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Critiques de Whitney Scharer (41)
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L'âge de la lumière

Une lecture captivante et "endiablée" sur l'icône que représenta l'artiste , Lee Miller... Withney Scharer a eu le talent de rendre avec finesse la complexité De Lee !





Fascinée et admirative depuis fort longtemps par le parcours extraordinaire de cette ex-mannequin, devenue photographe de grand talent, correspondante de guerre... J'avais retenu cette biographie romancée de Lee Miller, à sa parution...

Il y a de nombreuses années, j'avais été emportée par le livre de son fils,Anthony Penrose , "Les Vies de Lee Miller"



L'auteure, par cet ouvrage, remet à l'honneur cet artiste-photographe, trop longtemps dans l'ombre de la célébrité de son maître-et amoureux, Man Ray...



On fait connaissance avec Lee Miller, lorsqu'elle arrive seule à Paris, dans le quartier de Montparnasse des années folles; A son départ des Etats-Unis pour Le Havre, son père lui a offert un "vieux Graflex" dont il ne se servait plus...A l'origine, elle souhaitait devenir peintre, et un concours de circonstances: la rencontre avec le grand Man Ray, sans oublier son père, passionné de photographie, l'ayant fortement influencée dès sa plus tendre enfance...vont lui donner l'envie de se lancer dans l'art photographique !



"Essentiellement formé au dessin du corps humain, elle est arrivée à Paris avec l'idée de devenir peintre et se voyait en plein air, en train de se pencher sur une toile pour y ajouter une touche de couleur, pas de tripatouiller des produits chimiques dans une chambre noire irrespirable. Pourtant, Lee a un peu appris de lui [son père ], et chez Vogue, à prendre des photos, et cet appareil a quelque chose de rassurant : à la fois un lien avec son passé et un objet qu'un artiste emporterait partout." (p. 33)





"Quand Lee n'est pas avec Man, elle se consacre à son propre travail. Elle se découvre aussi impatiente que lui de créer. (...)

Elle aime photographier des scènes de rue, juxtaposant les gens et les objets dans des situations bizarres, jouant avec la perspective. Chaque fois qu'elle développe l'une de ses photos, et que Man la trouve bonne, sa confiance en elle s'affirme, elle a le sentiment d'être la personne qu'elle a toujours voulu être." (p. 151)



Le récit alerte, alternant entre deux périodes : celle, parisienne avec Man Ray, puis les années 1940, comme correspondante de guerre, où elle montre à la fois son besoin d'adrénaline mais aussi un courage des plus exceptionnels...!



"Dachau

30 avril 1945- L'un après l'autre, les correspondants de presse s'en vont. Lee reste. Elle doit porter témoignage.

Elle a les poches remplies de boîtes de pellicule, des grenades à envoyer pour publication". (p. 290)



Comme tant d'entre nous, j'imagine, j'avais été fascinée par cette trouvaille de "solarisation", qui est advenue, par une erreur de manipulation De Lee...que dans un premier temps Man Ray a eu la malhonnêteté de s'approprier... Une formidable histoire d'amour- passion, magnifique et douloureuse; tout aussi créatrice, constructive que vampirisante, destructrice pour Lee, qui a du mal à s'affirmer dans son art, Man Ray étant aussi possessif, que jaloux, et narcissique ...



Je ne me souvenais pas qu'elle avait travaillé et joué pour "le sang du poète" de Cocteau... pour lequel elle s'est prise d'amitié et d'admiration...!



Une artiste et une femme hors norme... qui à force de détermination a réussi à affirmer ses talents de photographe... Mais quel parcours du combattant pour y parvenir dans cet univers d'artistes "machos", considérant leurs femmes, compagnes comme des assistantes, ou muses, au mieux... ce qui fut le cas pour Man Ray...en dépit de cet amour fou, ne supportait que Lee soit son égale !!.....



Un hommage vivant, contrasté , très réussi de cette femme qui cherchait sa voie pour se réaliser en tant qu'individu, et artiste à part entière !



@Françoise Boucard- janvier 2020

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L'âge de la lumière

Lee Miller est un personnage mythique du XXe siècle. Renommée pour sa beauté comme pour la liberté de son existence, elle a aussi laissé une trace fulgurante dans l’art de son temps.



Elle qui fut tour à tour mannequin, modèle, compagne et assistante de Man Ray, égérie des surréalistes, correspondante de guerre est désormais le personnage central d'un premier roman américain qui aura marqué cette rentrée littéraire, l'âge de la lumière de Whitney Scharer



Pour sa première oeuvre de fiction , la romancière américaine Whitney Scharer fait de Lee Miller la folle héroïne d'un roman kaléidoscope, qui se dévoile par fragments temporels eclatés.



"L'âge de la lumière " s'ouvre en effet en 1966 en Angleterre, sur une Lee Miller vieillissante et un peu fanée, qui se se souvient de sa rencontre mythique avec Man Ray . En 1929, Lee Miller est un mannequin américaine qui quitte les Etats-Unis pour rejoindre Paris et y réaliser son rêve : passer derrière l'objectif pour devenir photographe. Lors d'une soirée, elle rencontre le grand Man Ray.



" J'ai besoin de toi. Nous sommes comme jumeaux ou le reflet l'un de l'autre". Devant cette déclaration à laquelle personne de sensée ne pourrait resister, Lee Miller ne pas résister, et va devenir tout pour Man Ray : tour à tour son assistante, son amante, sa muse, son modèle et surtout sa plus grande histoire d'amour et pourrait même vite rivaliser avec le maitre et même le dépasser tant son talent créatif- que Jean Cocteau par exemple avait deviné très vite- est indéniable, notamment lorsqu'elle sera projetée dans l'horreur de la guerre de 39/45.

Belle et étourdissante immersion dans les milieux artistiques et intellectuels fertiles et stiumants, cette oeuvre flamboyante et étourdissante exploite pleinement le potentiel romanesque de son héroïne.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'âge de la lumière

"La photographie peut saisir la réalité, mais comment peut-elle saisir l'émotion ? N'est-ce pas l'émotion qui rend la réalité réelle ?  (p188)"



1929 - Paris, Man Ray, 39 ans, vit à Montparnasse et sa réputation dépasse les frontières. Il a travaillé pour Vogue mais aussi pour de grands couturiers, artistes et célébrités ont posés pour lui, il côtoie André Breton, Dali, Jean Cocteau dont il fait souvent des portraits et je découvre qu'il était également peintre et sculpteur. Cet homme touche à tout prend part au mouvement du surréalisme.



Lee Miller, 22 ans, arrive en France après avoir posé comme mannequin dans Vogue aux Etats-Unis, elle s'éloigne de sa famille et d'un passé où un événement douloureux peine à cicatriser. Elle ne veut plus être un modèle de créateur mais être créatrice, elle ne veut plus être un objet mais celle qui le met en valeur. En France elle se sent libre, une nouvelle vie commence. Libre de ses choix, de son avenir, elle comprend très vite que son avenir est derrière l'objectif d'un appareil photo mais aussi dans la chambre noire où elle développe ses clichés.



Elle croise la route de Man Ray, devient son assistante puis sa maîtresse et "associée" mais, comme souvent, le grand homme a du mal à faire de la place à sa compagne, même si celle-ci et surtout si celle-ci a du talent. Lee va très vite tomber sous le charme de Man, l'homme mais aussi l'artiste : peintre, sculpteur, réalisateur de films car c'est un touche à tout. Elle va participer involontairement à a découverte du procédé de "solarisation" (inversion des noir et blanc grâce à une modification de développement avec l'apparition d'un trait noir sur les contours) que Man Ray va largement utilisée et dont il va revendiquer la paternité. Elle va particulièrement travailler sur la lumière mais c'est dans la chambre noire qu'elle va se révéler.



Whitney Scharer s'attache à imaginer leur relation, leur travail commun mais aussi à décrire le Paris artistique du début du XXème siècle. Grâce à ses recherches elle nous livre un récit très documenté mais aussi une plongée dans une époque où l'art était fulgurant, où Paris était la plaque tournante de la créativité.



Avec une écriture délicate, l'auteure donne à son récit une ambiance à la fois sensible et sensuelle quant à la relation unissant les deux amants mais aussi toute l'ambiguïté de celle-ci basée sur une passion commune mais qui peut aussi être destructrice quand l'élève se révèle douée, innovatrice et le maître jaloux et possessif.



"Elle est seule avec lui dans l'obscurité qu'elle s'est créée et, quand il prononce son nom, elle a la sensation de se dissoudre en étincelles, en grains photographiques, pour, à la fin, fusionner avec lui au point de ne plus savoir qui est qui. (p212)"



L'auteure nous entraîne dans leur studio de travail, mais aussi dans leur intimité et décortique parfaitement l'ambiance de l'époque et surtout, grâce à une écriture précise et riche en détails, mais jamais pesante, les prises de vue (j'ai pris la peine d'aller vérifier certaines photos ensuite comme celle d'Hemingway avec son bandage et chapeau).



Comme pour beaucoup de femmes ayant vécu dans l'ombre d'un artiste, Lee va comprendre très vite qu'elle devra faire un choix quand le pygmalion va la trahir dans ce qui les unissait et qui lui était le plus cher : son travail.



"Et elle pense, avec émerveillement, que sa vie est comme une énorme boule de cristal tournant au plafond dont la surface fragmentée capte la lumière à des moments différents.  (p355)"



La narration est régulièrement entrecoupée de courts chapitres sur l'après Man Ray : Lee deviendra correspondante de guerre pour Vogue pendant la seconde guerre mondiale et  sera présente lors de la libération des camps : Dachau et Buchenwald qui laisseront des traces indélébiles dans sa mémoire.



J'ai aimé suivre l'évolution de cette jeune femme, comment peu à peu elle va prendre de l'assurance, trouver un épanouissement grâce à la photographie mais gardera un esprit "nomade" et libre dans ses relations. Elle a été un modèle féminin par sa beauté devant les objectifs, elle deviendra, grâce à son travail, ses recherches et l'enseignement de Man Ray une photographe dont le nom restera dans l'ombre parce qu'associé à celui qui fut son maître.



J'ai trouvé particulièrement réussi la manière dont elle a retranscrit la vision de Lee Miller : son œil toujours aux aguets, tel un objectif, qui capte un personnage, un lieu, une ambiance. Les phrases se font courtes, comme un doigt sur le déclencheur, comme autant de prises de vue, parfois seulement gardées en mémoire, parfois figées sur la pellicule.



"Lee a sans arrêt envie de porter son appareil à son visage et de prendre une photo, mais elle ne le fait pas. Elle laisse la vie s'écouler sans intervenir, sans l'interrompre, sans la saisir. Qui est-elle pour vouloir y jouer un rôle ? (p364)"



Je connais peu de choses sur la photographie même si de temps à autre je vais voir des expositions. Je ne connaissais de Man Ray que le nom et quelques photos aperçues ici ou là et encore moins Lee Miller.  Grâce à cette biographie romancée de Whitney Scharer, dont c'est le premier roman, j'ai appris énormément de choses sur ce domaine artistique. Elle dépeint parfaitement le Paris de l'époque, on y croise Jean Cocteau, Kiki de Montparnasse, on fréquente des endroits louches (fumerie d'opium) mais ce que j'ai le plus aimé c'est le parcours de cette femme, Lee Miller, déterminée, volontaire, n'acceptant pas de n'être que l'ombre du maître.



C'est une lecture à la fois dépaysante et enrichissante. J'ai eu très envie ensuite d'en savoir encore plus sur ce couple. J'aime lire de temps à autre ce genre de biographie romancée quand celle-ci est basée sur un vrai travail de documentation. Apprendre et découvrir en passant un agréable moment de lecture, se plonger dans l'histoire des courants artistiques, approcher un domaine peu connu mais aussi une réflexion sur la place de la femme, comme Lee l'a été, objet de tous les regards en tant que mannequin mais aussi une réflexion sur une époque. L'œil de la photographe et le cœur d'une femme.
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L'âge de la lumière

Lee Miller est jeune. Elle est belle. Les objectifs l'adorent. Mais elle veut passer derrière. Loin de son Amérique natale, elle espère réaliser son rêve dans le Paris de 1929. « Lors de son premier été à Paris, elle ne connaissait pas encore le pouvoir des photos, la façon dont un cadre crée une réalité, dont une photographie devient un souvenir qui devient vérité. » (p. 28) Sa rencontre avec Man Ray est décisive. L'artiste devient son maître, son amant. Lee devient son assistante et sa muse. Le couple côtoie Paul Eluard, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Salvador Dali et tout ce que Paris compte d'artistes et d'intellectuels surréalistes. Les années passent et la jeune Américaine se forme. « Lee observe toutes ces vies autour d'elle et commence à redevenir elle-même – ou à devenir elle-même, pour la première fois. Ses paupières sont comme l'obturateur d'un appareil photo ; quand elle cligne des yeux, un mouvement, une image s'impriment dans son esprit. De temps à autre, une de ces images mérite d'être conservée, de sorte qu'elle la fixe sur la pellicule. Toutes les photos qu'elle prend ainsi semblent vivantes et inattendues. Et Lee elle-même se sent plus vivante que jamais du seul fait de les prendre. » (p. 366) Devenue reporter de guerre, à Buchenwald, elle perd une part d'elle-même. « Il y a matière à photos partout où se pose le regard, des compositions d'horreurs. » (p. 147) Plus de 30 ans après sa rencontre avec Man Ray, elle ne sait quoi faire quand on lui propose de relancer sa carrière de journaliste en écrivant un long portrait de son ancien amant. « Le sujet, c'est Man Ray / Justement pas, pense Lee. Et ça a toujours été le problème. » (p. 28 & 29)



Dans ce roman historique, l'autrice présente la relation intense et dévorante entre l'artiste déjà renommé et celle que l'histoire aurait pu oublier, tant le premier s'est approprié le travail de la seconde. Whitney Scharer joue sur les deux faces de la photographie, entre et reportage, qui sont deux formes de vérité. « L'un après l'autre, les correspondants de presse. Lee reste. Elle doit porter témoignage. Elle a les poches remplies de boîtes de pellicule, de grenades à envoyer pour publication. » (p. 290) Le récit est très bien rythmé et très agréable à lire. Peut-être un peu trop romancé à mon goût, mais je pinaille : le roman offre un beau portrait d'une artiste.
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L'âge de la lumière

Lee Miller, encore une femme que l’histoire laisse souvent de côté, malgré son rôle prépondérant dans l’art photographique de l’entre-deux-guerres et dans les reportages sur la Seconde Guerre Mondiale. Élève et amante de Man Ray, elle est souvent reléguée dans son ombre, cette femme pourtant assez téméraire pour se faire photographier dans la baignoire d’Hitler. Whitney Scharer explore dans ce premier roman ambitieux les années charnières de la vie de Lee, ces années parisiennes qui transforment le mannequin qu’elle était en photographe surréaliste aguerrie.

En se coulant dans l’esprit de la photographe, l’auteur démontre sa capacité à saisir la réflexion artistique, à décrire avec précision l’oeil créatif de son sujet. Paris nous apparaît dans toute la splendeur des Années Folles, dans une myriade de détails que seul un œil de photographe parvient à capturer : Lee Miller voit le monde qui l’entoure comme autant de photos à prendre, comme autant de sujets d’intérêt, une perspective rare et magnifiquement décrite par Whitney Scharer.

Malgré quelques longueurs dans le récit induites par le style très descriptif, j’ai beaucoup apprécié de pouvoir découvrir cette période, certes romancée, de la vie de Lee Miller. Complété par de petits aperçus des années de guerre pendant lesquelles Lee sillonne l’Europe comme reporter, ce récit donné une vision très entière de ce personnage atypique et complexe, cette femme à la fois forte et faible, torturée et marquée par des événements tragiques, amoureuse et pourtant toujours en quête de liberté. Belle réussite pour ce premier roman, à la fois une beau portrait de Lee Miller et une véritable déclaration d’amour a un Paris désormais révolu.
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L'âge de la lumière

Lee Miller. Il suffit de prononcer ce nom et les images fusent. Les siennes, devant ou derrière l'objectif, celles devenues célèbres, pour la beauté de Lee, pour son audace aussi. Lee Miller. On l'a souvent croisée dans des romans, des films mais je n'ai pas souvenir d'elle en tant qu'héroïne à part entière. Il y a là pourtant une matière romanesque incroyable pour un écrivain, encore faut-il parvenir à s'en saisir dans toute sa complexité. Je pense que c'est ce qu'a réussi à faire Whitney Scharer, totalement imprégnée du parcours de son héroïne et qui compose un roman kaléidoscope, jouant avec les temporalités pour fragmenter la vision d'une artiste, une femme volontaire et tourmentée, fragile et engagée.



Pour cela, l'auteure centre son histoire sur les mois d'apprentissage et d'éclosion dans le Paris de 1929, le Montparnasse des surréalistes, celui de Kiki et de Man Ray. Lee Miller ne sait pas vraiment ce qu'elle veut faire, à part être artiste. Elle a quitté les États-Unis après une belle carrière de mannequin chez Vogue pour s'installer à Paris et peindre. Elle est habituée à poser depuis sa plus tendre enfance, photographiée par son père, et si elle trimballe un appareil photo, elle n'a pas encore imaginé s'en servir. Cela vient petit à petit, et c'est sur Man Ray qu'elle jette son dévolu pour apprendre. Lui est alors un portraitiste très recherché, gravitant dans un milieu artistique et intellectuel inconnu de Lee. Elle devient son assistante, puis sa muse et sa maîtresse. Une relation passionnelle qui deviendra problématique lorsque l'élève se démarquera de la tutelle du maître et que la femme affirmera son indépendance et son désir de liberté. Une relation qui mêle désir amoureux et apprentissage artistique entre deux êtres aux cultures et aux références très différentes, sans compter la différence d'âge et de vécu. Chez Lee, il y a un terrible traumatisme d'enfance et chez Man, un comportement de génie égocentrique. Forcément explosif.



Mais ce qui emporte dans ce roman, c'est la richesse de la trame narrative. Il y a d'abord cette plongée dans les milieux artistiques et intellectuels avec des personnages plus vivants que nature et rendus d'autant plus accessibles qu'ils sont observés avec les yeux de Lee, d'abord impressionnée, parfois admirative et d'autres plus perplexe. Surtout lorsque les discussions sur l'art tournent au manifeste et ennuient la jeune femme, beaucoup plus instinctive. "... peut-être que ce ne sont pas tant les idées qui sont fausses, que le fait qu'elle ne croit pas que l'art ait toujours besoin d'un message pour être compris. Les créations de Man qu'elle préfère sont celles qui n'ont nul besoin d'explication ou de contexte, celles dont la contemplation provoque une émotion en elle". Nous suivons pas à pas l'évolution de Lee, à la fois vis à vis de cet art qu'elle finira par s'autoriser à exercer, et surtout par rapport à son désir de liberté, d'émancipation de la tutelle des hommes, celle de son père, puis celle de Man plus proche de l'âge de son père que du sien. Son parcours passe par l'expérimentation, la transgression, loin des images sur papier glacé même si elle ne perd jamais le contact avec Vogue. C'est pour le magazine qu'elle partira avec l'armée américaine et photographiera la libération des camps dont elle ne se remettra jamais.



La liberté semble avoir un prix. L'auteure dessine le portrait d'une femme sur le fil, dont l'alcool est le compagnon de toujours, sorte de carburant qui donne du courage et offre quelques heures d'oubli. Et Lee a pas mal de choses à oublier, depuis trop longtemps. En mettant régulièrement en correspondance les moments clé de cet apprentissage et des scènes plus tardives dans le parcours de Lee, l'auteure donne une force supplémentaire à sa démonstration et offre un roman aussi captivant que le destin de son héroïne. J'avoue que je ne l'ai pas lâché, fascinée autant par la femme que par l'immersion proposée par Whitney Scharer. Une jolie réussite.
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L'âge de la lumière

L'âge de la lumière est un très joli roman de Whitney Scharer pour nous raconter la vie romancée de Lee Miller.

Quel maestria pour un premier roman.

Roman historique, biographique mais aussi roman sensuel  et psychologique.

Lee Miller est une jeune américaine de 22 ans qui veut s'éloigner de sa famille et qui vient s'installer en France, à Paris en 1929.

Aux Etats Unis elle était une mannequin réputée,  que mettait en valeur son père Théodore a travers des photos et des nus.

Lee Miller est d'une beauté à tomber par terre mais elle ne souhaite plus être photographiée.

Elle souhaite devenir photographe.

A Paris, dans le monde artistique de 1929 il existe une personne reconnue de tous : Man Ray.

Man Ray est un illustre photographe vivant à Montparnasse et côtoyant Dali, Breton ou encore Cocteau.

Par hasard Lee Miller va rencontrer Man Ray et à force d'obstination elle va convaincre celui-ci de la prendre comme assistante.

D'assistante de Man Ray, Lee Miller deviendra son élève puis son amante.

Cela durera 3 ans de 1929 à 1932.

C'est cette période de  3 ans qui est au coeur du roman de Whitney Scharer.

A travers une documentation de tout premier ordre sur l'époque,  la photographie, Whitney Scharer va nous faire revivre l'évolution amoureuse, psychologique, féminine de Lee Miller, véritable personnage romanesque.

Dans une époque où il est difficile pour les femmes de s'émanciper, Lee Miller va réussir à faire reconnaître son talent alors que  Man Ray la canalise dans un rôle d'assistante et surtout de muse.

Lee Miller porte aussi en elle, l'inceste, le viol de son enfance. Tragédie qui impacte toute relation physique ou amoureuse. L'image du père,  l'image de Man Ray sont la même image de son rapport à  l'homme : une soumission et en même temps un besoin viscéral d'être soi.

Whitney Scharer par son écriture sensuelle donne naissance  un corps à corps physique et mental entre Lee Miller et Man Ray.

Au centre de ce corps à corps, la création,  la liberté, la passion, la dépendance et l'indépendance.

Dépendance au père, à l'amant, à l'homme mais aussi non reconnaissance d'une découverte photographique ( la solarisation ) ou d'une création photographique .

Whitney Scharer parséme son récit de très courts chapitres  pour nous focaliser sur des événements qu'a vécu Lee Miller pendant la Seconde Guerre mondiale.

Devenue reporter de guerre , Lee Miller a été  la première à photographier  Dachau , Buchenwald ou encore Vienne et Berlin.



Ou comment une jeune femme mannequin, se libéra  d'un carcan pour devenir une belle héroïne tragique.














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L'âge de la lumière

Lee Miller, mannequin New Yorkais, débarque à Paris en 1929, animée par une seule idée passer de l'autre côté de l'objectif et devenir photographe.

Elle rencontre Man Ray, le célèbre photographe. Celui ci l'embauche comme assistante pour lui apprendre quelques ficelles du métier. Lee deviendra rapidement sa muse puis sa maîtresse..

Lee apprend vite et est douée, elle commence à briller par elle même ce qui n'est pas du goût de Man Ray. Égocentrique et jaloux, il n'admettra jamais le génie de celle qu'il considère toujours comme une assistante. Lee devra le quitter pour exister par elle même

Ce livre est très intéressant et agréable à lire. Il permet de mieux connaître ces deux photographes illustres dans le Paris de Montparnasse des années 30 où gravitent Picasso, André Breton, Kiki de Montparnasse,Jean Cocteau, Dali etc... Un seul bémol, quelques détails techniques sur la photographie en trop pour moi.
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L'âge de la lumière

Coup de cœur pour ce roman qui retrace la vie de Lee Miller.

Le portrait d'une femme, une grande histoire d'amour, Paris, l'art de l'époque, des artistes rencontrés, un roman assez documenté que j'ai beaucoup apprécié.

Lee Miller est une femme complexe qui a essayé de se détacher des hommes pour être et devenir elle-même.

Je pense que j'aurai préféré que les courts chapitres évoquant la seconde guerre soient incorporés de manière chronologique au roman et non intercalés comme cela a été fait mais rien qui n'empêche d'apprécier cette lecture.

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L'âge de la lumière

Paris, années 30. Lee Miller, jeune américaine et ancien top, découvre la capitale française à travers son appareil photo. Cette période illustre le long chemin qui la fera définitivement passer de l’autre côté de l’objectif. Elle vit ce développement aux côtés du grand Man Ray, que l’on découvre via la vie intime et amoureuse, sans les flashes de son boîtier qui aveuglent ses adorateurs. Lee Miller l’assiste, au studio et dans la vie. Elle profite du matériel pour se perfectionner, apprivoiser son art, moins reconnu que la peinture, et chercher son style. Est-elle un autre regard aux côtés de Man ou joue-t-elle le rôle de projecteur ? Ce texte est une oscillation entre ses différentes carrières et ce qu’elle est lorsqu’elle est vue au bras de Man Ray, qui met en lumière son propre travail, quitte à s’accaparer le sien, sans même faire l’effort de s’en rendre compte. Une belle image du Paris de l’époque et de la difficulté à être reconnue lorsqu’on est une artiste.
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L'âge de la lumière

Paris, fin des Années folles.



Dans un bistrot non loin de son hôtel, la jeune et belle Lee Miller attire l’attention d’un groupe d’amis qui dîne à la table voisine de la sienne. Lee a vingt-deux ans, du rêve plein la tête, et une impertinence qui colle à merveille avec le Montparnasse de l’époque – le quartier est un des hauts lieux culturels de la capitale. Suivant ses compagnons de soirée, Lee fait une rencontre qui changera sa vie.



« Je suis Man Ray », se présente-t-il, « comme s’il était impossible qu’elle n’ait pas entendu parler de lui […]. » Elle en oublie l’appareil photo qui ne la quitte jamais… et fait appel à lui pour essayer de le retrouver. Un lien se tisse entre les deux artistes, celui que déjà on encense, et l’apprentie, prête à tout pour passer derrière l’objectif, et qui ne saurait se cantonner au rôle de muse. Avec son prologue qui nous entraîne en 1966, en Angleterre, L’Âge de la lumière commence par surprendre. On y découvre une Lee Miller bien différente de celle décrite dans le résumé du roman. Quelque chose s’est passé en elle, comme si la flamme s’était muée en ressentiment. Rédactrice pour le célèbre magazine Vogue – elle se « passionne » désormais pour la cuisine et écrit sur l’art de recevoir – Lee se voit plus ou moins forcer la main par sa chef de rendre un article sur sa vie avec Man Ray. Ce sera à une condition : que ses propres photos soient prises pour illustrations.



Voyage dans le temps, à l’aube des années 1930. Une atmosphère de fête, de débauche, où toutes les rencontres semblent possibles, dans les veillées aux airs de bouges qui fleurent l’avant-gardisme. Car ce roman est avant tout une ambiance. Bohème, presque exotique, on y côtoie du beau monde, ceux qui se proclament comme tels et ceux qui veulent en faire partie. Mélancolique aussi, parfois, dans les désillusions que taisent les personnages. Malheureusement, je n’ai pas réussi à me laisser entraîner par Lee Miller. La sensibilité des artistes ne m’a pas « parlé ». Si l’existence de Lee a été mouvementée, éprouvante, ses sentiments et ses ambitions mises à mal, c’est une femme qui m’a paru fermée, entêtée, quelquefois trop égocentrique. Il m’a manqué, en elle, de la chaleur humaine, des coups d’éclat – qui pourtant la rongent au fil des ans.



Lee Miller et Man Ray n’ont que peu de marge d’évolution. Peut-être est-ce leur histoire qui veut ça : prenez n’importe quelle relation torturée entre deux êtres qui vivent chacun dans leur monde, vous y trouverez des similitudes. J’attendais plus de personnalités aussi passionnées, habitées. Plus de panache. D’audace dans la narration. L’Âge de la lumière est empreint de simplicité et d’une certaine élégance, les descriptions sont entraînantes, le contexte social et historique bien retranscrit, mais l’ensemble m’a paru fade. Je me suis contentée de faire partie du décor, sans cette impression – qui m’est chère – d’avoir « connu » les personnages, et je le regrette, car le destin hors norme de Lee Miller aurait pu m’embarquer bien plus loin.



#lecteurs.com



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L'âge de la lumière

Je viens de refermer ce magnifique roman historique. A travers ce roman, nous découvrons quelques périodes de la vie de Lee Miller. Essentiellement les quelques années passées à Paris avec Man Ray, à la charnière entre les années 20 et les années 30.

L'Europe est atteinte de plein fouet par les répercutions du krach de 29 outre Atlantique. Dans ce monde en transition, la majorité des artistes du Montparnasse se fait rattraper par la réalité. A cette époque, Man Ray s'est déjà créé un nom dans le monde de la photographie. Lee Miller, son "assistante", se bat pour gagner la reconnaissance de ses pairs en tant qu'artiste "à part entière". Entre ces deux artistes, une histoire d'amour, d'admiration, de jalousie et d'ambition.

J'ai adoré la narration de ce combat pour l'indépendance, pour la reconnaissance, pour cesser d'être perçue comme "la fille de..." ou "la femme de...".

Dans son premier roman, Whitney Scharer nous livre un personnage très abouti, avec des angoisses et des rages très communicatives. J'embarquerai sans hésiter dans le prochain roman de cette autrice.

Je remercie Babelio et les éditions de l'Observatoire de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de l'opération masse critique ! Un régal !
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L'âge de la lumière

Dans cette rentrée littéraire, il y avait un roman qui m’intriguait beaucoup, dissimulé parmi les grands noms. Un roman plus resserré, intimiste, artistique. Un roman qui éveillait de grandes promesses, mais dont le pitch faisait aussi planer un doute : et si c’était trop ambitieux ? Beaucoup de romans placent le surréalisme au premier plan, encore plus font de Paris une ville de recherche de soi, alors la pente était glissante. Mais le livre de Whitney Scharer avait cette étrange insouciance de garder tout son mystère. Un mystère qui s’est dissipé dès le premier chapitre : quel souffle et quelle maîtrise !



Whitney Sharer ne nous emmène pas dans le Paris des années folles, elle nous le fait revivre par flashs successifs, par des larmes de lumière qui se déposent sur le filtre et duquel explosent mille nuances. L’histoire commence par une habile mise en abyme : Lee Miller n’est plus cette femme inspirée, elle s’est retirée dans le silence et la solitude de Sussex avec son mari Roland Penrose. Elle continue de déchoir gentiment, n’écrivant plus que des papiers culinaires pour Vogue. Mais lors d’un dîner, Audrey Withers l’informe qu’ils vont devoir renégocier son contrat, qu’elle n’a pas eu le choix. Mais elle a une grande idée pour son amie, qui enchantera les lecteurs de Vogue : un grand portrait de Man Ray. Une histoire qu’elle est la seule à pouvoir raconter…



Et voici Lee Miller trente-sept ans plus tôt, débarquant à Paris avec tous ses rêves et sa solitude, attablée devant un gratin dauphinois et un pichet de vin. La suite est une longue valse, tantôt calme et raisonnée, tantôt tumultueuse et passionnée. Sa rencontre avec Man Ray est un hasard, son histoire avec lui un détachement impossible. Il la voit d’abord comme une mannequin, elle veut apprendre le métier à ses côtés. Il n’aperçoit que ses seins flirtant hors du tissu de son peignoir, ne voulant la prendre qu’en photo. Elle finira par réussir à devenir son assistante. Puis dans l’intimité de la chambre noire, les effluves des produits chimiques se changent en parfums sensuels. Les ombres captives en corps emmêlés. Lee Miller élève, muse et artiste.



Lee Miller, Man Ray et Paris



L’écriture de Whitney Sharer est un diaphragme qui s’ouvre et se ferme, dévoilant les passions, voilant certains souvenirs. Mais c’est surtout un jet de lumière qui fait surgir la figure de Lee Miller, entre ambitions artistiques et ivresse amoureuse. Mais si Lee Miller se révèle être une élève attentive et une artiste hors pair, Man Ray lui n’accepte pas de partager avec les autres celle qu’il ne voit que comme sa muse… Devant ses excès de jalousie et de machisme, Lee tentera la fuite dans son art. Man, jaloux maladif et génie égocentrique, n’arrivera pas à supporter l’ascension de sa protégée et surtout, le regard des autres et leur admiration. Terré dans ses obsessions, il va peupler son univers photographique de la silhouette de Lee, pour qu’il puisse encore la voir les yeux fermés. Des cabarets du Paris bohème aux grandes déambulations sur les boulevards, des intérieurs riches et cossus aux ateliers d’artiste, c’est aussi le portrait d’un Paris révolu et vibrant qui se dresse sous nos yeux, pour finalement disparaître dans le brouillard anglais. Les coulisses également de ce Paris, où l’on croise Cocteau et sa verve, Dalí venant de ravir Gala à Eluard, Breton en maître à penser, tout un cortège de personnages et leurs jalousies !



Mais L’Âge de la lumière est surtout le tourment dans lequel est prise une jeune femme qui se rêve artiste. C’est l’ambition qui croise la réalité, la ténacité et l’audace qui font face à la rigidité des normes. Le courage d’une femme qui se bat pour ne gagner qu’une chose : sa propre liberté. Alors que les romans, essais, films, documentaires ont la large tendance à parler des femmes artistes en les reléguant dans l’ombre de leurs mentors masculins, L’Âge de la lumière montre la rébellion d’une femme contre cette assise et nous plonge dans sa quête de reconnaissance artistique. Sans cesse ballottée entre son rôle d’amante soumise et celle de maîtresse dominatrice, enfermée dans son quotidien de muse docile, cherchant à s’évader et voler de ses propres ailes dans ce monde dont elle ne maîtrise pas encore les codes, Lee est un être tiraillé par la douleur, la révolte d’un monde restreint, l’angoisse de l’inertie tout autant qu’elle est agitée par la frénésie créatrice, une sensibilité salvatrice et la curiosité de la vastitude des possibles. L’Âge de la lumière est l’âme d’une femme qui se cherche et d’une artiste en pleine recherche. C’est aussi l’histoire des souvenirs qu’on ne peut pas taire éternellement. Alors qu’elle a fui à son passé, on demande à Lee Miller d’écrire le portrait de Man Ray : car elle est la seule à lui avoir échappé.
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L'âge de la lumière

L’Age de la lumière est un premier roman de Whitney Scharer qui fait référence à l’illustre photographe Man Ray mais surtout à Lee Miller. Le roman s’ouvre en 1966 en Angleterre, sur une Lee Miller en demi teinte, vieillissante, qui se remémore sa rencontre avec Man Ray pour un article de presse.



En 1929, Lee Miller est un mannequin américaine qui quitte les Etats-Unis pour rejoindre Paris et y réaliser son rêve : passer derrière l’objectif pour devenir photographe. Lors d’une soirée, elle rencontre le grand Man Ray. Séduit par sa beauté, il en fait son assistante, son modèle, son élève, son amante, sa muse, et finalement sa grande histoire d’amour.



Ce Paris des années 30 permet à Lee Miller de se métamorphoser en une femme libérée. Sous l’influence du surréalisme, elle découvre la technique de la solarisation, avec l’aide de Man Ray, une technique qui deviendra une vraie pomme de discorde entre le photographe et sa muse. A partir de cette découverte, celle-ci s’émancipe fortement pour devenir elle aussi une grande artiste de la photographie.



Ce récit romanesque est entrecoupé de passages de Lee Miller dans les années 40, alors qu’elle est correspondante de guerre. Lee Miller sera la première à photographier les camps de la mort. Ces passages sont comme des coupures dans son histoire d’amour avec Man Ray ; ils montrent une femme forte, dominante, en contraste avec sa relation des années 30.



La plume extrêmement additive et surtout maitrisée de Whitney Scharer m’a totalement transporté dans ce Paris bohème et cette histoire d’amour. Le récit est très bien mené entre deux périodes totalement différentes de la vie de Lee. Un roman moderne, bien écrit, où l’auteur nous montre la naissance d’une grande artiste peu connue, caché derrière l’ombre de Man Ray. On sent un véritable travail de recherche de l’auteur bien que ce roman se présente comme une fiction.



Ce roman est un véritable coup de cœur. J’ai adoré connaitre l’histoire de Lee Miller, artiste géniale qui décide en 1932 de prendre sa vie en main et de devenir sa propre création. Les thèmes de l’amour, de son aveuglement, de l’égocentrisme et de la vie d’artiste sont magnifiquement étudiés. La force de l’écriture de l’auteur se ressent dans le personnage de Lee, qui s’impose comme une artiste absolue, une femme hors du commun.



Ce roman est un riche kaléidoscope : d’une invitation aux délices du Paris dès années 30 en passant par une révolution dans l’histoire de la photographie, il emmène jusqu’aux portes des camps de la mort, accompagne l’éclosion d’une artiste et le sacrifice d’un amour passionnel et déchirant, avec un épilogue d’une beauté totalement foudroyante : L’Âge de la lumière est pour moi le roman incontournable de cette rentrée littéraire 2019.

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L'âge de la lumière

Une américaine à paris. Lee Miller s'installe dans la ville lumière au début des années 30, épicentre mouvementé des arts, pour assouvir son envie de création artistique, la peinture. Et ça sera la photographie suite à sa rencontre avec Man Ray.

Si le coeur de l'ouvrage est bien Lee Miller, le sujet principal concerne la relation fusionnelle et mouvementée de Lee Miller avec Man Ray. Serait-ce que Lee n'existe que par son Pygmalion, Man ? Le sujet est Man Ray, "Et ça a toujours été le problème." Voilà ce que Lee Miller répond à Audrey Withers, rédactrice en chef chez Vogue, pour une demande d'article sur leur relation.

Lee Miller a le don artistique. Elle va apprendre la technique avec Man jusqu'à découvrir la technique de la solarisation.

Lee Miller a une blessure émotionnelle et physique qui prend racine dans sa jeunesse. Elle va apprendre à s'ouvrir à lui et à lui donner son amour, sa présence.

Elle va apprendre. Il va prendre.

Affectivement et professionnellement il va la piller et l'écraser de son aura et de son prestige. Jalousie extrême, égocentrisme, vol de ses créations artistiques et techniques, Lee n'aura qu'une solution...

Le récit du couple est intercalé avec de brefs épisodes de sa carrière de photo-reporter de guerre, avec les célèbres photos des camps de concentration en particulier. L'auteure a sans doute voulu instiller une perspective de la transition à venir et c'est assez malin dans la construction narrative.

Le sujet était très prometteur dans le décor du Paris des surréalistes mais l'auteure, par une écriture trop académique et monocorde à mon avis (un comble dans cet univers surréaliste...), ne laisse pas transparaître les émotions amoureuses, joyeuses et houleuses des deux personnages. je n'ai pas ressenti la passion destructrice de l'histoire, juste une très bonne description d'une époque et d'un couple mythique. Les ingrédients étaient très bons, dommage que l'assaisonnement soit si fade.

Un bon livre tout de même et qui a le mérite de rendre à Lee ce qui est à Lee. C'est une véritable artiste !

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L'âge de la lumière

"Je préfère prendre une photo qu'en être une" – Lee Miller



En 1966, Lee Miller est une femme d'âge moyen qui passe son temps à préparer des repas de dix plats et à rédiger des articles de cuisine pour Vogue. Celle qui fut mannequin à New-York, assistante de Man Ray à Paris, photographe de génie, celle qui couvrit le conflit de la seconde guerre mondiale jusqu'à la découverte des camps de concentration, est aujourd’hui dépendante à l’alcool et mène une vie sans relief dans une ferme du Sussex avec son mari Roland Penrose.

Lorsque sa rédactrice en chef, Audrey, lui demande d'écrire un article sur ses années avec Man Ray, Lee décide de raconter la vérité sur cette relation. Commence alors le récit d'une femme qui aimait un homme, d’une femme qui ne voulait plus être une muse, d’une femme qui avait soif de créer et de se réaliser.



Biographie romancée, fiction historique luxuriante et sensuelle, « L’âge de la lumière » est un premier roman vraiment enthousiasmant et dans lequel je me suis sentie investie émotionnellement jusqu'à la toute dernière page. Withney Scharer propose un voyage direct dans la tête de Lee Miller.

Dans l’ambiance décadente du Paris des années 1930, on découvre une femme déterminée à passer de femme objet à femme sujet, de sujet d’art à créatrice d’art.

Aux côtés de Man Ray, son pygmalion tumultueux et enivrant, elle connaitra l’amour fou et la trahison professionnelle.



Hasard des enchainements de lectures, « L’âge de la lumière » entre en résonnance avec « Miss Islande » de Audur Ava Ólafsdóttir terminé récemment. Le lieu, l’époque et le style sont différents mais les deux autrices nous parlent de l’aliénation du désir artistique féminin. S’il est acceptable pour une femme d'être belle et de l’assumer, se revendiquer artiste, créatrice, est une autre paire de manches. Pour Lee Miller, pionnière de la photographie, il faudra sortir de l’ombre d’un homme pour accéder à la lumière.



Traduit par par Sophie Bastide-Foltz.
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L'âge de la lumière

Ce roman dense revient sur le parcours de Lee Miller, jeune américaine mannequin qui découvre la photographie par le biais de son père puis de Man Ray pour qui elle sera la muse, la maitresse, la compagne, l'associée. Dans le Paris des années folles, entre cabarets et fêtes mondaines, elle croise le fabuleux Jean Cocteau, la clique des surréalistes (Tristan Tzara, André Breton, Claude Cahun..) et découvre la difficulté d'etre femme artiste dans un milieu masculin et paternaliste.

Les chapitres sont entrecoupés de scènes de la seconde Guerre. Lee Miller a en effet été reporter de guerre et à notamment couvert l'ouverture des camps.

Ces sauts temporels sont très intéressants et saisissants (tout comme l'ouverture du premier chapitre dans la cuisine).

Il y a de très beaux moments dans ce roman parlant de la photographie, de la passion artistique dévorante, de l'acte de création mais également quelques maladresses (de mon point de vue) concernant certaines scènes assez vulgaires et gratuites révélant un problème d'harmonisation entre plusieurs temps d'ecriture ... Sans compter les éternelles coquilles et fautes de frappe.

En résumé un beau temps de lecture pour qui aime l'art moderne.
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L'âge de la lumière

Séduite déjà par la magnifique couverture, je sors de ce roman enchantée, par l’écriture simple et entraînante ; par le récit de la vie palpitante de l’héroïne, Lee Miller. Ce roman est en fait la biographie romancée de cette artiste méconnue, du moins mal connue. On connait bien plus le nom de son compagnon de l’époque ici évoquée (les années 29-30) Man Ray, photographe, peintre, artiste proche du surréalisme aux côtés de qui elle va évoluer et se découvrir.

Jeune américaine, Lee Miller vient à Paris pour fuir New York et son métier de mannequin, pour recommencer sa vie. Elle va rencontrer Man Ray, déjà célèbre dont elle devient l’assistante, puis elle va lier vie professionnelle et personnelle. Aux côtés de cet artiste, elle va s’ouvrir au monde de la culture à Paris, au monde du Surréalisme, elle va y croiser : Paul Eluard, Tristan Tzara, …et se balader dans le Tout Paris, des réunions du groupe aux cabarets.

Ce roman lie donc ces grandes thématiques : l’art, l’amour et amour de l’art. Lee Miller s’intéresse surtout à l’art de la photographie, dans lequel son compagnon excelle. A deux, ils s’épanouissent au point de créer des techniques, et notamment la solarisation.

« Je pense que le monde ...poursuit-elle, continuera de tourner que je prenne une photo ou pas. Mon art c'est de choisir quand prendre la photo. Ce n'est pas la mettre en scène, c'est juste être là au bon moment, et décider qu'il se passe quelque chose dont personne d'autre n'a conscience ». Page 377

Je n’ai pas pu rester insensible à cet éloge de la photographie. J’ai voulu découvrir les œuvres décrites dans le récit, celle de Man Ray mais surtout celle de Lee. Un des objectifs de Whitney Scharer, l’auteure est donc atteint.

Mais c’est aussi le destin d’une femme libre. Lee Miller va vouloir s’affranchir de son compagnon, pour exister par elle-même, à travers son art ; elle va aussi se tourner vers le cinéma avec une autre rencontre importante dans sa vie, celle de Jean Cocteau. Le récit nous plonge ainsi en pleine exploration de la période surréaliste où foisonnent les idées et les artistes. Touche à tout, passionnée par la photo, Lee Miller continuera son chemin de photographe après cette partie de sa vie.

"Toutes les photos qu'elle prend ainsi semblent vivantes et inattendues. Et Lee elle-même se sent plus vivante que jamais du seul fait de les prendre."

On le sait dès le début du roman puisque des insertions dans ses souvenirs de reporter de guerre ponctuent son évolution.

Je conseille ce roman, un roman complet qui oscille entre roman historique, biographie et roman d’amour et qui offre aussi un portrait de femme moderne, libre et indépendante. Je confirme donc mon sentiment à la page 100, le récit de la vie de cette femme m’a enthousiasmée tant Lee Miller a eu une vie pleine et passionnante.

http://passeuredelivres.over-blog.com/2019/08/l-age-de-la-lumiere-whitney-scharer-les-editions-de-la-l-observatoire.html
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L'âge de la lumière

Un véritable coup de cœur qui m'a fait loupé ma station de métro et m'a tenu éveillée jusqu'à 3h du mat.



Lee Miller, mannequin américaine reconnue, aux nombreuses couvertures Vogue, débarque à Paris pour devenir photographe. Lors d'une soirée, elle rencontre le génie Man Ray. D'abord son assistante, puis son modèle et enfin sa maîtresse. Le Paris des années 30, Montparnasse, les dada, le surréalisme, le ciné de Cocteau...

Dans l'ambiance de la chambre noire où se développent les photos, Miller découvre la solarisation par erreur. Révolution photographique que Man Ray s'approprie : son studio, son assistante donc c'est comme si c'était de lui. Pas de reconnaissance pour Lee. Rupture.

Photographe de guerre, on ne veut pas voir ses photos montrant la réelle horreur des champs de bataille et des camps de concentration.

Après avoir orné les articles de recettes de cuisine et de vie à la campagne, elle accède enfin à la reconnaissance de son talent de photographe. Trop tard, elle part d'un cancer.

Biographie romancée de Lee Miller, l'autrice a su démontrer la complexité de la relation muse / créateur surtout quand les deux sont des génies. Redonnant à Lee ce qui revient à Lee.

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L'âge de la lumière

"L'Âge de la lumière" est le titre donné à l'article que Man Ray a écrit pous sa revue le 221, titre largement inspiré par Lee.



En 1966, Lee Miller Penrose sexagénaire, dans son village isolé du Susex, chaque week-end  prépare des dîners très élaborés dont elle fait le compte-rendu dans le magazine Vogue, à la rubrique "Arts de vivre". Avant cela, elle était leur correspondante de guerre, avant cela, leur correspondante pour la mode et encore avant cela, leur mannequin vedette. Hélas ses mots ne font plus recette... Mais les maux, eux sont toujours présents. Trop souvent des odeurs, des images, le bruit des bombes lui reviennent en mémoire se logeant comme des éclats d'obus dans son cerveau. Alors elle prend un verre de whisky, puis deux... Sa rédactrice en chef, Audrey Withers lui propose d'écrire un article sur ses années passées au côté de Man Ray, "Un bel article" illustré de photos de cette époque. Lee pourrait écrire l'histoire qu'elle a toujours racontée, romantique, ou l'autre, celle qu'elle a verrouillée en elle...



Ce roman est une carte au trésor. Je suis partie à la découverte de Lee Miller, fascinante, femme aux multiples talents, libre, anticonformiste, sensible et sensuelle. C'est une plongée dans le Paris des années trente et ses années de correspondante de guerre.

En 1929, Lee Miller est jeune et insouciante. Elle débarque à Paris et perfectionne sa technique photographique auprès de Man Ray, son mentor, ami et amant, dont elle devient la muse, l' inspiratrice. Avec le concours financier de Man, Lee s'installe dans un appartement à deux pas de celui de son amant et finalement chez lui. Ils vivent et travaillent ensemble. Les deux faces d'une seule pièce, lumière et contre-jour. Les choses se sont faites, simplement, naturellement. C'est l'époque des surréalistes de Montparnasse, les soirées avec Dali, Breton, Ernst, Arp, Soupault, Aragon, Eluard, Cocteau et Claude Cahun et Ilse Bing.

Lorsque arrive la Seconde Guerre Mondiale, Lee devient reporter de guerre avec pour mission de photographier le travail des infirmières américaines après le débarquement, les lieux, les actes chirurgicaux, tous ces gestes sont passés au crible de son objectif, les infirmières allemandes travaillant avec les américaines.  Lee reporter engagée, son appareil en bandoulière, photographie les anonymes, la détresse humaine,  la libération des camps de Buchenwald, Dachau, Munich, Vienne. Puis elle voyage à travers l'Europe et photographie la liberté telle qu'elle lui apparaît, Danemark, France, Luxembourg, l' Europe de l'est, la Roumanie. En 1946 son accréditation lui est retirée, l'argent vient à manquer, Lee rentre à Londres auprès de Roland Penrose.
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