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Citations de Émile Bernard (11)


Note liminaire

(*À propos d'Émile Bernard)
Et il confie à la même époque à son ami Andries Bonger :" Sans Tanguy, que serais- je devenu il y a dix ans lorsque je me trouvais vis-à-vis de mon père furieux contre moi, contre mon désir d'art et l'impuissance de ma mère à m'aider en ce désir. J'étais sans couleurs, sans argent, souvent même sans avoir à manger lorsque j'allais à Paris voir les chefs- d'oeuvres du Louvre.(...)Tanguy s'est trouvé sur mon chemin et c'est grâce à lui que cette carrière s'est ouverte pour moi sans épines. Plus, il fit même ma première éducation : les Cézanne me furent montrés et expliqués par lui.(...) Ainsi ma vocation s'éveilla, plus vivace, plus ferme, plus sûre d'elle-même sans un doute, mais vinrent les heures découragées et c'est alors que la bonté et la résignation de ce presque père- de ce père de ma peinture et de ma carrière- me furent utiles à voir.Lui privé de tout, n'ayant pas seulement une tranche de pain, donnait, espérait, aimait."
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Note liminaire

(***à propos d'Émile Bernard)

Pourquoi donc, en cette fin d'année 1908, confie-t-il au Mercure de France un article sur le père Tanguy, alors que plus personne ne se soucie de cette figure oubliée, décédée voici quatorze ans ? Très probablement pour s'acquitter d'une dette morale. Tanguy, le marchand de couleurs de la rue Clauzel, lui avait fait confiance et l'avait aidé lorsqu'il avait eu à affronter l'hostilité de son père
lorsqu'il avait abandonné ses études classiques pour rejoindre l'atelier de Cormon et devenir peintre.Renvoyé de cet atelier en février 1886, il était parti à pied vers la Bretagne où il allait rencontrer Gauguin.Dès l'automne 1886, Tanguy montrait les toiles de Bernard dans sa boutique.(**Alors Émile Bernard avait 18 ans.)
Il allait pendant huit ans être son fournisseur de couleurs et " galeriste", son homme de confiance à tout faire.Losque Tanguy meurt en février 1894, Émile Bernard est au Caire.Dans une étonnante lettre à sa mère, le 15 février, il confie qu'il a eu deux pères : son père naturel et Tanguy.
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Le nomade que reste tout Breton ne pouvait trouver qu'un soulagement là où la plupart des hommes eussent vu une corvée ; promener ainsi sa marchandise, c'était l'indépendance, c'était la liberté. Il partait de bonne heure, traversant les rues tièdes d'aurore, son baluchon à son côté, joyeux comme l'oiseau qui sort du nid, sifflant son petit air de tête. Il lui semblait commencer le " grand trimard", cette tournée de France que les ouvriers faisaient tous, à pied, autrefois.Les endroits hantés par les peintres étaient siens ; on le vit à Argenteuil, Barbizon, à Écouen, à Sarceĺle.Il semait ses tubes dans les boîtes des travailleurs, et sous ses yeux ses couleurs se transformaient en les sites jusqu'où il les apportait. La magie de la peinture l'initiait à son charme.Il s'en engouait sans le savoir.Ce fût dans ses voyages qu'il rencontra Pissarro, Monet, Renoir, Cézanne, qui étaient alors des jeunes gens, non pas ceux d'aujourd'hui, vains d'eux-mêmes et pleins de leur " génie ", mais des travailleurs avides d'apprendre, toujours sur le motif, et bien vivants de leurs admirations enthousiastes pour Courbet, pour Corot, pour Millet.Ils peignaient tant que la grande boîte de Tanguy se vidait dans les leurs sans suffire.Le besoin de voir l'art s'éprendre autour de lui, de contempler ces mastics colorés, qu'il torturait la nuit, devenir de la lumière, de l'air, du soleil, le poussa peut-être à devenir leur obligeant ami.

( p.16)
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Vous vous rappelez le beau pastel de Chardin, armé d’une paire de bésicles, une visière faisant auvent. C’est un roublard, ce peintre. Avez-vous pas remarqué qu’en faisant chevaucher sur son nez un léger plan transversal d’arête, les valeurs s’établissent mieux à la vue ? Vérifiez ce fait et vous me direz si je me trompe.
PAUL CÉZANNE Aix, 25 juillet 1904
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Il était à l'ouvrage d'une toile représentant trois têtes de mort sur un tapis d'Orient. Il y avait un mois qu'il y travaillait tous les matins, de six heures à dix heures et demie. Car telle était sa règle de vie: il se levait très tôt, allait à son atelier en toute saison, de. six heures à dix heures et demie, revenait à Aix manger, et repartait, aussitôt après, au motif ou paysage, jusqu'au soir à cinq heures. Ensuite il soupait et se couchait immédiatement. Je l'ai vu parfois si fatigué de Son travail qu'il ne pouvait plus causer ni rien entendre. Il se mettait au lit dans un état de coma inquiétant; le lendemain il n'y paraissait plus.
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Celui qui écrit ces lignes a été pendant vingt ans de sa vie un admirateur fervent de Paul Cézanne. Alors que la méconnaissance, la malveillance et la méchanceté jalouse entouraient les œuvres de l'artiste qu'il appelait son maître, de rires hostiles ou de silence obscur, il a déchiffré avec passion les toiles (rares alors) que l'on pouvait voir de ce peintre dans une petite boutique de la rue Clauzel, à Paris. Il était loin de s'attendre au succès retentissant qui, depuis, a fait des moindres tentatives de Paul Cézanne des ouvrages d'un intérêt spécial; il s'indignait du mutisme de la critique, du mépris des amis et de l'ignorance des peintres, ses contemporains, simplement.
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Nous avions, pendue au mur, une petite nature morte de Cézanne que j’avais achetée à Paris il y a avait au moins quinze ans. Je la lui fis voir. « C’est bien mauvais, me dit-il. — C’est de vous, répondis-je, et je la trouve fort bien. — C’est donc ça que l’on admire aujourd’hui à Paris ? reprit-il, eh bien, il faut que le reste soit joliment bas ! »
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Dans la rue des gamins se moquaient de lui et lui jetaient des pierres, je les écartai. Pour ces enfants l'allure de brigand qu'avait Cézanne était une autorisation au sarcasme. Il devait leur apparaître comme une sorte de « père fouettard» Je souffris bien souvent, plus tard, des méchancetés que les petits gamins d'Aix semaient sur son passage et des espiègleries dont il était le but.
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Cézanne avait une haine si enracinée contre l’Ecole qu’il avait une façon très spéciale de dire les « Bozards » qui, même à son insu, trahissait tout son mépris. Il suffisait qu’on eût passé par là pour être à ses yeux un crétin indécrottable.
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Je sentais déjà que la peinture était là, a-t-il écrit. L'ancien musée du vieil Hôtel-de-Ville, avait je ne sais quelle odeur d'atelier flamand. Par dessus tout c'était la grande figure de Rubens qui se levait, Franz Hals me retînt. Auprès de lui les secrets de la peinture me paraissaient plus saisissables; sa manière franche, décédée, montrant tous ses moyens, me trahissait ce que j'avais à faire.
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Aujourd'hui, Paul Cézanne est mort, et son élève a pris de l'âge. A la veille de la quarantaine, et après beaucoup de fatigues pour découvrir le meilleur art, il se trouve moins novice, moins innocemment persuadé de ce qu'il admirait autrefois. Il croit surtout à un art complet, traditionnel, faisant abstraction des recherches curieuses. Il vise à la vie, à la réalisation du vrai, car il sait, pour avoir vu Michel-Ange, Raphaël, Titien, Rubens, Rembrandt dans la majesté de leurs ensembles que: l'art est une imitation du naturel dans une invention.
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