Citations de Virginie Salobir (26)
Quel que soit l'avenir, elle avait trouvé sa place dans la fraternité. Rien ne pouvait éteindre cette flamme qui palpitait en elle depuis toujours. Elle servirait Oswald de Hohen de toute son âme, et grâce à lui, elle deviendrait une grande chevalière de L'Ordre du Cygne.
Nous y voilà, pensa à son tour Oswald de Hohen.
Le visage grave de son écuyère ne reflétait aucune obstination puérile, juste le sens des responsabilités.
Longtemps il avait craint ce moment où il ne pourrait l'empêcher de se mettre en danger pour lui.
Le temps les guérirait tous. La jeunesse possédait un puissant instinct de vie, elle n'oubliait pas mais allait de l'avant, se croyant invincible et immortelle.
C'était sa chance dans ce monde sans pitié.
Seul dans les bois aux senteurs d'humus et d'écorce humide, courbé sur la chaude encolure de Méphisto, Oswald écoutait le martèlement des sabots sur les feuilles mortes et respirait le vent. Comme autrefois, il ferma les yeux. En plein ciel, il chevauchait un destrier aux ailes immenses.
Peut-être serait-il temps de redescendre sur Terre et de mesurer le chemin à parcourir avant de défendre les fortins de Perlemont ou de Hautbusard. Pour entendre les trompettes de la Renommée, commencez par écouter la voix de la raison.
Comme toujours lorsque Oswald de Hohen s'exprimait en chef, aucun de ses compagnons n'osa le défier. Il en était ainsi depuis l'enfance, où tous, déjà, suivaient ce garçon plein de bravoure dont les yeux ne cillaient jamais et dont la voix faisait obéir.
Longtemps, à la lueur des bougies, Oswald et Alix se livrèrent à une étrange chorégraphie au centre de la salle. Leurs ombres dansaient sur les murs, celle d'un géant et d'un farfadet. Ils étaient seuls au monde, plus rien n'existait, ni la guerre ni la peur, juste le plaisir de transmettre et d'apprendre.
Le même malaise s’insinua en chacun d’eux, indicible ; il ne suffisait pas d’être vivants sur cette plaine pour se sentir heureux, il fallait aussi ne pas avoir donné la mort…
Oswald s'approcha de son écuyère qui serrait sa Primelame contre sa poitrine.
- Elle te plaît ?
Le regard brillant d'Alix lui répondit mieux que des mots.
- On va l'essayer sur le champ clos ? proposa-t-il.
Elle accepta aussitôt, non sans le défier d'un air de malice.
- Prenez garde, Messire, la guêpe pique...
- Nocturne donnera une leçon à cette bestiole présomptueuse, répliqua-t-il le sourire aux lèvres.
Tu auras ta part de bonheur si tu sais la saisir. Les morts n'attendent pas des vivants qu'ils les pleurent, ils les espèrent heureux sur Terre.
Parfois, les mots n'avaient pas le poids d'un silence.
Rappelez-vous que tout, je dis bien tout, est une question de confiance, d'estime raisonnable de soi.
Lorsque les temps s'assombrissent, certains de nos principes ne valent pas davantage qu'une feuille morte emportée par le vent.
Parfois l'issue d'une guerre dépend de quelques âmes indomptables.
Les estocades reflétaient leur complicité ; envers et contre tout, elles les unissaient face aux malheurs.
Faut-il que les enfants paient la faute des pères ?
La nuit tombait, mais les flammes de lampes créaient un faible halo autour de Oswald de Hohen. Ce dernier se tenait debout, nuque fléchie, les mains sur la garde de son épée fichée dans le sol. Le menton sur le pommeau et les paupières closes, il paraissait retiré en lui-même.
A ses côtés, Alix sentait le lien invisible qui les unissait par-delà les malheurs, les incompréhensions et les querelles. C'était là une puissante raison de vivre.
Il est difficile de faire abstraction du passé quand il a des conséquences sur le présent et l'avenir.
Tes choix déterminent ce que tu es, pas ton sang.