Au temps lointain, dans une terre lointaine insulaire, régnaient différentes chefferies. Aussi, dans ce lieu mystérieux et oublié de tous, les hommes respectaient la nature et vivaient en harmonie avec les animaux. Le soleil en est témoin. Sur cette terre habitait une princesse à la beauté indescriptible. Cette dernière, heureuse, attendait avec impatience le jour de son mariage. L'harmonie et le bonheur régnaient dans le pays de la jeune princesse. Quand un beau jour Himiko croisa le chemin du prince du pays d'en face… Et, le malheur et la désolation s’installèrent. La future reine Himiko était si belle que les hommes, fous de passion, en perdaient la tête. L'amour, comme une drogue, pollue le pauvre coeur des hommes, alors cet amour se transforme en obsession. Rien ne va plus ! Le soleil en est témoin. Dès lors, les hommes esclaves de leurs pulsions entreprennent ce qu'ils savent faire le mieux à savoir la guerre, tandis que la princesse à la beauté fatale décide de se venger en usant de ses charmes et de son intellect.
Quand j'ai vu qu'enfin un livre de Yokomitsu Riichi venait d’être traduit en français (aux éditions Anacharsis) je n'ai pas pu résister à l’achat. D’ailleurs, dès les premières lignes du texte on se rend compte que l'on tient entre les mains un ouvrage pas comme les autres. Et en refermant le livre, on en est définitivement convaincu… « Soleil », c’est le « Salammbô » japonais. Effectivement, c'est en découvrant en 1919 le roman de Flaubert que le jeune Yokomitsu Riichi eut l’idée d’écrire son roman. Ainsi, entre l'idée de départ et la traduction française, il n'aura fallu patienter qu’environ cent ans.
« Le groupe des vierges s'en revenait des abords d'une source lovée au creux de la colline, leurs jarres d'eau calées sur la tête ; elles disparurent en chantant au milieu d'un bois d’Albizias. Sur les rocs entourant la source, en arrière, une fleur de scirpe encore fraîche gisait écrasée parmi les fragments de jarre. Puis le soleil s’inclina vers l'ouest au-dessus de la baie d’Ariaké qui s'élargissait au loin, au pied de la colline. »
Yokomitsu Riichi est un écrivain japonais moderniste expérimental, né en 1898 et mort à 49 ans en 1947. Ce dernier fait partie des nombreux auteurs nippons (au talent immense) appartenant à la branche littéraire des « écrivains maudits », mais quasi inconnus en occident. Effectivement, de cette génération seuls Akutagawa Ryûnosuké et Kawabata Yasunari sont suffisamment bien traduits. L'excellente postface revient sur l’histoire de ces écrivains japonais de l’entre-deux-guerres et « écrasés par leurs illustres aînés » ainsi que sur la genèse du roman « Soleil ».
Le livre de Yokomitsu Riichi débute en douceur… La description du lieu dans lequel évoluent les protagonistes est enchanteresse. On pense aux dessins et à l’univers d’Hayao Miyazaki. Un couple s’aime et s’amuse à feindre l’indifférence. Il règne une atmosphère d’insouciance. Cependant, très rapidement la tension monte et le cadre semble tout d’un coup moins idyllique. Les hommes sont violents, alcooliques, goinfres, stupides… Les femmes, elles, ne servent qu'à satisfaire les besoins naturels du mâle dominant… Seule la princesse Himiko sort du lot. Finalement, l’histoire bascule dans un univers de folle violence. Les sabres virevoltent, le sang gicle, les bras, les jambes, les têtes volent. On pense aux deux fameuses scènes du film « Sanjuro » d’Akira Kurosawa avec l’inoubliable Toshiro Mifune. Dans ce dédale de violences la beauté de la princesse Himiko, tel un soleil, continuera-t-elle à briller ? Comme par une tornade, nous sommes bousculés par la singulière écriture de l’écrivain. Yokomitsu Riichi va droit au but, son style est un ravissement. On sort du livre troublé. Lire « Soleil » de Yokomitsu Riichi est une sacrée expérience !
Qui aime les romans de chevalerie ? Quels sont ceux que vous pouvez me conseiller ?
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