Exposition Rembrandt au Rijksmuseum
Ma cellule
Une pièce aux murs nus et dont l'aspect vous glace
Un lit, une paillasse ou l'on dort par besoin
Comme distraction, des punaises en masse
Un lavabo au mur, les W.C. dans un coin
Quatre mètres sur deux et des murs de Bastille
Les meubles y sont fixes et le linge grossier.
La croisée haut placée est close d'une grille
Une nuée de gardiens rôde dans l'escalier.
Ou donc est le printemps, l'air, la verdure
Liberté que l'on aime que quand on ne l'a plus
Il me faut aujourd'hui reposer sur la dure
Je regrette fort tous mes beaux jours perdus.
Je suis jeune en entrant, sortirai-je de même
M'en irai-je gracié, condamné ou mort
Après avoir gâché le bel âge ou l'on aime
Sortirai-je d'ici comme un vieillard en sort.
[poème écrit par un détenu de la Petite Roquette, 1910 - p38]
L'Assistance publique de Paris recueille entre trois et quatre mille enfants par an au cours du XIXè siècle. L'abandon, effectué dans 90% des cas par la mère, peut se réaliser soit à bureau ouvert, soit dans un tour, cylindre qui tourne sur lui-même: le nourrisson est déposé à l'extérieur de l'établissement dans la niche du tour, puis celui-ci pivote et l'enfant est récupéré par un employé de l'Assistance. Ce système garantit aux jeunes mères anonymat et secret.(...) Si vers 1815 plus de deux cents tours sont présents sur le territoire, il n'en existe plus qu'une dizaine à la fin du siècle, le bureau ouvert permettant également l'anonymat mais des conditions d'abandon plus humaines.
Chercher à voir ce qu'il y a de bon dans les enfants qui vous sont confiés. [...] Si vous n'avez d'yeux que pour les défauts, les travers, les imperfections et les fautes, vous risquez de décourager très vite les enfants. Vous leur donnez en second lieu l'impression qu'elles seront aussi bien méprisées dans cette maison que dehors. [...] En ne faisant que détruire et abattre, on ne fait rien pousser.
[Euphrasie Pelletier - p 58]
Écrire l'histoire de la justice des enfants, c'est donc renoncer à raconter une histoire linéaire, évolutive et progressiste. L'histoire de la justice des mineurs est faite de volontés contraires, contrariées, de prises de conscience successives parfois contradictoires. Elle oscille souvent entre coercition et protection, prévention, répression et éducation, au gré de politiques et de considérations variées.
[p10]
Une situation paradoxale d'autant plus renforcée par la réticence des institutions judiciaires à reconnaître aux jeunes filles le droit à la protestation : toute forme de rébellion, nous y reviendrons bientôt, tend à être expliquée sur un plan pathologique et non social ou politique.
En ces années de populisme aveugle, conforté par l'hémorragie humaine de la Grande Guerre, toute "propagande" sur la contraception est frappée d'interdiction. (...)
Dans les institutions de rééducation, le tabou sexuel fait loi. Tout signe de féminité, de coquetterie, tout mouvement libre des corps suscite l'opprobre. Ces gestes deviennent alors des formes de résistances implicites: le corps comme enjeu de pouvoir et de subversion.
Les garçons seraient éduqués dans la valorisation de la virilité, de la force et, dans une certaine mesure, poussés à des attitudes plus agressives et violentes que leurs comparses. Les petites filles, elles, seraient amenées à reproduire les qualités de douceur et de compréhension liées au rôle maternel qui leur est assigné.
Exemple qui démontre à quel point la société des années 1950 a encore une forte tendance à l'infantilisation des femmes... Il existe trois principales raisons de demander une correction paternelle à l'endroit des jeunes filles.
Lorsque le comportement général des jeunes filles n'apparaît pas adapté à leur sexe, le délit est relégué à l'arrière-plan, personnalité, attitude et milieu social et familial devenant les éléments centraux de la procédure.
Nous devons prendre bien garde dans ces contacts à ne pas tirer, à la faveur des apparences extérieures, de conclusions prematurées. Nous devons être un peu dans la position du doute de Descartes: faire le vide dans notre esprit, et éliminer tout ce qui dans nos opinions personnelles, ou notre expérience passées, pourrait nous laisser croire que la situation présente est en tous points comparable à un cas traité précédemment [...1 Il est bien évident que 1'assistante n'a pas à porter de jugement sur le plan moral, mais seulement poser des faits et à en rechercher les causes.