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Citations de Yves Paccalet (130)


L'humanisme est un sport difficile. Ceux qui s'y adonnent imitent les coureurs du Tour de France. Ils prennent des produits dopants : l'optimisme béat ('On avance, on avance !') ; le mot d'ordre naïf ('Soyons meilleurs !') ; l'injonction magique ('Y a qu'à… faut qu'on...') ; la promesse fallacieuse ('La croissance rend heureux !') ; ou la litanie incantatoire ('Dieu est amour !')… Tandis que la réalité est inverse : le progrès est une chimère ; nous ne deviendrons jamais bons ; personne n'écoute les sermons ; la croissance, c'est le malheur ; et Dieu, c'est la guerre.
(p. 14-15)
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Nous en voulons sans cesse davantage. Peu nous importent les conséquences. Nous réclamons l'énergie la moins chère et la plus facile à utiliser : du pétrole, encore du pétrole, toujours du pétrole ! À pleins tuyaux ! À pleins tankers - et tant pis pour les marées noires !
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Les biologistes savent qu'il n'existe aucune race humaine, au sens où on en décrit chez les vaches ou les chiens. La couleur de la peau ou des yeux est un trait génétique négligeable. S'il faut greffer un cœur à un Aryen fasciste, on a autant de chances de trouver l'organe histologiquement compatible dans la poitrine d'un Juif, d'un Noir ou d'un Arabe que dans celle d'un Dupont-Lajoie blanc ou rose.
(p. 107)
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J'ai moi-même expérimenté la force irrésistible de la pulsion reproductrice. J'ai déposé quatre enfants (cela va plus vite en faisant des jumeaux) sur une Terre qui ne m'avait rien demandé.
[…]
Mes enfants ont paru, tété, roté, dormi, pissé, déféqué, vagi, souri, marché, parlé, grandi. A présent, ils me comblent. [...]
Du point de vue de l'écologie, j'ai conscience d'avoir commis une lamentable erreur. Les engendrer fut un non-sens - la pire imbécillité de mon existence, qui n'en a pas manqué.
(p. 51)
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Il faut savoir que nous avons déjà testé le suicide collectif à petite échelle, comme pour une répétition générale, à l'Ile de Pâques… Lorsque, le jour de Pâques 1722, le marin hollandais Jacob Roggeveen aborde ce volcan du Pacifique, sur lequel des centaines d'énormes statues de pierre (des moais) fixent l'horizon de leurs yeux vides, il trouve une terre de désolation. Un lieu pelé, sans arbres. Moins de 500 habitants en proie à la disette, nourris de rares légumes et incapables d'aller pêcher puisqu'ils n'ont aucun bois pour tailler des pirogues. Les 11 clans, dirigés par autant de chefs, se font la guerre pour un territoire de 20 km sur 15. Les Pascuans ne se souviennent même plus que leurs ancêtres avaient édifié une civilisation brillante. Ils ont oublié jusqu'au sens de l'écriture.
Trois siècles auparavant, l'île comptait 30 fois plus d'habitants : 15 000. Elle était crêpelée d'une riche forêt où prospérait une faune d'oiseaux terrestres et marins. Les cocotiers offraient leurs noix, leurs feuilles, leurs fibres, bref tout ce dont les Polynésiens ont besoin pour vivre, rire et danser, bâtir des maisons, fabriquer des outils et construire des bateaux qui voguent sur la mer.
Tout se dérègle avec l'explosion de la population, le partage du peuple en clans antagonistes et la prise de pouvoir par les chefs religieux. Une folie s'empare des insulaires : il faut tailler et ériger des statues de plus en plus nombreuses et de plus en plus colossales, afin d'obtenir la bienveillance des puissances divines. Pour faire rouler les géants de basalte depuis les carrières jusqu'aux autels, on a besoin de troncs d'arbres et de cordes de fibres. On rase la forêt. Les fleurs et les oiseaux meurent, les sources tarissent, l'érosion emporte 'humus vers la mer, les récoltes s'étiolent. Les conflits deviennent incessants et atroces. Les Pascuans s'entre-égorgent.
(p. 149-150)
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Dans le même temps, on autorise les OGM. On se permet toutes sortes de bidouillages génétiques sur les bactéries, les plantes et les animaux ; demain sur l'homme. Il s'agit de produire des tomates et des melons qui ne pourrissent pas, du maïs ou du soja qui résistent aux insectes, des moutons à très longue laine, des vaches au pis gigantesque ou des cochons au cul à trois jambons…
(p. 168)
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Les hommes d'aujourd'hui ont poussé si loin la maîtrise des forces de la nature, qu'avec leur aide il leur est devenu facile de s'exterminer mutuellement jusqu'au dernier.
Ils le savent très bien, et c'est ce qui explique une bonne partie de leur agitation présente, de leur malheur et de leur angoisse.

▪️ Sigmund Freud, 'Malaise dans la Civilisation'
[ essai de 1929 - cité p. 133 ]
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Il faut savoir que tous [les] produits de substitution du pétrole nécessitent des traitements destructeurs. En premier lieu, le creusement de gigantesques mines à ciel ouvert, qui saccagent la nature et tuent la rivière. Ensuite, de phénoménales quantités d'eau chaude, donc d'énergie ; ce qui amène leur emploi aux limites de l'absurde…. Enfin, leur combustion lance dans l'atmosphère des masses colossales de particules toxiques et de gaz carbonique à effet de serre…
Une autre illusion, créée et entretenue par les gros agriculteurs, est celle des 'carburants verts', ou 'biocarburants'. Ces produits (éthanol, Diester…) suscitent un enthousiasme déconcertant chez tel ou tel écologiste au raisonnement un peu court. Ils n'ont rien de 'vert'. Pour faire pousser les végétaux (maïs, betterave, etc.) nécessaires à leur confection, on mobilise des machines agricoles (qui fonctionnent… au pétrole), des quantités énormes d'engrais (tirés… du pétrole, et qui polluent l'eau), des pesticides (encore plus toxiques) et une irrigation intensive (alors que l'eau manque). Où est le bénéfice ? Un calcul simple montre que, pour alimenter en biocarburants les moteurs des automobiles qui roulent aujourd'hui sur la Terre, il faudrait y consacrer la totalité des surfaces agricoles de la planète !
[ 2006 ]
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En vérité, nous utilisons tous les moyens pour repousser nos frontières et escalader l'échelle sociale : la banque e​t la politique ; le commerce et l'industrie ; la science et la technologie ; l'escroquerie et le droit ; le sport et les médias ; l'amour et l'amitié…
Les stratégies de groupe excellent. Le corporatisme, le communautarisme, le poujadisme triomphent. On descend dans la rue, on incendie, on casse : le pouvoir cède. 'Routiers en colère', 'chasseurs en colère', paysans, cheminots, pêcheurs, enseignants, infirmières, chrétiens, juifs, musulmans 'en colère' : tout le monde enrage. J'attends la manif qui brandira la banderole : 'Colériques en colère !'
Dans le 'Manifeste du Parti communiste', Karl Marx lance le fameux : 'Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !' Devant le spectacle de ceux qui se battent pour leur clocher, leur religion, leur corporation ou leur ethnie, il me revient en mémoire une phrase que j'avais écrite sur un mur de la Sorbonne, une nuit de mai 68 (et alors que je militais dans un groupuscule gauchiste) :
'Individualistes de tous les pays, restez-le !'
J'adhère à ce slogan de mes vingt-trois ans.
(p. 106)
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Je choisis pour guide l'éthologie - la science des comportements (du grec 'êthos', 'moeurs', et 'logos', 'discours'), fondée par Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen. Le premier se prenait pour une oie, le second pour un goéland : raison pour laquelle ils ont si bien décrit l'homme.
L'éthologie nous enseigne que, comme tout être vivant (de l'amibe au chêne, de la crevette au gorille), l'Homo sapiens obéit à trois pulsions principales : le sexe, le territoire et la hiérarchie.
La reproduction, la possession et la domination.
Ces trois penchants déterminent nos conduites de façon bien plus catégorique que les impératifs de la morale de Kant.
Le sexe permet la succession des générations - la copie de l'ADN et la transmission des gènes, c'est à dire la pérennité de l'espèce.
Le territoire offre à l'individu l'espace physique et les facteurs écologiques grâce auxquels il accomplit son destin : l'air, l'eau, la nourriture, la lumière, la chaleur, le refuge, etc. ; ainsi qu'un cadre à ses amours.
La hiérarchie désigne ceux, parmi les sujets d'un groupe, qui peuvent accaparer le plus de ressources ; ceux qui ont le plus de chances de réussir leur parcours et de perpétuer leur lignée.
(p. 82-83)
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'Homo sapiens' a fait son entrée sur la scène voici moins de deux cent mille ans, lui aussi en Afrique. Une catastrophe écologique et climatique, il y a (pense-t-on) cent vingt mille ans, a failli l'anéantir. Notre espèce n'a plus compté, alors, que dix mille représentants. Nous aurions pu ne jamais goûter nos merveilleuses cités HLM, nos délicieux embouteillages du week-end et nos sublimes massacres de Troie, de Verdun ou du Rwanda. Il eût été triste que nous ne connussions pas l'épieu, l'arc, le fusil, le canon, le zyklon B, la mine antipersonnel et la bombe atomique. Il eût été regrettable que nous ne fussions pas enrôlés par César, Attila, Gengis Khan, Napoléon, Staline, Hitler, Mao, Pol Pot ou Ben Laden…
(p. 57)
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Je songe à ce misérable pêcheur, dans sa pirogue mal taillée, au large de Cap-Haïtien. Il relève son filet. Il n'a pris qu'un minuscule poisson. Je lui demande : 'Ne devrais-tu pas le remettre à l'eau, afin qu'il grandisse, se multiplie et donne de bonnes pêches à tes enfants ?'
L'homme me répond tristement : 'Demain, peut-être. Mais c'est aujourd'hui que je dois rapporter à manger...'
(p. 29)
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En cherchant l'Atlantide, on se dit qu'on risque de transgresser un interdit; de violer un tabou; de lever contre soi la colère divine.
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On nous rebat les oreilles avec les vertus du développement. Pas un discours d'homme politique, pas un communiqué d'entreprise, pas un mot d'ordre syndical qui ne se réfère à la «croissance», sans laquelle nous serions voués à la régression et au malheur...
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Nous fourbissons nos armes.
Qu'elles soient artisanales, conventionnelles ou de "destruction massive" (chimiques, biologiques ou nucléaires), nous les avons voulues : nous les avons.
Nous consacrons des budgets faramineux à leur invention et à leur perfectionnement - des milliers de fois plus qu'il n'en faudrait, chaque année, pour vaincre la famine ou soigner les victimes du paludisme et du sida. Nous les avons essayées. Nous les utiliserons encore : car il n'est jamais advenu, dans l'Histoire, que l'homme dispose d'un instrument de domination et qu'il ne s'en serve pas.
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Je me souviens d'un livre paru il y a une trentaine d'années : La Bombe P, de l'Américain Paul Ehrlich. L'auteur y pousse à l'absurde les projections des démographes. Il imagine à quoi finirait par ressembler le monde si l'humanité persistait à croître et à se multiplier de façon exponentielle.
Si le processus durait neuf cent ans, calcule Ehrlich, on ne compterait pas moins de soixante mille milliards d'homme sur la Terre... Soit cent vingt personnes pas mètre carré, sur toute la surface de la planète - déserts, pôles, montagnes et océans inclus. Il faudrait procéder par empilement. Ce prodigieux grouillement logerait dans un unique bâtiment en béton de deux milles étages, qui couvrirait la totalité du globe.
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Un raciste est un crétin qui se prend pour la race supérieure... J'ai inventé cette définition dans un bistrot du neuvième arrondissement de Paris, en entendant un poivrot éructer des insultes à l'adresse des "négros" et des "bougnoules". Cet imprécateur imbibé de bière appartenait à la catégorie dominante du genre humain.
Entre le racisme et la guerre, il n'y a que l'épaisseur d'une grenade offensive. Nous avons le racisme : nous aurons la guerre.
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Nous sommes drogués. En état d'addiction. Cet esclavage nous rend fous. Nous en voulons sans cesse davantage. Peu nous importent les conséquences. Nous réclamons l'énergie la moins chère et la plus facile à utiliser : du pétrole, encore du pétrole, toujours du pétrole ! À pleins tuyaux ! À pleins tankers - et tant pis pour les marées noires ! Nous nous comportons, avec les hydrocarbures, comme des enfants qui mangent trop de hamburgers, boivent trop de boissons sucrées et grignotent à longueur de journée, vautrées devant la télé. Nous infligeons à la planète une pathologie de pléthore qui ressemble à une obésité morbide. Il faudra bientôt passer à la caisse. Pour l'individu, la note se paie en surpoids, en diabète, en hypertension et en maladie rénale ou circulatoire ; en infarctus du myocarde ou en accident vasculaire cérébral.
Pour l'espèce, la facture est un empoissonnement généralisé de l'aire, de l'eau et de la nourriture ; des désastres climatiques; et la guerre.
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Je fais des conférences aux enfants des écoles. Je raconte l'extinction des dinosaures pour expliquer les périls de la guerre nucléaire. Je parle de la "mort blanche" des coraux et de l'ours polaire affamé (...) pour faire saisir les enjeux du réchauffement climatique. Les enfants se passionnent. Je déplore seulement que ceux à qui j'ai raconté ces histoires il y a vingt ans les aient toutes oubliées et se comportent en adultes aussi "beaufs" que leurs devanciers.
La pédagogie de l'environnement n'existe pas ou ne sert à rien : l'humanité est condamnée.
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Nous faisons connaissance avec l'animal qui devient la base de notre régime alimentaire.
Le saumon.
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