Je me laisse hypnotiser par mon roman. Pour être plus persuasive et décrire avec faste et élégance une des scènes enflammées de ma fiction, je décide d’écrire toute nue. Beaucoup disent qu’il existe un lien évident entre le corps et l’esprit. Theodore Roethke, le poète américain, trouvait son inspiration en se laissant « impressionner » par l’image de son corps dansant, nu, devant le miroir de sa vieille demeure. On peut croire ou non à cette histoire mais j’ai toujours considéré que la création littéraire était intimement liée au physique. Quand je suis plutôt bien en chair, j’ai tendance à écrire des phrases concises et nerveuses. Par contre, quand je maigris, mon roman s’étire en longueur et les phrases prennent l’allure de ruban d’algues marines déployant leurs sinuosités.
J’ai laissé tombé fioritures et mensonges. J’ai décidé de traduire en mots ma vie telle qu’elle est, de la livrer telle quelle aux lecteurs. Pas besoin d’un courage exceptionnel. Il faut se laisser porter par ses forces souterraines et se faire plaisir avant tout. Ne pas jouer les ingénues ni les superbes. Voilà comment je découvre ma propre réalité, comment je vaincs la solitude, l’indigence, la mort et toutes les situations catastrophiques auxquelles nous sommes exposés.
« L’amour ne manifeste pas par la désir de faire l’amour – ce désir s’applique à une innombrable multitude de femmes, mais par le désir du sommeil partagé – ce désir-là ne concerne qu’une seule femme. »
Nous étions deux individus en apparence totalement dissemblables. Je me sentais une ambition démesurée, une énergie débordante et le monde m’apparaissait comme un fruit parfumé qui attend d’être mordu à pleines dents. Tandis que lui, taciturne et mélancolique, prenait la vie comme un gâteau saupoudré d’arsenic qui empoisonne un peu plus à chaque bouchée. Mais cet écart de personnalité, à la façon du magnétisme des pôles, ne faisait que renforcer l’attirance que nous avions l’un pour l’autre. Nous étions bel et bien tombés amoureux.
Tous les matins au réveil, je me demande que faire d’original pour attirer l’attention des gens. Et maintenant, m’élever dans le ciel de la ville en pétaradant comme un bouquet de feux d’artifice est devenu mon unique ambition, la seule raison valable que j’ai de m’accrocher à la vie.
Les hommes sont toujours plus laids à regarder quand ils se rhabillent que lorsqu’ils se déshabillent. Je suis certaine que la majorité des femmes ont fait le même constat.