Citations de Émilie Chevallier Moreux (77)
Ma vie s’est compliquée quand mes formes ont changé. De petite fille grosse, je suis passée à ado disgracieuse, puis à jeune femme… voluptueuse.
C’est bien beau de se la jouer superhéroïne badass, mais on ne sort jamais indemne d’une agression, d’une salve d’insultes ou d’une séance d’humiliation. Même si on se persuade que, la prochaine fois, on saura mieux faire face.
Nous aurions tranquillement continué à nous mentir. Et puis, un jour, il aurait rencontré quelqu’un, et il aurait cessé de s’intéresser à moi.Parce que personne ne subit cette injustice pour toujours. Parce qu’un premier amour, ça s’oublie. Parce que la vie, normalement, c’est un fleuve qui ne s’arrête jamais, qui coule vers la mer et emporte tout, les bonnes et les mauvaises choses.
Je me demande si je parviendrais à la retrouver. Pas pour lui parler, non, je ne suis pas comme Évan. Mais juste pour la regarder encore.Elle m’intrigue, il y a comme un volcan qui sommeille en elle. Quoique, il y a quelques instants, le volcan était clairement en éruption.
Évan a toujours été solidaire, mais un peu à part. Il a une facilité à aller vers les gens qui me fascine. Je n’en ressens pas vraiment de jalousie, je suis assez fataliste sur le sujet, mais j’adorerais posséder son aisance pour aborder les filles, par exemple.
Ma famille est loin d’être pauvre, mais mes parents ne semblent pas se rendre compte qu’à mon âge, il me faut un peu plus d’argent de poche. Ou peut-être qu’ils ont oublié. Ou peut-être qu’ils n’ont pas oublié, mais qu’ils s’en tapent. De moi. De tout.
Elle croit à toutes ces conneries ? Moi, je suis sûre que c’est une sorte de complot de nos gouvernements. Nous faire avaler que nous sommes isolés, pour ne pas qu’on s’allie contre eux, qu’on les renverse, qu’on fasse une révolution de tous les diables… Ou peut-être qu’ils cherchent juste à réguler notre nombre, pour sauver la Terre. Si c’est ça, je me sens pas de leur donner tort.
Je ne suis pas du genre très assidu en classe ; par contre, j’ai passé beaucoup de temps à bâiller face au planisphère. En rêvassant, je m’imagine gommer des régions entières. Bon, quel pays on attaque aujourd’hui ? Tiens, et si on gommait la Thaïlande ? Ah non, pas la Thaïlande, j’aimerais bien y aller en vacances, quand je serai riche… Alors, l’Ouzbékistan ! Oui, c’est bien, ça, l’Ouzbékistan. Personne ne part en vacances en Ouzbékistan.
C’est bien beau de fanfaronner, mais faut assumer la branlée qui vient après.
Et je vais pouvoir profiter de quelques heures de tranquillité, puisqu’il était censé aller voir sa nunuche de copine, Allison. Le temps qu’il se rende chez elle, qu’il fasse le paon pour qu’elle l’autorise à l’approcher en gloussant comme une dinde, qu’ils s’envoient en l’air et qu’il revienne, j’ai largement le temps pour une petite sieste.
Je ne me reconnais nulle fraternité avec ce jeune homme. Nulle affection ne nous lie. La seule relation que nous ayons, c’est celle d’une victime à son bourreau.
Je suis grand pour mes seize ans, mais mon frère me dépasse d’une bonne quinzaine de centimètres. Je suis encore fluet, un duvet épars, d’un blond doré, couvre mes joues et mon menton et contraste avec ma peau métisse. Les épaules larges de Théo, elles, s’encadrent avec peine dans l’embrasure de la porte de la salle de bain, et il affiche une barbe de trois jours, brune et fournie.
La nuit coule jusqu’au trottoir et s’y agrippe.
Et mes yeux voient les ténèbres au-delà même de ce noir constant.
Les gens ne méritent pas d’être sauvés. Les eaux n’ont pas encerclé Brumage en un seul jour, le plastique et les algues ne sont pas apparus comme par magie. […] Aucun être intelligent sur cette planète ne mérite de seconde chance.
La vie palpite dans mes veines, dans mon corps, tandis qu’elle s’écoule hors de moi. Je suis à nouveau entier. Je me souviens de tout.
Cela fait près de dix siècles que j'ai commencé mon emploi de marraine, et je suis épuisée.