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Citations de Yves Paccalet (130)


L'humanité n'a nul destin. Ni lendemain qui chante, ni surlendemain qui fredonne. No future : elle est comme une droguée - avide et déjantée, esclave des biens matériels, en souffrance de consommation, asservie à ce qu'elle imagine être la "croissance" ou le "progrès, et qui sera sa perte. Si elle ne s'autodétruit pas dans une guerre atomique... [Chap 1]
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Quand je « mourirai », j'ignore s'il sortira de mon corps une âme immatérielle, et si cette subtile fraction de moi-même ira moduler son cantique dans l'azur du ciel ou hurler son tourment dans la rôtisserie inférieure. Mais je sais que mes plus humbles molécules me fourniront mille bonheurs. Quand j'aurais trépassé de mon infar-cancer-sidalzheimer, mettons dans un siècle, je veux qu'on brûle mon corps et qu'on jette mes cendres par-dessus le pont du ruisseau de mon hameau natal, où j'ai connu les plaisirs goulus d'une enfance au parfum de primevère et de gentiane, avec à l'oreille le chant des cascades et le « fri-fri-friii » du criquet arcyptère jaune et noir à pattes rouges. Ma poudre s'éparpillera dans l'eau du torrent, et c'est ainsi que débutera l'extase. Une pincée de ma substance sera bue par un ver de vase, qui m'apprendra le plaisir du tortillement avant d'être dévoré par une larve de libellule qu'une truite gobera. J'éprouverai, par la peau du poisson, la sensation de l'eau née des névés de la montagne, près desquels viennent danser des crocus d'albâtre et des soldanelles en jupes mauves. La majeure partie de mes reliefs filera vers la rivière. Un peu de mes nitrates imprégnera des alluvions où j'alimenterai les racines du nénuphar, dont une abeille butinera la fleur. Je deviendrai miel dans le gésier de l'insecte. On m'étalera sur une tartine. Quelle langue me léchera ? Le reste de mes cendres ira vers la mer. Je balancerai dans la houle. J'avancerai dans les courants. Je toucherai, savez-vous, d'incroyables Florides... Je longerai des îles de corail et des banquises immaculées. Je deviendrai diatomée, globigérine ou gonyaulax. (Qui sait les joies du gonyaulax à marée haute?) J'irai me fixer sous forme de cararbonate de calcium dans la carapace de la crevette. Je serai becqueté par le calmar de la crevette. Je serai becqueté par le calmar : je contemplerai du dedans les feux d'artifice que ce mollusque tire avec sa peau. Un cachalot m'engloutira. Je deviendrai protéine de cétacé. Le géant m'emmènera aux abysses, puis me soufflera en surface. Je volerai avec les embruns. Le vent me portera jusqu'aux nues. J'escaladerai les confins de la stratosphère, où l'attraction du Soleil me saisira pour m'expédier, à des vitesses relativistes, vers un de ces puits de matière hyperdense qu'on nomme « trou noir » ; où je réaliserai, pour le restant de mon immortalité, le bonheur d'avoir vécu quelques années sur la Terre, dans le parfum des fleurs, en caressant les miens, sous l'oeil énigmatique des étoiles.
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J'ai cru en l'homme. Je n'y crois plus.
J'ai eu foi dans l'humanité : c'est terminé.
J'ai pensé, dit et écrit que mon espèce avait un avenir. J'ai essayé de m'en persuader. Mais je suis maintenant sûr du contraire : l'humanité n'a nul destin. Ni lendemain qui chante, ni surlendemain qui danse, ni résurrection des morts, ni karma, ni réincarnation ni flammes de l'Enfer, ni cantique au paradis. Elle n'est qu'un spasme de la matière ou un clin d’œil de l'évolution. [...]
No futur : L'humanité est condamnée. Elle est une droguée, le regard égaré, le cerveau délavé, la pensée déjanté. ....
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Quand les manieurs de tronçonneuse posent le pied sous les tropiques, le malheur des arbres est écrit. Mektoub… Les employés des compagnies ouvrent des pistes au bulldozer. Ils choisissent les bois les plus précieux, ceux qui plaisent aux nantis et que j’ai retrouvés, sous forme de lambris, jusque dans des salles de réunions où des écologistes de pays riches déploraient la déforestation des pays pauvres…
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Il faut savoir que nous avons déjà testé le suicide collectif à petite échelle, comme pour une répétition générale, à l'Ile de Pâques… Lorsque, le jour de Pâques 1722, le marin hollandais Jacob Roggeveen aborde ce volcan du Pacifique, sur lequel des centaines d'énormes statues de pierre (des moais) fixent l'horizon de leurs yeux vides, il trouve une terre de désolation. Un lieu pelé, sans arbres. Moins de 500 habitants en proie à la disette, nourris de rares légumes et incapables d'aller pêcher puisqu'ils n'ont aucun bois pour tailler des pirogues. Les 11 clans, dirigés par autant de chefs, se font la guerre pour un territoire de 20 km sur 15. Les Pascuans ne se souviennent même plus que leurs ancêtres avaient édifié une civilisation brillante. Ils ont oublié jusqu'au sens de l'écriture.
Trois siècles auparavant, l'île comptait 30 fois plus d'habitants : 15 000. Elle était crêpelée d'une riche forêt où prospérait une faune d'oiseaux terrestres et marins. Les cocotiers offraient leurs noix, leurs feuilles, leurs fibres, bref tout ce dont les Polynésiens ont besoin pour vivre, rire et danser, bâtir des maisons, fabriquer des outils et construire des bateaux qui voguent sur la mer.
Tout se dérègle avec l'explosion de la population, le partage du peuple en clans antagonistes et la prise de pouvoir par les chefs religieux. Une folie s'empare des insulaires : il faut tailler et ériger des statues de plus en plus nombreuses et de plus en plus colossales, afin d'obtenir la bienveillance des puissances divines. Pour faire rouler les géants de basalte depuis les carrières jusqu'aux autels, on a besoin de troncs d'arbres et de cordes de fibres. On rase la forêt. Les fleurs et les oiseaux meurent, les sources tarissent, l'érosion emporte 'humus vers la mer, les récoltes s'étiolent. Les conflits deviennent incessants et atroces. Les Pascuans s'entre-égorgent.
(p. 149-150)
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Nous ne sommes indispensables à personne, sauf à nous-mêmes.
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Chaque seconde, trois homo sapiens tombent sur notre planète ahurie, tandis qu'un seul la quitte pour recycler ses molécules dans les boyaux d'un asticot, en attendant le jugement dernier ou une éventuelle réincarnation (si ça se trouve, en asticot). La cigogne, le chou ou la rose - pourvoyeurs légendaires de nouveaux nés - ne suffisent plus à la tâche. Deux cent soixante mille par jour. Quatre-vingt-quinze millions par an : la population de la France et de l'Espagne réunies. [Chap 3]
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Nous en voulons sans cesse davantage. Peu nous importent les conséquences. Nous réclamons l'énergie la moins chère et la plus facile à utiliser : du pétrole, encore du pétrole, toujours du pétrole ! À pleins tuyaux ! À pleins tankers - et tant pis pour les marées noires !
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Il faut savoir que tous [les] produits de substitution du pétrole nécessitent des traitements destructeurs. En premier lieu, le creusement de gigantesques mines à ciel ouvert, qui saccagent la nature et tuent la rivière. Ensuite, de phénoménales quantités d'eau chaude, donc d'énergie ; ce qui amène leur emploi aux limites de l'absurde…. Enfin, leur combustion lance dans l'atmosphère des masses colossales de particules toxiques et de gaz carbonique à effet de serre…
Une autre illusion, créée et entretenue par les gros agriculteurs, est celle des 'carburants verts', ou 'biocarburants'. Ces produits (éthanol, Diester…) suscitent un enthousiasme déconcertant chez tel ou tel écologiste au raisonnement un peu court. Ils n'ont rien de 'vert'. Pour faire pousser les végétaux (maïs, betterave, etc.) nécessaires à leur confection, on mobilise des machines agricoles (qui fonctionnent… au pétrole), des quantités énormes d'engrais (tirés… du pétrole, et qui polluent l'eau), des pesticides (encore plus toxiques) et une irrigation intensive (alors que l'eau manque). Où est le bénéfice ? Un calcul simple montre que, pour alimenter en biocarburants les moteurs des automobiles qui roulent aujourd'hui sur la Terre, il faudrait y consacrer la totalité des surfaces agricoles de la planète !
[ 2006 ]
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En vérité, nous utilisons tous les moyens pour repousser nos frontières et escalader l'échelle sociale : la banque e​t la politique ; le commerce et l'industrie ; la science et la technologie ; l'escroquerie et le droit ; le sport et les médias ; l'amour et l'amitié…
Les stratégies de groupe excellent. Le corporatisme, le communautarisme, le poujadisme triomphent. On descend dans la rue, on incendie, on casse : le pouvoir cède. 'Routiers en colère', 'chasseurs en colère', paysans, cheminots, pêcheurs, enseignants, infirmières, chrétiens, juifs, musulmans 'en colère' : tout le monde enrage. J'attends la manif qui brandira la banderole : 'Colériques en colère !'
Dans le 'Manifeste du Parti communiste', Karl Marx lance le fameux : 'Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !' Devant le spectacle de ceux qui se battent pour leur clocher, leur religion, leur corporation ou leur ethnie, il me revient en mémoire une phrase que j'avais écrite sur un mur de la Sorbonne, une nuit de mai 68 (et alors que je militais dans un groupuscule gauchiste) :
'Individualistes de tous les pays, restez-le !'
J'adhère à ce slogan de mes vingt-trois ans.
(p. 106)
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J'ai essayé de me cramponner à mes espérances écologiques, telle la moule à son rocher pendant une tempête de force 10. Je voyais bien que les biotopes étaient de plus en plus pollués, les forêts dévastées, les marais asséchés, les montagnes bétonnées, la biodiversité ruinée, l'esprit de la Terre bafoué, souillé, violé, assassiné.
Je continuais de sourire pour ne pas avoir à en pleurer.
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Je suis épuisé de me mentir à moi-même et de mentir aux autres – y compris à mes proches. Il est temps que je couche, noir sur blanc, ma véritable opinion sur mon espèce, et mon pronostic sur son futur. Je ne suis pas certain de prendre plaisir à le faire, mais je suis convaincu qu’il s’agit d’un devoir.
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Je songe à ce misérable pêcheur, dans sa pirogue mal taillée, au large de Cap-Haïtien. Il relève son filet. Il n'a pris qu'un minuscule poisson. Je lui demande : 'Ne devrais-tu pas le remettre à l'eau, afin qu'il grandisse, se multiplie et donne de bonnes pêches à tes enfants ?'
L'homme me répond tristement : 'Demain, peut-être. Mais c'est aujourd'hui que je dois rapporter à manger...'
(p. 29)
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L’homme n’agit dans l’intérêt général que par hasard ou par exception. Il ne se préoccupe de faire le bien que s’il peut aussi le faire savoir.
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La pollution de l’air : 7 millions de morts par an. Le tabac : 6 millions. Les accidents de la route : 1,3 millions. Les guerres : de 450 000 à 500 000. Les crimes de sang : 200 000. Les requins : 10.
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Dans le même temps, on autorise les OGM. On se permet toutes sortes de bidouillages génétiques sur les bactéries, les plantes et les animaux ; demain sur l'homme. Il s'agit de produire des tomates et des melons qui ne pourrissent pas, du maïs ou du soja qui résistent aux insectes, des moutons à très longue laine, des vaches au pis gigantesque ou des cochons au cul à trois jambons…
(p. 168)
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'Homo sapiens' a fait son entrée sur la scène voici moins de deux cent mille ans, lui aussi en Afrique. Une catastrophe écologique et climatique, il y a (pense-t-on) cent vingt mille ans, a failli l'anéantir. Notre espèce n'a plus compté, alors, que dix mille représentants. Nous aurions pu ne jamais goûter nos merveilleuses cités HLM, nos délicieux embouteillages du week-end et nos sublimes massacres de Troie, de Verdun ou du Rwanda. Il eût été triste que nous ne connussions pas l'épieu, l'arc, le fusil, le canon, le zyklon B, la mine antipersonnel et la bombe atomique. Il eût été regrettable que nous ne fussions pas enrôlés par César, Attila, Gengis Khan, Napoléon, Staline, Hitler, Mao, Pol Pot ou Ben Laden…
(p. 57)
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L'homme est une espèce jetable, à l'image de la civilisation qu'il a inventée.
Et dont il est si fier !
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L’Homo Sapiens, ce grand singe nomade, intelligent mais sans cervelle.
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« Croissez et multipliez ! » ordonne la Génèse. L’homme s’attelle à la tâche avec un enthousiasme touchant. L’humanité fornique et accouche. Il en résulte la situation actuelle : six milliards et demi de problèmes, et peu de solutions.
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