Citations de Werner Herzog (11)
Par la fenêtre, j’ai vu un corbeau se poser sur le toit d’en face. La Tète dans les épaules, il ne bougeait pas , sous la pluie. Longtemps après, il était encore là, inerte, grelottant, solitaire et calme, plongé dans ses pensées de corbeau. Alors, un sentiment de fraternité est monté en moi et la solitude a envahi mon cœur.
Dehors, brouillard, si glacial que les mots me manquent pour le dire- Sur l’étang, nage une pellicule de glace. Les oiseaux se réveillent ; des bruits. Sur le petit pont, mes pas sonnent en creux….. La tempête, la neige, la pluie font aussi voltiger des feuilles qui viennent se coller à moi, jusqu’à me recouvrir totalement. Partir. Aller de l’avant.
Par la fenêtre, j'ai vu un corbeau se poser sur le toit d'en face. La tête dans les épaules, il ne bougeait pas, sous la pluie. Longtemps après, il était encore là, inerte, grelottant, solitaire et calme, plongé dans ses pensées de corbeau. Alors, un sentiment de fraternité est monté en moi et la solitude a envahi mon coeur.
Quand on a soif on réchauffe la neige sous son bras et elle se met alors à couler. Mais elle a un goût un peu salé. D'où cela vient-il? demande Francisco Manoel. La lune, dit le garçon, tire le sel de la mer et, la nuit, les cimes des montagnes attirent en bas les flocons. Mais ce qui tombe alors, ce n'est pas seulement du sel. Il n'y a pas davantage de sel que dans nos larmes. En fait, ce n'est peut-être qu'une chose pleurée, la neige.
Je vais me laisser porter par la tempête tout autour de la station jusqu'à ce que des ailes me poussent. Cette nuit, lorsque je m'introduirai à nouveau dans une maison, je serai un roi dans son château fort. Un gros réveil, une fois remonté, carillonne la fin des fins. Dehors, le vent ébouriffe la forêt. Ce matin, noyée, la nuit a été rejetée par des vagues froides et grises.
Ce que marcher peut faire mal.
La pluie augmentait et Mick [Jagger] a pris, pour Vogue, des photos de Jerry Hall devant la forêt vierge, en maillot de bain léopard, et des Indiens sauvages. Il m’a semblé surprenant d’utiliser ce cadre dans une optique commerciale. Mick m’a dit qu’il touchait 1000 dollars pour ces photos, et ça l’a fait mourir de rire. J’ai lavé mes chaussettes dans l’eau du fleuve car j’en ai perdu trop dans le linge. Les lents tourbillons du fleuve passaient à côté de moi, suivant un destin lointain. Derrière moi les oiseaux se chamaillaient dans la forêt. Rien ne séchera plus correctement, les chaussures, les vêtements. Tout le cuir moisit, les montres électriques sont arrêtées.
Dehors, violente chute de neige. Ai longuement pénétré du regard les flocons qui tombaient. J'y ai vu une ribambelle de bonnes sœurs et de collégiens s'effleurant aux épaules et aux hanches, incarnation ostensible de l'ouverture d'esprit des religieuses de notre temps. Cette gaité et ce libertinage paraissaient terriblement voulus et avaient un relent de tartufferie.
Arrivé aux Grès, ébranlé de la tête aux pieds, je commandais un café au lait. Deux motards, vêtus de combinaisons de caoutchouc qui leur donnaient des airs de plongeurs sous-marins, ont également cherché refuge. Marcher... ne marche plus.
À midi, Dommartin-le-France. J’ai mangé un peu. Le pays est ennuyeux, vallonné, nu, champs labourés et mouillés. Les sillons retiennent une eau froide, et à quelques distance, tout est noyé dans les nuages imbibés d’eau. Ce n’est pas une vraie pluie, une bruine douce seulement. Les villages sont loin les uns des autres. Calme, rarement une voiture. Ma marche... marche.
L’étage des chefs de la 20th Century Fox (…). Pour eux il allait en outre de soi qu’on traînerait une maquette de plastique sur un décor de collines, dans un jardin botanique du coin, ou pourquoi pas à San Diego, où on trouve des serres restituant de « bonnes » conditions tropicales ; j’ai alors demandé ce qu’étaient de mauvaises conditions tropicales, puis ajouté qu’il était inutile de discuter : il faut un vrai bateau à vapeur gravissant une vraie montagne, non par amour du réalisme, mais par refus du style « opérette ». Après quoi les politesses que nous avons échangées se sont recouvertes d’une fine couche de givre.