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Citations de Zadie Smith (246)


La classe sociale est une bulle, façonnée par le privilège, qui modèle et manipule notre conception de la réalité. Mais au moins on peut le porter à sa conscience ; le reconnaître, le comprendre, et même l’expier par un acte transformateur.
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Le langage, la logique, l’argumentation, le raisonnement, et même le changement de perspective, ne font pas le poids. La souffrance touche directement son sujet et ne saurait être éradiquée par une argumentation juste, quand bien même celle-ci serait objectivement exacte.Chacun de nous aurait une anecdote à raconter sur l’expérience du privilège, un de ces moments où nous prenons conscience que nous étions — ou quelqu’un d’autre que nous était — en train de considérer les choses à travers un voile de présupposition et/ou d’ignorance relative.
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Les jeunes amoureux pour la première fois s’interrogent sur l’amour. Cet amour est-il suffisant ? Peut-être faudrait-il ajouter un chien à cet interminable pas de deux ? Ou un autre genre d’être vivant ? Les jeunes gens ont soif de peaux inconnues — peu importe lesquelles.
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La souffrance est très exactement conçue pour s’ajuster différemment à chacun de nous, et, pour un peu, on dirait que les dieux de la comédie et de la tragédie y sont pour quelque chose. Telle personne célibataire, dans son appartement en ville, se dit : je ne me suis jamais sentie aussi seule. Telle personne en couple, dans sa maison de campagne avec partenaire et enfants, rêve d’un confinement à l’intérieur du confinement.
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L’amour n’est pas quelque chose à faire, mais quelque chose à éprouver, et quelque chose à traverser — c’est pourquoi, sans doute, il effraie un si grand nombre d’entre nous, et c’est pourquoi nous tendons à l’aborder de manière indirecte. Voici ce roman, écrit avec amour. Voici ce pain à la banane, fait avec amour. Sans cette approche indirecte, il n’y aurait aucune culture en ce monde, c’est certain, et bien peu de joie pour chacun d’entre nous. L’art le plus puissant, à ce qu’il me semble toutefois, est une épreuve et une traversée ; il est cet amour que l’œuvre d’art elle-même comprend, exprime, réalise, et de ce fait peut-être, il est plus fréquemment l’ouvrage de personnes qui se sentent complètement seules au monde — et donc entièrement concentrées sur la tâche à accomplir — que celui de personnes entourées d’« êtres chers ».
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J’écris parce que… ma foi, la meilleure raison que je puisse donner, c’est qu’il s’agit d’une bizarrerie de caractère que j’ai dû développer en réponse à certains travers personnels. Mais l’activité d’écrire ne saurait jamais suffire à donner du sens au temps qu’elle s’emploie à remplir. Il n’y a pas grande différence entre un roman et un pain à la banane. L’un et l’autre ne seront jamais que quelque chose à faire.
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Je l’ai compris, pour ma part, au sens platonique : l’Amour avec un grand A, entité idéale et constituant essentiel de l’univers — comme la « Beauté » ou la couleur rouge — dont toutes les manifestations terrestres particulières tirent leur nature.
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Écrire, c’est ce que je connais. Établir un programme et s’y plier : un jour pour enseigner, un jour pour lire, un jour pour écrire, et rebelote. Quelle idée triste, aride et réduite de la vie. Et terriblement mise à nue, maintenant que les gens que j’aime sont là dans la même pièce que moi, témoins de la manière dont je fais mon temps — ce à quoi je passe mon temps. À quoi je l’ai passé toute ma vie jusqu’ici.
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N’est-il pas vrai, cependant, que chacun de nous se voit peu à peu retrouver ce qu’il ou elle sait faire, même s’il ne s’agit que de savoir s’affliger de ce que nous avons perdu ? Toutes ces choses que nous avions déléguées.
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L’art est quelque chose à faire, oui, mais la question de savoir quand cette chose doit être faite, et si elle le devrait, est généralement considérée comme étant du seul ressort des artistes. On tente souvent de faire le lien entre le travail de l’artiste et celui des vrais travailleurs, mais ce lien me paraît toujours ténu, et la ligne de démarcation fondamentale entre les deux, infailliblement, c’est celle du temps. Les vrais travailleurs comptent leur travail à l’heure (et sont rétribués à l’heure aussi). L’art, ça prend du temps, et ça répartit le temps comme ça l’entend. Certes, c’est quelque chose à faire.
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Même quand ils écrivent un manifeste, les artistes sont (espérons-le) conscients du fait que leur ton péremptoire n’est, au fond, qu’emprunté, simple écho mimant l’impériosité des exigences d’une guérilla ou d’une clameur militante, plutôt que mise en œuvre réelle de celle-ci. Parfois les peuples exigent des changements. Presque jamais ils n’exigent de l’art.
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Ce « quelque chose » que les artistes font depuis toujours est le plus souvent isolé du reste de la société et, d’un commun accord, cet espace dédié est considéré comme une sorte de parc à jeux, charmant mais dans le fond inutile, où certains adultes ont le droit de se comporter comme des enfants — en inventant des histoires, en faisant des dessins, ainsi de suite — mais tout de même en procurant une certaine forme de plaisir à des gens autrement sérieux, qui s’occupent à faire de vrais métiers. Les défenseurs de l’art à l’esprit plus pragmatique justifient son existence en soulignant son potentiel d’efficacité politique, lequel s’avère généralement surestimé. (Les artistes eux-mêmes adorent le surestimer.)
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Pourquoi avez-vous fait ce pain à la banane ? C’était juste quelque chose à faire. Pourquoi avez-vous construit un château fort dans votre salon ? Ma foi, c’était quelque chose à faire. Pourquoi déguiser le chien en chat ? Ça fait toujours quelque chose à faire, n’est-ce pas ? Ça remplit le temps.
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Quand on crée des choses, quand on est un « artiste », quel que soit le domaine, il arrive toujours un moment où quelqu’un demande — ou peut-être se demande-t-on soi-même — « pourquoi ». Pourquoi on agit, pourquoi on sculpte, pourquoi on peint, etc. Dans le monde littéraire, l’intérêt pour cette question semble ne jamais devoir s’émousser. À chaque génération, un nombre un peu trop important de gens se sentiront en veine d’écrire un essai assez invariablement intitulé « Pourquoi j’écris », ou « Pourquoi écrire », dans lequel on trouvera exposées un grand nombre de raisons et d’explications contournées et plus ou moins autoréférentielles.
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Cette guerre, nous l’avons gagnée grâce aux efforts de notre peuple tout entier, qui, à quelques rares exceptions près, a fait passer la nation avant tout, laissant loin derrière les intérêts privés et sectoriels […] Pourquoi faudrait-il présumer que, pour atteindre nos objectifs en matière de paix — nourriture, vêtements, logements, éducation, loisirs, sécurité sociale et plein emploi pour tous — nous devrions faire passer au premier plan les intérêts privés ? »
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La guerre transforme ceux qui la vivent. Ce qui naguère leur était nécessaire devient inessentiel ; ce qui était considéré comme allant de soi, ce qui était dédaigné, et malmené, prend le centre de la scène dans leur existence. D’étranges inversions prolifèrent. Les gens se retrouvent à applaudir un service national de santé que leur propre gouvernement a criminellement sous-financé et négligé durant les dix années précédentes. Et l’on rend grâce à Dieu pour ces travailleurs « essentiels » que jusque-là on regardait de haut, et que la veille seulement on vilipendait parce qu’ils réclamaient d’être payés quinze dollars de l’heure. La mort est arrivée en Amérique. Elle y est depuis toujours, bien qu’occultée et niée, mais maintenant tout le monde la voit. La « guerre » que l’Amérique mène contre elle n’a d’autre choix que de surmonter, outrepasser et contourner une figure fantoche, vide de fond. Il s’agit bien d’un effort collectif ; des millions de personnes y participent, et ce qu’elles voient, elles ne l’oublieront pas facilement. Elles n’oublieront pas cette épreuve abjecte, cette exception américaine — voir, ainsi qu’en témoignait le gouverneur de New York Andrew Cuomo dans sa mémorable intervention, les différents États de cette fédération enchérir les uns sur les autres, « comme sur eBay », afin d’acquérir du matériel médical destiné à sauver des vies.
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Les Noirs et les Latinos meurent aujourd’hui deux fois plus vite que les Blancs et les Asiatiques. Les pauvres meurent plus souvent que les riches. On meurt plus dans les centres urbains qu’à la campagne.
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Avec des guerres contre la drogue, contre le cancer, contre la pauvreté, et ainsi de suite. Non qu’il soit ridicule de s’efforcer de rallonger l’intervalle entre la date figurant sur notre acte de naissance et celle de notre pierre tombale : toute éthique de vie procède du sens que l’on donne à cet effort. Mais nulle part ailleurs dans le monde, peut-être, cet effort — comme son succès relatif — n’est aussi intimement lié à l’argent qu’en Amérique.
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On avait des « inégalités d’impact sanitaire ». Mais en Amérique, tout cela sous-entend que ces morts devraient en quelque manière se sentir coupables. Mauvais endroit, mauvais moment. Mauvaise couleur de peau. Mauvais quartier. Mauvais code postal, mauvaises croyances religieuses, mauvaise ville. Mauvais positionnement des mains quand on te demande de sortir du véhicule.
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Je ne suis ni une scientifique ni une sociologue. Je suis une romancière. Capable d’admettre, certes un peu tard, et alors qu’une étrange et irréfrénable saison de mort, dehors à ma fenêtre, se heurte à l’émergence des pissenlits, que le printemps parfois se lève en moi aussi, que la lune de temps à autre titille mes humeurs, et qu’il me suffit d’entendre un bébé pleurer quelque part pour qu’en moi quelque chose tout à coup s’alerte — se soumette.
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