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Citations de Tristan Gaston-Breton (26)


En février 1915, Venizélos croit pouvoir profiter de l’expédition alliée dans les Dardanelles pour forcer la main de Constantin. Aux Français et aux Anglais, il propose purement et simplement, sans en référer aucunement au souverain, d’envoyer des troupes grecques dans la péninsule de Gallipoli. On imagine la suite : désavoué par le roi et l’état-major, Venizélos est contraint de démissionner en mars 1915.

Mais s’il pensait être débarrassé de son Premier ministre, Constantin en est pour ses frais. Trois mois plus tard, en juin, le parti de Venizélos remporte les élections législatives. Voilà de nouveau le chantre de la « Grande Idée » à la tête du gouvernement grec et toujours
aussi décidé à faire entrer son pays dans la guerre.
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Il a fait le choix de la grande industrie ; il
représente l’un des principaux fabricants d’armes dans
le monde ; sa carte de visite, prestigieuse, peut lui ouvrir
bien des portes. Il lui faut à présent prendre sa place
dans le jeu du grand capital international, voir grand
pour gagner en puissance, être de toutes les combinaisons
qui concernent son secteur d’activité et qui peuvent
lui conférer un surcroît d’influence. Son statut personnel
aussi a changé : il a désormais pignon sur rue et
compte parmi ses relations quelques-uns des industriels
et des financiers les plus puissants et les plus influents
du monde
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C’est dans ce contexte passablement embrouillé que Basil Zaharoff entre en scène.

« Venizélos et moi sommes des bons amis et Skouloudis
me suivra. Tout ce que j’ai à faire est d’acheter les journaux germanophiles et 45 députés grecs. 1,5 million de livres intelligemment dépensées pourraient raccourcir la guerre de plusieurs mois. »

Lorsqu’il écrit sa lettre le 12 novembre 1915, Zaharoff, et avec lui Vincent Caillard, a tout prévu. À Athènes, Basil peut effectivement se prévaloir de l’amitié de Venizélos, dont il n’a cessé de soutenir les ambitions et qui, évidemment, ne pourra qu’appuyer son projet, et de celle de Stéphanos Skouloudis, son vieux complice devenu Premier ministre le 7 novembre 1915.

Corrompre journaux et députés sera ensuite, pour lui
qui parle grec, a des relations partout et n’a pas froid
aux yeux, un jeu d’enfant. Il ne lui restera plus alors
qu’à organiser un incident à la frontière gréco-bulgare
pour mettre le feu aux poudres.
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Avec la défaite de 1870 et la crise morale qui suit, l'antisémitisme se fait cependant plus hystérique et nourrit un nombre impressionnant de publications dans lesquelles les Rothschild, qui ont le double tort d'être juifs et banquiers, sont systématiquement pris à partie. Ils sont devenus les boucs émissaires commodes de tous les scandales financiers de I'époque. À l'image du krach de I'Union générale qui se produit au début des années 1880 et où l'on retrouve Eugène Bontoux. En 1878, ce fervent catholique prend la direction de l'Union générale, une petite banque créée trois ans plus tôt par des monarchistes catholiques. L'établissement suscite au départ un véritable engouement dans les milieux catholiques et légitimistes. Même le secrétaire du pape, le cardinal Jacobini, souscrit au capital ! Mais le succès est de courte durée : ayant multiplié les investissements à risque et utilisé une partie de ses liquidités pour racheter ses propres actions, I'Union générale fait faillite en 1882. Condamné à cinq ans de prison, Bontoux, lui, s'enfuit en Espagne. Il n'en faut pas plus pour que le krach de l'établissement soit attribué aux manœuvres des banquiers juifs- en tête desquels les Rothschild, accusés d'avoir voulu abattre un concurrent. Et tant pis si Alphonse- on le sait aujourd'hui avec certitude- est intervenu à plusieurs reprises pour sauver l'Union générale d'une faillite dont il craignait qu'elle ne provoque des réactions en chaîne.
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Leur père était négociant et prêteur d'argent ? Les fils sont devenus banquiers des rois et des princes, spécialistes du crédit, des traites et des emprunts. Les voilà à présent financiers, élargissant peu à peu leurs activités aux actions et aux obligations non plus seulement des Etats, mais, de plus en plus, des firmes industrielles. À Vienne, Salomon a commencé d'investir dans l'industrie lourde. II va bientôt racheter les Mines et Fonderies de Vitkovice, les principaux hauts-fourneaux d'Autriche-Hongrie. et il est également le premier à se lancer, dans les années 1830, dans le financement des chemins de fer, activité nouvelle par excellence. C'est lui, ainsi, qui finance les Chemins de fer du Nord reliant Vienne aux mines de Galicie. La compagnie deviendra l'un des principaux actifs de la famille en Autriche puis en Autriche-Hongrie. Charles lui emboite rapidement le pas, tout comme James, dont on reparlera plus loin. Seul Nathan, on l'a dit, reste à l'écart du mouvement. Ensemble, les cinq frères se tournent également vers de nouveaux horizons. Un marché, en particulier, leur semble particulièrement prometteur : les États-Unis. Les chemins de fer y sont encore peu développés. Mais ce pays à l'échelle d'un continent développe ses infrastructures fluviales à grande vitesse. Il compte également d'importants centres métallurgiques et sidérurgiques, notamment à Chicago et Denver.
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"Les premières années de la vie de M. Zaharoff sont un mystère impénétrable, écrit, désabusé, un membre de la Sureté française au ministre de l'Intérieur en 1921. Il semble qu'il y ait un trou dans la vie de cet homme, mais un trou de vilenie qu'il faut oublier. Les différents services de police ont bien cherché à percer ce mystère; ils n'y sont parvenus que par des moyens de fortune n'offrant pas de certitude. Des indications ont appris que M. Zaharoff aurait été bandit dans sa jeunesse."
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Estimant n'avoir plus rien à faire en France, Nathaniel s'envole alors pour les Etats-Unis où il crée sa propre société d'ìnvestissement : Nathaniel Rothschild Holdings.
Voilà donc David et Eric engagés dans une nouvelle aventure. Pour mener à bien leur projet, les deux cousins ne partent pas tout à fait de rien : dans les actifs familiaux qui ont échappé à la nationalisation, ils ont trouvé une structure de participations, la société Paris-Orléans. Cette ancienne compagnie ferroviaire acquise par James de Rothschild dans les années 1850 est devenue société holding lors de la création de la SNCF en 1937. Détenant une partie du capital de la Banque Rothschild, elle a reçu 7 % de l'indemnité versée par l'État au moment de la nationalisation. Elle dispose donc de moyens financiers non négligeables et peut servir de structure d'accueil à la société que s'apprêtent à créer David et Eric de Rothschild.
La suite va très vite. En mai 1982 naît PO Gestion, qui est abritée au sein du holding Paris-Orléans. Il ne s'agit pas d'une banque d'affaires, comme David et Éric l'auraient souhaité, mais d'une maison de titres spécialisée dans la gestion de portefeuilles de valeurs mobilières et de placement de titres. Une vocation qui s'explique par la position très ferme du gouvernement.
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En France aussi, les vents sont loin d'être favorables. La disparition suspecte de l'escroc Alexandre Stavisky, en janvier 1934, donne le coup d'envoi à une crise de régime qui atteint son paroxysme lors de l'émeute du 6 février. L'heure est, à nouveau, aux libelles antisémites et aux postures radicales, Pour l'extrême droite, les Rothschild ne sont que des capitalistes apatrides qui se rient des nations et n'ont que faire des peuples. Pour la gauche, et notamment pour les communistes, ils symbolisent le pouvoir des "200 familles" qui ont mis la main sur l'économie du pays... et sont les suppôts des ligues d'extrême droite ! De fait, Édouard de Rothschild ne cache pas ses sympathies envers les Croix- de-Feu, la ligue d'anciens combattants fondée et dirigée par le colonel de La Rocque qui, en refusant d'intervenir le 6 février 1934, a sauvé le régime. Ce qui les rapproche: l'anticommunisme ! II n'empêche : vilipendés par l'extrême droite, critiqués par la gauche, les Rothschild occupent une place bien inconfortable.
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Dans l'Allemagne du XVIIIeme siècle, dans ce pays qui n'en est pas encore un et qui est divisé en plus d'une centaine de royaumes, principautés et duchés, tous les princes ou presque, tous les landgraves qui, à l'image de Frédéric II de Hesse-Cassel, règnent sur un morceau du Saint Empire romain germanique, ont « leur » Juif de cour. C'est une spécificité allemande. II n'y en pas en France et en Angleterre - pays centralisés de longue date ; il n'y en a pas non plus en Italie, qui dispose, depuis le Moyen Age, de solides institutions bancaires.
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Pour Zaharoff cependant, la France n'est pas seulement un marché ou un terrain de jeu à la mesure de son formidable talent. Elle est devenue sa nouvelle patrie. Le 6 décembre 1897, il a déposé une demande de naturalisation devant le ministère de la Justice : elle lui a été accordée soixante-treize jours plus, le 18 février 1898. Un délai record pour ce type de procédure ! Mais comment refuser une telle faveur à un homme si utile qui connait personnellement Albert Vickers et les Rothschild ? Le voilà turc, grec et français.
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Cette guerre, le banquier finit pourtant par la gagner. Il faut dire qu'à force d'activisme, les frères Pereire se sont mis beaucoup de monde à dos. Avec ses innombrables ramifications, le Crédit mobilier inquiète les milieux d'affaires, et même les cercles dirigeants. On trouve trop riches et trop puissants ces deux frères engagés dans un tourbillon d'affaires et dont la fortune donne le vertige. Au début des années 1860, Émile et Isaac commettent en outre l'erreur de heurter de front la Bangue de France en tentant de créer, avec la Banque de Savoie, un deuxième institut d'émission. Voilà la vénérable maison de la rue La Vrillière devenue l'ennemie mortelle des Pereire. Une faute que James se garde bien de commettre. Lui n'a aucune intention de marcher sur les plates-bandes de la Banque de France dont son fils Alphonse occupe d'ailleurs un siège au Conseil de régence depuis 1855. Et puis il y a ces rumeurs sur la fragilité du Crédit mobilier, qui, à force d'investir à tour de bras, manquerait de liquidités.
Victime de placements hasardeux, le Crédit mobilier fera effectivement faillite en 1857 sans que le pouvoir intervienne, mettant fin au «règne » des frères Pereire. Que James de Rothschild ait contribué à la chute de l'empire Pereire, en jouant en Bourse ou en laissant mourir ses entreprises, est plus que probable. Dès le début des années 1860 cependant, la messe est dite.
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[... ] les Rothschild sont partie prenante dans tous les montages financiers d'envergure, ceux qui intéressent les grands États européens. Affaiblis par vingt années de guerre, ces derniers ont trouvé auprès d'eux ce dont ils avaient la le plus besoin : de l'argent, en quantité toujours plus importante, que les cinq frères sont capables de mobiliser rapidement, grâce à leur savoir-faire, à leur formidable réseau et à leur présence dans les grandes capitales européennes. Leur grande force va être de savoir s'imposer comme les principaux acteurs d'un marché obligataire - essentiellement londonien - en phase rapide d'internationalisation. Ce statut unique de financiers internationaux, les Rothschild l'acquièrent très vite : essentiellement entre 1815 et 1821, date à laquelle ils ont étendu leur influence à toute I'Europe. D'eux, on dit alors qu'ils sont les banquiers de la Sainte-Alliance, cette union politique et diplomatique formée en 1815 par la Russie, I'Autriche et la Prusse pour se protéger de la contagion révolutionnaire et à laquelle d'autres pays vont adhérer jusqu'à sa dissolution en 1825.
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Notes du chapitre X
2. La Banque de France est alors une société anonyme dont le capital est détenu par 200 grands actionnaires, les fameuses «200 familles ». Issus de la haute banque ou du grand négoce, ils sont représentés par 15 régents qui assistent le gouverneur dans l'administration de la Banque. Cette gouvernance devait durer jusqu'en 1936, date à laquelle I'État renforça son contrôle sur la Banque, prélude à sa nationalisation en 1945.
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Rien de tel chez les Pereire, qui, au siège du Crédit mobilier place Vendôme - l'actuel hôtel Ritz - brassent un argent qui ne leur appartient, se réservant les grandes affaires et laissant à d'autres les innombrables corvées du métier de banquier.
James de Rothschild tient d'ailleurs à avertir Louis Napoléon Bonaparte des risques qu'un tel établissement dont les ressources sont apparemment illimitées, fait peser sur le système financier dans son ensemble. Il le fait en 1852, quelques jours avant la signature du décret autorisant officiellement la nouvelle banque des frères Pereire. « Engagée comme elle sera forcément dans toutes les opérations industrielles et financières du pays, elle n'aura même pas, peut-être, le pouvoir de battre en retraite. Sans encaisse, sans réserve métallique, elle sera à un certain moment incapable de se procurer de l'argent », écrit-il ainsi dans une lettre à celui qui n'est pas encore empereur. Propos prophétiques, comme la suite allait le montrer. Mais qui, pour l'heure, tombent dans l'oreille d'un sourd.
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Comme Mayer Amschel l'avait fait dans les années 1790 avec les traites de Guillaume IX, Nathan a utilisé les dettes contractées par les cours européennes auprès de l'Angleterre au plus fort de la guerre contre Napoléon pour financer les exportations de produits anglais vers le continent, prenant en charge lui-même une grande partie de ce négoce. En clair, les sommes dues par l'Autriche, la Prusse ou la Russie lui servent à payer les índustriels de Manchester, de Glasgow ou de Nottingham. Ce qu'inventent en fait Nathan et ses frères dans les années 1810 - ou du moins ce qu'ils déploient avec une ampleur encore inconnue -, c'est la finance moderne, fondée sur des traites commerciales à grande échelle et la négociation des dettes publiques.
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Mais Nathan en protite pour faire travailler au préalable pour son propre compte les sommes que lui a confiées le prince. Les délais qui existent alors entre la réception des fonds et leur investissement lui permettent de multiplier les placements à court terme. C'est ainsi qu'avec la fortune de son client, il se livre à son profit à d'audacieuses spéculations, notamment sur les métaux précieux dont l'Europe en guerre a le plus grand besoin. Ses bénéfices encaissés, il investit comme convenu dans la rente l'argent de Guillaume. Lorsque celui-ci, qui a quelques soupçons, exige les certificats d'achat, Buderus s'arrange pour le faire patienter, mettant en avant la guerre, les communications dificiles avec Londres ou bien encore les malheurs du temps. En échange de ses nombreux services, l'homme de confiance du prince perçoit de très généreuses « douceurs ».
Escroquerie ? Pratiques de banquiers en réalité, com- munes à tous les financiers de l'époque. D'autant que Guillaume touche ses intérêts au cent près et que son capital initial n'est en rien entamé.
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Dans le courant de l'année 1946, le stock d'or de la Banque de France mis à l'abri aux États-Unis, au Canada, en Martinique et en Afrique est rapatrié en France. 6 ans après les événements de mai et juin 1940 les navires de la Royale refont en sens inverse le chemin qu'ils avaient parcouru à l'heure de la débâcle sous la menace des bombes et des sous-marins.
A la fin de l'année 1946 toute l'encaisse métallique de la Banque de France a réintégré les coffres d'où on l'avait sorti pour la soustraire aux convoitises des Allemands.
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Tristan Gaston-Breton
"Nos ministres français sont comme des serviettes: après un certain temps, il faut les laver et les laisser se reposer. Cela les améliore."
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D'innombrables anecdotes circulent sur le fondateur de la branche anglaise de la famille. Craint pour sa puissance, il est moqué pour ses manières et son humeur changeante. "Bon, c'est très bien. Vous êtes le premier baron de la chrétienté. Eh bien, moi, je suis le premier baron juif. C'est beaucoup plus intéressant, et pourtant je n'en fais pas tant d'histoires ..." lance-t-il ainsi au duc de Montmorency qui, lors d'une réception, a entrepris de dérouler son arbre généalogique au duc de Wellington.
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Mieux valait cacher sa fortune, ne pas se faire remarquer par son train de vie et ne pas s’engager trop avant dans les allées du pouvoir. La prudence exigeait de paraître plus pauvre qu’on ne l’était réellement.
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