Je vais commencer cette chronique en remerciant chaleureusement Babelio de m’avoir fait confiance pour la première fois à l’occasion des dernières opérations Masse Critique.
D'un Rouge Incomparable est un roman historique qui se passe sous la Révolution française, à Montpellier, ville que je ne connais pas du tout. Il suit plusieurs personnages, et en particulier Elisabeth Coste, drapière dont la famille a le secret pour donne une teinte d’un rouge écarlate aux tissus ; et Joseph Durand, issu d’une famille ouvrière mais devenu juge de paix. Au début du roman, Elisabeth adopte une petite fille abandonnée et revoit pour la première fois Joseph, qui avait quitté Montpellier il y a plus de vingt ans avant d’y revenir. Ils s’aimaient étant enfants, mais que vont-ils devenir à présent que la vie les a séparés et que la Révolution gronde ?
C’est le premier roman de cette auteure, et l’idée lui en est venue en lisant des archives du département de l’Hérault qui racontaient un procès pour avoir fait cuire des galettes. C’est très intéressant d’avoir fait un roman qui se situe à cette période de l’histoire et pas à Paris ou dans d’autres lieux où les choses ont beaucoup dégénéré. Je connais assez mal cette période en plus, et le fait que le roman s’étale sur plusieurs mois permet bien de voir l’évolution de la Révolution (enfin, je connais bien les régimes qui se sont succédé, ça fait partie des cours de droit constitutionnel de première année…). On commence sous la monarchie constitutionnelle puis on apprend la mort du roi, de la reine, et l’avènement de la Convention et des comités, jusqu’à la Terreur. On voit ce que la Révolution a changé - ou pas - pour les gens, on apprend des choses sur la manière de faire des teintures, de pétrir et de cuire le pain, sur ce que portaient les gens... Tout l’aspect historique du roman était donc intéressant et plutôt bien fait. Je ne m’y connais pas assez, mais je ne pense pas que beaucoup d’erreurs se soient glissées de ce point de vue là.
Sur l’intrigue en elle-même, il faut que je précise qu’alors que j’en étais aux deux tiers de ma lecture environ, je suis tombée sans le faire exprès sur une chronique qui spoilait la fin… Ce n’est pas idéal. L’histoire croise plusieurs intrigues, et comme toujours je me suis davantage plu à suivre le destin de certains personnages. J’ai trouvé les sœurs Ferrard assez intéressantes et je voulais aussi savoir ce qu’il adviendrait de la petite Marianne. Benezech aussi est un personnage que j’ai pris plaisir à suivre, mais on le voit peu. La « romance » (je mets entre guillemets parce qu’il ne faut pas vous attendre à ne trouver que ça dans le roman) entre Elisabeth et Joseph m’a laissée assez froide, je n’ai pas été touchée, mais c’est sans doute à cause de quelque chose que je vais vous expliquer ensuite. Les thèmes abordés permettent de se faire une bonne idée de ce qu’était la vie à cette époque et sont très variés : la question des prêtres qui refusaient de prêter serment à la Constitution, le renversement de l’aristocratie, l’opportunisme, la disette, la place des femmes dans la société…
La construction du récit est un peu particulière. La narration est chronologique mais de nombreux retours en arrière sont effectués dans les souvenirs tantôt d’Elisabeth, tantôt de Joseph. Je comprends bien pourquoi l’auteure a utilisé ce procédé, cela nous permet d’apprendre chaque fois plus de détails sur leur relation et des secrets du passé, mais je dois dire que j’ai trouvé que c’était mal fait. En tout cas, je m’en suis rapidement lassée.
Dans la même veine, j’en viens à parler du style. J’ai vraiment eu un problème avec ça. Quand j’ai lu le premier chapitre, je me suis vraiment demandé si j’allais réussir à aller au bout, il était vraiment mal écrit. C’était un peu moins marquant ensuite, et donc je déplore le fait que cet incipit n’ait pas été mieux travaillé, car c’est très important pour le lecteur, on se forme aussitôt une idée du bouquin, et la mienne a clairement été défavorable. Le style est tantôt lourd, tantôt simpliste, des phases sont mal construites (règles de syntaxe), il y a pas mal de fautes aussi, d’orthographe et de conjugaison. Les dialogues sont particulièrement mal écrits. La distinction entre ce que dit le personnage et les indications que donne l’auteure sur le dialogue est mal faite, ce qui est gênant à la lecture. Ils sonnent faux la plupart du temps et enlèvent beaucoup de crédibilité à l’histoire. L’utilisation des italiques semble aussi très aléatoire… Tout un tas de choses comme ça qui font que j’ai vraiment eu du mal à passer outre pour apprécier le roman.
Si j’ai trouvé le contexte historique et l’histoire racontée plutôt intéressants, la faiblesse de l’écriture m’a vraiment empêchée de penser que D’un Rouge Incomparable est un bon roman. Je ne serai pas contre l’idée de lire un prochain roman de Véronique Chouraqui, car tous les auteurs doivent bien commencer quelque part et écrire n’est pas facile, mais j’essaierai d’en lire quelques pages avant de me lancer pour voir si les aspects qui m’ont beaucoup dérangée ont été corrigés. Merci encore à Babelio pour cette découverte !
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