Wesley Stace - "We Will Always Have New York" Official Music Video
Je ne me souviens pas d’avoir jamais éprouvé à l’époque cette sensation qui devait si souvent m’habiter par la suite, ce vide à l’instant de m’éveiller, cette peur devant la journée à venir, cette impression d’étrangeté, comme si j’étais une vivante imposture.
Tout en lisant, elle caressait mes cheveux, en ne s’interrompant que pour tourner les pages. Lentement, insensiblement, bercée par la voix de ma mère, je m’endormais malgré mon désir stupide de rester éveillée, comme si dormir était une honte, et pourrait lui donner l’impression que je n’appréciais pas vraiment sa lecture. [...]
Pour elle, les livres n’étaient qu’un point de départ, si bien qu’une bonne partie des histoires que j’aimais n’ont jamais été écrites.
II. MA RESURRECTION
Toutes les Avenues d’excréments et d’urines convergeaient ici. Pharaoh savait que la puanteur était la suite inévitable du parfum de la vie, l’émanation de la sueur et des corps, des chambres et de ce qu’elles abritaient. Voilà ce qui arrivait lorsqu’on abandonnait les choses à leur mort, lorsqu’il ne restait plus d’espoir.
I. ANONYME
Les pensionnaires [de l’hospice] n’avaient aucune perspective d’avenir, aucun lieu où aller. C’était comme regarder ralentir inéluctablement les aiguilles d’une pendule non remontée.
V. VOILA
« J’espère avoir écrit mon Poème si plein de vie
Qu’en le lisant vous deviendrez à moitié fille » .
BEAUMONT paraphrase du « Salmacis et Hermaphrodite » d’ OVIDE, (1602) .
«En cette vie, nous pouvons, dans une certaine mesure, jouer n'importe quel personnage de notre choix.» Ainsi parlait Boswell. C'est le dictionnaire de Johnson qui m'a rappelé cette phrase. J'ajouterai qu'on peut recommencer sa vie à tout instant que l'on a choisi. Aujourd'hui, par exemple, mais jamais demain. On ne peut pas attendre jusqu'à la fin de sa vie pour la changer. Il faut le faire dès maintenant.
Je lisais le plus que je pouvais avant de me laisser glisser dans le sommeil, comme si je sombrais entre les couvertures du livre lui-même, avec une lenteur délicate. Je lisais et relisais la même phrase jusqu'au moment où les mots se mêlaient, se confondaient sous mes yeux, dans ma pensée, tandis que mes paupières se fermaient irrésistiblement.
Sa mère ne s’intéressait pas aux enfants, et encore moins aux siens qu’à ceux des autres. Elle détestait les toucher….. À ses yeux, l’enfance n’était que l’état ennuyeux après lequel la conversation devenait possible. Encore faut-il avouer que Lady Loveall avait plus besoin d’un muet admirateur que d’un interlocuteur.
Pour la première fois de ma vie, j’éprouvai un sentiment qui me serait familier à l’avenir : celui d’essayer en vain de convaincre une personne de la réalité d’un fait qu’elle ne pouvait pas comprendre.
Les membres de ce club n'ont rien en commun avec moi et je ne rechercherai pas leur compagnie. Ils se livrent à un simple passe-temps. J'imagine qu’ils se plaisent à se déguiser en femme. Mais moi, je ne me déguise pas. On ne peut imiter ce qu'on est vraiment, Victoria, et c'est vraiment moi que vous avez en face de vous.