Croire, c’est bien. Comprendre, c’est mieux.
Toute âme est bonne à prendre pour l’enfer.
- Que désires-tu ? Je suis pressé. De l’or ? Des femmes ?
- Attends voir. Tu pourrais même détruire une ville, si je le voulais ?
- Petit humain… Évidemment ! D’un claquement de doigts !
- Et que faites-vous, génies, quand vous n’êtes pas enfermés ?
- On se déplace librement sur terre, et de temps à autres, on concède des vœux. C’est notre point faible.
- Si vous pouvez offrir la richesse à qui ne sait qu’en faire, ou raser une ville juste parce qu’un idiot vous l’a demandé, vous extrêmement dangereux.
Le poids de l’or est le plus grand ennemi de la liberté.
– Tu sais désormais qui est le « Grand Claust ». Intéressant, n’est-ce pas ?
– Que veux-tu que je te dise ? Que c’est un fainéant et un imposteur ? Ce ne serait ni le premier, ni le dernier…
- Si tu crois que nous ne sommes que de faibles femmes, tu te trompes. Jette ton arme.
- Je ne sais que trop bien de quoi sont capables certaines femmes.
- Monsieur, vous êtes un grand guerrier. L’impossible a l’air facile avec vous…
- J’avais un as dans la manche…
- On n’est jamais trop prudents. Car on ne peut garantir qu’un rebelle zélé ne fasse tout capoter.
Ici les mâles ne servent à rien. Nous sommes toutes des femelles, toutes filles de la même mère, notre reine adorée. Mais nous allons peut-être avoir besoin d’un mâle pour la prochaine génération, et tu pourrais être l’élu.
Le ciel, d’un bleu foncé intense, était limpide et serein. La lune illuminait la grande pleine glacée de tons bleutés, un vent glacial et doux léchait la neige, recouvrant la glace au rythme d’un murmure sifflant. Dans quelques heures, le soleil se lèverait. Nan-Tay était inquiète. Le Mercenaire aurait dû rentrer il y a plusieurs heures déjà au monastère, et il n’avait pas encore donné signe de vie. Un lampadaire éclairait la silhouette de la jeune guerrière. Elle se trouvait sur les remparts, tout en haut de la muraille circulaire qui encerclait le cratère mineur. Depuis les travaux de rénovation, on n'utilisait plus l’entrée du cratère majeur, celle qui passait sous la cascade. Nan-tay n’était pas de garde cette nuit-là, l’inquiétant retard du mercenaire l’avait poussée jusqu’aux remparts, ainsi elle avait fini par remplacer un des deux moines postés à cet effet. Comme tous les habitants du cratère en service, elle portait plastron et spalières. Suite aux dernières informations parvenues, la garde avait été renforcée. De là, elle pouvait clairement voir si quelqu’un approchait au loin. Nan-Tay scruta à nouveau l’horloge mécanique d’Arnoldo. Le mercenaire respectait toujours scrupuleusement le timing, avec une marge acceptable. Son retard ne présageait rien de bon. La nouvelle de la résurgence de Claust avait choqué toute la communauté du cratère. Depuis une semaine, on le savait dans la cité des mages. On savait donc qu’à l’instant où il récupèrerait un semblant de pouvoir, ils seraient son premier objectif. Dans le but de confirmer cette information, le mercenaire s’était rendu sur place. Il voyageait sous couverture, vêtu comme un simple habitant du pays des nuages permanents, sans armure, mais avec un plastron et des spalières, comme le voulaient les nouvelles règles en vigueur au cratère. Sous sa selle des plus communes, il avait bien caché le nouvel arc inventé par Arnoldo, une arme puissante, peu encombrante, discrète et démontable en trois pièces, ainsi que quelques flèches et charges explosives. Il montait un dragon marron, l’un des seuls du Monastère. Ces animaux à la robe foncée étaient les plus répandus dans la vallée. Bien que sensiblement plus lents que les blancs, on estima qu’il était plus idoine pour cette mission.