AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Éric Dubois (104)


Quelques années, auparavant, je travaillais dans une société
de marketing direct à Créteil. Employé de bureau, j'étais devenu,
les derniers temps, la tête de Turc de certains de mes collègues,
une victime toute désignée d'un bizutage intempestif. Rien de
méchant, apparemment, pas de violence physique ni sexuelle, ils
me considéraient comme un "ami ", qui fait rire, certes, un pitre
dépressif, mais un "ami". Ils m'aimaient à leur manière et
bizarrement, je les aimais. On passait même de s soirées
ensemble, le week end, souvent. Pourtant, avec amour, ils
m'humiliaient dans leurs jeux sadiques. Ils pouvaient chaparder
ma carte d'identité, momentanément, en y inscrivant "Petite
bite", cacher mon sac à dos dans les buissons du parking de la
b oîte, à l'extérieur, me scotcher dans l'entrepôt, avec du gros
ruban adhésif, qu'on emploie dans les entreprises, pour emballer
des paquets, sur un plateau tournant, qui filme les palettes.
Commenter  J’apprécie          00
Ce sera une nuit
  
  
  
  
Ce sera une nuit
comme une autre
mais ce sera la dernière
les yeux remplis d’étoiles

Ce sera une nuit
comme une autre
mais ce sera la seule l’unique
solde de tout compte

Ce sera une nuit
comme une autre
dans les draps blessés
dans le sang glacé

Ce sera une nuit
comme une autre
plus belle encore
et plus jolie

Ce sera une nuit
comme une autre
comme une dernière
colère une ultime prière

Ce sera une nuit
comme une autre
mais que l'on n'oubliera pas
dans le bruit des pas

Par-delà soi
par les autres qui se souviendront
de vous traçant ainsi la nuit
avec des fils de soie
Commenter  J’apprécie          10
Et la nuit est venue
tordre les draps
qui écument les larmes
en présence offerte
des silences
mourir au bout des lèvres
comme une cigarette
qui consume tout
Commenter  J’apprécie          00
Qu’est-ce que je cherche dans l’alcool que mon propre néant, la pitié d’autrui, la fatigue et l’angoisse au bout du compte avec un calcul faux, au bout du conte sans princesse miraculeuse, sans cueillir les fruits de la nuit, dans les paroles envolées des autres buveurs aux illusions éthyliques ?
Commenter  J’apprécie          00
Je partage avec la lumière
l'envie de me reposer
à l'ombre de quelque arbre
de porter au bout des bras
des fruits magiques
et des fleurs épiques

Je donnerai tout mon être
à l'explication des sentinelles
qui veillent sur tous les silos
aux esprits miraculés du bonheur
aux anges perdus de l'amour

Mais mon étoile est morte
dans la seule galaxie que je convoitais
Commenter  J’apprécie          00
Je ne sais rien de la nuit
qu'à part le vent qu'à part les larmes
comme des oiseaux peureux

Je ne sais que la brume
les oscillations des verres
et la fatigue des buveurs

Je ne sais rien de la nuit
que les ombres furtives
le long des rues désertes
Commenter  J’apprécie          00
Du langage
  
  
  
  
Il faut toujours inscrire le passé dans la marche du monde
La bouche coud le sens
la bouche remue des lèvres obscurément étoilées
L’espace d’un instant rêve de silence infini
de diamant brut dans l’étoupe des fleuves
l’espace qui creuse les abîmes
mais tout est foudre
syllabe du démon ombre du numéro
mort lente du monde
monde-objet
monde tout court
monde au nom du capital
Commenter  J’apprécie          50
  
  
  
  
Quelques mots
le langage
Qui font toupie
qu’on partage
À nous ce monde presque parfait
entre nos mains et nos bouches
Commenter  J’apprécie          50
La peau du temps se retourne
  
  
  
  
La peau du temps se retourne
massée sous les portes

Pierre dans la cohue du lichen
la passion est mouvante

Les formes se complètent
habiles abstractions

Dans le vent les papiers dansent
avec l’outil des mots à la base du nerf

Le pâle éclat du matin se reflète
dans les yeux mornes des passants

Qui vivent dans un hôtel dont
les rêves éclaboussent le sexe du ciel
Commenter  J’apprécie          60
Année nouvelle
  
  
  
  
C'est saisissant
comme c'est

Une autre année
à venir

Des amours qui passent
je n'aime pas les bilans

Le bien que l'on souhaite
les amis la famille

Tous les torts
l'hiver gèle parfois les sentiments

Passer à autre chose
un peu plus vers la fin

Les enfants grandissent
l'année nouvelle

Cela ne sera plus comme avant
avons-nous connu vraiment l'insouciance un jour ?
Commenter  J’apprécie          10
J’écris depuis avril 2021 et même avant, d’abord un roman autobiographique, une autofiction, quelques pages l’hiver dernier, puis depuis ce printemps sous l’impulsion de VM cela devient un récit personnel certes sur la schizophrénie et l’expression artistique, poétique et littéraire avec des sauts dans le passé grâce à mes carnets et mes cahiers de brouillon. Ma posture est étrange en ce sens que je recherche une unité dans mes écrits et mes créations, avant, pendant et après la Maladie, comme si j’avais toujours été malade abouché à une réalité insupportable, celle d’un Moi fragile, constant dans ses angoisses, ses peurs, un « inadapté social » qu’on veut faire sortir absolument de l’enfance paradisiaque dans un costume d’employé modèle, à qui tout réussit, amours, parcours professionnel, que sais-je encore ? Mais je suis brisé dans le chant de brisants ! Mon océan intime est parcouru de naufrages et de tempêtes. Et je ne sais pas nager. Je ne sais pas conduire une automobile. Je sais peut-être écrire, faire du vélo, mal dessiner et pas ressemblant. Mon image est floue, je ne sais pas cadrer, je suis à côté de l’objectif, à côté de moi, petit moi. A l’armée, on me disait déjà que je psychotais.
Commenter  J’apprécie          00
Éric Dubois

Jean-Paul Belmondo est mort. Et je constate combien les années passent vite. Dans les années 60-70 l’acteur vivait dans une propriété à Saint Maurice, dans le Val de Marne, pas très loin de là où habitaient mes parents, mes frères et moi, dans un quartier de Joinville le pont, jouxtant l’Usine des Eaux et le Canal de Saint Maur, promis à la démolition. Ursula Andress, la compagne d’alors de JP parfois, y faisait ses emplettes, paraît-il, grimée sous une perruque et derrière des lunettes noires. Je ne l’ai jamais vue, mes parents, non plus. Quant à Jean-Paul…La Schizophrénie est un film très coloré, très lumineux, presque aveuglant et qui va très vite. C’est aussi comparable à une drogue très puissante, mais cela je l’écris dans mon récit L’homme qui entendait des voix. C’est aussi une éponge qui s’imbibe de tout ce qui se présente, amasse et déverse le liquide cervical comme les chutes du Niagara et noie la réalité, la raison, la conscience. Pour peu qu’on aie des souvenirs marquants de son enfance, ils reviennent en rafale, dans une confusion illogique, bien sûr transformée par l’imagination et l’égarement, mêlant le vrai et le faux. Je voudrais tellement faire parler les murs de ma vie, dans ce livre que je rédige en tâtonnant du bout d’une canne virtuelle, comme pour chercher le bon chemin, la bonne direction à prendre. Mais le parcours est une zébrure et non une ligne droite. Une sinuosité inégale et imparfaite. J’ai beau naviguer dans ma mémoire, il semble que certaines époques sont opaques ou bien scellées par un surmoi dominateur et sûr de lui. VM me demande d’écrire sur la Schizophrénie et de ses conséquences sur l’écriture mais c’est d’un compliqué pour moi. Le Malade est un mauvais témoin de sa Maladie. Et puis, je suis trop «  stabilisé » pour en parler. Et la faculté d’oubli est dans la logique de la Rémission. On va mieux parce qu’on a oublié.
Commenter  J’apprécie          00
La nuit nappe, étouffe les bruits de l’extérieur. Cette sensation comateuse me rappelle la bouffée délirante. Bientôt la fin de l’été, mais pas encore la fin de ce livre. Cela fait plus de six mois que je suis dessus. Impression de ne pas avancer. Je suis un papier déchiré qu’on rafistole à bout de scotch, pas celui qu’on boit mais celui qui colle, le ruban adhésif si cher à l’écolier comme le mètre et le compas. VM me dit que je dois écrire ce récit-essai en poète. Je ne connais d’autre religion que moi-même maintenant que je suis éloigné depuis vingt-cinq ans d’Élie. Or, cette religion ne repose sur rien, sur aucun mystère ou révélation. Mon vieil ami, feu Charles Dobzynski, comparait ma poésie à celle d’André Laude, c’était gentil de sa part, mais je ne suis même pas capable d’être un bon poète maudit, ni d’en porter les oripeaux, ni d’en garder les stigmates. La Maladie a fait de moi un Mollusque avec des érections certes, mais un Mollusque, je me réveille, je n’ai pas la foi ou juste un peu pour continuer à vivre  ! Je tourne les pages du Cahier de brouillon, bien abîmé, lui et moi, on a vieilli, on s’est ankylosé dans les médocs. On accepte volontiers notre sort de Mollusque.
On veille aux mots comme à la prunelle de nos yeux. De nous, il ne restera que des mots. Des mots, parlons-en ! Il y a tous ces calepins, ces cahiers remplis de poèmes et d’aphorismes, pour quoi, pour quoi, pourquoi ? Pour être lus dans des livres par une poignée de personnes, pour paraphraser l’ami-poète Jean Gédéon, un autre de mes soutiens. La littérature c’est davantage pourquoi écrire que comment écrire même si comment importe beaucoup ! C’est ce que j’ai réussi le mieux, écrire, non pas travailler, connaître une vie sociale et professionnelle normative …. J’ai travaillé 8 ans dans ma vie et ça n’a pas été magnifique dans le sens que je n’ai su ou pu avoir les moyens de mes ambitions que je n’avais pas par ailleurs, me contentant de faire à peu près ce qu’on me disait de faire , tout cela pour toucher un salaire à la fin du mois. En fait, au fond de moi, j’étais obsédé par l’écriture, chose que peu de gens comprennent à moins d’être célèbre, de vendre beaucoup, de passer à la télé ! Mais avec les écrivains et la littérature, on n’évite pas les clichés. Et le public aime les clichés ! Écrire me résume, résume ma personnalité et ma vie. Écrire me fait exister. Et c’est ce qui me caractérise avant tout. Ne parlons plus de Maladie, de Psychisme ! J’ai écrit et publié L’homme qui entendait des voix en 2019 et maintenant plus de deux ans après ? Aspirer à être léger ?
Commenter  J’apprécie          00
Aller sur mes pas d’il y a vingt-cinq ans est difficile et j’ai peur pour ma raison. Tout voyage est intérieur certes mais tout voyage fait revivre les souvenirs qui y sont attachés Je ne voudrais pas remuer les larmes du passé et l’effroi et la stupéfaction de mes proches. Il y a leur pudeur, je n’en ai peu ou plus vraiment.



Je parcours les pages du Cahier de Brouillon dont une partie fut en effet rédigée pendant mon internement en juin 1996.
Je tombe sur un poème écrit le 13 juillet 1996, en hommage à mon oncle André, disparu en 1983, des suites d’une longue maladie. C’est en rouge.

André

Ce matin j’ai cueilli la fleur
de la Miséricorde
La langue des on-dits
et des non-dits
La fleur sauvage de Babel
Commenter  J’apprécie          00
Élie est magique
et thérapise
Élie il faut suivre
le soleil le fixer
et en transmettre
la force

12.08.96


Je reviens au Cahier de Brouillon. J’écris le 05 juillet de la même année : Les mythes fondateurs ( Oedype, Jonas ….) ne doivent pas être oubliés car le silence est de mauvais augure pour l’Humanité. Plus loin : Poètes préférés : Salomon, L’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, Baudelaire, Poe, Rimbaud, Apollinaire, Verlaine, Mallarmé, les Surréalistes, René Char, Michaux, Prévert, Queneau, William Blake, Dylan Thomas, Jim Morrison, Khayyâm, Léopold Sedar Senghor, Lao Tseu… Plus loin, la généalogie de Jésus. Plus loin : Ne pas se poser des questions conditionnées Le soleil festonne au-delà du Mythe Fondateur. Toujours des poèmes. Le 15 juillet : Il faut que j’aie confiance en moi. Je réussirai et ce sera une victoire pour moi. Il faut que je tienne bon la barre. Le 22 : je fête mon anniversaire, j’ai trente ans. Vertiges, nausée, migraines, impossibilité de marcher, je reste allongé. Le soleil dehors est aveuglant. Marie, mes parents, quelques proches sont là. Je ne supporte plus l’Haldol et le Tercian. On me prescrira en substitution du Solian qui fonctionne bien sur moi
Commenter  J’apprécie          00
Mon Hospitalisation le 1er ou 2 juin 1996, je ne sais plus, au CHS Les Murets de la Queue en Brie marqua un tournant dans ma vie. Un quart de siècle plus tard, je peux dire que mon existence changea. Par la Maladie, par ma Maladie, je devins créateur de ma vie, ayant volé le feu dans le lieu de l’inexprimable, Prométhée mal dégrossi, pour apporter la lumière aux cloisons sombres du Monde. Le 3 juin, j’écris à Marie-Isabelle, ma petite-amie: Rassure-toi. Tout va très bien se passer comme il faut que cela arrive. J’écoute le Verger ( Tammuz), accrocher ses lumières à mon coeur. Je pense à l’Association du Choeur et à Pierre Pirol, qui cette fois ne manque pas d’inspiration ?
Commenter  J’apprécie          00
Il y a de faux plafonds à l’âme humaine. Un désir ardent et impétueux d’atteindre le ciel. Pour ma gouverne, je n’étais pas loin du but. Milena était un ange accessible, parce que composé de chair et de sang. Et un être de parole, car elle m’avait laissé son numéro de portable sur un morceau de papier.
Commenter  J’apprécie          10
Comment vivre avec une obsession ? Comment vivre malgré elle ? Hervé ne m’est pas utile car il pense que je me fourvoie en prenant un virage potentiellement dangereux depuis l’arrivée de Milena, dans ma vie, surtout qu’il n’y a rien de notable, de remarquable dans cette histoire, me répète-t-il à hue et à dia car cela ne produit pas son effet .
Commenter  J’apprécie          00
Tu es encore sur cette histoire ? m’a-t-il dit. Mais tu n’as aucune chance, a-t-il continué . T’es vieux pour elle, et surtout pauvre. Mais j’ai eu une vie avant ma non-vie, lui ai-je dit. Mais c’était, il y a longtemps ! m’a-t-il asséné. Comment ? Mais tu ne peux pas comprendre ? ai-je conclu. Il m’a raccroché au nez. Dans ces situations-là , je bous intérieurement, j’écris quelques mots, sur la nappe en papier, qui recouvre la grande table inutile de mon salon, des mots de colère et de désoeuvrement. Enfin, je ne reste pas et sors prendre l’air et la température du monde.
Commenter  J’apprécie          00
Somme du réel implosif



extrait 2

Schizophrénie de l’escalier
qui est schizophrénie


Le nom propre vidé
de sa gangue en devenir


Le nom commun plein
du vocabulaire en arrêt


Tout est silence
dans la mort attentive


La vie est un fragment
que la joie anime
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Éric Dubois (23)Voir plus

Quiz Voir plus

QUIZZ SUR NO ET MOI

Qui est le personnage principal?

No
Lucas
Lou
Loïc

21 questions
2493 lecteurs ont répondu
Thème : No et moi de Delphine de ViganCréer un quiz sur cet auteur

{* *}