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3.47/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Vincent Ollivier est un écrivain français.

Après "Toscane", son premier roman, il publie, en 2020, "Fraternels".



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Les cyprès flottaient dans le vent toscan, au même rythme que les parasols de la piscine. La brise apportait les senteurs du bois en contrebas, les bruits des écuries, de temps à autre un hennissement. Parfois montaient aussi quelques exclamations, lancées de ce ton de voix si particulier, rogue et doux, celui que l’on emprunte pour s’adresser aux chevaux. Tout était calme. Les enfants, qui regardaient un film dans la petite maison depuis le début de l’après-midi, ne troublaient plus cette sérénité de leurs cris. La première détonation pulvérisa le silence avec la netteté d’un marteau fracassant un vase.La seconde nous leva brutalement de nos transats. Elle nous fit tourner la tête, d’abord en direction du bruit,puis des autres. Chacun cherchait dans le regard de son voisin un apaisement, une explication, mais n’y trouvait,comme dans le sien, qu’incompréhension et inquiétude.Le troisième coup de feu nous fit tous détaler vers les cyprès qui bordaient la piscine. Dissimulés derrière leurs troncs, pas si épais, il nous fallut de longs instants pour qu’une fois le silence revenu notre courage fasse de même.
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Sur cette terre, fils, il ne suffit pas d’exceller dans une activité rémunératrice, il faut aussi que d’autres l’aient fait bien avant toi, que tu puisses montrer ton sang de riche sans rougir de sa nouveauté. Le monde n’aime la fortune que patinée par le temps. On voit toujours mieux depuis les hautes branches, et on ne les trouve que sur les arbres les plus vieux. C’est ainsi qu’il avait séduit Maman, sa mère, et Mamane, celle de Karim, par cette utilisation parfaitement égoïste des vieilles servitudes à son seul profit, par l’usage sans scrupule des avantages que sa naissance et sa richesse lui donnaient. Cela lui avait valu bien des haines, mais il se moquait d’être haï si cela signifiait qu’il était considéré. Tant de gens n’existent jamais pour personne, disait-il. S’il faut, pour occuper une place visible en ce monde, endurer la détestation de mes semblables, j’y suis prêt.
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Même s’il se gardait bien de jugements trop tranchés, ne sachant pas exactement à qui il avait affaire, on devinait au détour de ses propos qu’il n’appréciait ni les musulmans, ni les juifs, ni les Gitans, ni les homosexuels, ni les féministes, et qu’il méprisait autant l’Europe que le gouvernement bulgare. D’une manière générale, peu de choses trouvaient grâce à ses yeux, même si lorsque l’on en venait à la religion catholique orthodoxe, on sentait que ses préventions s’estompaient un peu.
Il leur expliqua d’ailleurs que le village dont il était originaire avait, lors de l’occupation ottomane, été l’un des seuls à pouvoir conserver leurs coutumes et leur religion. Ainsi, alors que tout le pays était musulman et que nul ne pouvait faire construire d’église dont la hauteur aurait dépassé celle d’un Turc à cheval, son village avait fait bâtir une cathédrale.
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Monter à cheval, cela avait été le grand plaisir de Karim quand il était enfant. Jamais il n’était plus rayonnant que sur le dos d’un cheval. C’était le temps où le soleil brillait sur un futur qui ne paraissait incertain à personne, l’époque où leur père vivait encore. C’est sa mort qui nous a foutus dedans, pensa-t-il pour la énième fois. Avant, ils avaient la belle vie. Prince héritier d’un royaume richissime, il imposait sa position et ses choix. Sa fortune, sa naissance, son rang le lui permettaient. Il avait obligé sa famille à accueillir Maman et, quand elle était morte, il avait fait de même pour Mamane. Ses deux femmes étaient chrétiennes mais il n’en avait jamais eu cure. Il se savait protégé, parce qu’il était brillant, parce qu’il était riche, et aussi, et surtout, parce qu’il était bien né. Il le disait d’ailleurs souvent.
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C’était un peu une allégorie de sa vie de juge, pensa Augustin. Elle prend quelque chose de vivant, d’humide, quelque chose qui tient en place, dont l’on peut sentir la présence, et par ses gestes, les textes et la machine judiciaire sur lesquels elle s’appuie, elle en fait de la poussière morte que tous les vents peuvent disperser. Elle est comme ces bureaucrates qui, sous tous les régimes autoritaires, envoient les gens à la mort en signant seulement des bouts de papier, n’ont pas l’impression de faire le mal, et rentrent le soir chez eux, la conscience tranquille, avec le sentiment du devoir accompli. Steiner était sans doute convaincue, ainsi que tous ceux de son espèce, qu’elle faisait le bien.
De dos, elle ressemblait à une petite vieille. Elle était voûtée, et chacun des pas qu’elle faisait semblait lui coûter.
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C’est une appréciable faculté de l’âme humaine que d’éloigner de la conscience les jours malheureux, jusqu’à faire comme s’ils n’avaient jamais existé il préférait ne pas se souvenir de cet homme à la lisière de la folie, continuellement ravagé par le souvenir de ce qu’il avait perdu, qui vidait des chargeurs entiers sur un mannequin.
Après les premières semaines, celles durant lesquelles il était resté terré dans un coin de la cuisine de la petite maison, sans oser sortir, torturé par la crainte que, même là, quelqu’un attende de le voir mettre le nez dehors pour lui faire payer les crimes de son frère, ces longues semaines où il n’avait rien fait d’autre que d’écouter en boucle l’émission de la juge et se repasser le film des dernières années, il avait un matin retrouvé une lueur d’espoir.
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Chaque fois, la conscience de ce qu’il avait perdu le ramenait au souvenir de ce qui s’était produit nourrissant sa haine et son envie de vengeance. Lorsque, certains jours, l’énergie lui manquait, qu’il se sentait faiblir dans sa résolution, il écoutait à nouveau cette émission, se rappelait le procès et serrait les dents en entendant la voix de la juge. Sa détermination revenait alors, pleine et entière, comme neuve.
Il frissonna soudain, de rage autant que de froid, et tourna la tête vers le mannequin suspendu au chêne centenaire qui se dressait au fond du jardin. Les impacts des centaines de balles lui avaient ôté sa forme originelle. Il pendait aujourd’hui misérablement, comme un cadavre becqueté par les corbeaux.
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Venir ici lui soulevait le cœur et il s’inquiétait de ce qui se produirait s’il introduisait Karim dans son monde. Au haras, il était sur son terrain et il avait peur qu’avec l’arrivée de son frère tel qu’il était devenu, le regard des autres ne change sur lui. Il ne voulait pas passer du statut d’homme blanc et éduqué à celui de membre d’une famille de pauvres Arabes incultes. Mais tout cela, il ne pouvait décemment pas le reconnaître et encore moins l’avouer à Karim. Alors, il fit ce que font tous ceux qui se sentent coupables : il s’énerva. Son frère le regardait, un sourire à peine esquissé sur les lèvres et Augustin se sentit percé à jour. Cela accrut son irritation.
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Comme toutes choses, cela n’avait eu qu’un temps et, une fois entré complètement dans l’adolescence, il n’était plus jamais venu marcher avec lui en forêt. Son frère avait changé et leur belle entente s’était délitée. Il sentait bien que le nouveau Karim, plein d’hormones, de désirs de son âge et de certitudes, n’était plus à sa place au milieu des bois. Il avait décidé d’attendre que le temps passe avant de tenter de renouer les fils de leur destin commun. Il aurait dû agir différemment mais il n’y avait aujourd’hui plus rien à faire. La vie ne repasse que rarement les plats. Après leur discussion dans sa chambre, les choses avaient semblé aller mieux.
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Tous ceux qui, lorsqu’il était en vie, se gardaient bien de nous livrer leur exacte opinion sur notre père et son mode de vie, s’étaient soudain sentis autorisés à nous la donner, et elle était rarement favorable. De princesse qatarie, Mamane était brutalement redevenue une petite Française sans intérêt et avait dû abandonner le somptueux appartement du Champ-de-Mars pour un trois-pièces miteux dans le 19e, où tant bien que mal elle s’était efforcée de survivre. Elle avait bien essayé de récupérer un peu de la fortune paternelle, mais les frais d’avocats l’avaient essorée pour des résultats proches du néant.
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