Yann Arthus-Bertrand

France. Gironde. Reserve naturelle du banc d'Arguin. À l'embouchure du bassin d'Arcachon, entre le Cap-Ferrat et la dune du Pilat - la plus haute de France, 106 m -, le banc d'Arguin affleure sous les eaux de l'océan Atlantique. Constitué d'un ensemble d'îlots sableux qui changent de forme et de place au gré des vents et courants marins, suivant un cycle relativement régulier d'environ 80 ans, ce site d'une superficie variable de 150 à 500 ha, a été classé réserve naturelle en 1972. Le banc d'Aarguin est en effet une escale , un lieu d'hivernage ou de nidification pour de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs ; on y rencontre notamment une colonie de 4000à 5000 couples de sternes parmi les trois plus importantes d'Europe. Malgré son statues de protection, la réserve naturelle est menacée par l'importance de l'affluence touristique et le développement croissant d'activités ostréicoles à sa périphérie.

Turquie Anatolie. Cratere prés d'Ilhara. La chaine des volcans anatoliens occupe 8% du territoitre de la Turquie. Non loin d'Ilhara, se dresse l'un d'eux, le hasan Dagi, un cône volcanique aux pentes douces, qui culmine à 3268 m. La prospérité de cette région à l'ère néolithique a reposé largement sur l'exploitation de l'obsidienne, une pierre volcanique tranchante précieuse pour la fabrication des armes et des outils. Le volcanisme est aussi la source indirecte d'une extraordinaire formation géologique du paysage anatolien , les cheminée de fée. Ces cavités à l'intérieur de pitons ont été modelées par l'érosion de la couche de tuf - formée au fil des siècles par les cendres et les boues crachées les volcans qui recouvrent la terre.

Mauritanie. Caravane de dromadaires aux environs de Nouakchott. Dans tous les pays riverains du Sahara, comme la Mauritanie, le dromadaire se révèle l'espèce domestique la mieux adaptée à l'aridité du milieu . Baptisé - vaisseau du désert -, cet animal ne peut boire qu'à de longs intervalles et, en hiver, dans un bon pâturage, se passer d'eau plusieurs mois. E revanche, l'été, en fonction de la chaleur et de l'effort fourni, il ne peut tenir que quelque jours sans boire, quand un homme dans les mêmes conditions mourrait de déshydratation en 24 heures. La réserve de graisse contenue dans son unique bosse intervient dans sa régulation thermique, ce qui lui permet de supporter un échauffement de son corps sans transpirer pour se refroidir. En Mauritanie, les Maures élèvent le dromadaire pour son lait et sa viande, ainsi que pour son cuir et sa laine. À la fin des années 1990, le cheptel de dromadaires du pays serait de l'ordre d'un million de têtes.

Bangladesh. Village inondé au sud de Dacca. Avec 850 habitants par km2, le Bangladesh est le grand État le plus densément peuplé du monde, trois fois plus que l'Inde, sep fois plus que la Chine. C'est aussi l'un des pays les plus pauvres, avec un PNB de 260 dollars par habitant. Établi sur un plaine deltaïque très fertile, mais enterrement basse, parcourus par quelque trois cent cours d'eau , le pays doit affronter depuis toujours des crues dévastatrices des grands fleuves himalayens, le Gange, et le Brahmapoutre. En période de mousson, il n'est pas rare que les deux tiers du pays soient sous les eaux. La gravité des inondations est accentué par la déforestation du massif himalayen, notamment au Népal. L'agriculture, qui fait vivre les quatre cinquième de la population, à a réduit à moins de 10% le couvert végétal qui limitait l'étendue des inondations. Chaque année, celles-ci font de nombreuse victimes et laisse nt le quart de la population sans abri. Les épisodes les plus meurtrières sont dus au passage des cyclones, qui s'accompagnent de raz de marée pouvant occasionner plusieurs centaines de milliers de morts, comme en 1970 et 1991. Le Bangladesh est actuellement un des pays les plus exposés aux risque du changement climatique, à la fois par la recrudescences des cyclones et par la lente remontée du niveau marin.

France. La Réunion. Hélicoptère dans le cirque de Salazie. Au centre de l'île de la Réunion, les parois abruptes du cirque de Salazie abritent une succession de cascades connues sous le nom de Voile de la Mariée. Avec ses 10.400 ha, ce vaste cratère dominé par le piton des Neiges - 3069 - est aujourd'hui le plus accessible des trois cirques que comprend l'île. L'isolement de ceux qui y vivent est cependant resté légendaire. À la fin du XVIIe siècle, les colons Français venus exploiter les ressources de l'île Bourbon furent exclus de l'économie des plantations de cannes à sucre et refoulés dans les Hauts. La mise l'écart de ceux que l'on appelle les 6 Petits Blancs enrichie par l'agriculture sucrière des Bas, a entrainé leur isolement culturel. Les Hauts ne seront désenclavés qu'en 1946 par une route qui traverse le cirque. Les Petits Blancs émigrèrent alors en nombre vers le littoral, puis vers la France. le développement du tourisme de masse enferme ceux qui restent dans une - exotisation - de leur culture réputée passéiste voire attardée, perpétuant sous un autre mode la - malédiction des Cirques -.

États-Unis. Marathon de New-York passant sur le Verrazano Bridge. Un milliard d'habitants il y a deux siècles, quelque 6 milliard aujourd'hui. On a craint que la population du monde ne soit un jour, comme une foule de marathoniens, si dense que la vie sur notre planète deviendrait radicalement impossible. Lorsque la croissance semblait indéfinie, il était simple, sinon courant, pour soutenir une vision catastrophiste de l'accroissement de la population mondiale, de calculer le moment où nous serions un habitant par mètre carré sur terre. Mais la croissance démographique ne cesse de ralentir. On parle aujourd'hui d'une stabilisation possible de la population mondiale, dans deux siècles, autour de 11 milliards d'habitants. Le défi actuel est celui d'une dynamique démographique compatible avec un développement réellement durable.

Kenya. Flamants roses sur le lac Nakuru. D'une superficie de 62 km , le lac Nakuru, au cœur du par naturel du même nom, accueille prés de 370 espèces d'oiseaux, parmi lesquels les petits flammants - Phoenico-naias minor - et les flamants roses - Phoenicopterus ruber - sont sans doute les plus nombreux. La haute teneur en sel de ce plan d'eau favorise la prolifération d'algues, de planctons et de crevettes qui constituent l'essentiel de l'alimentation de ces oiseaux. Cependant, les produits chimiques utilisées dans les cultures riveraines ont peu a peu pollué les eaux du lac, limitant le développement des végétaux et animalcules. Les flamants qui étaient au nombre de 2 millions sur ce site dans les années 1970, l'ont peu à peu déserté, et plus des 2/3 ont migré vers d'autres lacs. On estime que c'est dans cette région d'Afrique orientale, la Rift Valley, que vivent plus de la moitié des flammants du monde.

États-Unis. Utah. Lake Powell. San Juan River Arm, partie ouest. Situé dans les rocheuses, à l'extrême sud-est de l'Utah, le Lake Powell compte parmi les plus grands lacs artificiels du monde. Avec 65.000 ha, ses 170 m de profondeur, ses 300 km de long et ses 3500 km de littoral, ses dimensions le placent d'emblée à l'échelle du continent américain. Si la construction du barrage de Glen Canyon Dam, à l'origine de sa création, débute 1956, le lac proprement dit n'est rempli qu'en 1980, alimenté par des rivières comme le Colorado, San Juan , Escalante et Dirty Devi. Les étapes successive de son aménagement évoquent l'histoire de la région, de ce Far West mystique et de ses Indiens, à la conquête des quel étaient partis, dès le XIX e siècle, les colons européens établis à l'est du continent. Avant d'être recouverte par les eaux du Lake Powell, cette terre appartenais aux Navajos qui furent contraint de l'échanger contre un territoire de même superficie plus au sud de l'Utah et moins apte à faciliter leur survie. Par revanche de l'histoire, les Indiens d'Amérique s'accroissent rapidement, dépassant les cinq millions de personnes, et revendiquent avec un succès grandissant leurs terres ancestrales : le Lake Powell pourrait bientôt redevenir indien.

Islande. Région du Myrdalsjökull. Rivière de Maelifellssandur. Alimentées par de fortes précipitations - 2100 mm en moyenne par an - et par la fonte des glaces, les rivières islandaises, comme ici dans la région du Myrdalsjökull, présentent toutes un régime glaciaire : basses eaux en hiver, débit maximum en été au moments des grandes fontes. Elles sont entrecoupées de cascades et de rapides car l'érosion n'a pas encore adoucit les jeunes reliefs volcaniques. Ces rivières constituent le domaine de prédilection des pécheurs qui viennent du monde entier pour y attraper saumon et truites, acceptant même de payer un droit journalier aux fermiers dont les domaines englobent des rivières ou des lacs, ces derniers disposent du privilège de les exploiter. Il y a deux siècles, les saumons et les truites étaient aussi fréquente dans les rivières Française qu'en Islande. À preuve, des contrats d'ouvrier agricoles interdisant à leur patrons de leur servir du saumon plus de deux fois par semaine. Bien que de façon moins visible, nos rivières ont été autant modifiées que nos paysages par l'agriculture et l'industrie.

France. Yvelines. Chateau de Versailles au couvcher du soleil. En 1961, le roi de FRance Louis XIV ordonne la construction a Versailles, pres de Paris, d'un palais dont l'edificatuiion, sur une zone marecageuse, nécessitera cinquante annes de travaux.Bati au coeur d'un domaine de 800 ha agremebnté de somptueux jardins, de 34 bassins et 600 jeu d'e

Tunisie. Gouvernorat de Nabeul. Agriculture près de la ville d'Hammamet. La Tunisie possède une longue tradition en matière d'irrigation. Mais l'exploitation multimillénaire des sols les a fragilisés et la salinisation les a progressivement stérilisées. L'épuisement des nappes superficielles oblige a chercher l'eau toujours plus profondément. Malgré ces conditions défavorables, depuis trois décennies, la mise en valeur par l'irrigation représente une orientation permanente et prioritaire de la politique agricole tunisienne. Le pays consacre régulièrement 30 à 40 % de ses investissements agricoles à la mise en place d'une importante infrastructure de mobilisation, de transfert et de distribution des eaux. En trente ans la surface irriguée a quadruplé- aujourd'hui plus de 250.00 ha -.La production de fruits et légumes a progressivement remplacé celles des céréales et suffit désormais à la consommation intérieure. Les exportations se développent rapidement, tirées par les dattes et les agrumes : la Tunisie pourrait devenir l'un des potagers de l'Europe comme le furent il y a quarante ans l'Italie et l'Espagne.

Japon. Honshu. Serres entre Nara et Osaka. Depuis les années 1960, l'agriculture japonaise a connu une importante mutation avec le développement de la production laitière et fruitière et l'extension de l'élevage industriel de viande. Cela se répercute sur le paysage des campagnes japonaises. Des serres de vinyles - pour la culture intensives de fruits et légumes primeurs - se sont multipliées dans les banlieues des principales villes - comme Tokyo et Osaka - et ont même gagné les régions traditionnelles de rizière - comme la plaine de Nara, l'ile de Honshu, ou encore celle d'Okoyama, sur la mer Intérieure -, allant parfois jusqu'à remplacer la culture du riz. La production des autres cultures traditionnelles japonaises, comme le murier, le théier et les céréales - blé et orge -, diminue progressivement avec pour conséquence l'obligation pour le Japon d'importer de grandes quantités de blé, d'orge ou de soie, matière dont il était il y a une trentaine d'année encore, le premier exportateur mondial.

Brésil. Le Corcovado surplombant la ville de Rio de Janeiro. Perchée sur un piton rocheux de 704 m appelé Corcovado - bossu-, la statue du Christ rédempteur domine la baie de Guanabara et son célèbre - pain de sucre -, ainsi qui l'ensemble de l'agglomération de Rio de Janeiro. C'est à une méprise des premiers navigateurs portugais qui jetèrent l'encre dans la baie, en Janvier 1502, que la ville doit son nom de - fleuve de janvier -, ces derniers croyant pénétrer dans l'embouchure d'un cours d'eau. Capitale du Brésil de 1763 à 1960, Rio de Janeiro est aujourd'hui devenue une mégapole qui s'étend sur 50 km et abrite plus de 10 millions d'habitants. Le Christ rédempteur du Corcovado rappelle que le Brésil est le premier pays catholique de la planète, avec environ 121 millions de baptisés. Dans le monde, le catholicisme - près d'un milliard de fidèles - est lui-même majoritaire au sein de la religion chrétienne qui avec près de 2 milliards d'adeptes, est la plus pratiquée dans le monde.

Russie. Kamtchatka. Flancs enneigés du volcan Kronotskaya. À l'extrémité orientale de la Sibérie, la presqu'ile du Kamtchatka s'étend sur près de 370.000 km2. Très montagneuse, cette région de la fédération de Russie se caractérise avant tout par le fait que la nature y est reine et l'homme peu présent.- la densité est inferieure à un habitant par km2. Avec ses nombreux volcans - plus d'une centaine dont une vingtaine encore en activité -, elle fait partie de la ceinture de feu du pacifique. Le Kronotskaya, l'un des plus élevés, culmine à 3528 m alors que la hauteur de la plupart des autres oscilles entre 1.000 et 1600 m. La région comprend aussi de nombreuses sources thermales chaudes, des chutes d'eau et des geysers, des fleuves violents et des torrents. Elle abrite sur 9.000 km2 la réserve naturelle de Kronotski où vivent, protégés, les ours bruns du Kamtchatka, mais également des lynx, des zibelines et des renards. En face séparé par le détroit de Béring, l'Alaska américain présente le même aspect. Il y a vingt-mille ans, de petites bandes d'hommes franchirent le détroit alors à sec et progressivement peuplèrent toute l'Amérique. Les Sioux, les Incas, les Guaranis sont leurs descendants : ils venaient du Kamtchatka.

États-Unis. Californie. Éoliennes de Banning Pass dans les environs de Palm Spirings. Ce superbe paysage étoilé d'éoliennes est désormais classique aux États-Unis et en Europe du Nord. L'Allemagne tient le premier rang pour la puissance installée. L'utilisation du vent, bien qu'encore marginale dans le bilan énergétique mondial - sa puissance installée approchait 10.000 mégawatts au début de 1999 -, a connu une croissance exceptionnelle dans les trois dernière années du XX e siècle. Les projets déjà engagés devraient porter la puissance éolienne mondiale à; plus de 20.000 mégawatts à la fin de l'année 2002. parfaitement renouvelable et non polluante, l'énergie éolienne utilise aujourd'hui les méthodes les plus modernes mises au point dans l'industrie aéronautique.

États-Unis. Californie. Éoliennes de Banning Pass dans environs de Palm Springs.

Espagne. Andalousie. Paysage de champs. Les collines argileuses au sud de la vallée du Guadalquivir sont propices à la culture du seigle et du blé. Depuis des millenaires elles ont été aménagéees en terrasses, d'abord par les Ibères, puiqs par es Roma

Italie. Vénétie. Vue générale de la ville de Venise. Venise n'est pas une île, mais une archipel de 118 îles, séparées par 200 canaux qu'enjambent plus de 400 ponts. Le grand canal - la plus belle rue que je crois être en tout le monde - écrit Phillipe de Commynes au XVe siècle - en constitue la principale artère ; sur ses rives, ont été édifiés les plus beau palais de la Renaissance et de l'époque baroque par l'aristocratie vénitienne, ainsi que les principales église de la cité. De telles constructions et bien d'autres lieux célèbres de la ville comme la place Saint-Marc, le palais des Doges ou encore le théâtre de la Fenice, symbolisent le destin exceptionnel de la Sérénissime, lié avant tout à la maitrise de la mer ; dès l'an mil, Venise tenta d'imposer sa suprématie en Adriatique puis dans toute la méditerranée jusqu'au confins de la mer Noire, par l'établissement de comptoir commerciaux. Les puissances maritime sont dominé le monde jusqu'au XVIIe siècle :Athènes, Rome, Gènes, Venise, les Pays-Bas et l'Angleterre, , puis les puissances continentales l'ont emporté. On pense que le XXIe siècle verra le retour des grandes puissances maritimes - Europe, États-Unis et Japon - tant pour des raisons de commerce que pour la localisation des population au voisinage des mers et des océans.

États-Unis. Alaska. Î lot boisé sur un lac de la péninsule de Kenaï. En Alaska, le plus grand État américain avec 1,5 million de km2- soit 1/5 des États-Unis -, la péninsule de Kinaï, sur la cote méridionale, est contrairement à la majeur partie du territoire, préservé du permafrost - gel permanent du sol - par un climat océanique tempéré. Elle présente des paysages de forets et de lacs dont les eaux claires reflètent le ciel avant que l'hiver ne les transforment en glace. Très poissonneux, ces lacs foisonnent de truites arc en ciel avant que l'hiver ne les transforment en glace. Très poissonneux, ces lacs foisonnent de truites arc-en-ciel et de brochet nordiques, mais surtout de saumon qui remonte les cours d'eau de la péninsule en été et font le bonheur des ours noirs et des grizzly de la région. Ces saumons font également l'objet d'une pêche sportive et commerciale ; 10 millions d'entre eux sont captures chaque années et alimentent les industries de conditionnement de l'Alaska, qui fournissent pour la moitié les conserveries de saumon du monde.

France. Puy-de Dôme. Chaines des volcans d'Auvergne. Le puy de Côme. Au cœur du Massif central, les quelques 80 volcans éteints de la chaine du Puys, ou monts Dômes, sont remarquablement conservés et témoignent de leur activité volcanique récente - 15.000 ans-. Désignés par le vieux mot français Puy, et et par celui de Duma d'origine celtique, renvoyant tout deux à l'idée de hauteur, ils ont été aussi qualifiés de - volcans de manuel scolaires -tant certains cratères, de type strombolien, apparaissent bien dessinés à leur sommet. La qualité de ce patrimoine naturel tient à la rareté des habitations, au reboisement en résineux des espèces abandonnés avec l'exode rural, à la persistance enfin du vieux droit v coutumier a toujours préféré la propriété collective parcellaire privé. La création en 1977 du parc régional de Volcans témoigne de l'ensauvagement de cette région, mais illustre aussi les contradictions du management - de la nature : les adeptes du tourisme vert se heurte aux éleveurs de moutons qui veulent clore leurs pacages ; la foret en s'étendant fragilisent peu à peu les sommets ; il ne manque plus que la réintroduction de loups pour entrainer un conflit général.