Lori Foster

Cet homme était peut-être son père, mais Simon se moquait totalement de ce qui pouvait lui arriver. En un éclair, des souvenirs d'enfance l'assaillirent, les moments passés avec son père adoptif, leurs longues conversations, les rares fois où il l'avait grondé, ses regards pleins de fierté lorsqu'il réussissait à l'école, les vacances en famille... Son père, c'était celui-ci : un homme de convictions, qui aimait les siens et prenait soin d'eux. Jamais il ne se serait servi de quiconque pour satisfaire ses petits intérêts, comme l'être méprisable devant lequel il se trouvait.
Les liens du sang n'étaient rien, comparés aux liens du cœur.

Sans prendre le temps de réfléchir, il se pencha vers elle dans l'intention de l'embrasser, mais Anastasia détourna la tête et ses lèvres ne rencontrèrent que -sa joue.[...]
- Je suis désolée, Harley, mais je trouve cela déplaisant.
- Déplaisant ? répéta-t-il, son ego masculin piqué au vif.
- Vous sortez du lit d'une femme, dit-elle d'un ton qui n'avait rien d'accusateur. Je ne sais pas où vous avez mis votre bouche, mais je ne tiens pas à ce que vous la posiez sur la mienne.

Aïe. La réprimande donna l'impression à Harley de retomber en enfance. Il était encore en train de chercher ses mots pour répliquer quand elle reprit la parole :

— La prochaine fois que vous aurez envie de m'embrasser, assurez-vous de me placer en haut de la liste si vous souhaitez une réponse plus agréable de ma part.

Je ne supporte pas la vue du sang, se justifia Jacki en plissant le nez. Surtout quand Gregor en a partout sur lui.
Comme si ça arrivait souvent à ton bon géant ! s'esclaffa Dakota. Ses adversaires sont au tapis avant qu'il ait eu le temps de transpirer.

Maintenant qu’elle se sentait en sécurité dans cette petite chambre de motel, Molly tentait de sérier ses priorités. Pour ne pas s’évanouir, il était urgent qu’elle mange. Il fallait aussi qu’elle dorme, qu’elle pense à se laver, à se procurer des vêtements.
Elle baissa les yeux et frissonna de dégoût. La douche venait en premier. Pas de doute. Pas question de passer une nuit de plus dans cet état, ni de manger avec des mains aussi dégoûtantes.
Elle fit un effort surhumain pour rassembler ses forces et se tourna vers Dare pour l’observer. Bon sang, ce qu’il était grand ! Et pas très aimable, avec ça. Elle l’avait vu torse nu tout à l’heure, quand il avait ôté sa chemise, et elle avait remarqué plusieurs cicatrices sur sa cage thoracique et ses épaules, certaines causées par des coups de couteaux, d’autres par des balles. Impressionnant et inquiétant… Même assis et immobile, comme il l’était en ce moment, il demeurait imposant.
Pourtant, elle n’avait pas peur de lui. Cet homme-là n’était pas un criminel. Il l’avait sauvée, elle ne l’oubliait pas. Et maintenant, il s’occupait d’elle. Restait à savoir pourquoi, tout de même.

Avec une aisance révélant l'habitude, Dean plaqua le corps d'Eve contre le sien et s'empara de ses lèvres. Le baiser dont il l'enveloppa ne ressemblait en rien au premier. Audacieux, brûlant, dévorant, il absorbait toute son énergie et laissa son corps palpitant à plus d'un endroit.
— Délicieux, souffla-t-elle, bouleversée.
— C'est l'idée qu'on ne se reverra pas qui te fait dire ça ?
s'enquit-il en prenant son visage entre ses mains immenses.
Pitié, pitié, faites qu'il me demande mon numéro de téléphone...
— Pourquoi ? On se reverra ? répondit-elle d'un ton plein d'espoir.
Il sourit - d'un sourire évidemment ravageur.
— N'y compte pas trop.
Complètement abasourdie, Eve le regarda s'éloigner sans pouvoir prononcer un mot.
Il était aussi beau de dos que de face

S'il est une chose qu'on apprend dans le métier de flic, c'est que le monde est mal fichu. La vertu l'emporte rarement sur le vice ; les crimes restent souvent impunis; les innocents pâtissent, les méchants prospèrent et les justes se sentent inutiles.

Lily l'empêchait de céder au découragement. De temps en temps, elle lui disait qu'il était un type formidable, qu'il en faudrait plus, des comme lui - et lui, quand c'était elle qui le disait, il le croyait presque.

Presque.

Avec le bruit de l'eau, il n'avait pas entendu s'ouvrir la porte de son appartement, mais il l'entendit se refermer. Lily était déjà revenue. Il se dépêcha de se rincer et ferma le robinet.

C'est alors qu'il entendit Lily chanter... sur une musique de Noël.

— Je vais refaire la toiture de ma sœur et elle sera probablement dans les parages. Elle n'a pas besoin d'entendre ton langage fleuri.
— Ta petite sœur ? s'enquit Gregor d'une voix toute douce.
— Ne demande pas ça sur ce ton, rétorqua Dean en levant les yeux au ciel.
— Quel ton ?
— Comme si ma sœur était la vitrine d'un pâtissier devant laquelle tu baverais parce que tu n'aurais rien mangé depuis trois jours ! N'oublie jamais que c'est ma sœur, d'accord?
Gregor éclata de rire.
— Si j'avais su que ta petite sœur serait dans le coin, tu n'aurais même pas eu besoin de me promettre cet entraînement. Dommage pour toi, tu m'as déjà donné ta parole.

— Je le plains, soupira Ève.
— C'est vrai, le pauvre ! susurra Dakota d'un ton ironique. Comme il doit être malheureux d'avoir toutes les femmes à ses pieds !
Simon les aperçut à ce moment-là et, cette fois, il se dégagea plus énergiquement, faisant chanceler les plus récalcitrantes.
— Ne mets pas fin à ce petit intermède pour moi, surtout ! lança Dakota.
— Il n'aurait pas eu lieu si tu n'étais pas restée une plombe aux toilettes. Qu'est-ce que vous fabriquiez là-dedans ? ajouta-t-il à l'adresse d'Ève. Vous tricotiez une couverture ?

"-Laissez tomber cette politesse de salon, coupa-t-il sèchement. Vous en avez bavé, pas vrai ?
Des yeux bleus, bordés d'une épaisse frange de cils, la jaugeaient posément. Elle acquiesça.
-En effet, murmura-t-elle.
Et c'était peu dire. Jamais elle n'aurait été capable d'imaginer une aventure aussi atroce - et pourtant, elle avait une imagination particulièrement débridée.
Mais elle avait survécu. C'était tout ce qui comptait.
-Inutile de vous montrer si cérémonieuse avec moi, renchérit-il.
Il posa la bouteille d'eau sur la table de nuit, près d'elle.
-Pas besoin non plus de vous forcer à faire bonne figure. Vous êtes une toute petite femme… Vous ne pesez certainement pas bien lourd.
Elle pesait normalement autour de cinquante-sept kilos, mais elle avait maigri, en effet. Ça se voyait donc à ce point là ?
-De plus, vous êtes blessée, poursuivit Dare. Affamée, fatiguée, déshydratée. Et vraiment très sale.
Le visage de Molly se ferma. Elle se sentait de nouveau sottement au bord des larmes.
-Où voulez-vous en venir ? demanda-t-elle.
-Je veux simplement vous dire que vous avez le droit de craquer. Je ne vous jugerai pas et ça restera entre nous.
En somme, il l'autorisait à baisser sa garde. Quelle délicatesse…
-Non, merci, trancha-t-elle.
Elle n'avait pas supporté l'enfer pour s'effondrer maintenant qu'elle en était sortie.
-Ça va aller.

Même dans les toilettes des dames, il se passait plus de choses que dans sa chambre à coucher.