Citations de Véronique Olmi (1467)
Nos corps avaient des odeurs fortes, les rues, les chemins de campagne étaient chargés de senteurs, des plus sucrées aux plus âcres, des odeurs de mimosa et d’oignons cuits, de thym et de poisson mort, une façon d’accepter que la vie soit mélangée et brasse le meilleur avec le pire
Sur notre monde planaient en permanence l’ignorance et l’envie de l’amour.
L’amour était toujours un peu sale. C’était un mystère qu’on aurait voulu plus grand, mais qui semblait rétrécir dès qu’il s’éclaircissait, il devenait commun, un peu gris, on était déçu à l’avance mais poussé tout de même à y aller, en espérant découvrir quelque chose que les autres ignoraient.
La rue est à tout le monde !
Elle n’avait jamais pensé que la gentillesse le pourrirait comme un fruit âcre. Que la grande musique le ferait rêvasser, parce qu’elle ne disait jamais « rêvasser ». Elle disait « rêver ».
J’ai regardé les hommes autour de moi, ils avaient l’âge de ceux qui ont depuis longtemps perdu le souci de soi, on aurait dit que leur corps glissait le long d’eux-mêmes, s’attardant en paquets sur le ventre, le cul, les jambes arquées, ils ressemblaient à ces gâteaux mal cuits qui s’effondrent, ils s’en fichaient.
La femme pense aussi avec son ventre ! Elle donne la vie et nous faisons la guerre !
Pas un ne possédait le noir des yeux de Patrick qui passaient au dedans d'elle pour la lire toute entière, connaître son passé sans qu'elle l'évoque, comprendre ses fatigues, ses espérances sans qu'elle en parle. Seul Patrick savait, sans explication, sans présentation, savait à la façon qu'elle avait de se tenir, de lui sourire, de se réfugier contre lui, ou de lui parler le visage un peu renversé en arrière, comment elle allait, ce dont elle avait besoin.
Ce sera le nom de notre histoire, le titre de notre roman. "Premier amour". C'est chic. Ca transporte. Ca fait envie, c'est excitant, la sensualité incomparable du mot : Premier amour ! "My first love", c'est beau aussi, "Il primo amore", ça voyage bien, ça va se vendre dans tous les pays.
On ne peut pas déchirer ce qui se soude mystérieusement, ce qui s'allie en dépit du bon sens, les subjugués les éblouis n'ont que faire des jalousies, les amoureux n'y comprennent rien eux-mêmes : se prendre toujours et demeurer inassouvis, être loin de l'autre mais le porter en soi, lui parler dans l'absence et se savoir à jamais unis.
Elle. Oui, elle, était déjà quelqu'un d'autre. Elle était celle qui commençait à comprendre. Qui osait à peine, mais qui y allait pourtant, et découvrait le poids nouveau des mensonges, cet amour vécu seule, sa passion en solitaire, tant de souvenirs, d'éclats, de croyances de bonheur, transformés en plâtre au fond du ventre.
Est ce que? Est ce que les passants avaient vu ce qu'elle n'avait pas vu? Cet amour n'existait pas? Elle-même n'était rien? Est ce que cela durait depuis longtemps? Depuis combien de temps cela durait-il?