J'ai choisi ce métier pour connaître l'âme humaine. Je voulais être avocate pour me coltiner avec la noirceur du monde, des hommes. Voir de quoi j'étais capable.
J'ai été servie.
Car non, je ne suis pas une femme battue. Pas moi. Je repousse cette idée avec force. Je n'ai pas le profil type, je ne suis pas née pour ça. Je refuse qu'on me mette dans cette boite, celle des victimes. Je n'aime pas les victimes, je n'aime que les héroïnes.
Mais très vite, le voyage lui parut infiniment trop long. Une plage de temps démesurée, cette période suspendue entre deux destinations, dans un pays nouveau, où soudain l'identité qu'il s'était construite avec minutie s'opacifia. Ses repères disparurent, ses limites furent pulvérisées par la vitesse toute relative.
Ils étaient bien insignifiants, Mohamed et ses Nefertiti d'albâtre, Mansour et sa felouque, par rapport à la masse déferlante de touristes à moitié nus qui les envahissait un peu plus chaque année. Et grâce à quoi ils vivaient. Et d'insignifiants à invisibles, il n'y avait qu'un pas.
Beaucoup de musées et d'institutions qui possèdent des trésors de provenance étrangère ne se montrent guère enthousiastes à l'égard de toute loi qui les empêcherait d’accroître leur collection. La police, elle, considère que son rôle est plutôt d'arrêter les malfaiteurs que de récupérer les objets disparus.
La fascination exercée par l'art existe de tout temps. Les œuvres d'art sont admirées, et donc convoitées. Rien de nouveau sous le soleil. Mais voilà que les vols ont pris une ampleur pandémique parce que la cote des objets a augmenté de manière spectaculaire au cours des dernières décennies, aiguisant ainsi la cupidité et la vénalité.
L'auteur du cambriolage, Robert Mang, avait un dossier judiciaire vierge et nulle difficulté financière. C'est lors d'une visite au musée de Vienne qu'il avait conçu son plan. Il était expert en systèmes d'alarmes.