Réalisateur, scénariste, dessinateur, écrivain, Patrice Leconte a plus d'une corde à son arc. Il vient nous parler de son trentième long-métrage, "Maigret", en salles le 23 février, co-écrit avec Jérôme Tonnerre.
Le commissaire Maigret est un rôle maintes fois joué au cinéma : Pierre Renoir, Harry Baur, Michel Simon ou encore Jean Gabin ont incarné ce légendaire commissaire au ton bourru mais humaniste. Mais cette fois-ci, c'est une adaptation du roman "Maigret et la jeune morte" de Georges Simenon que Patrice Leconte et Jérôme Tonnerre ont choisi d'adapter. Dans le film, le commissaire enquête sur la mort d'une jeune fille à propos de laquelle on ne connaît rien, pas même son nom. Parallèlement, Maigret rencontre Betty, une jeune fille, qui ressemble étrangement à la jeune morte.
Patrice Leconte est un grand amateur de Georges Simenon ; en témoigne notamment son film "Monsieur Hire"(1989). Avec "Maigret", il revient sur cette figure légendaire de l'inspecteur et sur la manière dont il a voulu se démarquer de sa figure traditionnelle.
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Il prétendait souffrir d’une rage de dents. La mère n’était pas dupe de “l’affreux Jojo”. ET ses larmes n’y pouvaient rien changer. Elle le renvoyait en pension avec sa rage dedans
Lorsque la menace du martinet était inopérante, elle avait coutume de l'enfermer dans le cagibi à bagages. Il marinait là, des heures, à se morfondre parmi les valises. Cruelle punition pour un aspirant voyageur.
Les livres l'invitaient au voyage, les voyages à la lecture. Selon le bouquiniste du quai Conti, on devrait lire Kafka avant que de séjourner à Prague, Joyce à Dublin. Pour le rêveur d'Afrique, d'Asie, les passeurs étaient Leiris, Michaux, la collection « Terre humaine », Levi-Strauss. « Je hais les voyages et les explorateurs », l'incipit de Tristes Tropiques, avait de quoi dérouter. Quelquefois, un doute l'effleurait. Et si la littérature suffisait ?
Il avait dissimulé l'objet funéraire mais les enfants eurent tôt fait de découvrir le pot aux cendres et tentèrent de l'ouvrir. Ils répondaient aux prénoms de Sixte et Phyllis. Une fantaisie que Marie-Caroline avait regretté dès leur plus jeune âge. Lorsqu'ils tardaient à quitter le bac à sable, elle les appelait: Sixte, Phyllis! Les autres mères la fixaient avec stupeur. Les prénoms ainsi accolés sonnaient comme une maladie vénérienne.
Ces derniers jours, à mesure que l'état de leur mère empirait il avait démoli accidentellement une série de tables, celle de sa kitchenette, une table roulante à l'hôpital, dans un café même. Des verres cassés, rien de plus banal. Mais des tables ? Il venait d'entrevoir le sens de la série noire : Mère-la table devait annoncer Père-Lachaise
Leur mère avait, selon l'expression, "déclaré" un cancer. Ce fut une période fertile en déclarations : Laurence, ses orientations sexuelles ; Bertrand, l'impôt sur la fortune ; Bush, la guerre. Vu le contexte, Jérôme avait différé la déclaration qu'il pensait faire, un de ces jours , à une collègue affriolante de l'agence immobilière.
Tous les enfants rêvent de faire le tour du monde. Maladie infantile dont les séquelles restent bénignes.
- Vous travaillez dans…?
- L’immobilier.
- L’immobile hier, bien entendu.
Pénélope plutôt qu'Ulysse, il faisait et défaisait sans fin ses erratiques songeries. Procrastination ratatinante.
Tumulte du monde, monde tumultueux, le vacarme de ces espaces finis l'effrayait.