Je pensais être amoureuse. Mais l’amour Ne devrait pas vous faire souffrir, ne devrait pas vous creuser un trou dans la poitrine, vous arracher le cœur et le servir sur un plateau. Ou peut-être qu’il fait mal uniquement quand il est réel. Peut-être que quand les ruptures ne font pas souffrir, c’est à ce moment-là que vous comprenez que vous n’aimiez pas vraiment.
L’amour, ça vous fait ça. Ça vous dévore et ça gomme tout le reste.
J’ai l’impression qu’on vient de m’arracher un membre. Le tissu étouffe mes cris, ma tête part en arrière et je lutte pour ne pas m’évanouir à nouveau. Des larmes mouillent mes joues et un tremblement incontrôlable me parcourt.
– Vous… vous n’allez pas vous éloigner trop longtemps ?
– Ne vous inquiétez pas, nous sommes liés, à présent, plaisante-t-il avant de donner un coup sec sur le cordon.
Le geste me surprend. Je sursaute et finis par glousser. Oh non ! Ce rire est nul. J’ai l’impression d’être une prétendante de télé-réalité et de draguer un faux prince.
Cette sensation futile me quitte dès que mon compagnon de mésaventure commence à s’écarter de moi, pour être remplacée par une anxiété lancinante. Je tente de fixer sa silhouette, mais elle disparaît rapidement.
Me voici seule, je discerne à peine le contour du large sac posé à côté de moi et quelques formes indéfinies aux alentours. Depuis combien de temps sommes-nous ici ? Je dirais trois ou quatre heures, sans en être certaine. Max et moi devions filmer en début d’après-midi afin d’envoyer les rushs pour le JT du soir, il doit donc être pas loin de dix-huit heures.
Les images de mon cadreur ne parviendront jamais à l’équipe technique parisienne. Je retiens la vague de tristesse prête à déferler sur moi à cette pensée. Nos collègues sont bien au chaud dans leurs bureaux vitrés tandis que mon ami s’est effondré sous les tirs ennemis. Savent-ils que nous sommes portés disparus ?
Le moment d’abandon est terminé et le bien-être s’évapore à l’instant où ses lèvres se détachent des miennes. La réalité me rattrape. Vérité crue. Laide. Nous sommes prisonniers de tonnes de béton et des monstres nous entourent. L’obscurité fausse toutes mes perceptions, j’imagine les soldats tels des zombies qui déambulent dans les rues. Les bras ballants, ils traînent des corps déchiquetés derrière eux
La jeune femme s’accroche à moi comme à une bouée, avec la force du désespoir. Je ne sais pas combien de temps ce baiser dure, mais il parvient à repousser notre angoisse et calme notre agitation. Et quand enfin ma douce journaliste ne pleure plus, nos bouches se séparent et elle pose son visage dans le creux de mon cou.
La jeune femme s’accroche à moi comme à une bouée, avec la force du désespoir. Je ne sais pas combien de temps ce baiser dure, mais il parvient à repousser notre angoisse et calme notre agitation. Et quand enfin ma douce journaliste ne pleure plus, nos bouches se séparent et elle pose son visage dans le creux de mon cou.