Cela faisait un moment qu’un roman noir américain ne m’était pas tombé dans les mains. Un de mes auteurs favoris étant Dennis Lehane, j’ai toujours la sensation que peu de ses congénères réussissent à monter sur son piédestal.
Loin s’en faut pour que ma connaissance du genre égale les spécialistes mais trop de ces auteurs tombent dans le piège des lieux communs et nous servent du noir à la sauce ultra mélo, nous balançant les malheurs à répétition des protagonistes comme autant de tomates sur un mauvais artiste.
La bonne nouvelle, c’est que Todd Robinson a su étaler les clichés avec parcimonie. Sans omettre de balancer deux héros sortis tout droit d’un foyer pour jeunes orphelins, de semer ici et là quelques psychopathes, violeurs et autres charmants représentants de l’espèce humaine, de glisser une histoire d’amour somme toute assez crédible… les poncifs sont glissés presque délicatement dans le récit et l’auteur a réussi le pari d’écrire un petit roman noir assez savoureux et dont les répliques sont parfois complètement désopilantes.
Grâce à ses deux personnages de gros bras paradoxalement bourrés de délicatesse et de testostérone, Todd Robinson attendrit le lecteur là où il ne s’y attend pas et c’est ça, la force de ce petit roman. Videurs de boîte bodybuildés, tatoués, scarifiés… mais aux cœurs tendres et bourrés de nobles principes.
Le profil, la personnalité et les dialogues de ces deux presque anti-héros, suffisent à apporter un vent de fraîcheur dans la misère sordide de leur environnement. Leur petite lumière éclaire la noirceur du monde dans lequel ils évoluent et l’optimisme qu’ils dégagent est suffisamment rare dans ce genre littéraire pour le souligner.
Malgré une trame somme toute assez faible et une fin assez prévisible, « Cassandra » est plutôt une réussite grâce à cette petite flamme qui l’éclaire. L’auteur réussit à arracher des sourires et parfois même des éclats de rire à son lecteur tout en traitant de prostitution et de drogue.
Il est étonnant de voir un roman noir comme une récréation mais en l’occurrence ce fut le cas. « Cassandra » n’est pas du genre inoubliable mais il est bien écrit, drôle et permet de passer un excellent moment tout en renouant avec le roman noir outre-Atlantique. De bonnes raisons pour ne pas s’en priver.
Lien :
http://sous-les-paves-la-pag..