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Critiques de Véronique Bergen (54)
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Barbarella : Une Space Oddity

Barbarella est une figure à part dans le monde de la bande-dessinée, comme dans la domaine de la science-fiction. Une sorte d’OVNI, pour rester dans la SF, puisque cette héroïne semble polariser sur son personnage les grands thèmes et les principes esthétiques des années 70.



Les Impressions Nouvelles ont donc été particulièrement inspirées de consacrer à cette figure de la pop culture un de leurs précieux ouvrages de la collection La Fabrique des Héros.



D’autant plus inspirées que l’étude est ici signée par Véronique Bergen, philosophe et philologue éminente.



L’ouvrage se concentre sur l’étude des quatre albums publiés par Jean-Claude Forest, et tous les aspects de l’œuvre sont ici méthodiquement envisagés.

L’étude est avant tout thématique et philosophique, plus que graphique ou esthétique — l’ouvrage est dépourvu d’illustrations.



Bien sûr, le livre illustre le thème probablement central de l’œuvre de Forest, la quête de liberté et le combat contre toutes les aliénations, thème incarné par l’un des personnages féminins les plus libres de l’époque. À cet égard, la plume de Véronique Bergen, toujours pertinente, universitaire sans tomber dans le jargon, est particulièrement adaptée pour souligner les enjeux politiques et philosophiques d’une œuvre inscrite dans son temps mais non dénuée d’intérêt pour notre monde contemporain.



Un grand merci aux Impressions Nouvelles et à Babelio pour cette découverte.
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Bruxelles Midi

Bruxelles midi est un recueil de 10 nouvelles rédigées par 10 auteurs différents et dont le titre illustre le thème : la gare de Bruxelles midi.





Rencontres ratées, rendez-vous impromptus, ou échanges sexuels tarifés, c’est le lieu de tous les possibles, même si pour certains Bruxelles Midi n’existe pas. La traversée des rails est une activité à haut risque et certains en feront les frais. D’aucune s’incarne dans toutes les silhouettes, d’autres survivent à même le sol au bon coeur des passants, mais risque-t’on d’y disparaitre?

Chaque texte jette un regard unique sur ce grouillement de vie qui anime les quais d’un gare. L’observateur peut devenir l’observé, et la stratification de la société y explose, dans un côtoiement aléatoire. La diversité des styles d’écriture accentue l’originalité du point de vue. J’ai particulièrement apprécié «Evidemment je n’ai rien vu», pour la présentation progressive du personnage dont on ne perçoit pas immédiatement l’identité, et «Alexandra revue et corrigée» pour l’atmosphère mystérieuse qui s’y installe insidieusement. Mais j’ai aussi apprécié «Transaction en cours « : lorsque le virtuel prend corps, l’apparence peut surprendre.

L’ensemble témoigne d’un vrai travail de rédaction, soutenu par une écriture riche et recherchée, avec cependant pour certaines nouvelles un caractère original mais abstrait qui m’a fait perdre le fil.



N'hésitez pas à découvrir ce titre téléchargeable gratuitement ici :

http://www.onlit.net/index.php?option=com_k2&view=item&id=586:bruxelles-midi



Soutenu par BELA, le site multidisciplinaire des auteurs francophones, qui accueille 500 auteurs francophones de Belgique

http://www.bela.be
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Guerilla

Mais qu’est-ce donc que « Guerilla » ? Un roman ? Un ouvrage philosophique ? Un recueil de poésie ? Peut-être l’auteure, Véronique Bergen a-t-elle voulu tout cela à la fois… Le résultat est une soupe assez indigeste où j’ai le sentiment que par moments seule l’auteure se comprend : « Finir enseveli dans les grands fonds pélagiques ne me cartouche pas la chanterelle… »



Vous pouvez toujours essayer de placer ce genre de phrase au cours d’une soirée, les mieux intentionnés penseront que c’est un message codé tel que ceux distillés par la BBC à destination de la France occupée…



Si quelqu’un peut déchiffrer l’énigme suivante, je l’invite à se présenter à l’examen d’entrée des décodeurs de la CIA (c’est mieux payé qu’au FSB) : « je bugs bunny des scénarios épicés menthe au sperme » !



Encore une petite pour la route ? Je vois que vous en crevez d’envie : « Les éviscérant dans un rituel guérilléro-aztèque, j’ouvrirai grand le cœur et le sexe de ceux qui nous font saigner. Un jour n’est pas un jour si la lune ne s’y couche. »



L’éditeur nous promet : « Les guerres provoquées par la débâcle écologique ont dévasté la Terre. Une galerie de personnages se relèvent pourtant : un écoguerrier, une femme-chamane ou encore un enfant muet. […] Guerilla, écothriller d’un genre nouveau, se déploie au milieu des explosions de grenades pour entonner un vibrant appel en faveur de notre planète. » Ah ? J’ai dû louper quelques épisodes car pour ce qui est des explosions de grenades, elles sont à peine évoquées… Quant à l’enfant muet, il finit par parler même si, à l’image du restant du bouquin, il reste plutôt incompréhensible. Et pour ce qui est de l’écothriller, j’ai déjà lu bien plus consistant.



A force de chercher à montrer sa culture pour se distinguer des écrivaillons qui racontent de façon simple et agréable des histoires que la plupart comprennent, Véronique Bergen en lassera plus d’un. Je ne doute pas que vous sachiez tous qui est Gucumatz ou Huracan. Grâce à Wikipédia, il m’est possible d’élargir vos connaissances !



« Kukulkannote est le nom de la divinité pan-mésoaméricaine du serpent à plumes dans la religion maya. Kukulkan vient, selon la légende, de l'océan et y retournera peut-être un jour. Selon une légende maya, il reviendra sur terre lors de la fin du monde. Kukulkan est son nom au Yucatan, mais au Guatemala, on l'appelle plutôt Gucumatz. »



« La Lamborghini Huracán est une supercar du constructeur automobile italien Lamborghini. » Heu… Je vais continuer à chercher… Ah ! Je crois que j’ai trouvé, mais pas facile : « Huracan ! Huracan est, dans la mythologie maya, le dieu quiché du vent, de la tempête et du feu. Il fait également partie des divinités ayant participé aux trois tentatives de la création du monde. Son nom qui, en maya peut se comprendre comme Jun Raqan, signifie « une jambe ». Il a également provoqué le déluge du deuxième monde lorsque les hommes étaient en colère contre les dieux. »



Alors, ne me demandez pas ce qu’ils viennent faire dans le roman… Je cherche encore…



Bien entendu, vous connaissez Antinoüs… Antinoüs ? M’enfin, Antinoüs ! Antinoüs, quoi ! Je vous rafraîchis la mémoire ? Antinoüs est un jeune homme originaire de Bithynie ayant vécu au II e siècle apr. J.-C., plus connu comme favori et amant de l'empereur romain Hadrien. Il meurt âgé de 20 ans environ, noyé dans le Nil, dans des circonstances qui restent mystérieuses. On dit « merci » qui ? Wikipédia, bien sûr !



Et puis, subtile allusion au film « Orange mécanique » de Stanley Kubrick: « Une pincée de Kafka dans mon café et mes pulsions tournent à l’orange, à l’orange mécanique, sans même le concours de la Neuvième symphonie de Beethoven. »



En clair, Véronique Bergen étale sa culture comme vous et moi notre confiture, mais en quoi cela fait-il avancer le « roman » ? En quoi, cela aide-t-il à la compréhension ? J’ai le sentiment que l’auteure aligne de belles phrases, utilise des mots rares, exhume des noms mystérieux issus de mythes, cite des personnages historiques oubliés de quasi tout le monde, et, au besoin, fabrique son propre vocabulaire pour tenir son rang d’académicienne (elle est élue le 10 février 2018 à l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique au siège de Philippe Jones).

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Kaspar Hauser

Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Espace Nord et Babelio qui à l'occasion d'une Masse critique spéciale, m'ont permis de découvrir ce roman de Véronique Bergen.



Kaspar Hauser est un roman psychologique qui s'attaché à faire la lumière sur le mystère des origines du personnage éponyme.

Le 26 juin 1828 déambule dans les rues de Nuremberg, un jeune adolescent d'environ 16 ans. Particulièrement effrayé et fatigué, il ne parle pas. Conduit au poste de police, les agents font une surprenante découverte. Il est porteur d'une lettre disant qu"il se nomme Kaspar Hauser. La lettre est destinée à un capitaine recruteur et aurait été écrite par un journalier qui n’avait plus de ressources pour élever l’enfant.

Ce sera le point de départ d'un mystère qui va passionner l'Allemagne du XIXème siècle.



Véronique Bergen s'approprie le mythe et part de l'hypothèse que cet enfant serait bien le fils caché de feu le duc de Bade.

Son roman est une polyphonie, les voix du geôlier, de Kaspar, de sa mère, de la responsable du complot s'entremêlent pour raconter son histoire.

Le roman aurait pu être bon, mais le style est beaucoup trop pompeux pour en être agréable.

Les discordances de style, de ton bien que nécessaires nuisent au roman et brisent son unité. Le style ampoulé de la comtesse est excessif. Les envolés poétiques du jeune homme associé à son retard mental supposé désorganisent la lecture. Les chronologies s'entrecroisent. Les récits ne se soutiennent pas les uns les autres.

En bref, une purge pour ma part.

Je ne dégoûterai pas les futurs lecteurs mais je n'ai clairement pas accroché.
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Portier de nuit : Liliana Cavani



Portier de nuit, réalisé par Liliana Cavani en 1974, est un film que tous ceux qui l'auront vu à l'époque ont forcément en mémoire: Des souvenirs de Charlotte Rampling, vêtue d’un uniforme nazi, qui y chante du Marlene Dietrich seins nus, jeune femme juive provocante, à la merci des officiers S.S.



Un long métrage très controversé film dont le scandale vient notamment de l’alliance forcément sulfureuse entre nazisme et mise en scène sado-masochiste.



Le film a donné lieu à sa sortie en 1974 à une série de jugements scandalisés, générant de violentes controverses. et fit l’objet d’une censure en Italie.



Dans un récent essai autour de ce film, la philsophe Véronique Bergen analyse, plus de 40 ans après sa sortie et alors que le puritanisme et le conservatisme ambiant refont largement surface le point de vue de la réalisatrice italienne autant sur un plan autant politique que cinématographique.



Son livre a également pour dessin de réhabiliter largement le travail d'une réalisatrice trop sous estimée, alors même qu'elle était une des très rares femmes cinéastes de l'âge d'or du cinéma italien (la génération de Bertolucci ou Bellochio), et qui faut une cinéaste qualifiée par Pasolini lui même de 'révolutionnaire et d'hérétique.'



Cet essai prouve à quel point sa caméra épousait les forces du désir, de la transgression et des soubresauts historiques.

Véronique Bergen montre ainsi comment la mise en scène des pulsions, et l’exploration de situations extrêmes dans Portier de nuit renvoie à une dimension viscérale , fantasmagorique et épidermique du film qui dépasse les enjeux politiques et idéologiques auquel on l'a trop souvent renvoyé.



Le jeu habité de Charlotte Rampling rajoute à cette dimension largement mis en avant par le passionnant essai de Véronique Bergen.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Marolles : La cour des chats

Un petit ouvrage (178 pages) que j'ai mis longtemps à lire. Eh oui, il s'agit d'être attentif parce que les informations sont très denses. Parce que j'ai passé beaucoup de temps sur Google street pour visualiser endroits et bâtiments évoqués. Parce que, hélas pour mes vieux yeux, le texte est écrit dans une police très petite et il y a des épigraphes, des témoignages et des notes de bas de page carrément microscopiques (du genre notice de médicament).

En parcourant la liste des titres proposés lors de l'Opération Masse critique non fiction, mon regard a immédiatement été attiré par les chats, une de mes passions. C'est donc pour ce livre que j'ai postulé . J'ai eu la chance de le recevoir.

Pourtant, mes attentes n'ont pas été comblées. En effet, dans le travail de Véronique Bergen, les chats sont présents, c'est vrai. Elle évoque Kippour, qu'elle a perdu en 2016 ou Marquis qui lui a succédé. Parfois, elle parle de félins des rues ou appartenant à des amies. Mais ce n'est que très épisodique.

Son livre présente les Marolles, un quartier de Bruxelles qui a souffert : bâtiments détruits, ruelles ou impasses disparues, gentrification, voûtement de la Senne, en abordant des caractéristiques typiques tels la zwanze ou le brusseleer.

De très nombreuses personnalités se baladent à travers ses pages : actuelles, comme Eve Bonfanti, Yves Hunstad, Toone ou encore Toots Thielemans, mais également anciennes comme Simone Max ou, bien plus loin dans le temps, Bruegel ou Vésale.

Enfant, j'allais en train à l'école, à Bruxelles. Mon père m'y emmenait, et, chaque fois qu'on disposait d'un peu de temps, il en profitait pour me faire découvrir la ville. J'ai donc retrouvé dans ce livre beaucoup d'endroits qui me sont familiers et d'autres, que je ne connaissais pas, se sont révélés. Comme il travaillait aux chemins de fer, mon père évoquait souvent la création de la Jonction Nord-Midi et la destruction de nombreux quartiers qu'elle a provoquée.

Véronique Bergen se plaît à évoquer l'étymologie du nom des Marolles, et elle le fait de façon humoristique : « Marie tu colles », « Il y a le "rollekebol" des chats », ou poétique : « il y a le "ol" de l'envol », « le "ol" de tout ce qui caracole sans bémol ». Les mots, les toponymes lui plaisent. Elle déroule de longues listes de noms de rues qui forment comme une litanie : « Les impasses du Doreur, du Pinceau rue de la Querelle, celles des Genêts, Necker, des Wallons, du Sellier rue Saint-Ghislain (...) »

Parmi les crimes patrimoniaux commis, je retiens la démolition d'un jardin urbain que les habitants nommaient « petite Amazonie », parce que cela me fait de la peine que l'on détruise des espaces verts et parce que j'ai suivi cette affaire et signé des pétitions. Pour les bâtiments, Véronique Bergen dénonce le remplacement de logements vétustes par des habitations modernes. C'est pourtant un bien, me direz-vous, mais cela provoque une hausse des loyers que les « petites gens » (comme les appelait Simenon) ne peuvent plus payer. Sans parler du chagrin des personnes âgées qui y avaient passé toute leur existence et perdent ainsi leurs souvenirs.

Moi qui aime particulièrement les cours d'eau, je suis touchée par la disparition de la Senne. Véronique Bergen mentionne un peintre dont je n'avais jamais entendu parler, Jean-Baptiste Van Moer, qui lui a dédié de nombreuses aquarelles Je suis allée les voir et les ai trouvé très jolies. Elles provoquent le regret de ne plus pouvoir s'y promener. Il me semble aussi que, dans un de ses romans, Alain Berenboom évoquait cette rivière dont on a privé la capitale.

Un chapitre est consacré aux « fantômes de Bruegel et de Vésale », et on les voit déambuler dans les rues et quartiers aujourd'hui disparus. Ce qui évoque pour moi les romans de Nathalie Stalmans qui, elle aussi, s'attache à redonner vie à un passé révolu .

La « zwanze (...) cet humour gouailleur qui fait la signature des Marolles » me plaît tout particulièrement. Je connais par cœur des répliques du « Mariage de Mademoiselle Beulemans », j'adorais les romans de Dulle Griet, un auteur qui l'utilisait beaucoup dans des histoires explorant des quartiers bruxellois, et qui a, hélas pour moi, arrêté de les publier. Nous avons encore deux reines de ce type de dérision avec Ziska Larouge ou Nadine Monfils et ses délicieuses enquêtes de Margritte et Georgette.

Les vieux estaminets dont parle l'auteure donnent envie d'y entrer. Des « pavés de mémoire » ont été créés pour conserver le souvenir de déportés à Auschwitz. « Constellée de ces signes discrets, la rue des Tanneurs affiche plus que toute autre les stigmates du passé ». C'est quelque chose que m'a appris ce livre, mais je n'ai jamais vu ces petites « tombes symboliques ».

On passe ensuite à une coutume plus joyeuse, le street art, que j'apprécie beaucoup et qui illumine certaines constructions. En revanche, Véronique Bergen raconte l'arrachage d'une vigne vierge qui tapissait toute la façade d'une maison et dont les fruits attiraient chaque année de gourmands étourneaux. Cela m'a fait très mal au cœur et m'a rappelé celle qui recouvrait des dépendances dans notre jardin d'enfance. On l'a également exterminée prétextant que ses vrilles détruisaient le ciment.

Cet ouvrage est donc plein de ressources. J'ai appris de nombreuses choses, j'ai déniché des endroits insoupçonnés, je me suis rappelé de nombreux souvenirs. Sa lecture a été pour moi très enrichissante, mais il faut se donner le temps de bien en profiter en la complétant par quelques recherches.

J'adresse un chaleureux merci à Babelio qui organise ces fabuleuses Masses critiques et aux éditions cfc, dont je me suis aperçue qu'elles étaient situées Place des Martyrs, à deux pas de l'école où j'ai fait toutes mes études et où je suis retournée enseigner plus tard pendant quelques années (Gatti de Gamond).
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Barbarella : Une Space Oddity

Avant toutes choses, je dois avouer que je n’ai jamais lu les bandes-dessinées de Jean-Claude Forest. Je ne connais donc Barbarella qu’à travers le film de Roger Vadim et son héroïne a pour moi les traits - et la plastique - de Jane Fonda. Je comptais donc sur cet ouvrage de Véronique Bergen pour faire plus ample connaissance avec la célèbre aventurière interplanétaire, avec les mondes qu’elle visite et la faune et la flore extra-terrestre qu’elle y rencontre.

Et de ce point de vue je n’ai pas été déçu. Véronique Bergen nous offre une étude extrêmement fouillée des quatre albums qui composent ses aventures. Des aventures qu’elle explore sous presque tous les aspects : scientifique, psychologique, politique, écologique, symbolique… C’est réellement passionnant mais j’ai tout de même éprouvé un peu de mal à la suivre dans tous ses développements. Je n’étais sans doute pas suffisamment armé pour apprécier son analyse à sa juste valeur et j’ai souvent eu l’impression de lire une communication universitaire et non un ouvrage destiné à un public plus large. Les termes techniques, les concepts compliqués, les tournures alambiquées, tout concoure à rebuter le simple amateur de SF ou de BD qui souhaite juste approfondir un peu ses lectures. J’ai également beaucoup regretté que l’ouvrage ne soit illustré d’aucuns dessins ni d’aucunes photos. Parti pris artistique ou simple question de droits, cette absence est véritablement regrettable s’agissant d’un livre consacré à une héroïne picturale et ajoute encore à l’aridité de l’ensemble.

Quoiqu’il en soit, le livre de Véronique Bergen m’a dévoilé une héroïne fascinante, éprise de liberté, luttant contre tout ce qui aliène et rejetant tous les pouvoirs, exercés ou subis. Une héroïne que je vais m’empresser de retrouver avec l’une quelconque de ses aventures aux titres évocateurs : « Les colères du mange-minutes », « Le semble Lune », « Le miroirs aux tempêtes »…


Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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La petite bédéthèque des savoirs, tome 29 : L'a..

Il s'agit d'une bande dessinée de 58 pages, en couleurs. Elle est initialement parue en 2019, écrite par Véronique Bergen (licenciée en philologie romane, docteur en philosophie, romancière, poétesse), mise en images par Winshluss (de son vrai nom Vincent Paronnaud, bédéaste et cinéaste). Elle fait partie de la collection intitulée La petite bédéthèque des savoirs, éditée par Le Lombard. Cette collection s'est fixé comme but d'explorer le champ des sciences humaines et de la non-fiction. Elle regroupe donc des bandes dessinées didactiques, associant un spécialiste à un dessinateur professionnel, en proscrivant la forme du récit de fiction. Il s'agit donc d'une entreprise de vulgarisation sous une forme qui se veut ludique. Le tome se termine avec un index des concepts (5 pages de Action Directe à ZAD) et un index nominum (4 pages, d'Auguste Blanqui à Henry David Thoreau).



Cette bande dessinée se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle s'ouvre avec un avant-propos de David Vandermeulen de 5 pages, plus 1 de notes. Im commence par citer une déclaration du Premier Ministre Édouard Philippe le 18 novembre 2018 à l'occasion du premier acte des Gilets Jaunes : La France, ce n'est pas l'anarchie. Il évoque à que point cette petite phrase n'était qu'un point secondaire dans son discours de 13 minutes, mais que c'est celle qui a été retenue car elle trahit une méconnaissance des mouvements anarchistes. Vandermeulen fait ensuite ressortir la différence entre le mouvement sans chef des Gilets Jaunes, et celui formellement organisé des Bonnets Rouges en Bretagne en 2013. Ensuite il passe par l'étape à l'étymologie du mot Anarchie et arrive à l'absence de hiérarchie dans la civilisation des Indiens d'Amérique quand les colons blancs sont arrivés en Europe, forme de société qui existe également chez les indiens Piaoras, une tribu du Venezuela qui prend ses décisions par consensus, sans hiérarchie établie, une forme de société anarchiste.



Une mère et un père font irruption dans la chambre de leur adolescent Jean-Baptiste, persuadés qu'il est en train de consommer de la pornographie sur internet. C'est pire : il se renseigne sur une paire de baskets qui a choisi comme slogan Ni Dieu, ni maître. Encore pire que le péché masturbatoire, le péché révolutionnaire ! Ils emmènent leur rejeton chez le psychiatre qui détecte la présence d'une bactérie anarchiste dans son système, en train de détruire le système capitaliste de Jean-Baptiste. Alors que le psychiatre le traite à l'électropropagande, Jean-Baptiste se montre violent et décide de s'enfuir. Il saute dans une barque et s'éloigne sur les flots. Ses parents sont restés chez le psychiatre et ce dernier commence à leur faire un cours sur l'anarchisme : les théoriciens et les acteurs, le point commun du refus de l'autorité et des formes de pouvoirs vues comme illégitimes, à savoir l'État, le Capital et Dieu. Il cite la formule de Louis-Auguste Blanqui (1805-1881) : ni Dieu, ni maître. Après avoir explicité l'étymologie du mot Anarchie. Il en évoque ses différentes formes : anarcho-syndicalisme, anarcho-féminisme, anarcho-écologique, anarcho-pacifisme, anarchisme chrétien. Au fur et à mesure de son exposé, le psychiatre s'échauffe jusqu'à avoir la bave aux lèvres, et les parents prennent congés.



Comme souvent, l'avant-propos de David Vandermeulen est parfait pour donner envie de lire la bande dessinée. Il commence par une anecdote qui atteste que la question de l'anarchie est toujours d'actualité, un mot qu'on brandit pour faire peur, un état de désorganisation chaotique, un spectre d'anéantissement de la société. Au fil de son texte, il rétablit le sens premier du concept, et fait apparaître qu'il évoque avant tout un état utopique, une société sans hiérarchie, sans oppression, un concept tellement incroyable que l'homme blanc éprouve es pires difficultés du monde ne serait-ce qu'à l'envisager. Les premières pages de la bande dessinée mettent en œuvre un humour ravageur : du soupçon d'utiliser internet comme un robinet à pornographie, à l'excitation du psychiatre, en passant par la révolte adolescente. L'artiste caricature ses personnages avec une conviction tordante, leurs émotions s'affichant sur le visage, dépourvues de tout filtre, les adultes semblant datés et obsolètes, l'adolescent semblant tout foufou, et le vieil anar ressemblant à s'y méprendre à Mr. Natural de Robert Crumb. Le lecteur sent qu'il est parti pour un ouvrage rentre-dedans, un exposé iconoclaste avec des réparties drôles et cinglantes.



D'un point de vue formel, ce tome de la petite bédéthèque des savoirs comprend 20 pages de bande dessinée, les autres pages s'apparentant plus à un texte illustré. Qu'il s'agisse d'un mode ou l'autre (BD ou illustrations), les dessins de Winshluss dégagent une énergie incroyable. Les personnages sont dans un état d'exaltation très régulièrement : le père qui se met à genoux avec des larmes coulant de ses yeux, le fils qui saute par la fenêtre pour échapper à la société normalisatrice, le psychiatre avec la bave aux lèvres, l'anar au regard blasé, Max Stirner (1806-1856) qui décoche un coup de pied dans les dents de Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831), Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) en Godzilla, ou encore la tête de de Jean-Baptiste en train d'exploser en entendant les Bérurier Noir interpréter Makhnovtchina. Les pages de bande dessinée comportent entre 2 et 4 cases et montrent des choses aussi inattendues qu'un individu trépané bombardé de rayons, un tricératops, le drapeau noir, deux individus cheminant sous un soleil de plomb dans une route en terre au Mexique, un radeau de rondins de bois… Les pages de bande dessinée sont donc aussi vivantes qu'inventives, aussi exacerbées qu'énergiques.



Il y a donc une trentaine de pages dont la forme est celle d'un texte illustré par des dessins, l'autrice ayant choisi de ne pas essayer de faire semblant, ou l'artiste ayant préféré cette forme pour un texte qui lui a peut-être été livré clé en main. Après 5 pages d'introduction en BD, les auteurs passent au texte illustré pour dérouler leur exposé et déverser leurs informations. Il y a effectivement un volume certain d'informations à présenter. Le texte est en gros caractères manuscrits, avec une utilisation de couleurs pour faire ressortir certains termes, 2 à 4 dessins par page pour accompagner le texte. Il peut s'agir de têtes en train de parler (celle de Jean-Baptiste et celle de l'anar), de caricatures d'anarchistes célèbres, ou de tout autre élément évoqué par le texte, comme un fusil, une bombe, une manifestation, des barreaux de prison, un poing géant écrasant pressant des citoyens en se refermant, un pistolet encore fumant, des gants de boxe, un marteau et une faucille, et donc Godzilla. Il y a une réelle complémentarité entre texte et dessin, ce dernier ne reprenant pas une information déjà contenue dans le premier.



Comme pour tous les ouvrages de cette collection, le lecteur doit garder en tête qu'il s'agit d'une entreprise de vulgarisation, et non d'une somme analytique et historique sur l'anarchisme. Cette approche donne forcément lieu à des passages qui peuvent produire l'impression d'une énumération superficielle, en particulier en ce qui concerne les figures historiques associées au mouvement et à son développement : Auguste Blanqui (1805-1881), Max Stirner (1806-1856), Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), Mikhaïl Bakounine (1814-1876), Pierre Kropotkine (1842-1921), Francisco Ferrer (1859-1909), Louise Michel (1830-1905) la vierge rouge, Emma Goldman (1869-1940), Auguste Vaillant (1861-1894), Émile Henry (1872-1894), Caserio (1873-1894), Marius Jacob (1879-1954), Nicola Sacco (1891-1927) & Bartolomeo Vanzetti (1888-1927). Il en va de même pour les faits historiques, des apparitions du drapeau noir depuis qu'il fut brandi par les Canuts de Lyon le 21 novembre 1831, le congrès de Saint-Imier en Suisse (15 & 16 septembre 1875), la fusillade des Fourmies et l'impact des anarchistes sur la Commune de Paris, la révolution mexicaine, la révolution russe, la guerre d'Espagne.



Dans le même temps, cette énumération permet de se faire une idée de l'importance du concept d'anarchisme, de son développement et de sa transmission. Après ces présentations, le lecteur comprend la pluralité de l'anarchisme, comprend que l'autrice indique que la pensée anarchiste a joué un rôle déterminant dans le fédéralisme, l'autogestion, la journée de travail de 8 heures, l'arme de la grève, l'objection de conscience, le droit à l'avortement, l'abolition de la peine de mort, le droit à la contraception. Elle a survécu et a continué d'exister sous une multitude de formes : la révolte zapatiste au Chiapas, George Brassens, les gilets jaunes, la Kommune I et II à Berlin, Mai 38, les situationnistes, le Flower Power, les Blacks Blocs, No border, les zadistes, Occupy aux USA, les altermondialistes, The Dead Kennedys, les émeutes en Grèce dès 2008.... Il fait la distinction entre l'action directe (= la théorie politique) et Action Directe (le groupe terroriste anarcho-communiste).



Ce tome atteint son objectif de vulgarisation du concept d'anarchisme, au travers de son histoire, de ses penseurs, de ses acteurs et de son héritage moderne. L'ouvrage est à moitié une bande dessinée, à moitié un livre illustré, mais Winshluss réalise des dessins percutants et mordants qui ne se contentent pas de redire ce qui le texte, et Véronique Bergen fait preuve d'un esprit de synthèse didactique qui permet au lecteur de se faire une idée claire.
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Écume

Cela fait longtemps que je n'ai pas mis quelques lignes. Eh bien la note est ici tellement injuste que je me permets de vous recommander ce roman hors norme, une sorte d'Ovni océanique, érotique, poétique, très bien écrit. On trouve par moment la patte de Gainsbourg. Nombreuses références politiques, historiques, musicales. Ecume de Véronique Bergen, auteure belge, philosophe est notamment recommandée par Pierre Assouline; Alors, allez-y, ne boudez votre plaisir.
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Écume

Nous partons pour une lecture au long cours, avec besoin d'étapes pour aller jusqu'au bout du voyage.

Il vaudrait mieux ne pas avoir le mal de l'amer pour éviter d'avoir le souffle coupé aux embruns d'une pensée au ressac provoqué par le mélange des fluides corporels et mentaux.

La richesse des nombreux écrits de Véronique Bergen rassure et nous submerge, sous crainte d'échouer sur le haut-fond des références culturelles accumulées. La plongée dans les obscurs bas-fonds des échanges mondialisés nous ouvre encore plus les yeux sur la suprématie des instincts primaires et l'impuissance des puissants.

Et pourtant il est des fixations qui peuvent mobiliser, pour une cause animale invitant à une clause de survie.

C'est l'histoire d'un marin, poursuivi par une légende, qui pose la question de la fin et affirme la faim de l'amour.

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La petite bédéthèque des savoirs, tome 29 : L'a..

Une BD trop courte pour un mouvement de pensée complexe, mais qui m'a permis de répondre à quelques unes de mes questions et à mieux contextualiser les interventions des grands penseurs. L'humour n'est malheureusement pas toujours au rendez-vous, mais il reste agréable à parcourir et à lire.
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Barbarella : Une Space Oddity

Barbarella : Une Space Oddity de Véronique Bergen nous offre une plongée dans l'univers de Barbarella.

On suit les aventures de la terrienne à travers les concepts idéologiques ou pseudo-scientifiques que l’œuvre de Jean-Claude Forest aborde, comme l'érotisme, le voyage dans le temps, ou la diplomatie intergalactique. Certaines de ces notions sont assez difficiles à aborder, mais il faut savoir que Véronique Bergen est philosophe et aborde la saga avec le prisme de sa discipline.

Si le livre est très intéressant à lire, j'aurais aimé voir certains points abordés, comme l'influence Barbarella dans le monde des arts et de la culture, mais aussi en savoir plus sur son créateur, et sur les choses qui l'ont influencés. Bref, pouvoir replacer Barbarella dans son époque, même si des références à une œuvre hippie qui développe l'idée du "peace and love" sont plusieurs fois mentionnées.

Reste un livre très intéressant qui nous fait voyager dans l'univers en compagnie de la jeune héroïne de Jean-Claude Forest , qui est devenu une figure phare de la pop culture. Intéressant au point que j'ai envie de découvrir d'autres opus de cette collection consacrée aux héros de la pop culture.

Merci aux éditions des Impressions Nouvelles et à Babelio pour cette découverte.
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Bruxelles Midi

Il s'agit d'un recueil de 10 courtes nouvelles écrites par 10 auteurs différents, ayant toutes en commun le contexte géographique de la gare internationale de Bruxelles-Midi.



Le recueil a l'avantage appréciable d'être disponible sous format numérique, gratuitement. Les nouvelles sont hétéroclites dans leur ambiance et leur style, souvent surréalistes à la belge, et fournissent presque toutes une dizaine de minutes de lecture divertissante. Lorsqu'on attend le train par exemple.



Appréciable aussi pour le lecteur belge ou étranger fréquentant la gare en question, cela est plus parlant.



Agréable.



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Marianne Faithfull : Broken English

Fervente admiratrice de Marianne Faithfull à ses débuts, je pensais trouver dans ce livre une histoire, des faits, quelques précisions sur sa vie que je savais avoir été tumultueuse... En fait il s'agit d'une analyse de ses chansons et particulièrement de cet album " Broken english", sorti en 1979.

Le propos est sans doute bien documenté, le vocabulaire recherché, l'impact de la vie de cette artiste bien tourmentée sur ses chansons apparaît à chaque page, mais je ne suis pas entrée du tout dans cet ouvrage trop "intellectuel" à mon goût.

Merci à Babelio et aux éditions Discogonie.
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Portier de nuit : Liliana Cavani

Portier de nuit, réalisé par Liliana Cavani en 1974, est un film que tous ceux qui l'auront vu à l'époque ont forcément en mémoire: Des souvenirs de Charlotte Rampling, vêtue d’un uniforme nazi, qui y chante du Marlene Dietrich seins nus, jeune femme juive provocante, à la merci des officiers S.S.



Un long métrage très controversé film dont le scandale vient notamment de l’alliance forcément sulfureuse entre nazisme et mise en scène sado-masochiste.



Le film a donné lieu à sa sortie en 1974 à une série de jugements scandalisés, générant de violentes controverses. et fit l’objet d’une censure en Italie.



Dans un récent essai autour de ce film, la philsophe Véronique Bergen analyse, plus de 40 ans après sa sortie et alors que le puritanisme et le conservatisme ambiant refont largement surface le point de vue de la réalisatrice italienne autant sur un plan autant politique que cinématographique.



Son livre a également pour dessin de réhabiliter largement le travail d'une réalisatrice trop sous estimée, alors même qu'elle était une des très rares femmes cinéastes de l'âge d'or du cinéma italien (la génération de Bertolucci ou Bellochio), et qui faut une cinéaste qualifiée par Pasolini lui même de 'révolutionnaire et d'hérétique.'



Cet essai prouve à quel point sa caméra épousait les forces du désir, de la transgression et des soubresaults historiques. Portier de nuit, réalisé par Liliana Cavani en 1974, est un film que tous ceux qui l'auront vu à l'époque ont forcément en mémoire: Des souvenirs de Charlotte Rampling, vêtue d’un uniforme nazi, qui y chante du Marlene Dietrich seins nus, jeune femme juive provocante, à la merci des officiers S.S.



Un long métrage très controversé film dont le scandale vient notamment de l’alliance forcément sulfureuse entre nazisme et mise en scène sado-masochiste.



Le film a donné lieu à sa sortie en 1974 à une série de jugements scandalisés, générant de violentes controverses. et fit l’objet d’une censure en Italie.



Dans un récent essai autour de ce film, la philsophe Véronique Bergen analyse, plus de 40 ans après sa sortie et alors que le puritanisme et le conservatisme ambiant refont largement surface le point de vue de la réalisatrice italienne autant sur un plan autant politique que cinématographique.



Son livre a également pour dessin de réhabiliter largement le travail d'une réalisatrice trop sous estimée, alors même qu'elle était une des très rares femmes cinéastes de l'âge d'or du cinéma italien (la génération de Bertolucci ou Bellochio), et qui faut une cinéaste qualifiée par Pasolini lui même de 'révolutionnaire et d'hérétique.'



Cet essai prouve à quel point sa caméra épousait les forces du désir, de la transgression et des soubresauts historiques.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Marianne Faithfull : Broken English

Je ne connaissais pas les éditions Densité et le concept Discogonie qui propose l'analyse de vinyles d'artistes célèbres. Ayant apprécié Marianne Faithfull et les chanteurs et musiciens des années 60/70 je me suis laissée tenter par cet ouvrage proposé dans la masse critique non fiction. Si dans l'introduction on nous présente cette artiste, ses œuvres, ses influences, sa vie dans une époque bien particulière, l'accent est mis ensuite sur cet album "Broken English" de 1979 qui signe le retour de Marianne Faithfull après des années d'errances et d'addictions diverses. C'est une œuvre plus personnelle, une résurrection, avec de nouveaux sons portés par la voix enrouée et souvent cassée de l'artiste. Je dirais que ce livre, un ouvrage de spécialiste, est destiné à des amateurs pointus, tout y est analysé, de la pochette du microsillon, aux thèmes de l'album, en passant par chaque chanson des deux faces. J'ai aimé le graphisme épuré de ce petit format. Merci à Babelio et aux éditeurs pour cette découverte.
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Icône H. : Hélène de Troie

Mythologie et mythomanie, filiation divine et guerre des gangs, beauté suprême et empire des sens : une formidable réécriture contemporaine de l’Iliade autour de la figure icônique de H., au langage violent et savoureux.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/08/29/note-de-lecture-icone-h-helene-de-troie-veronique-bergen/



La guerre de Troie a-t-elle eu lieu ailleurs que dans la mythologie ? On ne le saura pas. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que la fille chérie et adultérine d’un roi de la pègre bruxelloise, séductrice invétérée prête à tout ou presque pour aller au bout de ses désirs, soudains ou mûris, se pique de mythologie grecque et d’histoire homérique à la limite allègrement franchie de la névrose obsessionnelle, et que cela n’est pas sans conséquences sur son entourage au sens large. Renommant gaillardement toutes ses connaissances et ses rencontres avec leurs noms appropriés tirés de « L’Iliade », elle ne peut que constater que se bâtit autour d’elle à vive allure, sans qu’elle ait besoin de beaucoup influencer le destin, un scénario analogique en tout point digne de celui du barde aveugle père putatif de la littérature. En pleine guerre des gangs désormais, entre Paris et Bruxelles, des histoires intimes longtemps gardées sous le boisseau doivent se conclure – et la plupart des membres de cette famille seront appelés à la barre du récit pour en dévoiler les tenants et aboutissants les moins connus -, pour le meilleur et pour le pire, si tant est que le désir tous azimuts de H., l’icône féminine absolue, puisse être assouvi ou muselé.



En mobilisant une fine connaissance encyclopédique non seulement de « L’Iliade » et de « L’Odyssée » (et naturellement de « L’Énéide ») mais aussi des textes gravitant historiquement autour d’elle (on songera à la « Bibliothèque » d’Apollodore et à ses listes de prétendants liés par le serment à Tyndare, notamment), Véronique Bergen, avec ce « Icône H. » publié en avril 2021 aux éditions OnLit, poursuit discrètement – mais avec ici la flamboyance des grands péplums (et des moins grands officiellement, le « Caligula » de Tinto Brass étant par exemple une référence explicite et logique) comme celle des sagas mafieuses de haut vol et de sordide avéré – son exploration des modalités sociales et politiques de contrôle de la féminité et de son potentiel déviant, dont certaines facettes attendues ou moins attendues se trouvaient par exemple aux centres de gravité secrets de « Marilyn naissance année zéro » (2014) comme de « Janis Joplin – Voix noire sur fond blanc » (2016) ou du « Corps glorieux de la top-modèle » (2013). Évoluant avec détermination entre film d’action et soap opera, entre érotisme et pornographie lorsque nécessaire, entre étude de mœurs et exploration psychédélique aux substances variées, voici que surgissent au moment ad hoc une brutale poésie du corps surexposé (on songera peut-être alors aussi au Patrick Bouvet de « Canons » ou de « Pulsion lumière ») et une subtile mise en abîme par la lancinance (le Ludovic Bernhardt de « Work Bitch » n’est pas si loin), ou une incision psychanalytique menée volontiers au 9 mm ou à ses équivalents tranchants (avec une attention particulière portée au rapport mère-fille, qui nous rappellera logiquement l’extraordinaire « Jamais » de 2017) : dans tous les cas, ce qui est central ici, c’est bien l’aventure de la création du langage spécifique et approprié à ce formidable télescopage de mythologie et de pop culture. Allant beaucoup plus loin et beaucoup plus radicalement que la première vague des mixeurs du mythe et du contemporain (les maîtres précoces de l’anachronisme judicieux que furent le Jean Cocteau de « La machine infernale » en 1932, le Jean Giraudoux de « La guerre de Troie n’aura pas lieu », justement, en 1935, et le Jean Anouilh d’« Antigone » en 1944, par exemple), Véronique Bergen nous offre une langue qui sait jouer aussi savoureusement que violemment des ruptures de tonalité et des coups de lame permis par les frottements de l’anachronisme et de l’analogie, de l’histoire familiale et de la névrose, de l’imagination débridée et du jeu fatal des correspondances. Et c’est ainsi que le désir féminin, sa satisfaction quoi qu’il en coûte et sa maîtrise autant que faire se peut, sous condition historique de convoitise masculine, peuvent sans doute constituer un gigantesque point aveugle, au sens de Javier Cercas, de toute mythologie digne de ce nom, actualisée ou non.




Lien : https://charybde2.wordpress...
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Kaspar Hauser

Un très bon roman psychologique. L'auteur retrace d'une manière fictionnelle, poétique et historique le comportement mental de Kaspar Hauser et des personnes l'entourant.

Un roman adressait à un public averti. Les lecteurs en quête de roman psychologique mêlant fiction et historique trouveront leur bonheur dans ce livre récompensé plusieurs fois.



Vous pouvez retrouver ma chronique complète sur mon blog (lien ci-dessous)
Lien : https://lemondeenchantedeses..
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Tous doivent être sauvés ou aucun

[ Mon chien est athée: il ne croit plus en moi - François Cavanna ]



Falco, chien errant abandonné lâchement par sa maîtresse convoque ses congénères les plus célèbres pour dresser le portrait et le procès de l’Homme.



On croise Laïka, première chienne à aller dans l’espace; Loukanikos, le chien star de la révolte grecque contre l’austérité de 2008 à 2012; Blondi, la chienne d’Adolf Hitler qui partage avec lui ses derniers jours dans le bunker; Mops (et Thisbé) les carlins de Marie-Antoinette...



Jugement sans concession de nos folies, de nos irrespects, de nos erreurs.

Nos amis canidés dénoncent à tout va: l’assaut des banques, la terreur financière d’une Union Européenne qui ogresse, l’homme qui devient le fossoyeur de la planète.



« Tous doivent être sauvés ou aucun » est un pamphlet qui sous des allures de fable déjantée raille et interroge notre avenir.

Une satire politique et écologique à fort pouvoir de réflexion. On continue comme ça jusqu’à quand ??
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Kaspar Hauser

Polyphonie autour d’une énigme pourrait être un titre de ce roman.



Plusieurs voix s’expriment, tressant faits et fiction nous emmenant dans une ronde de mots où, parfois, le signifié se coupe du signifiant parce que, celui qui s’exprime, a subi violence et infamie, a été plongé dans la négation, rejeté par les hommes.



La parole de Kaspar est celle que je préfère : onirique, poétique, elle est singulière et explore les sensations, les perceptions, les représentations de celui qui, lorsqu’il fut éjecté de sa geôle, fut brutalement confronté à la société. Une libération vécue comme un traumatisme.



Chaque voix est particulière, rendant témoignage d’une personnalité et de sa manière unique d’être au monde, de son rôle autour de Kaspar Hauser.



Nous sont aussi livrées les pensées de Stéphanie de Beauharnais, la mère ; de la comtesse de Hochberg qui ourdit le complot, du narrateur, du geôlier, de Feuerbach, de l’assassin et d’un cheval.



Faire parler un cheval n’est pas chose courante, son témoignage vient en écho de ce que Kaspar dit de son cheval, et ce chapitre nous donne à comprendre les liens précieux qui ont unis Kaspar à son cheval.



Quand un chapitre aborde le personnage de la mère, le propos est triste, anxieux et exalté tout à la fois. On tremble pour elle, avec elle de ce destin si funeste.



La comtesse de Hochberg est glaçante, machiavélique, elle souhaite le trône de Bade pour sa descendance, sa lignée et se persuade que c’est pour le bien commun, l’intérêt du pays ; dès lors tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.



L’écriture de Véronique Bergen est raffinée, lyrique, elle emploie un vocabulaire quelque peu suranné, sans doute pour coller à la stylistique de l’époque des faits qu’elle décrit.



J’ai pris plus de plaisir à la lecture de Kaspar, du cheval qu’à celle des autres personnages, sans doute parce que ce sont les pages les plus poétiques. J'éprouvais une grande tendresse pour le personnage de Kaspar.



J’ai parfois du me faire violence pour ne pas sauter certaines pages des récits de la comtesse de Hochberg, de la mère lesquels me rebutaient, me pesaient.



Voilà le bilan d'une lecture exigeante, réservée aux lecteurs qui n'ont pas peur des mots arides.

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