièges à crustacés : plus l'animal avance et plus il lui est difficile de reculer.
Ou le mensonge est un grand noeud coulant.
Tu dois voir ce que je veux dire."
L'enfant s'agrippe aux draps, au matelas.
Des pleurs ruissellent dans son cerveau.
A l’évidence, le bonheur ne s’apprécie pleinement que dans le manque.
Deux étages plus haut, quelqu'un tire la chasse d'eau. Les canalisations rapportent les menus faits de la vie des locataires et tous, de gré ou de force, en viennent à se connaître et à ne plus rien ignorer de leurs manies respectives.
Mais cette promiscuité les éloigne, elles fait d'eux des espèces d'ennemis.
Ils finissent tous par se haïr sans savoir pourquoi.
Ils ne se disent plus bonjour.
L'envie de redescendre juste un mètre plus bas, de cesser d'apercevoir un vide de huit étages sous lui le saisit.
Il se sent happé.
L'air s'évade de ses poumons.
S'il demeure ici, son corps traversera les vitres, c'est certain.
Le vide exerce sur lui sa pression. Le vide le prend par le bras, par l'épaule, lui dit "viens dans mon silence infini, laisse toi faire".
Difficile, à le voir, de lui donner trente ou cinquante ou quatre-vingts ans. Une chose était sûre, il n'était plus tout jeune, ses cheveux déjà grisonnants l'attestaient, et ses rides aussi, la profondeur de ses rides, et ses yeux, la gravité de son regard.