Citations de Tristan Marco (12)
À Fresnes, il n'avait raté aucune des célébrations du 08 mai et du 11 novembre. (...) Le seul dénominateur commun entre le réel et le retransmis était cette profonde aversion qu'Ivanenko éprouvait à l'endroit du chef de l'État qui selon lui avait tout du pantin propulsé au sommet du pouvoir par quelque puissant et qui portait un costume présidentiel beaucoup trop grand pour lui.
Les deux femmes remontaient le boulevard Saint Michel, échangeant des banalités sur le contexte politique et social plus que tendu dans lequel se débattait le pays. Steidman évoquait l'aspect sociétal du mouvement des gilets jaunes tandis que Leszczynski offrait le point de vue moins nuancé de ceux qui reçoivent des pavés dans la figure et distribuent des coups de matraque.
Un nouveau monde s'impose à moi. Un monde dans lequel tu n'as plus ta place.
Le seul dénominateur commun entre le réel et le retransmis était cette profonde aversion qu'Ivanenko éprouvait à l'endroit du chef de l'État qui, selon lui, avait tout du pantin propulsé au sommet du pouvoir par quelques puissants et qui portait un costume présidentiel beaucoup trop grand pour lui.
- Ne t'es-tu jamais demandé pourquoi ton chien ou ton chat jouit d'une existence faite de caresses et d'amour, paisiblement vautré sur ton canapé tandis que la vache ou le cochon endure quelques pauvres années d'une vie de merde, tout ça pour finir dans un abattoir miteux et y crever dans des conditions de souffrances innommables ?
- J'ai quelque chose à vous montrer, Capitaine.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Ça, comme vous dites, c'est l'une des toutes premières éditions de l'Histoire ecclésiastique, une œuvre traduite du grec et rédigée à l'origine, en l'an 323 par l'évêque Eusèbe de Césarée. Elle raconte le parcours des chrétiens depuis la mort du Christ jusqu'au règne de l'empereur Constantin au IVe siècle. L'ouvrage qui se trouve devant vous date de 1917. C'est un recueil des livres V à VII du récit d'Eusèbe de Césarée qui traite des martyres de Lyon et notamment celui de Blandine.
- Je suis impressionnée ! Vous êtes érudite en histoire des religions ?
- Érudite, c'est un bien grand mot !
Leszczynski avait toujours détesté Paris. Trop de bruit, trop d'odeurs, trop de gens. Elle y avait débarqué à l'âge de dix-sept ans, fraîchement diplômée de son baccalauréat afin d'entamer des études de commerce. Ses parents agriculteurs avaient mis la main au porte-monnaie pour participer à l'effort de guerre, mais vivre à Paris avait un coût non négligeable et Claire Leszczynski avait dû emprunter aux banques de quoi payer sa scolarité et une partie de son loyer confiscatoire.
Un mouroir. Voilà ce que le Jardin des acacias inspirait à Marie-Jeanne. Un EHPAD situé à deux pas du square Debrousse, dans le vingtième arrondissement. Un endroit surchauffé, aux odeurs d'alcool à 70°, de pisse macérée et de soupe poireaux-pommes de terre. En même temps, cet établissement était exactement cela, un sas vers notre finitude, un aller simple pour le club très fermé des futurs mangeurs de pissenlits par la racine. Marie-Jeanne, une fois encore, contint un besoin irrépressible d'aller vomir.
Galiano se redresse et s'assied sur le rebord de son lit. Comme tout les matins, il glisse sa main droite entre ses cuisses et se gratte rituellement le service trois-pièces, histoire de vérifier que tout se trouve toujours bien en place. Il attrape son paquet de gitanes sans filtre et s'allume une cigarette. La première de la journée, sa préférée.
Saleté de gueule de bois ! Il explore la chambre qui danse autour de lui, rote ostensiblement puis s'adresse à la paire de pieds qui dépasse du drap, posée sur le traversin.
Hasard, chance, coïncidence. Il existe bien des mots à superposer sur cette question qui nous tiraille tous, à un moment ou un autre de notre existence : y a-t-il une cohérence à tout cela ?
C’était ma carapace. Mais cette nuit, pour la toute première fois, je ne suis pas obligé de faire semblant. Je suis moi-même.
Le roman devient de ce fait, très addictif car le lecteur a envie de savoir si ce sont de simples coïncidences, où si l'on a à faire à un personnage unique travesti sous différentes personnalités.
Homme ou femme, frère ou soeur, père ou mère ?
Malgré ces indices habilement distillés, l'interrogation demeure sur ce que recherche Jouvenceau et il faudra vraiment attendre les dernières pages pour que la vérité soit enfin dévoiléé.
Premier roman réussi. A partir d'un sujet qui peut paraitre dérisoire ou anecdotique pour certains Tristan Marco construit un récit labyrinthique sans ennuyer le lecteur et en maintenant son attention