Un homme s’assied au bord d’un lit, un téléphone portable à la main. Il se retourne et vérifie que la femme allongée derrière lui a toujours les yeux clos.
Le smartphone, qui s'était montré muet depuis le début de la journée reçoit un appel.
La sonnerie, très désagréable, fait sursauter la jeune femme.
Sur l'écran s'affiche non pas le nom d'un contact, mais un numéro de téléphone.
Le numéro de téléphone fixe de Cathy.
Ce goûter et le parfum de la crème, à l'instar de la Madeleine de Proust, replongeaient chacun
dans son enfance. Ce doux moment permettait à Guillaume de ne pas penser au chômage le
menaçant et pouvait chasser sa récente rupture de la tête ; tandis que Solène oubliait son fils de
deux ans tout le temps dans ses jambes et son second qui ne faisait toujours pas ses nuits.
Elle ouvre l'application GPS. Si l'historique internet du portable n'avait rien révélé, celui du GPS en revanche contient trois adresses. Elle les regarde une par une. La première ne lui semble pas inconnue.
A haute voix, elle lit l'adresse de son lieu de travail.
Celle qui la suit est celle de son arrêt de bus.
Entre effroi et incompréhension, de la sueur perle à son front.
La dernière adresse l'alarme encore plus : il s'agit de celle de son domicile.
Catherine patiente à l'arrêt de bus, un livre à la main. les voitures défilent tandis qu'elle se penche pour voir si le véhicule arrive. Un coup d'œil à sa montre lui indique que le bus a déjà - et encore - dix minutes de retard. Malgré son sens du civisme et de l'écologie, ce matin elle envie les gens qui ont la liberté de pouvoir se rendre à leur travail en voiture.
Le meurtrier de sa femme s'était juste assoupi quelques instants. "Quelques instants"... pour une vie brisée à jamais.
La meilleure littérature n’est pas celle qui ressemble à la littérature mais celle qui ne lui ressemble pas ; c’est-à-dire : celle qui ressemble à la vérité. Toute littérature authentique est anti-littérature.
Balzac aspirait à élever le roman au niveau de l’histoire et c’est pourquoi, dans Petites misères de la vie conjugale, il dit que “le roman est l’histoire privée des nations”. Des années plus tard, dans la seconde moitié du siècle, Flaubert, à la fois principal adepte et principal réviseur de Balzac, ne trouve pas cet objectif satisfaisant et semble, d’après sa correspondance, obsédé par l’ambition d’élever la prose à la dimension esthétique du vers, ainsi que par le rêve de conquérir pour le roman la rigueur et la complexité formelle de la poésie.
Le roman n’est pas un genre responsif mais interrogatif : écrire un roman consiste à se poser une question complexe et à la formuler de la manière la plus complexe possible, et ce, non pour y répondre ou pour y répondre de manière claire et certaine ; écrire un roman consiste à plonger dans une énigme pour la rendre insoluble, non pour la déchiffrer (à moins que la rendre insoluble soit, précisément, la seule manière de la déchiffrer).
C’est pourquoi je faisais observer que le point aveugle de l’œil et le point aveugle de ces romans ne fonctionnent in fine pas si différemment : de même que le cerveau couvre le point aveugle de l’œil et parvient ainsi à voir là où de fait il ne voit pas, le lecteur couvre le point aveugle du roman et réussit à connaître ce que de fait il ne connaît pas, à arriver là où, seul, le roman ne pourrait jamais arriver.
« Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges »
Friedrich Nietzsche.
- Haut les mains ! ordonna Jérôme en agitant le canon de son arme.
Les deux jeunes gens s'exécutèrent.
- "Haut les mains" ? ironisa Alan. Vous êtes sérieux ? On n'est pas dans une série des années 80 !