Lyall Watson

Chaque jour nous apporte une nouvelle preuve de notre gêne et de notre perpétuelle incertitude quant aux relations existant entre la vie et la mort. D'un côté, nous faisons de notre mieux pour que les défunts reposent en paix, nous cherchons à simuler la vie en fardant leurs visages dans une tentative désespérée de rallumer une ultime étincelle de vie.

La vie sur Terre est comme la pruine sur une prune. Ces dernières années, une partie de cette délicate pellicule de moisissure s'est groupée et, grâce à un intense effort commun, est parvenue à lancer quelques spores minuscules à une altitude assez éloignée de la surface terrestre pour qu'elles ne retombent pas. Pour y arriver, il a fallu les propulser à la vitesse d'évasion de plus de 28 000 kilomètres à l'heure, ce qui est exploit de première grandeur, alors que, tout ce temps, la prune elle-même se déplaçait à une vitesse quatre fois supérieure.

Je me suis rendu compte qu'il y avait des limites à la méthode scientifique, et qu'il était impossible d'observer certains phénomènes sans qu'ils fussent transformés par le fait même de l'expérience. Car observer, c'est modifier ; décrire et comprendre, c'est aussi altérer radicalement. La physique atomique admet maintenant que lorsqu'une chose ne peut être mesurée, la question de savoir si elle existe ou non est dénuée de sens. (page 13)

Nous savons que le temps exerce un pouvoir considérable sur bon nombre de processus biologiques. au sein de cette symbiose complexe, il est possible qu'il y ait une place pour une influence réciproque.
Peut-être pouvons-nous obtenir, et obtenons-nous effectivement, une part de ce que nous demandons, et peut-être est-ce précisément ce que nous méritons.

Je n'éprouve aucune difficulté à m'accommoder d'états qui traduisent une modification de la conscience et qui sont provoqués par de nouelles drogues ou la redécouverte d'anciennes techniques. Je ne vois aucun problème inhérent au fait que la personnalité puisse être dissociée, voire détachée complètement de sa base corporelle. Je puis même concilier les phénomènes d'obsession, de possession, de lieux hantés et de poltergeists avec ce que l'on sait aujourd'hui des sciences de la vie.
Mais ce qui se passe dans la chirurgie psychique m'embarrasse quelque peu. Je ne vois pas comment expliquer une manifestation aussi parfaitement contrôlée sans émettre l'hypothèse qu'il existe une organisation ou un dessein derrière toute vie, qui se situe au-delà de la sélection naturelle, du hasard, de la causalité, et même de la survie complète d'une personnalité.
J'en conclus qu'il y a "quelque chose" dans le vide.
Appelez-le Dieu si vous voulez.
p. 273

La représentation figée que nous avons de la réalité et que nous portons comme un vêtement inusable (et qui nous procure le plus grand confort pendant un temps) est bien plus facile à supporter que la réalité elle-même et nous avons tendance à confondre les deux.
Nous prenons nos mythes et nos symboles pour la réalité.
(page 22)

D'après toutes les preuves qu'on a pu recueillir -et la chirurgie psychique n'en est qu'un exemple parmi d'autres, peut-être le plus accessible et le plus spectaculaire- on peut dire que les autres niveaux sont étroitement liés à la matière physique, et en même temps relativement indépendants d'elle.
Le guérisseur opère entièrement sur le second système. Il donne des soins en manipulant ce niveau avec la substance du niveau correspondant qui lui est propre, et probablement requiert-il l'assistance active mais inconsciente des patients grâce aux manifestations physiques qui accompagnent son traitement. Le fait que le guérisseur lui-même établisse un diagnostic précis et détaillé, exécute une opération délicate et crée une adroite diversion -le tout inconsciemment- nous conduit nécessairement à admettre qu'il est manipulé à son tour. Là réside le point critique.
P. 273

Je porte le lourd handicap de dix ans de formation scientifique, et cela m’oblige à trouver une voie qui puisse concilier l’investigation scientifique et la révélation mystique.
Je me suis rendu compte qu’il y avait des limites à la méthode scientifique, et qu’il était impossible d’observer certains phénomènes sans qu’ils fussent transformés par le fait même de l’expérience.
Car observer, c’est modifier ; décrire et comprendre, c’est aussi altérer radicalement.
La physique atomique admet maintenant que lorsqu’une chose ne peut être mesurée, la question de savoir si elle existe ou non est dénuée de sens. J’accepte cela et, le cas échéant, je suis prêt à abandonner l’approche scientifique traditionnelle.
(page 13)

Sous la dictature de l’œil, toute information est traduite dans un code visuel.
Les sensations intérieures sont tenues de se conformer aux perceptions extérieures.
Si elles ne correspondent pas, nous considérons qu’il s’agit d’une hallucination.
Tout ce qui n’est pas vu et senti d’une façon claire et nette est taxé d’extravagance.
La science réclame des « observations » - c’est-à-dire des expériences visuelles qui font ensuite l’objet d’analyses et de comptes rendus.
Mais que faire des sensations qui échappent à toute description visuelle facile, à toute classification ?
(page 173)

La plupart des événements surviennent par hasard, ce qui ne veut pas dire qu’ils surviennent par accident. Le hasard paraît posséder une organisation et une raison qui lui sont propres. Après une vie consacré à la recherche en physique, Erwin Schrödinger a écrit que « dans la grande majorité des phénomènes qui ont conduit régulièrement et invariablement à la formulation du postulat de causalité, l’élément commun à la logique observé est le hasard ». Autrement dit, la nature est soumise aux lois du hasard. (page 23)