Benoit Hamon - On n'est pas couché 4 mars 2017 #ONPC
La dénonciation de l'assistanat, très répandue aujourd'hui dans la bouche des dirigeants politiques en quête de suffrages ou d'animateurs de télévision en quête d'audience, prolonge une longue tradition de dénonciation de la "paresse héréditaire des pauvres" que l'auteur célèbre de Robinson Crusoé, l'anglais Daniel Defoe pourfendait au début du XVIIIème siècle comme une des causes de leur pauvreté ...
depuis la crise financière de 2008, les gouvernements et les milieux économiques, taraudés par les opinions publiques, cherchent la formule magique qui permettrait de responsabiliser les entreprises en nombre suffisant pour dévier la trajectoire de l'humanité du désastre écologique annoncé, sans toutefois remettre en cause le pouvoir absolu des actionnaires de décider seuls de la répartition des bénéfices.
Faciliter l'accès de tous aux arts et à la culture, ce n'est pas encourager l'oisiveté. Voilà bien un argument de droite !
Rien ne garantit que les emplois détruits seront compensés par les recrutements de la nouvelle économie, qui exigeront quant à eux un effort colossal de formation. Les experts s'accordent toutefois sur un point : cette automatisation créera une rente financière pour quelques-uns et augmentera les inégalités pour tous.
La confiance dans l'action politique passe par la confiance dans la démocratie. Nous avons besoin de redonner toute sa force et sa légitimité à la souveraineté populaire. Le citoyen dot redevenir le seul et vrai souverain de tout ce qui se décide et le concerne.
Or, chacun sait que les périodes de profonde transformation sociale ont associé en France l'action législative et gouvernementale à la négociation collective et la mobilisation sociale.
Loin d'être incompatible avec la sphère marchande, la démocratie est le moyen de dépasser des intérêts contradictoires, de poursuivre le bien commun et d'engager les entreprises dans cette transformation indispensable pour répondre aux enjeux sociaux et écologiques. La juste répartition des bénéficies engage l'entreprise sur le long terme, favorise l'investissement, et permet d'ajuster progressivement les modèles économiques aux enjeux de la décarbonation et du respect de la biodiversité.
Les changements nécessaires sont d'une telle ampleur qu'ils ne peuvent être adossés exclusivement à une négociation à froid entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Il faut changer de braquet et de méthode. Pour tourner la page d'un modèle de développement qui use jusqu'à la corde les liberté et droits collectifs et pille les ressources naturelles au risque de blessures irréversibles pour l'écosystème planétaire, la gauche devra s'appuyer sur la volonté populaire.
Le progrès visait sérieusement et rigoureusement à permettre le bonheur des hommes. La fatigue des grandes utopies et l'affaissement des grands récits émancipateurs laissent la place à une rhétorique nouvelle, plus défiante, plus fataliste, qui se nourrit essentiellement de l'idée que le cours des choses est inexorable et qu'on ne peut changer la fin d'une Histoire qui s'écrira dans la douleur et sous le signe des fléaux.
Les peuples avides de changement réel, qu'il prenne les traits d'une alternance démocratique ou d'un soulèvement populaire n'ont pas choisi les partis de l'Internationale socialiste pour guérir des blessures du libéralisme. C'est parfois même contre ces partis que le changement réel s'est construit. Nous avons été en plusieurs lieux du globe un obstacle à la marche du progrès. Je ne m'y résigne pas.