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Critiques de Touhfat Mouhtare (18)
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Le feu du milieu

Pas du tout mes attentes mais pas complètement déçue, Ce roman de Touhfat Mouhtare possède cependant de grandes qualités: poésie, imagination et mystère.

Loin des problèmes actuels des Comores, "Le feu du Milieu" nous plonge au temps des sultans.

L'héroïne Gaillard est une esclave, servante du maître coranique Fundi Ahmad. Celui-ci s'est pris d'affection pour cette jeune fille comorienne élevée par sa tante, et mère adoptive Tamu.

Gaillard va rencontrer Halima et cette amitié va à jamais bousculer sa conscience.

Halima, épouse du maitre coranique représente la femme soumise entravée par les lois coutumières , par l'interprétation masculine du Coran: la femme est la moitié d'un homme, elle doit obéir aveuglément à son père et son mari, elle doit accepter sans broncher à la polygamie. Ces poids incitent Halima à devenir une femme cherchant l'indépendance. Et Gaillard sera l'élément qui lui permettra d'échapper à son sort.

Cette amitié avec Gaillard sera complétée par des visions de vies antérieures qui changent leurs prises de conscience. Des voyages spatiaux-temporels engendrant la découverte du soi et la libération des âmes prisonnières de la réalité du moment.

Peu d'actions jalonnent le roman: le passage le plus dynamique étant la vie de capitaine que Gaillard a vécu.

Le récit est tourné essentiellement vers la spiritualité orientale, vers la religion où Dieu est le seul détenant de notre destin d'humains.

Gaillard doit donc découvrir et comprendre sa mission sur terre. L'accès au savoir permettant à son âme d'évoluer.



Ce récit intime aux diverses temporalités m'a séduit par sa sensibilité et sa poésie. Il interroge sur notre perception de la réalité en jouant avec l'intrigue des cinq dés de bois et les mystères des chiffres porteurs de messages.

Cette atmosphère d'éther m'a transporté vers les œuvres de Christy Lee Rogers, photographies messagères de paix et de liberté.



Roman de secrets où l'exotisme de la cuisine épicée est présente, je regrette toutefois que l'histoire des sultans ne soit pas exploitée.



Pour conclure, je laisse le dernier mot à notre grand écrivain, féru d'ésotérisme, Victor Hugo:

Aimez et souffrez, espérez et contempler.

Malheur, hélas à qui n'aura aimé que des corps,

des formes, des apparences! la mort lui ôtera tout.

Tâchez d'aimer des âmes, vous les retrouverez.

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Le feu du milieu

Alors que les Comores vivent un bouleversement religieux qui va profondément changer le cours de leur histoire en cette époque médiévale - diffusion de l'Islam à travers l'île -, Gaillard est une toute jeune esclave qui en représente parfaitement les tenants et les aboutissants. En effet, elle sera tiraillée entre les croyances originelles des îles, amenées par les premiers esclaves et symbolisées par sa mère adoptive, et le nécessaire apprentissage du Coran, par l'intermédiaire de son maître, Fundi Ahmad. Entre ces deux postures, que la presque adolescente tente de concilier au mieux, tout en satisfaisant son maître du mieux qu'elle peut aussi, elle rencontrera un jour, sur la plage, Halima, à la peau claire, qui a plus ou moins le même âge qu'elle, qui s'est enfuie de chez elle pour échapper à un mariage. Cette rencontre, qui va bouleverser Gaillard, va également, tout comme les îles dans lequel il évolue, bouleverser le récit qui, après une ellipse de dix ans, nous entraînera dans un bien autre monde...



De prime abord, Le feu du milieu pourrait faire penser à un roman de formation qui nous conte la vie de Gaillard, sa condition de jeune esclave, ses rencontres, amitiés, déconvenues... Mais il glisse assez vite vers le roman d'amour merveilleux, empli de légendes exceptionnelles qui nous font traverser les lieux, les époques, pour mieux nous mener vers une quête existentielle aux allures oniriques, d'une grande poésie dans ce quotidien comorien plutôt, au contraire, prosaïque, vers une quête qui symbolise le désir d'un syncrétisme religieux plutôt qu'une confrontation.



Une première très belle découverte de Touhfat Mouhtare, je réitèrerais bien l'expérience si je pouvais trouver son premier roman publié en France...
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Le feu du milieu

Si vous êtes en quête de chaleur, suivez la piste des fées, sorcières et djinns comoriens, au coin du Feu du milieu. Laissez vous glisser dans le récit de Gaillard, assis sur le sable encore chaud, sous les palissandres dont les feuilles se balancent doucement, fermez les yeux et respirez à plein poumons les douces senteurs des îles de la Lune, la vanille, le bois puissant et l’ylang-ylang…



Le Feu du milieu nous fait voyager. D’abord à la découverte des légendes et de l’histoire religieuse de l’archipel. A travers les plantations de manguiers, les villages faits de cabanes d’esclaves, la forêt dense et odorante qui s’ouvre soudain sur une plage paradisiaque, aérée par la brise du large, l’appel de l’océan... Se laisser bercer, dès les premières phrases, par la sonorité envoutante de la langue comorienne, répéter le nom de la ville d’Itsandra, se familiariser avec les vents, le kashkasi et le kusi, la saison des pluies et celle des bourgeons… Saliver devant les plats de queue de raie au manioc, de bananes vertes frites, l’odeur du poêle à charbon pendant que cuit le futra, mélange de farine, de lait de coco, d’eau salée et de graines de sésame… S’endormir avec la douceur de Tamu, la mère adoptive de Gaillard, lorsqu’elle lui raconte tendrement les croyances ancestrales, les divinités de la Lune et des étoiles, l’histoire des cinq princes ou celle du zèbre et du chasseur… Découvrir l’apprentissage du Coran, par les leçons du fundi, le maître de Gaillard qui souhaite que ses jeunes esclaves connaissent les écritures divines et leur fait la leçon, tous les après-midi sous la brise à l'ombre des arbres du domaine.



Ce roman est surtout un voyage initiatique, à travers la découverte de l’amitié la plus puissante qui soit, la découverte de la sexualité et des luttes de pouvoir entre les sexes, la quête du savoir et sa transmission. Dans les incantations magiques de son amie Halima, Gaillard va explorer le masculin et le féminin, l’animal, la vieillesse, la force et le pouvoir de chacun.



Gaillard va naviguer entre les légendes de Tamu et les leçons du fundi, entre la liberté conférée par l’amitié absolue d’Halima et la fatalité de sa condition, entre le magique incantatoire et la force concrète des éléments de l’archipel. L’eau, le vent, la terre et la puissante végétation, la roche et bien sûr, le feu, ce feu qui sommeille et surgit avec la force de la lave d’un volcan trop longtemps endormi.



Suivez les voyages de Gaillard à la découverte des Comores, vous vivrez toutes les vies qu’il est possible de rêver dans une vie. Lorsque vous vous perdrez, regardez les étoiles, écoutez les vagues et surtout respirez, fort. Vous sentirez l’huile de coco, le musc ou le jasmin, le litchi, les mangues mûres ou l’ylang-ylang. Et vous aurez moins froid.

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Le feu du milieu

En premier lieu, Le feu du milieu est un voyage en des terres peu connues, à savoir les Comores. Tout ce qui concerne le quotidien, les traditions et les légendes du pays, dans le roman de Touhfat Mouhtare, est passionnant, tout comme le portrait de ses deux héroïnes, dont les milieux sociaux sont aux antipodes, mais cependant liées par une immense affection commune. Mais dans ce livre foisonnant, aux allures de conte et aux divers niveaux de lecture, s'invitent également des dimensions mystiques et fantastiques où les personnages, dans des existences passées ou fantasmées, changent de condition et de sexe, aux prises avec une quête démesurée. Le feu du milieu ne serait-il pas trop riche dans ses thématiques et ses ambitions qui nous submergent de leur trop plein, de la même façon que ces films multivers qui font florès dans le monde des blockbusters ? Pour l'éditrice du roman, Le feu du milieu "témoignerait de la rencontre entre Chinua Achebe et Salman Rushdie, Emmanuel Dongala et Elif Shafak », rien que cela ! Cela fait beaucoup de références pour un seul livre, dont les meilleurs passages sont ceux où la plume fluide de Touhfat Mouhtare reste le plus terre-à-terre, évoquant avec simplicité l'amour, l'amitié, le sentiment religieux, le patriarcat et la condition féminine, sans avoir besoin de s'envoler dans l'espace-temps avec une flamboyance virtuose mais qui éloigne, en définitive, d'un réalisme que l'auteure maîtrise et fait partager avec conviction et talent.
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Le feu du milieu

L'autrice nous emmène aux Comores à l'époque médiévale, alors que ses habitants délaissent peu à peur leurs croyances ancestrales pour une nouvelle religion qui leur a été apportée par les Arabes qui la propage grâce à un live sacré : le Coran.

Gaillard est une jeune esclave dont le maître qui se dit descendant du Prophète et respecte le Coran à la lettre, l'enseigne aux enfants du village.

Gaillard suit les cours de l'école coranique, et bien qu'étant esclave en est la meilleure élève.

Et c'est sur son île à la nature flamboyante que la petite fille vit entre son travail chez son maître et ses sourates du Coran à apprendre par coeur, mais elle ressent un grand vide puisque Tamu qui l'élève n'est pas sa mère, mais la femme qui l'a sauvée de la fureur que celle qui l'a mise au monde et à voulu la tuer dès sa naissance pour lui éviter une vie d'esclave.

Mais un jour en allant chercher du bois Gaillard va faire la connaissance d'une autre jeune fille : Halima.

Halima qui s'est enfuie pour éviter le mariage forcé que son père avait décidé pour elle.

Gaillard et Halima deviendront amies tout en se cachant de tous puisqu'il n'est pas question qu'une fille de maître et une esclave soient amies.

Halima finira par accepter son sort et rentrera chez elle, laissant Gaillard seule.

Gaillard, qui commence à devenir une jolie jeune fille et qui subira la jalousie et la cruauté d'une femme qui va la mutiler d'une manière terrible.

Dix ans passeront et Gaillard qui n'a jamais oublié Halima, d'autant que celle-ci lui avait donné un petit objet enveloppé dans un tissu en lui demandant bien de toujours le conserver et de ne jamais l'ouvrir, et qui a obéi à la demande de Halima pendant toutes ces années, la retrouve pour sa plus grande joie.

Halima va alors entrainer Gaillard dans une étrange quête et lui fera faire des voyages fantastiques à travers le temps et l'espace.

Un beau roman tout en poésie, dans lequel l'autrice explore aussi bien l'amitié que l'amour, la condition des femmes qui n'ont en réalité guère plus de droits que leurs esclaves, la religion qui est imposée aux Comoriens et les croyances de leurs ancêtres qui demeurent ancrées en eux.

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Le feu du milieu

En recevant ce livre grâce à la Masse Critique de Babelio et à l’aimable participation des éditions Le Bruit du Monde, je m’attendais à surtout à découvrir les Comores. J’avais compris à défaut la spiritualité évoquée sur la 4e de couverture comme du réalisme magique. En réalité, ce livre s’approche plutôt d’un Bernard Weber, j’ai beaucoup pensé à La Boîte de Pandore en le lisant.



En réalité, c’est l’histoire de la recherche de la vérité à travers des vies antérieures où les âmes sœurs se croisent et se repoussent inlassablement, vies après vies…



Nous suivons d'abord la vie « actuelle » de Gaillard : personnage principale, jeune fille qui se cherche et dont nous allons suivre une sorte de voyage initiatique. Cette vie "terrestre, ici et maintenant" se trouve à la charnière de la colonisation des Comores. L’Islam est en train de prendre toute la place sur les croyances anciennes. Les nombreux esclaves sont des déracinés, ne connaissant pas leurs grands-parents, ni d’où viennent leurs arrière-grands-parents, et parfois même, ils ne connaissent même pas leurs parents. Comme Gaillard, qui a été recueillie par Tamu qui s’occupe d’elle, qui lui offre une éducation malgré tout, tout en laissant court à l’esprit libre de sa fille adoptive.



En fait, chaque personnage de ce petit roman est recyclé, dans les différentes vies antérieures ou aux moments clés de l’intrigue de manière assez attendue. Il y a un joli sous-texte, sur la liberté et l’amour inconditionnel, aussi au sujet des contes, chuchotés comme derniers remparts de culture. Les descriptions paradisiaques sont belles, c’est un livre où on voyage. Une lecture certes agréable mais sans plus.
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Le feu du milieu

Voilà un livre très ambitieux et passionnant qui fera forcément parler de lui lors de cette rentrée littéraire🤞Difficile d’en raconter la substantifique moelle tant l’histoire et les propos sont foisonnants et profonds. C’est un roman particulièrement érudit et d’une richesse fabuleuse qui m’a fait penser, par certains aspects, aux récits du Prophète de Khalil Gibran mais aussi au dernier prix Goncourt.



L’histoire en quelques mots :

Ile des Comores, ses parfums de mangue et d’eucalyptus, sa nature généreuse.

La petite Gaillard est née esclave, élevée par la bienfaisante Tamu qui l’a tirée des griffes de sa mère alors que celle-ci, incapable de l’élever, s’apprêtait à la tuer. Depuis l’âge de 5 ans, elle est servante chez ses maîtres, deux mondes qui cohabitent par force mais ne doivent jamais dépasser les limites posées.

Avec ses amies, elles échangent des histoires de djinns, de fantômes, de quoi se créer un imaginaire riche, à la fois drôle et effrayant mais également une ouverture pour s’évader du « sanctuaire des croyances imposées ». Et puis il y a le Fundi justement, descendant supposé du Prophète, maître chargé d’apprendre le Coran à ses petites écolières qui voue une profonde affection à Gaillard, sa meilleure élève et rend de galantes visites à Tamu.

Un jour, alors qu’elle est à la recherche de bois mort dans la forêt, Gaillard fait la connaissance de la belle Halima, une fille de maîtres. Transgressant tous les interdits, les deux filles ne tardent pas à nouer une dangereuse amitié. Un lien mystérieux les unit et les entrainera dans de nombreuses aventures à travers l’espace mais aussi le temps, dans une quête pleine de rebondissements et de fantaisie.

Ce livre est un formidable livre de paix et de tolérance, un hymne à l’amour, à l’amitié, à la nature, à la féminité et à la liberté. On ne peut que s’émerveiller devant la richesse de la langue, la puissance de l’imaginaire, le fourmillement de détails.

C’est un roman initiatique dans lequel la spiritualité est très présente, balançant entre ésotérisme et religion rigoureuse.



Un récit puissant, inspiré et envoûtant ! Un immense talent vraiment que celui de Touhfat Mouhtare.
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Le feu du milieu

Le savoir de l’invisible

Lorsque j’ai commencé ce roman, je ne savais pas à quoi m’attendre. Il se situe aux Comores et on y retrouve Gaillard une jeune servante. Elle apprend les secrets du Coran avec « son maître » et passe du temps avec sa mère adoptive qui lui raconte des légendes, ancrées depuis des générations dans leur vie. Elle obéit, elle va chercher du bois, elle est docile mais on sent que parfois, le feu couve en elle. A-t-elle envie de s’émanciper, de goûter à une certaine forme de liberté ? Pense-t-elle que c’est du domaine du possible ou seulement dans ses rêves ?

Au hasard d’une rencontre, elle est en présence d’Halima, une jeune fille qui semble avoir son âge mais qui n’est pas du tout du même milieu. Elle est du côté des riches et elles n’ont pas le droit de se parler, de se fréquenter, de se voir. Pourtant Halima transgresse ces lois et elles tissent des liens toutes les deux malgré le danger auquel elles s’exposent. Halima voudrait fuir un mariage imposé. Finalement, aucune des deux n’est vraiment épanouie dans ce qu’elle vit, dans ce qu’on lui impose. Pourquoi ? Faut-il explorer d’autres espaces lieux et temps pour mieux se comprendre, pour se découvrir et savoir qui on est ? Et est-ce que, lorsque ce chemin est accompli, on vit le présent en toute sérénité ? Pourquoi cherchons-nous en permanence à être aimé, accepté ? Ce sont des questions qui hantent Halima et Gaillard, même si elles n’en sont pas conscientes.

« Le monde n’est jamais prêt à ce qu’on le remette en cause. Un jour, tes mots franchiront la barrière de ces murs. Quand, toi, tu seras prête. »

Les deux jeunes femmes vont explorer, se projeter ailleurs, volontairement ou non et c’est à partir de là que le récit oscille entre rêves et réalité, emportant le lecteur dans des contrées inexplorées. Il faut alors rester attentif pour ne pas se perdre en route. Ce que nous apprend et nous apporte ces escapades est loin d’être anodin. Il y a une réelle réflexion humaniste sur la société, les relations hommes / femmes, le respect, le partage du savoir, du pouvoir, la place de chacun suivant le monde, l’époque où l’on vit. On s’aperçoit alors que ce sont toutes les histoires tissées depuis des générations qui nous construisent, nous font exister ici et maintenant. Rien n’est vraiment le fruit du hasard et pour chacun le poids du passé, les expériences, les si et les peut-être permettent d’avoir des personnes uniques qui prennent leur destin en main. C’est ce qu’Halima et Gaillard décident de faire quelles que soient les difficultés qu’elles rencontreront.

Il y a des pays où il est plus difficile d’être une femme, ce récit nous le rappelle. Il faut alors cerner le fonctionnement des relations humaines du peuple où l’on vit. Ces portraits de femmes de caractère sont portés par une écriture envoûtante et fluide, un style quelques fois mystique mais qui donne malgré tout un ensemble harmonieux.


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Le feu du milieu

Je me dis souvent qu’un roman dépend de la personne qui le lit, de sa propre perception des choses, de son imagination. C’est d’autant plus vrai pour ce roman qu’il est impérieux et presque nécessaire de lire, au nom de la bienveillance, de l’amour, du rêve et de la spiritualité.

J’ai lu «Le feu du milieu» de @Touhfat_Mouhtare. Quelle imagination, quel doux sentiment d’avoir vécu un rêve, une sensation d’intimité et de familiarité. Dans une interview récente, Delphine Horvilleur autrice et rabbine indiquait qu’« il y a quelque chose dans l’écriture qui vient poursuivre une conversation avec le silence ». Le personnage de Gaillard, jeune servante dans la ville d’Itsandra aux Comores m’a réconcilié avec le silence, celui du questionnement et des mythes. Les portes s’ouvrent sur des thèmes chers à la philosophie, à la spiritualité, au tangible. Tout dans son histoire appelle à la confusion. Sa rencontre avec Halima, sa relation avec son maitre. Entre légende et dur quotidien de servante, religion et condition féminine, chaque page, au gré des aventures nous emporte dans un univers peuplé de questionnements et d’imagination. J’y ai retrouvé Candide, au détour d’un conte, Platon et son allégorie de la Caverne : la volonté de s’élever, se cultiver par la lumière du savoir et des connaissances pour se changer, tel était son dessein.

Gaillard est alerte et en toute conscience s’interroge : « C’était une étrange sensation. Être en colère contre soi-même. Accepter que l’on ait eu une occasion que l’on aurait pu. Décider Et agir. Mais aussi porter , seule, les conséquences de ses actes. J’avais toujours pensé qu’être libre m’aurait délestée de tous les poids qui enlisaient mon cœur. Et je découvrais que la liberté était peut-être la pire prison, parce qu’elle me mettait au défi ».

Je m’y suis retrouvé dans l’apprentissage du Coran, ce dernier, très présent, ne souffre d’aucune critique, l’humain étant le seul par son interprétation à la détourner de son dessein. Une confusion heureuse d’avoir vécu ce roman comme un conte initiatique qui m’évoque qui on peut être et comment ce que l’on peut apprendre nous forge et nous imprègne. L'art de l'écriture ne se limite pas à ce qui précède, le fonds, l'intelligence de son actualité et de son message, d'amour de conscience de soi. Il est sublime par une écriture belle légère, pietique à l'instar d'un rêve, elle conforte l'imaginaire de cette autrice de pur talent, une véritable fierté pour nos îles.
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Le feu du milieu

Un roman empreint d’une grande poésie qui se déguste et on en redemande.



Voici un audacieux mélange entre un conte oriental comme « Les mille et une nuits » et un récit initiatique. Habilement, l’auteure croise un récit onirique et des réflexions sur la vie des femmes.



Les deux héroïnes ont des parcours complexes et chahutés. Leur amitié et leur faculté de voyager dans le temps gomment leurs difficultés et ouvre des horizons plus joyeux.



Foisonnant et mystique, j’ai aimé la belle plume, le côté féérique et l’ouverture au monde.



Enchanteur et doté d’un grand souffle épique, ce conte initiatique se dévore.
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Le feu du milieu

C’est un roman de l’invisible. Celui des légendes et des histoires, des récits fondateurs qui animent l’âme et des textes sacrés qui guident les êtres. Dans une poésie secrète qui unit les sons et les mots aux racines des hommes. Ce sont les présences impalpables qui nous accompagnent ; des disparus qui nous enveloppent de leur essence apaisante, des esprits qui nous éclairent et nous épouvantent, des fantômes de nos existences qui nous hantent.

C’est un roman de l’insaisissable onirisme ; des rêves qui peuplent nos âmes de leur présence éthérée, des espoirs sans cesse évanouis qui animent les pas de ceux qui croient, de la foi insaisissable qui meut ceux qui n’ont qu’elle. C’est la force tapie derrière chaque difficulté, c’est la raison dissimulée derrière le chaos, c’est la vérité impénétrable à celui qui n’en a pas la clé quand aux questions muettes répondent les silences. Ce sont les volutes de fumées évanescentes qui se consument, quand du feu sacré émane le savoir de l’Invisible ; la connaissance universelle qui se dérobe aux autres et brûle en soi de toute la puissance des flammes des Enfers, la mémoire du monde enfouie dans des temps immémoriaux.

C’est un roman de la force insondable de celle qui ose, de la sagesse impénétrable de celle qui apprend, de la liberté imprenable de celle qui sait.

C’est un roman d’une grande richesse, mettant en scène deux jeunes femmes grandissant dans la ville d’Itsandra aux Comores. Fortes et audacieuses, elles seront rapidement confrontées à la perte ; des figures parentales, de leur corps, de leurs choix et de leur liberté. Portées par la force du Coran, des légendes et de leur amitié, elles accèderont au savoir sacré, animant en elles le feu de l’émancipation. Un roman onirique, mystique, poétique et cosmique. Un roman unique.

5 sem




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Le feu du milieu

Je voudrais avant tout remercier Babelio les éditions le Bruit du Monde de m'avoir fait découvrir Le Feu du Milieu dans le cadre d'une opération Masse Critique.



J'étais très curieuse de découvrir l'histoire de Gaillard, une jeune servante d'Istandra aux Commores, à une époque que je n'ai pas réussi à déterminer. Gaillard vit entourée de l'amour de Tamu (sa mère adoptive) et de ses amies servantes. Elle est une élève estimée pour son maître qui lui apprend le Coran.



Durant toute la première partie du roman, j'ai vraiment apprécié de plonger dans cet imaginaire rythmé par une belle écriture et me faisant voyager dans cette culture au milieu des épices, des étoffes, et des apprentissages de la vie et de l'ouverture spirituelle de Gaillard. Le récit est parfois entrecoupé de contes et de légendes, ce qui contribue vraiment à créer un univers unique.



Là où mon avis est plus mitigé, c'est que dans la suite du roman, Gaillard va connaître des expériences plus "fantastiques", à travers des voyages dans le temps et le monde, grâce à des dés dont l'histoire et la symbolique sont reliés à la légende de cinq princes. Ces passages m'ont souvent décontenancée, tellement certains me semblaient partir dans tous les sens. Et même si on finit par comprendre le message final, on reste quand même longtemps dans cette impression de flou qui ne m'a pas plu.



Avis mitigé pour ce roman, donc, mais je suis tout même curieuse de découvrir d'autres livres de cette autrice, car j'ai été charmée par son style.
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Le feu du milieu

L'écrivaine comorienne nous embarque dans un voyage aux confins de l'imaginaire, à travers l'histoire d'une jeune esclave qui rêve d?attraper les étoiles pour s'émanciper.
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Le feu du milieu

Spiritualité, amour, relecture émancipée du Coran, tout résonne à la fois de tout temps et d'aujourd'hui dans cette traversée si originale. D'une écriture vive, claire, imagée, cet ovni érudit et foisonnant révèle d'autres cieux ô combien étoilés.
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Le feu du milieu

Merveilleux et inquiétant, l’incipit du troisième livre de Touhfat Mouhtare emporte d’emblée et décontenance aussitôt. Car, en même temps que la prose poétique et le rythme tranquille installent un monde chatoyant, ils en effacent les contours.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le feu du milieu

Un livre qui aborde le sujet de la place de la religion et notamment de la manipulation des textes religieux. Ce livre aborde également l'emprise des hommes, il est féministe dans une certaine mesure mais l'habillage du texte sous forme de conte m'a dérangé. J'ai complètement perdu le fil dans la seconde partie du livre
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Le feu du milieu

Tout a été déjà très bien dit sur ce roman merveilleux qui nous emporte vers des cieux lointains et des personnages si bien imaginés par Touhfat Mouhtare. La langue et le style, c'est de la dentelle. Les descriptions sont empruntes de poésie et de beauté. C'est un beau voyage et la porte ouverte à des réflexions sur la tolérance, la liberté, l'amour, l'honnêteté etc ...
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Vert cru



après l'accident d'avion qui coûte la vie à son père adoptif et protecteur, Rhen part aux Comores pour découvrir son passé, son histoire et retrouver sa mère... Elle y va pour rencontrer une femme qui a connu sa mère, elle va découvrir le dessin de deux femmes et de leurs descendances sur fond d’esclavagisme et de légende.



Pour tout vous dire, je n'étais pas très emballée à l'idée de lire ce roman mais comme personne ne voulait s'y coller et que j'aime sortir des sentiers battus, je me suis lancée... et je l'ai lu en moins de 24 heures, c'est bien simple, je ne pouvais plus le lâcher.



Ce roman se construit comme un puzzle, tous les personnages sont liés les uns aux autres ou ont influé à un moment de leur vie sur le destin des autres. Une fois certaines pièces réunies le passé peut être révélé et les personnes séparées peuvent être réunies. C'est beau, c'est dur parfois, souvent, ça interroge sur le monde et la place des femmes dans la société, dans les sociétés et ça ouvre au passage une autre vision de l'islam tellement mis à mal en ces temps de terrorisme et de récupérations politiques.



Ce roman c'est beaucoup de chose, c'est une quête d'identité, une dénonciation de l'esclavagisme, de la condition des femmes dans les Comores, du poids des traditions qui emprisonnent mais laissent vide quand on en a pas, c'est une autre vision de l'islam, c'est une saga familiale où tous les destins se croisent et s'entrecroisent, c'est un conte mis en scène à travers l'histoire de deux cousines et de leur descendance, c'est.... sublime.







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