Citations de Ulf Kvensler (64)
Mieux que toutes les boissons énergisantes du monde : l'angoisse de mort.
La tempête balaie la montagne comme une éponge sur un tableau, nos traces sont des gribouillis de feutre, gommés d'un seul coup.
Je ne vois pas l'intérêt de ressasser des événements. Regretter... oui, c'est possible. On peut analyser une situation et penser : "là, j'aurais dû faire autrement". Mais après, on tourne la page et on va de l'avant.
Au fond du trou, quand on pensait que rien ne pouvait être pire, le monde se chargeait de trouver quelque chose de plus affreux encore.
" Mon cœur freine et trébuche avant que le soulagement déferle sur moi comme une vague chaude. "
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" Le lendemain tombe la première neige"
" Quelque chose à propos d'un vélo "
" Nous avons chargé la femme à Aktse"
C'est ainsi que la violence fonctionne comme moyen de pouvoir. Elle n'a même pas besoin d'être exercée, sa menace suffit pour modifier les comportements.
- Milena est une fille super.
Il y avait dans sa façon de le dire quelque chose de légèrement dépréciatif. "Une fille super", c'est souvent ce qu'un mec dit d'une fille après avoir rompu avec elle. Une fille qu'il aime bien et qu'il respecte, mais dont il n'est pas amoureux.
Aller à la rencontre de quelque chose d'originel, quelque chose qui a toujours été là et y sera toujours. Curieusement, me sentir petite et insignifiante me procure le calme. La montagne ne s'intéresse pas à toi. Elle n'exige rien de toi non plus.
Il était grand et mince, athlétique, avec une musculature que je ne connaissais que chez les adeptes d'alpinisme et autres sports d'endurance. Rien à voir avec des muscles sculptés sans but devant le miroir d'une salle de sport.
Je ne me suis pas réchauffée, j'avais juste un peu, un tout petit peu moins froid. Et j'ai compris que la seule chaleur dont nous disposions ici, au Sarek, était notre propre chaleur corporelle, que nous pouvions entretenir en mangeant chaud, mais sur laquelle nous devions veiller comme les hommes préhistoriques surveillaient leur premier feu dans leur grotte.
Rien ne devait en être gâché.
Quel enfer, cette putain de montagne!
C'est un jeu avec la mort qui peut me sauver la vie. Et je n'éprouve plus aucune crainte, plus du tout. Au contraire, je suis étrangement revigorée. J'ai accepté que j'allais mourir, et chaque minute supplémentaire m'apparait comme un bonus. Alors autant en profiter pour s'amuser un peu avant que ce soit fini.
On apprend à l'école que les montagnes suédoises ont jadis été érodées par les glaciers, raison pour laquelle elles ne sont pas très élevées. Des collines émoussées, comparées aux Alpes. Mais la glace semble avoir oublié de limer le Sarek. En regardant alentour, je me dis que ce pourrait être l'Himalaya. Des crêtes noires et découpées se dessinent sur le bleu intense du ciel. Loin en contrebas, le majestueux delta de Rapadalen miroite au soleil d'automne. Une gigantesque falaise monte seule la garde là où les bras du fleuve se ramifient, je sors la carte sur mon portable et constate que ce doit être le Tjahkkelij. Au-delà, des étendues de lacs et encore des montagnes, qui deviennent des collines, le paysage se calme un peu pour s'apaiser en forêts à l'infini.
Curieusement, me sentir petite et insignifiante me procure le calme. La montagne ne s'intéresse pas à toi. Elle n'exige rien de toi non plus.
C'est ainsi que la violence fonctionne comme moyen de pouvoir. Elle n'a même pas besoin d'être exercée, sa menace suffit pour modifier les comportements.
Les quelques jours passés au Sarek m'ont déjà enseigné qu'ici, l'humeur change aussi vite que le temps. Toutes les émotions sont à découvert, tout le temps. De la plus profonde morosité à l'euphorie en une demi-heure. C'est la fatigue psychique et physique qui fait ça, je suppose, elle supprime le contrôle de soi aussi efficacement qu'une ponceuse élime un vieux vernis.
Nous marchions depuis quelques heures, le corps avait trouvé ses marques. Au début, le sac à dos paraît toujours lourd et inconfortable, le corps a un centre de gravité différent et on plie un peu le genou à chaque pas de peur de perdre l'équilibre. Les chaussures paraissent peut-être raides, un muscle tire à l'arrière de la cuisse. Mais on se réchauffe bientôt et les petites crampes s'estompent, tout le corps se met à travailler, le pouls accélère agréablement, les endorphines affluent dans le sang, on éprouve une douce euphorie.