Venusia A.

Derrière la vitre de son bureau, il croisa le regard de son supérieur. Peu après, la porte s’ouvrit et le capitaine Avery McIntyre planta son imposante stature sur le seuil en bougonnant :
– Qu’est-ce qu’il y a de si drôle, Svarowski ?
– La vision de Carter aux prises avec ses rejetons, répondit-il en toute franchise.
Le capitaine retint son sourire et lui fit signe de venir en grognant :
– Vous aussi, officier Loyola.
Ensemble, ils obéirent sans discuter et entrèrent dans le bureau.
– Fermez la porte et asseyez-vous. Je veux tout savoir, ajouta-t-il en prenant place à son bureau.
– Vous voulez parler de l’inconnu de la fosse ?
– Non, je parlais des mensurations de votre arrière-grand-tante. Bien sûr qu’il s’agit du cadavre, Svarowski !
– Très drôle, patron, plaisanta le lieutenant, puis sans transition, il enchaîna. On n’a pas grand-chose.
Il raconta alors les évènements de la matinée jusqu’à son dernier coup de fil à la division des personnes disparues. Aucune émotion particulière n’apparut sur le visage du capitaine lorsqu’il mentionna les détails funestes. Chance termina son compte-rendu avec un sourire au coin des lèvres :
– L’inspecteur « Iceberg » a dit qu’il viendrait dès que possible avec le dossier. Quand ? Je n’en sais rien, « Sa Seigneurie » ne l’a pas précisé.
– Tâchez de mettre de la vaseline, l’avertit McIntyre.
– De la vaseline ?! s’esclaffa Chance.
– Parfaitement. Faites en sorte d’y mettre du vôtre sans faire de vagues. Le Chef-Adjoint vient de remettre ça avec sa foutue coordination interservices, alors, appliquez double dose de lubrifiant s’il le faut, mais les rivalités ou autres agressivités remontant à la hiérarchie feront l’objet de représailles, j’y veillerai personnellement, c’est bien clair ?
– Très clair, Capitaine, dirent-ils en même temps.

« La jeune femme fronça les sourcils, mais le lui tendit d’une main hésitante. Stuart la remercia et revient au mur de verre. Il ouvrit le rouge à lèvres carminé et se mit à dessiner un gros cœur avec le tube qu’il repassa plusieurs fois afin qu’il soit bien visible. Michael posa la main sur la vitre et son regard se fit si douloureux que Stuart eut un serrement dans la poitrine. Stuart posa sa main au centre du cœur et le porta contre sa poitrine puis à nouveau sur la vitre. Il voulait que Michael comprenne que son cœur lui appartenait. Michael colla son front contre le verre froid et se mit à pleurer. Un son étranglé s’échappa de sa gorge endolorie. En le voyant en larmes, Stuart se mit à cligner des yeux et embrassa le verre au centre du cœur. À ce moment-là, il aurait donné n’importe quoi pour le prendre dans ses bras. Il prit conscience que même tout son argent, ses possessions ne pourraient acheter la seule chose qu’il désirait. »