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Citations de Vénédict Eroféiev (14)


Elle vida ce deuxième verre du même geste machinal. Après quoi elle ouvrit toute grande la bouche et se tourna vers chacun de nous : "Et là, vous voyez ? Les quatre dents qui manquent ?
- Où sont-elles donc passées ?...
- Allez savoir ! Moi, une femme instruite, il faut que je me balade avec quatre dents en moins ! C'est à cause de Pouchkine qu'il me les a fait sauter !
Alors, quand je vous ai entendus causer littérature, je me suis dit : "Va donc t'asseoir avec eux et vider un verre, et tu leur raconteras comment Pouchkine t'a fait casser la gueule et éjecter tes quatre dents de devant... "
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- Aimer à la Tourgueniev, c'est savoir tout sacrifier pour l'élue de son coeur! [...]
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Mais en voici assez pour la "Larme". J'ai gardé le meilleur pour la fin. "Finis coronat opus", comme disait le poète. Autrement dit, je vous présente le cocktail "Tripe de chien", une boisson qui éclipse toutes les autres. Que dis-je, une boisson: la musique des sphères ! Qu'y a-t-il de plus beau au monde ? Lutter pour la libération de l'humanité. Et qu'y a-t-il d'encore plus beau ? Ceci (prenez note) :
-Shampooing "Nuit sur le mont Chauve" 30g
-Bière de Jigoulis 100g
-Lotion antipelliculaire 70g
-Déodorant pour les pieds 30g
-Désinfinctant antiparasitaire 20g
Vous laissez macérer pendant une semaine avec du tabac à cigares. Puis vous servez.
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Aujourd'hui, je l'affirme solennellement : plus jamais je n'entreprendrai quoi que ce soit qui renouvelle cette triste tentative d’ascension. Désormais je reste en bas, et d'en bas je crache sur toute votre échelle sociale. Parfaitement : un crachat sur chaque échelon. Il faut être un sacré coco pour l'escalader, cette échelle ! Nerfs d'acier, cœur de pierre, volonté de fer ! ... Très peu pour moi.
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Je me demande quand même pourquoi personne n'a encore accroché une guirlande de roses jaunes au toit de ma maison. Ils pensent que je n'ai pas de maison, mais ce n'est pas une raison. C'est vrai que je n'en ai pas; d'ailleurs je n'ai rien du tout. Mais j'ai quand même une maison, j'ai même accroché aux fenêtres des rideaux violets...
(...) C'est d'ailleurs la seule chose qui la décore. Tout le reste, je l'ai vendu depuis longtemps pour ne pas mourir de faim ... Je n'ai gardé que cela ... Les rideaux violets, c'est la dernière chose ...
Car, si je les enlève, tout le monde pourra voir que c'est vide ... qu'il n'y a rien ... Et pourtant, il y avait sans doute ... Il y avait sans doute quelque chose ...
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- Mais enfin, qu'as-tu acheté pour finir, Vénitchka ? On aimerait bien le savoir ...
- Je vous comprends. Eh bien voilà, dans l'ordre : deux bouteilles de Koubanskaïa à deux roubles soixante-deux, soit cinq roubles vingt-quatre , puis deux demi-bouteilles de Rossiiskaïa à un rouble soixante-quatre, soit cinq roubles plus trois roubles vingt-huit égalent huit roubles cinquante-deux kopecks. Et aussi un vin rouge ... Attendez que je me rappelle ... Ah oui : un rosé corsé à un rouble trente-sept.
Une fois encore, je m'abandonnai à la vague ...
Mais je fus contrarié dans cet abandon : à peine avais-je sombré dans l'oubli que quelqu'un m'envoya un coup de queue dans le dos.
Je sursautai et me retournai : devant moi se tenait un être qui n'avais ni pieds, ni queue, ni tête.
- Qui es-tu ? demandai-je éberlué.
- Devine !
Et il partit d'un rire cannibale.
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Pendant un temps tout a marché à la perfection : une fois par mois on envoyait à la Direction la liste de nos engagements socialistes et elle, deux fois par mois,nous envoyait nos salaires. Par exemple on lui écrivait : "A l'occasion du prochain Centenaire, nous prenons l'engagement solennel d'en finir avec les accidents du travail." Ou bien : "A l'occasion du glorieux Centenaire, nous nous engageons à obtenir qu'un travailleur sur six s'inscrive aux cours par correspondance d'un établissement d'enseignement supérieur." De toute façon on ne risquait pas grand-chose, pas plus avec les accidents du travail (vu qu'on jouait à la sika toute la sainte journée) qu'avec les études par correspondance (vu qu'on n'était que cinq)...
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Moi, du haut de mon praesidium, j'écoutais en songeant : certes, les débats sont tout à fait indispensables, mais les décrets le sont bien davantage. Comment peut-on oublier les "décrets", couronnement de toute révolution? Exemple de décret : obliger la mère Choura, de Polomy, à ouvrir son magasin à six heures du matin. Quoi de plus simple, en fait? Il suffit qu'on le décide, nous autres qui sommes investis du pouvoir, et la mère Choura ouvrira désormais son magasin à six heures au lieu de neuf heures trente. Que n'y ai-je pensé plus tôt?
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Il faut s'habituer à parler aux gens courageusement, bien en face, de ses propres mérites. Qui d'autre sait mieux que nous notre valeur?
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Erofeïev passa tout le mois de février à dormir et esquissa en rêve les piètres perspectives d'évolution de son état.
Dès les premiers jours de mars, Erofeïev, entreprenant par nature, se lassa à l'évidence de ces stériles "esquisses de perspectives" et préféra passer à l'action.
A la mi-mars, Erofeïev se mit tranquillement à boire sans dessoûler.
A la fin du mois de mars, il se mit tout aussi tranquillement à fumer cigarette sur cigarette.
Le saint mois d'avril, Erofeïev l'accueillit avec le même encens et la même eau bénite, dans des proportions, certes, augmentées.
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Et cette jeunesse écervelée qui va prendre notre relève, elle ne semble même pas soupçonner les mystères de l'existence, elle manque d'envergure et d'initiative, et j'en viens à douter qu'elle ait quoi que ce soit dans la tête. Que peut-il y avoir de plus noble, par exemple, que de réaliser des expériences sur sa propre personne? Regardez ce que je faisais, moi, à leur âge : le jeudi soir, je buvais d'un seul élan trois litres de mélange vodka-bière ; puis je me mettais au lit tout habillé, n'ayant qu'une idée en tête : me réveillerais-je le vendredi matin?
Mais le vendredi matin, je ne me réveillais pas : je me réveillais le samedi matin, et non pas à Moscou, mais au bas d'un remblai de chemin de fer du côté de Naro-Fominsk.
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Moi, pour enrayer la nausée, j'entamai l'examen du lustre au-dessus de ma tête.
Un beau lustre. Mais un peu lourd. S'il se décroche, ça fera rudement mal à celui qui le recevra... Ou plutôt non, ça ne fera même pas mal : tandis qu'il dégringole, toi tu ne te doutes de rien, tu continues à boire (du xérès, par exemple), et quand il arrive sur toi tu n'es déjà plus de ce monde... Lourde pensée : tu es là, tranquille, et là-haut le lustre se décroche... Très lourde pensée...
Mais non, pourquoi lourde?... Imagine plutôt ça : tu bois du xérès, tu tiens une jolie cuite, mais il te manque juste le dernier petit verre qui te rendra les idées claires... Et voilà qu'on te refuse le xérès, et que le lustre te tombe sur la tête ! Alors là, c'est lourd ! Ecrasant, même...
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Du 10 février au 30 avril, l'Opinion publique m'a inexorablement poussé du pied dans je ne sais quelle direction, et moi, je n'ai fait que me retourner et marmonner entre mes dents : "Mais enfin, arrêtez..."
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Eh ! Eh! On dirait qu'il y a du prrrogrès !
Du progrrrès dans le choix des compliments !
Le 6 octobre :
"S-s-s-salaud!", en traînant de manière cauchemardesque sur la première sifflante, une crispation inimaginable et une expression de terreur absolue perceptible même dans l'obscurité la plus totale...
Le 9 novembre :
"M-mi-sérable!", en restreignant quelque peu les possibilités de la mimique et avec un tremblement émouvant de la voix...
Le 27 novembre :
"Vaur-rien!", accompagné du passage traditionnel à la position verticale, d'un regard assassin et de quelques pas en direction de la porte...
Le 6 décembre :
Un simple et laconique "Gredin!", les pupilles rétrécies par la colère.
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