La colère d'Alix enfuie, le vide se creusa, vertigineux. Son âme sombra lentement telle une noyée dans les eaux profondes. Elle n'imaginait pas qu'il y eût un fond sur lequel prendre appui pour remonter à la surface. Elle tombait dans un abîme où se perdaient tout désir et toute volonté.
Chaque geste lui coûtait un effort, se laver ou se vêtir devenait une épreuve et toutes les décoctions de l'Enchanteur n'y changeaient rien. L'épée fatiguait son bras comme si elle maniait une enclume ; elle n'aurait pu vaincre un page en duel. Son esprit décrocha, ses yeux verts ne reflétaient plus qu'une immense lassitude. Elle songeait à tout abandonner.
Partout dans le monde, la jeunesse donne des cheveux blancs à la vieillesse. Walgrïn en aura plus tard.
D'apparence innocente, ces vêtements féminins entravaient le corps des filles et, selon Alix, les rendaient juste décoratives. Elle préférait de loin le gambison, les braies de l'Ordre, si pratiques pour courir, bondir se battre et chevaucher à la vitesse du vent.
Une erreur ne change pas la nature de quelqu'un : tu es né pour commander. Aussi loin que je m'en souvienne, nous t'avons toujours obéi. Sans que tu nous contraignes ou nous menaces, juste parce que nous te faisons confiance. Pour ma part, je n'ai qu'un chef et 'est toi.
A une époque où les hommes guerroyaient comme il respiraient, les périodes de paix demeuraient éphémères, entraînant un jeu d'alliance des plus ardus.
Seuls les fous et les imbéciles n'ont ni peur ni doute.