Le Centre national de la littérature pour la jeunesse propose des rencontres avec des professionnels du livre et de l'enfance. Auteurs, illustrateurs, éditeurs ou chercheurs viennent présenter leurs projets et partager leurs expériences. Cette séance, qui a lieu dans le cadre du colloque « La médiation autour du livre de jeunesse en Europe au XXIe siècle », accueille l'auteur Yvan Pommaux.
"La lecture est le premier instrument de la liberté et elle est la première chose à défendre."
Christian Oster
C'est là , à portée de main , ça ne tombe jamais en panne , ça tient au creux de la paume , c'est un miroir , une machine à remonter le temps , une porte ouverte sur l'autre , c'est un livre .
Agnès Desarthe .
La littérature est un fleuve. A sa source, se trouvent les livres qu'a aimés un enfant.
On ne sait jamais comment les choses adviennent. Il s'agit de les rendre possibles, il s'agit d'ouvrir des portes, de dégrillager des fenêtres. De briser la glace, ou les verrous, ou les habitudes de paresse.
Geneviève Brisac
" Un livre raconte une histoire. S'il est illustré, l'illustration doit faire partie intégrante de cette histoire. Elle doit être narrative, avec des personnages caractérisés, exprimant des sentiments multiples, dans des décors adéquats. [.......] L'illustration doit simplement être lisible et raconter. Il est bon qu'elle ne soit pas figée, que les personnages ne posent pas comme devant l'objectif d'un appareil photo, agissent les uns par rapport aux autres, que les images se répondent entre elles et n'aient pas l'air d'être prêtes au découpage, puis à l'accrochage au dessus de la cheminée. Qu'un style se dégage, que des tendances s'expriment, c'est légitime. "
[Yvan Pommaux - Tout sur votre auteur préféré - L'école des loisirs]
" C'est longtemps après avoir fait les livres que je sais pourquoi je les ai faits. Au début, c'est seulement de l'instinct, de l'intuition, et des idées, des situations, des convictions qui flottent autour de moi, qui finissent par se rencontrer et dessiner un début de quelque chose que je "sens" bien. Après, c'est le dessin, le travail qui me guide plus que je ne le guide. Mais il me semble que des tas d'auteurs s'épuisent à essayer d'expliquer ça. Nous ne pratiquons pas une science exacte, il y a un mystère de la création, et c'est ce qui en fait le sel. "
[Yvan Pommaux - Tout sur votre auteur préféré - L'école des loisirs]
JOHN CHATTERTON — DÉTECTIVE — enquêtes - filatures
DRRING !
JOHN CHATTERTON : Entrez.
UNE FEMME (habillée en jaune) : Monsieur Chatterton, c'est affreux !... Ma fille a disparu !!...
JOHN CHATTERTON : Asseyez-vous, Madame, et racontez-moi tout.
LA FEMME : J'ai téléphoné chez ses amies : elle ne s'y trouve pas ! J'ai téléphoné chez sa grand-mère : ça ne répond pas !
JOHN CHATTERTON : Où habite cette grand-mère ?
LA FEMME : 12, rue Vieille !
JOHN CHATTERTON : Bien !... Et vous ?
LA FEMME : 21, rue Neuve !
JOHN CHATTERTON : Comment votre fille était-elle habillée, la dernière fois que vous l'avez vue ?
LA FEMME : ROUGE !... Tout en rouge ! Sandales rouges, socquettes rouges, pantalon rouge, chemise rouge, nœud rouge dans les cheveux ! Retrouvez-la, je vous en prie !
JOHN CHATTERTON : Je la retrouverai, Madame !
LA FEMME : Faites vite ! Je suis folle d'inquiétude !
JOHN CHATTERTON (seul) : Une disparition... Une fille en rouge... Une grand-mère... Ça me rappelle cette sombre histoire où la fille et la grand-mère sont mangées par un loup... À moins... À moins, si mes souvenirs sont bons, qu'un chasseur ne les sauve. Fonçons rue Vieille !
Si, enfant, j'avais été livré à la télévision, aux console de jeux et à Internet, mais quasiment privé de lecture, comme il est de plus en plus fréquent chez les enfants, je serais une autre personne, sèche et creuse assurément; la seule idée est effrayante.
Mesdames, Messieurs, qui désirez nous gouverner, je ne peux imaginer que vous trouviez avantage à régner sur un peuple décérébré. Car le livre n'est pas un luxe, ni une fantaisie d'intellectuel, ni l'expression d'un snobisme. Ceux qui voudraient nous le faire croire sont de clinquants imbéciles, ou, plus grave encore, des esprits malins espérant exploiter l'ignorance.
Battons-nous.
Jean-François Chabas
- Quelle longue est belle histoire !
- Elle est en réalité bien plus longue encore...
Je rêve de salles de classe où des enfants auraient la tête penchée sur un livre, arrachés au boucan de leur cité, de leur famille, de la télé, de leurs jeux, de la pression des prédateurs de toutes sortes, ceux qui font de l'argent la seule valeur et peuvent rendre fous ceux qui n'en ont pas. Je rêve qu'il soit donné à tous les enfants le bonheur de lire, de découvrir en tenant encore un livre à la main.
Il faut donner des livres aux enfants pour leur faire prendre conscience de tout ce qui les contraint, pour alléger leurs souffrances, pour les faire rire, pour les faire rêver, pour les aider à penser, pour les rendre libres.
Leur donner des livres comme il m'en a été donné. Pour les délivrer.
Brigitte Smadja