Will Schwalbe

Comme lecteur je suis plus influencé pendant ma lecture. Je ne suis plus le même lecteur quand je commence la lecture d’un livre que quand je lis la fin. Des nouvelles connections dans le cerveau se créent pendant la lecture. Chaque livre change votre vie. Alors, j’aime me demander comment ce livre change ma vie ?
(Traduction personnelle).

Les livres nous rappellent nos luttes contre la tyrannie mais uniquement si les gens sont libres de lire différents types de livres. Le droit de lire ce qu’on veut et à l’heure qu’on veut ; c’est un des droits basics, c’est une façon de préserver les autres droits du lecteur. C’est un droit qu’il faut garder avec plaisir. Lire ce n’est pas une manière d’aller en contre d’un esprit étroit et de la domination. Lire est l’un de grands bonheurs.
Lire des différents livres ce n’est pas une simplement choisir un livre différent type de livres ; c’est plutôt devenir humain, devenir plus humain.
Quand je lis, je me rappelle d’être plus conscient de ma journée. Ceci n’est pas uniquement important pour vivre, c’est la moindre de choses que je puisse faire pour tous ceux qui sont morts.
Je lis pour vivre, je lis pour la vie.
(Traduction personnelle)

Qu’est-ce que vous lisez?
C’est une question simple mais elle est très puissante, cette question peut changer des vies et créer une ambiance de partage parmi des gens qui seraient autrement séparés par leur culture, leur âge, le temps ou l’espace.
(Traduction personnelle)
What are you reading?
It’s a simple question but a powerful one, and it can change lives, creating a sharing universe for people who are otherwise separated by culture and age and by time and space.

Maman a baissé les yeux. Il fallait que je parte bientôt: je l'ai embrassé très vite, délicatement pour ne pas irriter sa joue, et me suis retrouvé sur le palier avant même de m'en être rendu compte. Je suis resté là un long moment, sans vouloir ni pouvoir presser le bouton de l'ascenseur et retourner chez moi. Je regardais la porte de son appartement, et je me suis autorisé pour la première fois à penser que le jour viendrait bientôt où elle ne se trouverait plus derrière cette porte, où elle serait partie, où je ne pourrais plus parler avec elle de livres ni d'autre chose. J'ai ressenti une douleur aiguë et j'ai même cru à une crise cardiaque, mais ce n'était que la panique.

J'étais en train d'apprendre que vivre avec quelqu'un qui est sur le point de mourir implique dans le même temps de célébrer le passé, de vivre le présent et de pleurer l'avenir.

Ce que j'aime par dessus tout dans les livres est leur existence physique. Les livres électroniques vivent hors de notre vue et disparaissent de nos pensées, tandis que les livres imprimés ont un corps, une présence. Bien sûr, ils vous échappent parfois en se cachant dans des lieux improbables, par exemple une boîte pleine de vieilles photos encadrées, ou le panier à linge, enveloppés dans un T-shirt. Mais, à d'autres moments, ils vous défient et vous trébuchez littéralement sur des bouquins que vous aviez oubliés depuis des semaines ou des années.

Il nous reste à tous beaucoup plus de livres à lire qu'on n'en pourra lire et beaucoup plus de choses à faire qu'on n'en pourra faire. Pourtant, Maman m'a appris que lire n'est pas le contraire de faire, mais celui de mourir. Je ne pourrais jamais plus lire les livres préférés de ma mère sans penser à elle.

Ce week-end là, j'ai commencé ma lecture et, au bout de vingt pages environ, la magie qui ne se produit qu'avec les meilleurs livres a opéré: entièrement absorbé, captivé, je suis entré en mode "lecture intense".

Vivre avec quelqu'un qui est sur le point de mourir implique dans le même temps de célébrer le passé, de vivre le présent et de pleurer l'avenir.

Petit clin d'oeil aux mamans en ce week-end de la Fête des Mère au Québec : "Même quand je suis très fatiguée, j'arrive à lire. C'est peut-être parce que j'ai élevé trois enfants en travaillant à plein temps. Je crois que j'ai dû m'habituer à être tout le temps fatiguée. Si j'avais attendu d'être reposée pour lire, je ne l'aurais jamais fait." (p. 309)

Je réalise à présent, que dans les jours qui ont précédé le diagnostic de Maman, nous avions tous atteints des sommets dans nos folles et fébriles activités. [...] Nous étions terrifiés, à l'idée de nous arrêter, d'arrêter quoi que ce soit et d'admettre que quelque chose n'allait pas. Il semblait que nous aspirions tous à cette activité frénétique. [...] Tout se passerait bien, tout serait possible, tout pourrait être sauvé, tout danger serait écarté tant que nous resterions tous en mouvement. (p. 36)

Je ne me vois pas abandonner les vrais livres, m'a -t-elle dit. Et j'adore l'idée de passer mes bouquins à quelqu'un d'autre une fois que j'ai fini de les lire. (p.346)

-L'Elégance du hérisson- de Muriel Barbéry, est entré dans nos vies au moment précis où nous en avions besoin. (...)

-L'Elégance du hérisson- est à bien des égards un livre qui parle des livres (et des films), de ce qu'ils peuvent nous enseigner et de la manière dont ils nous ouvrent des mondes. Mais comme la plupart des grands livres, il parle des gens et des rapports qu'ils nouent entre eux, de la façon dont ils se sauvent les uns et les autres et se sauvent eux-mêmes. (p.334-337)

Elle n'a jamais vacillé dans sa conviction que les livres étaient l'outil le plus puissant de l'arsenal mis à la disposition des hommes, et que lire toutes sortes de livres,...était le meilleur moyen à la fois de se divertir et de prendre part à la conversation humaine.

Maman m'a appris que nous pouvons agir sur le monde et que les livres sont vraiment importants : grâce à eux, nous savons ce que nous devons faire de nos vies et comment le dire aux autres.

C'est l'une des choses incroyables que parviennent à faire ce genre de très bons livres : ils ne font pas seulement voir le monde autrement, ils t'amènent à regarder les gens qui t'entourent autrement ( "Les eaux dérobées" ou "Carol" de Patricia Highsmith ).

Après tout, chacun d'entre nous se révèle par un nombre impressionnant de ce que les joueurs de poker nomment des "tells"-des indices verbaux et visuels qui renseignent sur nos véritables intentions, à condition d'être assez observateur pour les remarquer.

On oublie facilement dans notre univers connecté que le texte numérique n'est pas seulement interdit en prison, mais qu'il existe des pays comme la Birmanie où une connection à Internet non déclarée peut vous valoir la prison, voire pire. La liberté et l'écrit sont encore liés, comme par le passé. (p.168-169)

A propos de - La Cage aux lézards- de Karen Connelly

Quant à l'existence hors de la prison, où toute dissension est bannie, Conelly écrit: "tant qu'il y aura du papier, on écrira, en secret, dans des petites pièces, dans les chambres cachées de son esprit, tout comme on chuchote les mots qu'on n'a pas le droit de dire à voix haute"
A l'ère des ordinateurs, il y a quelque chose de profondément poignant dans la vision de ce prisonnier politique et de ses bouts de papier, dans l'image d'une prison que la recherche d'un stylo met sens dessus dessous, et dans la reconnaissance par Conelly de l'importance de l'écriture et des mots imprimés. (p;168)

-A propos du "Livre d'Hanna"-

Mais le plus intéressant est ce qu'il dit des livres et de la religion. J'adore la manière dont Brooks montre que toutes les grandes religions partagent l'amour des livres, ou de la lecture, de la connaissance. Chaque livre peut avoir sa spécificité, mais nous possédons le même respect pour les livres. Ce sont eux qui, dans le roman, rassemblent musulmans, juifs et chrétiens. C'est pour cette raison que tous en arrivent à de telles extrêmités pour sauver ce livre unique- un livre qui représente tous les livres. Quand je repense aux camps de réfugiés que j'ai visités, dans le monde entier, les gens m'ont toujours demandé la même chose: des livres. Parfois même avant les médicaments ou un abri, ils voulaient des livres pour leurs enfants. (p.142)