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EAN : 9782366520422
416 pages
TDO Éditions (10/02/2014)
3.86/5   29 notes
Résumé :
1791, Élisabeth Coste décide d’adopter une petite fille abandonnée. À cette occasion, elle retrouve Joseph Durand, revenu à Montpellier après plus de 25 ans d’absence et devenu juge de paix. Leurs retrouvailles les bouleversent. Séparés avant la Révolution par leur différence de statut social, ils le seront, cette fois, par les circonstances politiques.

Sœur d’un prêtre réfractaire déporté, Élisabeth Coste voit tous ses biens confisqués. Alors que le... >Voir plus
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3,86

sur 29 notes
Un épisode de la Terreur à Montpellier. Voilà qui est original et qui ne pouvait que me tenter, d'autant plus que l'éditeur, TDO, est de ma région d'adoption (y avoir vécu 30 ans, ça laisse des traces. N'allez pas croire pour autant que je vais être subjective). Je le remercie d'ailleurs, ainsi que Babelio, pour cette belle découverte.

Tout commence de façon plutôt banale à la fin du XVIIIe siècle : un jeune garçon se présente chez Élisabeth, tenant dans ses bras un petit être chétif et famélique. Il le lui abandonne et prend la poudre d'escampette. Si je dis que c'est banal, c'est parce que l'abandon d'enfants n'était pas rare à cette époque. La jeune drapière décide d'adopter la petite fille. Mais il faut cependant la déclarer. Elle envoie sa domestique, Catherine, s'en charger. Et lorsque le juge vient dans sa demeure afin de faire toutes les constatations nécessaires, Élisabeth n'en croit pas ses yeux : il s'agit de Joseph, qu'elle a connu tout jeune alors qu'il travaillait pour sa famille. Et là, vous vous dites, "ça y est, ils se revoient, tombent amoureux, se marient". Eh ! Ce serait beaucoup trop facile. Je vous ai dit au tout début qu'il s'agissait d'un roman relatant de cet épisode sombre de l'Histoire, la Terreur. J'en vois qui ne suivent pas !

Revenons donc à l'histoire : en ce temps-là, il ne fait pas bon d'être dans le mauvais camp. Malheureusement pour Élisabeth, elle ne se situe pas du côté des révolutionnaires, pas plus que son frère, prêtre réfractaire insermenté. Tous ses biens sont confisqués. Élisabeth, sa fille et son père se retrouvent à la rue. Les révolutionnaires sont d'autant plus à cran que les espagnols sont aux portes de Perpignan et que la famine sévit. Pourtant, la jeune drapière sera vue avec des galettes. Où s'est-elle procurée le nécessaire ? Il n'en faut pas plus pour qu'elle passe en jugement...

J'ai vraiment apprécié ce roman faisant intervenir une histoire dans L Histoire. Véronique Chouraqui, qui connaît bien le système judiciaire, s'intéresse ici à "l'affaire des galettes" qui avait eu lieu au printemps 1794 à Montpellier. Élisabeth Coste et tous ceux qui gravitent autour d'elle ont réellement existé. Comme il s'agit d'un roman historique, l'auteur imagine tout ce qui a pu se passer par rapport à cette affaire en se basant sur de longues recherches autour de ce procès. le style vif et alerte ainsi que la profondeur psychologique des personnages, rendent la lecture très agréable et je ne vous cache pas que je l'ai dévoré. Je ne connaissais pas du tout cet épisode de l'Histoire montpelliéraine et cela m'a permis d'en apprendre beaucoup.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Rouge comme la teinture qui fait la renommée des drapiers de Montpellier,
Rouge comme la honte de celle qui a bradé sa virginité,
Rouge comme le sang qui gicle sous la lame de la guillotine...
Rose comme l'eau du même nom qui inonde le récit.

Véronique Chouraqui s'est inspirée des archives de la ville pour construire ce roman historique se déroulant dans les premières années de la Révolution française. À 44 ans, Élisabeth Coste, issue d'une longue lignée de drapiers, voit sa vie soudain bouleversée. On abandonne un bébé devant sa boutique et le juge venu enregistrer sa déclaration n'est autre que son grand amour de jeunesse, Joseph Durand, ancien apprenti de la draperie, disparu depuis 25 ans… En cette période tourmentée, la famine menace. Pour nourrir la petite fille qu'elle a décidé d'adopter et aider son frère, prêtre réfractaire déporté, Élisabeth décide d'utiliser de la farine pour confectionner des galettes semblables aux biscuits consommés par les marins au long cours. Une initiative lourde de conséquences en ces temps de Terreur ou l'arbitraire le dispute à l'absurde.

"D'un rouge incomparable" est publié aux éditions TDO, éditeur régional que je remercie, ainsi que Babelio, pour cette opération spéciale de Masse Critique. Je croyais que ce roman de terroir me permettrait de "visiter" Montpellier ou de découvrir des spécificités culturelles ou naturelles de sa région au XVIIIe siècle. Or sur ce point j'ai été déçue car l'identification régionale se limite à la Draperie Rouge et aux fameuses galettes. Aux descriptions de monuments ou de paysages, l'auteur préfère les dialogues et la psychologie de ses personnages, à grand renfort de pensées signalées en italique, jusqu'à 5 ou 6 fois par page, telles que « Est-il possible que la transparence de tes yeux reste aussi opaque ? » ou « Ne jamais réveiller le passé. »

En dehors de cette agaçante manie, l'écriture est soignée, la reconstitution appliquée et l'auteur a certainement mis beaucoup d'elle-même dans le personnage d'Élisabeth. Son roman dénonce les dérives de certains révolutionnaires qui s'abritent derrière un idéal pour servir leurs intérêts personnels, aidés en cela par un système judiciaire défaillant. Il montre aussi combien l'Égalité proclamée n'était qu'un leurre, surtout pour les femmes ou les domestiques. Cependant je dois avouer que l'épisode choisi m'a peu intéressée ; le sombre procès des galettes qui occupe le dernier quart du livre m'a semblé interminable — j'espère qu'il parlera plus aux passionnés d'histoire locale. Les atermoiements de Joseph et d'Élisabeth et les naïves réminiscences de leur amour de jeunesse délayées sur 400 pages n'aident guère à la crédibilité de l'ensemble. Les intrigues sentimentales secondaires, comme les mésaventures de la servante Catherine et de sa soeur Flore avec le sinistre Azéma, sonnent finalement plus juste que la principale.

D'un rouge incomparable, peut-être... Mais d'un rose certain.
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L'action "D'un rouge incomparable" se déroule pendant la révolution française et plus précisément à Montpellier.

Elisabeth Coste habite Montpellier et elle est issue d'une longue lignée familiale de Drapier. L'héritage familial s'est étiolé à travers le temps, et la famille Coste ne possèdent plus qu'une boutique de tissus, draps.... qu'Elisabeth tient tant bien que mal. La révolution a supprimé les inégalités mais le pays est en faillite. L'assignat ne vaut pas grand chose (pour ne pas dire rien) et Elisabeth a en charge un père grabataire et une jeune domestique pleine de rêves et d'espoirs révolutionnaire.

Un jour, un jeune garçon laisse à Elisabeth un bébé, en disant qu'il repassera le prendre. Illusion. Ni l'enfant, ni la mère du bébé ne reviennent.
Alors, Elisabeth, jamais mariée, sans enfant, adopte la petite fille de quelques mois et lui donne le prénom de Marianne.
Mais cette adoption n'est pas sans soulever des questions. Elisabeth va voir le juge pour légaliser l'adoption.
Cette histoire serait banale si ce juge de paix ne lui rappelait pas une vieille histoire oubliée, un amour perdu qui refait surface : Joseph Durand.

Se déroule toute une histoire entre Joseph Durand et Elisabeth Coste sur fond de Révolution Française. Un roman d'amour qui n'est pas trop ma tasse de thé.

Je reconnais par contre l'immense travail de recherche qu'a dû faire Véronique Chouraqui sur l'histoire de Montpellier au temps de la révolution. Même si j'ai eu du mal à lire le livre au début, j'ai littéralement dévoré la partie où tous les personnages sont confrontés "à la patrie en danger" et le procès qui s'en suis. Procès "d'exemple" qui démontre qu'il fallait donner au peuple du sang. Référence au "Panem et Circences" du temps de Rome.

A un moment, je me suis mis à comparer le livre aux films : Chouans et Mariée de l'An II. Similitude non dissimulé de sens.

En résumé, un roman agréable à lire.
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D'un rouge incomparable est un roman historique, tel que Walter Scott savait les construire, sachant y faire passer le souffle du romantisme. La dimension historique transforme l'intrigue principale en lui donnant une épaisseur qui gonfle la dimension des sentiments qui animent les personnages.

Alors que les romans historiques se déroulant en province au moment de la Révolution française prennent régulièrement pour cadre les régions de l'Ouest (avec les Chouans au nord de la Loire et les Vendéens au sud), on est heureux de pouvoir découvrir avec "D'un rouge incomparable" un Languedoc, que les historiens savent avoir été très agité durant toute la période allant de 1792 à 1815 par des conflits entre partisans de diverses formes de régime politique. Toutefois, dans une ville comme Nîmes, les oppositions se manifestèrent de façon bien plus violente qu'à Montpellier où est située l'action du livre "D'un rouge incomparable". de courtes notes, comme à la page 58 sur le camp de Jalès en Ardèche actif rassemblement de contre-révolutionnaires, répondent à un désir de meilleure compréhension de la situation dans la région et incitent parfois à en savoir plus par la lecture de textes autour des faits auxquels il est fait allusion.

L'action démarre au début novembre 1791 et la lutte contre les prêtres réfractaires sert d'amorce au récit. L'héroïne est la soeur d'un curé qui a refusé de jurer sur la Constitution civile du clergé et elle va être amenée à retrouver Joseph un ami d'enfance, devenu un révolutionnaire. Recueillant une enfant abandonnée de surcroît, Élisabeth Coste a la lourde responsabilité de devoir nourrir plusieurs personnes.

Si la Révolution donne aux femmes le droit de monter à l'échafaud, elle ne leur accorde pas pour autant le droit de vote, pour reprendre un mot d'Olympes de Gouges, dont une biographie écrite par Olivier Blanc vient d'être rééditée début 2014. Voilà notre héroïne en grand danger de passer pour quelqu'un qui a stocké de la farine afin de s'enrichir en la revendant (sous une forme brute ou travaillée) au prix fort, bref d'appartenir au groupe des "accapareurs". À l'extrême fin du XIXe siècle le chanoine Saurel avait consacré un livre entier au sujet et il l'avait intitulé "Un sanglant Episode sous la terreur à Montpellier, l'affaire dite des Galettes". Élisabeth Coste va trouver sa place dans cette Affaire dite des galettes qui est jugée au théâtre (à défaut de pain, on offre aux habitants de Montpellier un spectacle) dans le printemps 1794 ; les historiens nous apprennent qu'elle s'est traduite par quatre acquittements, quatre emprisonnements et quatre exécutions. Dans lequel de ces trois groupes, la romancière a-t-elle choisi de mettre Élisabeth Coste ?

La chronique de cet ouvrage s'inscrit dans le cadre de l'opération "Masse Critique" de Babelio.
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Six heures du soir,19 germinal, an II. Une jeune femme, Elisabeth Coste, est décapitée, ainsi que trois autres accusés, à Montpellier, sur la place du Peyrou, devenue place de la Révolution. Leur crime? Avoir fait cuire des galettes, pourtant plus économiques et nourrissantes que le pain, qui manque cruellement.
Ce roman de Véronique Chouraqui "D'un rouge incomparable" doit son titre au rouge écarlate dont seuls les teinturiers de la rue de la Draperie Rouge de Montpellier avaient le secret, couleur obtenue par la graine de cochenille, petit fruit poussant sur les chênes kermès, dans la garrigue. Mais ce rouge n'est-il pas, aussi, celui du sang que fait couler la guillotine, d'abord à Paris, puis en province?
Un récit riche, et propre à satisfaire un très large public.
Il plaira à ceux qui aiment les tendres et courageuses figures féminines, à ceux qui cherchent de belles histoires d'amour, car, au fil des pages, s'entrecroisent et se déroulent non seulement l'aventure d'Elisabeth et de Joseph, dont l'amour n'a pu se réaliser à cause des barrières sociales, mais aussi celle de la petite Flore, victime du cynique Azéma, celle de Catherine, la jeune servante, ardente, avide de s'instruire et de voir évoluer la condition des femmes, et bien d'autres...
Il plaira à ceux qui cherchent action, suspense et rebondissements: l'époque y est, hélas, propice.
Il plaira à ceux qui s'intéressent à l'histoire locale. Comme les événements s'étendent sur plusieurs années, on se trouve d'abord dans un Montpellier relativement calme, qui n'a même pas les outils permettant de faire fonctionner la guillotine. Puis, la répression se fait de plus en plus féroce, les prêtres réfractaires sont déportés ou doivent s'enfuir, leurs familles sont inquiétées. On apprend l'écrasement sanglant du camp contre-révolutionnaire de Jalès, en Ardèche. Bientôt les Espagnols sont aux portes de la ville, Montpellier est en état de détresse et de famine, le Jardin des Plantes est saccagé, les manuscrits, livres et gravures de la bibliothèque brûlés, le théâtre devient la sinistre scène de parodies de jugements, dont l'issue sanglante est déjà décidée. En arrière- fond, on entend le bruit et la fureur de la capitale, on apprend la mort sur l'échafaud d'Olympe de Gouges, les exécutions, les règlements de compte sous couvert de patriotisme.
Et c'est là le plus grand intérêt de l'ouvrage, le terrible tableau de ces années noires, où employer par hasard le mot "royaume" est de la provocation, où des ascensions spectaculaires se font au prix des pires infamies, où les dénonciations sont quotidiennes, où les juges ne sont que des pantins sinistres soumis au pouvoir, tandis que ceux qui, comme Joseph Durand, croyaient à la Révolution voient leurs idéaux bafoués.
Le style de Véronique Chouraqui est aisé, le ton varié, la documentation - il s'agit d'un fait réel - extrêmement solide. On regrette néanmoins que l'instruction de l'affaire des galettes et le procès, malgré l'intérêt qu'ils présentent, traînent un peu en longueur...Mais on ne peut que féliciter les Editions TDO et l'auteur pour cet ouvrage riche, prenant et accessible à tous les lecteurs, et je ne peux que remercier Babelio et Masse Critique pour m'avoir permis de le connaître.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Lorsqu'elle passa près de lui, l'essence de son parfum ne laissa aucun doute à Joseph : la forteresse qu'il avait mis tant d'années à édifier venait de se fissurer. Les souvenirs s'infiltraient déjà dans les moindres failles, dans les plus petits interstices. Pour s'en sortir, il devait colmater les brèches. Le flot du passé allait grossir très vite, et il ne parviendrait à l'arrêter que s'il l'endiguait immédiatement. Il y avait urgence. D'une voix autoritaire, il coupa Élisabeth dans son élan :
- Pour le moment, c'est moi qui décide et je vous dis que l'enfant va être examiné, et qu'il ne sortira pas d'ici. Si quelqu'un trouve quelque chose à redire, je fais appeler la garde nationale qui le conduira dans les prisons et emmènera le nouveau-né à l'hôpital de charité.
Le greffier fut surpris de cet accès soudain d'autorité mais il savait que parfois, pour abréger les discussions, le juge se montrait intransigeant et qu'avec les justiciables, sa patience atteignait vite ses limites. Personne ne broncha. Durand s'était déjà ressaisi.
Elle était près de lui. Un pas ou deux peut-être, et il pourrait la toucher. Mais cela n'avait aucune importance puisqu'il avait tout oublié. Elle était une simple femme qui avait trouvé un enfant. Elle n'était pas la première, elle ne serait pas la dernière...
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Les teinturiers se servaient de l'urine décomposée pour préparer les étoffes avant de les mettre en couleurs. Elle aidait à fermenter et échauffer le pastel et on l'employait aussi dans les cuves de bleu à la place de la chaux.
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Joseph continua :
— Explique à ta maman que les blessures les plus profondes ne sont pas forcément les plus visibles.
Il leva la tête vers Élisabeth, planta ses yeux dans les siens comme on plante un poignard et ajouta :
— La douleur peut se réveiller bien des années plus tard, quand on ne l'attend plus et alors elle brûle comme au premier jour, même si à l'extérieur la cicatrice a disparu.
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L'Histoire retiendra sans doute que des juges courageux, pour montrer leur patriotisme, avaient pris comme seul et unique initiative, le risque énorme de changer leur prénom et de transformer un tribunal en jardin potager
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Fait à Montpellier, le 19 germinal an deuxième de la fondation de la République impérissable en séance publique ; Présents : Salsifis Gas, Président ; Betterave Devic , Tournesol Escudier, Raisin Peytal, Junius Jeanjean Greffier.
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